dimanche 20 mars 2011

BRÉVIAIRE RÉFÉRENDAIRE - TOUT CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR

Sur le Plateau Mont-Royal, les partis politiques se succèdent, mais la détermination des élus municipaux de permettre aux dirigeants hassidiques de fortifier leurs lieux de culte en zone résidentielle ne se dément pas.

C’est la deuxième fois en deux ans et demi que les autorités du Plateau font des pieds et des mains pour permettre l’agrandissement de la synagogue Gate David of Bobov en dérogeant au zonage strictement résidentiel de la rue Hutchison.

En parlant aux résidents du quartier, nous avons réalisé que la plupart des gens ne saisissent pas bien le mécanisme référendaire. Quoi de plus normal? Même les élus municipaux n’en savent guère plus que nous sur la question.

Voici donc un petit bréviaire référendaire en 15 questions/réponses qui vous permettra de comprendre les rouages du référendum à venir.


1) Qui souhaite la tenue d’un référendum pour débattre la question de l’agrandissement de la synagogue du 5363 Hutchison?

R: Ce sont les résidents qui vivent près de la synagogue qui ont intérêt à demander le déclenchement d'un processus référendaire. Ils vivent sur une rue classée «strictement résidentielle» par le règlement de zonage. Les gens qui habitent sur cette rue ont à cœur de protéger la quiétude de leur milieu de vie et de protester contre d’éventuelles activités ou constructions qui risquent de troubler leur qualité de vie.

2) Les dirigeants de la communauté hassidique ont-ils intérêt à ce que l’entorse au règlement de zonage votée par les élus du Plateau soit soumise à un processus référendaire?

R: Non. Les dirigeants hassidiques
ne veulent surtout pas d’un processus référendaire. Ils ne souhaitent absolument pas que les résidents puissent mettre en péril l’autorisation d’agrandir leur lieu de culte que vient de leur accorder Richard Bergeron. Ils sont pressés de procéder aux travaux d’agrandissement.

3) Sur quelle base le processus référendaire actuel peut-il être déclenché?

R: C’est la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme qui permet de faire la demande de participation à un référendum. Cette loi prévoit que les résidents peuvent contester une décision du conseil d’arrondissement qui touche à une question relative à l’urbanisme. Dans le cas qui nous occupe, c’est la dérogation au règlement de zonage accordée à la communauté hassidique qui nous donne le droit de demander un processus référendaire.

4) Quelles sont les étapes à suivre pour mettre en branle le processus référendaire?

R: Le processus référendaire comporte trois étapes bien précises. Dans un premier temps, il y a la demande d’ouverture d’un registre. Par la suite, il y a l’étape de la signature du registre. Dans un troisième temps, il y a la tenue d’un vote référendaire.

5) Qu’est-ce qu’un registre?

R: Le registre est un document que les citoyens qui souhaitent contester la décision du conseil sont invités à aller signer. En temps requis, ce document sera disponible à la bibliothèque du Mile-End

6) Que se passe-t-il à l’étape de la demande d’ouverture du registre?

R: À cette première étape, les citoyens qui résident ou qui possèdent un commerce dans l’une des trois (3) zones géographiques prédéterminées peuvent demander aux résidents qui veulent s’opposer à l’agrandissement du lieu de culte de signer une pétition pour demander l’ouverture d’un processus référendaire sur la question. Ces trois zones sont le
côté ouest de la rue Hutchison, entre Fairmount et Saint-Viateur, le côté est de la rue Hutchison, entre Fairmount et Saint-Viateur et finalement, les deux côtés de l’avenue du Parc, entre Bernard et Laurier.

7) Ces citoyens doivent-ils se déplacer pour signer cette demande d’ouverture de registre?

R: Non. Ce sont des résidents qui vont les visiter à domicile ou sur les lieux de leur établissement pour leur demander s’ils souhaitent s’opposer à la décision du conseil. Si tel est le cas, ces citoyens sont invités à signer la pétition.

8) Combien de citoyens doivent signer la demande pour forcer l’ouverture d’un registre?

Pour que la demande d’ouverture de registre soit valide, il faut obtenir au moins 12 signatures dans l’une ou l’autre des zones impliquées par le référendum.

9) Quelle est la date limite pour déposer la liste de noms des gens qui souhaitent contester la décision du conseil de permettre l’agrandissement de la synagogue?

La date limite était le vendredi 25 février 2011, 16 h 30.

Des citoyens qui s’opposent à la dérogation ont déposé en temps utile une demande d’ouverture de registre pour deux des trois zones concernées. Ces deux zones sont le côté est et le côté ouest de la rue Hutchison, entre Fairmount et Saint-Viateur. Ce sont les deux zones les plus fortement touchées par le projet d’agrandissement de la synagogue.
Voici une illustration des deux extrémités des zones qui pourront manifester leur opposition à l'agrandissement de la synagogue lors de la tenue du registre, en avril.

10) Pourquoi une liste des citoyens de la zone de l’avenue du Parc qui pourraient s’opposer à l’agrandissement n’a-t-elle pas été déposée?

Bien que plusieurs citoyens de l’avenue du Parc s’opposent à l’agrandissement de la synagogue de la rue Hutchison et qu’ils ont été nombreux à signer le registre de 2008, nous avons considéré que cette zone est démesurément grande par rapport au présent enjeu.

En plus de s’étendre bien au-delà de la zone où se trouve la synagogue en question, l’avenue du Parc n’est pas une rue résidentielle, mais bien une artère commerciale de transit à haut débit de circulation. Il nous apparaît que l’augmentation de nuisance qui résultera de l’agrandissement de la synagogue de la rue Hutchison ne sera pas significative en regard de ce que les citoyens de l’avenue du Parc vivent déjà.

Cela est encore plus vrai pour les résidents et commerçants qui se trouvent du côté est de l’avenue du Parc. Ceux-ci n’ont aucun contact direct avec les activités de la synagogue en cause et ne sont pas en mesure de constater les nuisances qu’elle fait subir aux résidents de la rue résidentielle qu’est la rue Hutchison. Cela dit, nous comprenons très bien que l'enjeu de la synagogue de la rue Hutchison puisse les préoccuper puisqu'il laisse présager que le même problème pourrait un jour se répéter dans leur propre cour.

11) Y a-t-il eu suffisamment de signatures déposées à l’hôtel de ville du Plateau pour passer à la deuxième étape du processus référendaire?

R: Oui. Alors qu’il ne fallait que 12 signatures pour chacune des zones où les citoyens désiraient s’opposer à l’agrandissement, nous avons déposé 20 signatures valables pour la zone de la rue Hutchison, côté Outremont (appelée zone RB-02) et 20 autres signatures pour la zone de la rue Hutchison , côté Plateau (appelée zone 0023). Nous sommes donc assurés qu'il y aura bel et bien une journée de signature du registre.

12) En quoi consiste l’étape de la signature du registre?

R: À un jour donné, les citoyens de la rue Hutchison qui habitent entre les rues Fairmount et Saint-Viateur et qui veulent s’opposer à l’agrandissement du lieu de culte seront invités à se rendre à la bibliothèque Mile-End, au 5434, avenue du Parc, près de l’intersection Saint-Viateur. Ils pourront y signer le registre qui sera mis à leur disposition entre 9 h et 19 h.

13) Quand se tiendra la journée de signature du registre?

R: Nous ne connaissons pas encore la date d’ouverture du registre. Nous nous attendons à ce que cela ait lieu autour de la mi-avril. Cette date sera déterminée en fonction des critères prévus dans la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme.

14) Combien d’opposants au projet d’agrandissement devront se déplacer et signer le registre pour que les autorités municipales soient tenues de préparer la tenue d’un vote référendaire?

R: Nous ne connaissons pas encore le nombre exact d’opposants qu’il faudra pour forcer un vote référendaire. La Loi sur l’aménagement et l’urbanisme prévoit un calcul basé sur un pourcentage des électeurs enregistrés sur les listes électorales. C’est le bureau du Directeur général des élections qui confirmera ce nombre.

Nous avons toutefois procédé à un calcul approximatif du nombre nécessaire de signatures des résidents des deux zones de la rue Hutchison qui devront s’opposer au projet d’agrandissement. Nous estimons qu’il faudra entre 60 et 70 signataires dans l’ensemble de ces deux zones pour forcer la tenue d’un référendum.

15) Les opposants à l’agrandissement peuvent-ils gagner un tel référendum?

Si un nombre suffisant de résidents de la rue Hutchison ses déplacent pour signer le registre, le succès d’un référendum qui devrait se tenir d’ici juin est à portée de main. Il nous faut mobiliser les citoyens des deux zones de la rue Hutchison pour qu’ils comprennent bien l’importance et l’impact que l’issue de cet enjeu aura sur leur qualité de vie. Une qualité de vie qui n’a pas de prix.

Demandez-le à ceux qui habitent une artère comme l’avenue du Parc.Ils vous diront la richesse que nous avons entre les mains.

mercredi 16 mars 2011

LES NOUVELLES CLOCHES D'ÉGLISES

Le 11 décembre 2009, Radio-Canada nous apprenait que la mairesse Cinq-Mars ne procédait pas à l'enlèvement de la neige sur 20 % de son territoire pendant le Sabbat.

Dans une autre entrevue accordée à Radio-Canada, le conseiller Louis Moffatt jurait dur comme fer qu'il n'a fait l'objet d'aucune pression de la part des dirigeants de la secte ultraorthodoxe. «Les gens ont l'impression qu'on a été achetés par la communauté hassidique. C'est faux.»

Rappelée à l'ordre par les citoyens et le jugement de la cour municipale du 8 juillet 2003 nous aurions cru que la mairesse aurait appris sa leçon et qu'elle aurait mis fin une fois pour toutes aux passe-droits de déneigement accordés aux fondamentalistes religieux. Et pourtant...
Samedi matin dernier, le 12 mars 2011, les résidents de la «zone verte» d'Outremont s'attendaient à ce que l'arrondissement procède au ramassage de la neige durant la journée.

(voir photo ci-contre)

Les pancartes d'interdit de stationnement pour le déneigement indiquaient que l'opération se ferait entre 8h et 17h sur les rues Champagneur, Bloomfield, de l'Épée, Querbes et Durocher et sur d'autres rues encore.


Mais la journée a passé et personne n'a vu l'ombre d'une souffleuse. Le samedi soir, à 21h53 (voir la photo ci-contre), les bancs de neige n'avaient toujours pas bougé.

Les pancartes de déneigement ont-elles été placées pour faire semblant que l'opération se ferait samedi, en dépit du sabbat?

Chose certaine, le dimanche matin, les cloches d'églises du quartier semblaient drôlement grippées. Dès 7h15, le ding-dong des cloches de bronze ont cédé le pas au pin-pon-pin-pon agressif des remorqueuses qui menaçaient de remorquer les voitures des citoyens qui auraient eu la très mauvaise idée de faire la grasse matinée.
Il était 6h15 à l'horloge biologique des citoyens qui avaient avancé l'heure durant la nuit. Ils ont été tout bonnement jetés en bas du lit.

Le sabbat est terminé? Tout le monde debout! Et que ça saute. Et vous repasserez pour le règlement qui interdit le bruit le dimanche.

Me semble de voir Cinq-Mars et Moffatt se creuser le coco pour trouver une nouvelle explication au non déneigement durant le jour du sabbat.

mardi 8 mars 2011

LA FÊTE DES FEMMES, VERSION OUTREMONT

Lundi dernier, c'était soirée du conseil aux hôtels de ville du Plateau Mont-Royal et d'Outremont. Il fallait choisir. J'hésitais entre assister à la séance d'Outremont ou à celle du Plateau. Mais quand j'ai su qu'on s'apprêtait à souligner le 100e anniversaire de la Journée internationale des femmes, le choix s'est imposé par lui-même. C'est du côté d'Outremont qu'il fallait évidemment être.

Je ne me suis pas trompé. Avec sa diction du dimanche, Marie Cinq-Mars a commencé la soirée en lisant son message du 8 mars qu'elle avait fait préparer tout spécialement pour l'occasion de cette journée bénie entre toutes. En voici un extrait:

«Cette journée très spéciale nous permet de mesurer les progrès
accomplis en matière d'équité entre les femmes et les hommes.
À Outremont, cet hommage est particulièrement indiqué, puisque
c'est ici qu'habite la plus importante proportion de femmes au sein de notre communauté montréalaise
.
»

Il fallait être assis dans la salle du conseil pour pouvoir apprécier la concordance entre les propos de la première dame d'Outremont et la réalité sur le terrain.

Dans la salle qui affichait «ultracomplet», on pouvait dénombrer à peine cinq ou six femmes (cliquer sur la photo pour zoomer). Pour rendre la situation encore plus kafkaïenne, ces femmes se trouvaient perdues au milieu d'une mer de plus de 120 hommes (plusieurs n'ont pas pu entrer) arborant kippa, papillotes et redingotes noires. À peine une poignée d'entre eux pouvait décrypter le discours «séditieusement» féministe de Marie Cinq-Mars.

Si bien entourées d'hommes qui refusent
de faire affaire avec une policière, de prendre des cours de conduite automobile aux côtés d'une évaluatrice, d'adresser la parole à la gente féminine ou de simplement reconnaître leur valeur en dehors d'un foyer qu'elles sont prédestinées à peupler de marmots, ces dames ont été très bien servies. Have a good Women's day, ladies!

Mais au fait, que leur valait ce tsunami d'hommes en noir aux cellulaires hystériques et parmi lesquels se trouvait l'omnipotent Michael Rosenberg ?

Les 19 et 20 mars prochains, se tiendra la fête du Pourim. Bien que cette célébration soit moins importante que les fêtes prévues dans la Torah, à Outremont et dans le Mile-End, les ultraorthodoxes en font une véritable fête du Diésel. Pendant deux nuits et une journée, les hassidim célèbrent de maison en maison en se tricotant des «run de lait» en fourgonnettes et en autobus dans nos rues résidentielles.

L'an dernier, lors de cette fête, pas moins de 70 passages d'autobus, sans compter 1400 voitures et fourgonnettes associées à la fête avaient été enregistrés sur la rue Hutchison (c'est la même chose sur les autres rues résidentielles). Tous ces véhicules défilent, stationnent en double, laissent leur moteur tourner à vide pour repartir de plus belle jusqu'au petit matin, chargés de fidèles en goguette et de volumineuses boîtes de son.

Voici un de ces autobus interdits sur le territoire d'Outremont. Cette navette qui dessert habituellement des hôtels de Michael Rosenberg, avait été de réquisitionnée pour le Pourim 2010, à Outremont.


De quoi se plaignent les fêtards? Depuis 2008, ils réclament à cor et à cri que Cinq-Mars mette aux poubelles le règlement (voir page 31 du règlement) qui leur met des bâtons dans les essieux.

L'an dernier, c'est le propriétaire de la synagogue illégale (!) du 1030 - 1032 Saint-Viateur qui s'était indigné de la sévérité du règlement.
Cinq-Mars avait bien essayé de les accommoder en déposant un avis de motion qui leur aurait permis de trimbaler leurs fidèles dans les rues résidentielles avec ces autobus interdits, mais
rabrouée par la majorité des citoyens, la mairesse avait fini par faire marche arrière.

On se demande bien pourquoi les Michael Rosenberg et Mayer Feig ont décidé de faire un tel barouf en se pointant à l'hôtel de ville, escortés par une garde rapprochée de 120 disciples?

Cliquer sur la photo pour zoomer

Après tout, année après année, en dépit de l'interdit réglementaire et du refus de la mairesse, ils ont toujours
«chauffé» leurs autobus illégaux partout, où et quand bon leur semble, comme si de rien n'était. Il vaut la peine de lire l'article du Point d'Outremont sur les enjeux de la soirée.

Il s'agissait vraisemblablement d'un spectacle bien orchestré entre la mairesse et les dirigeants hassidiques
. Les autorités civiles et théocratiques faisaient d'une pierre deux coups. D'un côté, cela permettait aux dirigeants intégristes de bomber le torse
et montrer qui pesait lourd dans la balance électorale, à Outremont. De l'autre côté, le bras de fer préarrangé a permis à Marie Cinq-Mars de nous faire croire qu'elle n'était pas toujours à genoux devant les puissants intégristes.

On aurait eu envie d'y croire, sauf que quelque chose a cloché. Lorsque
Martin Rosenberg, le fils de Michael, s'est improvisé meneuse de claque au beau milieu de la période de questions, Marie Cinq-Mars n'a pas fait sa crise d'hystérie habituelle.

Pendant que Martin scandait quelque chose d'incompréhensible (
écouter son esclandre après l'intervention d'un de ses coreligionnaire) tout en incitant ses condisciples à entrer dans le bal en tapant des mains, la mairesse a gardé sa contenance . Même lorsqu'un homme assis à mes côtés a lancé un «Germany 1936» en guise d'insulte destinée à la mairesse, cette dernière n'a pas appelé la police pour faire éjecter les trouble-fête de l'enceinte démocratique comme elle le fait régulièrement avec ces concitoyens goys.

Il faut dire qu'à ce moment-là, la sécurité de la première dame était fort bien assurée. À la porte de l'hôtel de ville, des policiers installés dans pas moins de cinq voitures de patrouille faisaient le planton, n'attendant qu'un signal pour investir les lieux. Jamais nous n'avions été témoins d'un tel dispositif des forces de l'ordre pour la tenue d'une assemblée du conseil. Michael Rosenberg pouvait bien avoir le fou rire dans la salle. Ne manquait plus que la musique klezmer pour couronner la soirée.

Ne manquez pas le compte-rendu de la conseillère indépendante Céline Forget sur cette soirée épique.

mercredi 2 mars 2011

L'HOMME DE MESURE ET LE PROCHAIN RÉFÉRENDUM












Le 7 février dernier, à l'hôtel de ville du Plateau, le couperet est tombé. Ce soir-là, Richard Bergeron, le chef de Projet Montréal, a fini par trancher en faveur de l'agrandissement de la synagogue Gate David qui se trouve en plein zonage résidentiel.

En fait, ce n'est pas tout à fait exact. Bergeron n'a pas «fini par trancher», puisqu'il a toujours été vendu à l'idée d'accorder cette dérogation aux dirigeants hassidiques.

Son idée était faite et coulée dans le béton précontraint depuis trois ans. Pas question pour lui de ménager la chèvre et le chou.

Rien n'aurait pu lui faire changer d'idée. Pas même la visite guidée du ghetto sinistré à laquelle il s'est prêté pour faire croire qu'il était à l'écoute des citoyens qui s'époumonent à décrier les anomalies insupportables qu'ils doivent subir sur leurs rues supposées être strictement résidentielles.

Avant de prononcer le verdict, Richard Bergeron n'a pas hésité à s'autoproclamer
«homme de mesure».

Qu'il faisait bon d'apprendre qu'on avait enfin devant nous la perle rare. Un politicien éclairé, juste et bon. Un élu qui ne pensait pas seulement aux votes communautaristes que telle ou telle décision pourrait lui permettre d'engranger. Un homme qui, enfin!, faisait passer d'abord et avant tout ses convictions profondes, sa vision éthique et ses principes urbanistiques inaliénables. Le preux chevalier se prétendait immunisé contre les tentations multiples et la compromission. Il consacrait sa vie active à défendre la justice sociale à vélo plutôt qu'en tacot.
Eh bien, on repassera pour le Monsieur Net.

Il y a deux semaines,
pour apprendre officiellement que le projet d'agrandissement de la synagogue du 5363 avait été accordé par une courte majorité des élus du Plateau, les citoyens devaient se rendre sur le site Web de Projet Montréal ou dans un coin du journal Le Devoir dont tout le monde connait le tirage faramineux. Ni le journal local du Plateau, ni celui d'Outremont n'en ont pipé mot. Marie Cinq-Mars et Richard Bergeron n'allaient quand même pas alerter leurs concitoyens pour si peu.

Cela n'aura toutefois pas suffi pour que les citoyens des deux arrondissements baissent les bras.

Vendredi dernier, le 25 février
2011, une liste d'opposants au projet qui contenait deux fois plus de noms qu'il en fallait pour forcer l'arrondissement du Plateau à ouvrir un registre a été déposée aux bureaux de l'arrondissement.
Il était 16h15 tapant.

Une citoyenne du Plateau et le citoyen d'Outremont que je suis avons été immortalisés à ce moment précis.

Il n'était pas question que nous boudions notre plaisir. Après tout, dans un jugement de la Cour supérieure, la juge LeBel nous avait donné raison sur toute la ligne lorsque nous avions contesté la décision fourbe et biaisée de Helen Fotopulos, l'ex maire du Plateau qui avait délibérément exclu
du processus référendaire de 2008 les résidents qui habitent du côté d'Outremont de la rue Hutchison pour permettre aux dirigeants hassidiques de passer entre les mailles du règlement de zonage en place pour protéger la quiétude des citoyens. De TOUS les citoyens.

M. Bergeron devrait peut-être attendre avant de se frotter les mains. Les jeux ne sont pas encore faits dans l'histoire de l'agrandissement de cette synagogue - l'un des quatre lieux de culte qui causent problèmes sur moins de 1000 pieds de la rue Hutchison, entre Fairmount et Saint-Viateur.

Amenez-le votre registre et votre référendum!

jeudi 10 février 2011

LE MESSIANISME POLITIQUE









Contrairement à l'image qui nous vient trop facilement à l'esprit, les intégristes religieux ne sont pas tous des «Barbus Belles Boucles».
Regardez-moi cette jolie jeune femme aux grands yeux exaltés. Elle s'appelle Faytene Kryskow. Elle n'a pas un poil au menton et ne porte pas de turban. Pourtant...

Ancienne missionnaire de rue,
Faytene Kryskow est aujourd'hui directrice de 4 MY CANADA, un mouvement évangélique Born Again qui se prépare allègrement à la fin du monde et au retour du Messie.

Lorsque le Saint-Esprit l'envahit, elle devient en proie à une impressionnante danse de Saint-Guy et se met à parler
une langue mystique devant une foule en transe. Mieux! Elle est en communication directe avec les députés et sénateurs conservateurs grâce à une carte de sécurité qui lui permet de fouiner jusque dans les projets de loi au feuilleton du parlement d'Ottawa. Il s'agit d'un privilège réservé à moins de 20 personnes au pays! Kryskow se vante de faire plus de 400 rencontres par an dans l'enceinte parlementaire.

Comme elle, les conservateurs Stephen Harper, Stockwell Day, Rod Bruinooge, James Lunney et Jeff Watson (pour ne nommer que ceux-là) sont des chrétiens Born Again convaincus que Dieu a confié un rôle spécial au Canada en prévision du retour du Christ sur terre.

Il vous faut absolument voir le reportage À la droite de Harper diffusé jeudi dernier dans le cadre de l'émission Enquête sur les ondes de Radio-Canada.
C'est à vous couper le sifflet.

Au cas où vous ne le sauriez pas encore, des lobbyistes de la droite religieuse pure et dure, nous en avons dans notre propre cour.
Ci-contre, le «harper-rien» Mayer Feig aux côtés du premier ministre illuminé
Eh! oui. Comme les évangéliques, les dirigeants hassidiques d'Outremont et du Plateau se bousculent au portillon du parlement fédéral pour combattre les mariages gais et le libre choix des femmes en matière d'avortement, par exemple. À l'émission de Joël LeBigot, ce matin, on apprenait que leurs coreligionnaires d'Israël s'opposent même à la stérilisation des chats de ruelles qui pullulent à Jérusalem.
Comme les évangéliques, nos ultrareligieux nient l’existence des changements climatiques. Le 1er octobre 2009, à la sortie d'une assemblée du conseil d'Outremont, Mayer Feig le porte-parole hassidique qui vient d'obtenir du Plateau la faveur d'agrandir sa synagogue sur Hutchison m'a juré que le réchauffement de la planète n'était que foutaise. «It's not God's will!». OK, d'abord. Je lui reparlerai de Darwin une autre fois. De toute façon, Mayer venait de s'engouffrer dans son gros 4x4 pour retourner à la maison.

Mais il n'y a pas qu'à Ottawa que les lobbies ultrareligieux y vont à fond la caisse (électorale). Ces dernières années, le gouvernement Charest s'est bien laissé conter fleurette par les intégristes ultraorthodoxes.

Pensons
à l'entente sur les écoles privées juives qui a été à un cheveu de passer sous le radar des journalistes,
à la tentative de modifier le calendrier scolaire, à la restitution des subventions à l'école juive First Mesifta qui refusait de respecter les services éducatifs obligatoires et ... le Conseil orthodoxe juif pour les relations communautaires du Québec (JOCC) qui s'objecte au projet de loi 94 qui interdirait le port du hijab (!) dans la fonction publique.

Ci-haut: Jean Charest à Boisbriand, en compagnie d'un dirigeant hassidique.

On ne peut pas non plus passer sous silence tout ce qui se traficote dans le dos du peuple "non élus" au niveau des mairies. La règle du double standard, les passe-droits de toutes sortes, le «give & take» d'arrière-scène, les jeux de coulisse, tant à la ville centre, qu'au Plateau et à Outremont, on connait.

Gérald Tremblay avec les dirigeants ultraorthodoxes, une semaine avant les élections de 2009


Ci-contre, Max Lieberman et Mayer Feig entrant à l'Hôtel de Ville d'Outremont par la porte de service, pour un rendez-vous avec Marie Cinq-Mars après les heures d'ouverture

Puisque nous pataugeons dans les questions de lobbyisme d'extrême droite et de moralité sans failles, profitez-en pour revoir Le Canada sous influence, un reportage percutant de l'émission Une heure sur Terre qui se marie parfaitement à celui d'Enquête. C'est d'autant plus pertinent que Bev Oda, la ministre de la Coopération internationale, responsable de l'ACDI, a tripoté un document pour refuser un financement de 7 millions de dollars à l'organisme Kairos dont il est entre autres question dans le reportage. Propre, propre, propre nos politiciens.

mardi 8 février 2011

LE LUNDI NOIR


Hier soir, dans deux arrondissements de Montréal, la tension était si palpable, qu'un intégriste sikh aurait pu la trancher au kirpan.

Du côté du Plateau Mont-Royal, après neuf mois d'une grossesse à risques, l'administration de Richard Bergeron a fini par accoucher au forceps d'un agrandissement de la synagogue Gate David dont les ultraorthodoxes Bobov revendiquent la paternité.

De toute évidence, Bergeron a mis toute la pression dont il était capable sur ses collègues du Plateau pour faire sortir le vote en faveur des hassidim. Il y allait de son honneur puisque le chef de Projet Montréal avait promis cet agrandissement à la congrégation depuis des années.

Trois des six conseillers municipaux de son propre parti se sont pourtant tenus debout en votant contre le projet controversé de la synagogue du 5363 Hutchison. De gauche à droite: Richard Ryan, Josée Duplessis et Carl Boileau.

Cliquez ICI et avancez à 9 min 39 s pour entendre leurs arguments pleins de bon sens (donnez aux vidéos 30 secondes pour se charger). Lisez également Le Devoir et La Presse sur le sujet.

Après une saga épique de plus de trois ans (Cliquer ICI pour un bon résumé de l'histoire réalisé par un journaliste de la station CIBL) , un processus référendaire bidon que les citoyens ont réussi à faire invalider en Cour supérieure, le chef de Projet Montréal a repris le bâton de pèlerin que Gérald Tremblay et Helen Fotopulos avaient dû laisser à l'Hôtel de Ville du Plateau lors des dernières élections municipales de novembre 2009.

Il faut dire que M. Bergeron s'est lui-même laissé impressionner par le puissant lobby hassidique qui l'avait pourtant combattu sans pitié lors des dernières élections.


Il semblerait que
le lobby ultrareligieux soit parvenu à noyauter le service administratif du Plateau. Des fonctionnaires prendraient fait et cause pour les projets hassidiques et mettraient des bâtons dans les roues des élus du Plateau. Le maire Ferrandez a admis, hier soir, qu'il y avait de l'obstruction à l'intérieur de la machine, en ajoutant qu'il allait voir au problème.

Cela n'excuse pas Richard Bergeron. Par pur opportunisme électoraliste et dans l'espoir de se faire du
«
capital politique» à Outremont et dans d'autres arrondissements le chef de la deuxième opposition a troqué ses soi-disant valeurs d'apaisement de la circulation et d'amélioration de la qualité de vie des résidents.

À ce petit jeu, il se montre aussi cynique et calculateur que le sont les chefs des autres partis municipaux
et, plus particulièrement le maire Tremblay, ainsi que les mairesses Marie Cinq-Mars et Helen Fotopulos, d'Union Montréal.

Il fallait entendre M. Bergeron dire que
«la congrégation [Gate David] se comporte de manière exemplaire en termes de démarches administratives et démocratiques.» Revoyez la vidéo montrant Mayer Feig, le porte-parole de la synagogue, contrevenir allègrement à la réglementation sur le bruit et ce, malgré l'interdiction expresse de Marie Cinq-Mars. Peut-être préférez-vous le voir défier l'interdiction de circuler en autobus intercités dans les rues résidentielles? Voyez le même administrateur de cette synagogue accueillir, le sourire aux lèvres, un de ces mastodontes devant la synagogue qui vient de se voir accorder la dérogation décriée par les résidents. La carotte, c'est un magnifique incitatif. Encore faut-il ne jamais jeter le bâton.

M. Bergeron a droit de se bercer d'illusions et de se tromper dans ses stratégies de conquête du pouvoir. Parions toutefois que sa brillante idée de troquer l'agrandissement d'une synagogue contre des votes aux prochaines élections va faire long feu.

Quant aux injonctions que veut utiliser le Plateau contre certains délinquants intégristes, dans l'absolu, c'est génial. Mais les
«Craignant Dieu»* ont fait cent fois la preuve qu'ils ne craignent pas d'utiliser les tribunaux jusqu'aux échelons suprêmes pour faire fléchir les empêcheurs de prier en rond. On se reparlera des résultats dans cinq ou dix ans.

Et nous, citoyens bafoués, nous revoici les dindons de la farce? Mais nous n'avons pas encore dit notre dernier mot.

Écoutez d'abord, l'intervention d'un citoyen qui a porté plainte au sujet d'une demie douzaine d'établissements suspects tout près de chez lui, sur l'avenue du Parc. Vous entendrez M. Ferrandez lui confirmer que quatre de ces lieux sont occupés illégalement par des membres de la communauté hassidique. Cliquez ICI et rendez-vous à 38 min 48 s de l'enregistrement.

Écoutez maintenant l'intervention d'un autre citoyen qui parle du lobbyisme douteux et du tordage de bras que subissent les citoyens aux mains des puissants dirigeants hassidiques. Cliquez ICI et reculez à 9 min 23 s de l'enregistrement.







Benoît Dutrizac m'a demandé de lui accorder une entrevue radiophonique sur le sujet cet après-midi (cliquer ICI pour l'entendre). Cela pourrait d'autant plus vous intéresser qu'on y a abordé une question qui a fait jaser hier soir lors de l'assemblée du conseil d'arrondissement d'Outremont.

Il faut bien dire qu'au moment où les élus du Plateau nous faisaient part de leur décision à propos de la synagogue, à Outremont, l'ambiance n'était guère plus jojo.

Durant la période de questions, un citoyen a demandé à Marie Cinq-Mars si le nouveau commandant de police d'Outremont qu'elle venait de présenter fièrement au bon peuple était bien le même homme qui avait accepté un voyage de deux jours à New York défrayé en grande partie par le lobby ultraorthodoxe. La foudre serait tombée sur la première dame d'Outremont que ça n'aurait pas senti davantage le roussi dans la salle du conseil.

Une fois de plus, Marie Cinq-Mars a sauté les plombs et perdu sa contenance BCBG.
Hystérique, la mairesse a carrément refusé de répondre, prétextant, comme c'est son habitude, que la question était malveillante. Et c'est elle qui ose déclarer dans la dernière édition de L'Express d'Outremont qu'elle est heureuse
«de voir qu'il existe des mécanismes dans notre société démocratique qui permettent aux citoyens concernés de pouvoir s'exprimer.»? Pincez-nous, quelqu'un!

Cinq-Mars n'avait surtout pas envie d'avouer que son commandant Martin Desbiens-Côté avait bel et bien couché à l'hôtel new-yorkais de Michael Rosenberg, le marionnettiste qui fait danser à sa guise les chefs de tous les partis municipaux de la métropole et leurs cours respectives. Les délinquants récidivistes pourront donc continuer de dormir sur leurs deux chastes oreilles.

Écoutez l'entrevue qu'a accordée le nouveau commandant à Benoît Dutrizac mardi après-midi. Ça ressemble à un «bien cuit»!

* Traduction du mot hassidim, en hébreu

mardi 1 février 2011

LE PREMIER TEST

Si vous n'avez pas encore réservé votre soirée du 7 février, c'est le temps! Après une abracadabrante saga de trois ans et demi, c'est lundi soir prochain, à 19h, à la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal (465, avenue du Mont-Royal Est) que les élus de Projet Montréal du Plateau Mont-Royal devraient trancher.

Permettront-ils aux dirigeants de la synagogue du 5363 Hutchison d'agrandir leur lieu de culte qui se trouve dans un zonage strictement résidentiel? Choisiront-ils plutôt de se ranger derrière les nombreux arguments des résidents qui ont décrié ce projet très controversé? On verra bien si le gros bon sens et les politiques d'apaisement de la circulation et d'amélioration de la qualité de vie des résidents sont des valeurs authentiques ou des mots en l'air comme cela s'est tristement avéré sous le régime de la mairesse Fotopulos, d'Union Montréal.

Pour les résidents qui habitent de part et d'autre de la frontière qui sépare le Plateau et Outremont, la décision de l'équipe de Projet Montréal est le premier vrai test de la cohérence et de la détermination des élus du Plateau.

Se limiteront-ils à trancher la poire en deux? Seront-ils les premiers à sonner la fin de la récréation à propos des flottes d'autobus d'écoliers qui défilent au rythme de 55 autobus par jour sur nos rues strictement résidentielles? Mettront-ils le pied à terre pour faire respecter le zonage, faire disparaitre les dortoirs illégaux, les agrandissements de lieux de culte obtenus grâce à de f
ausses déclarations

Et pour tous ceux et celles qui éprouveraient encore un malaise à l'idée de faire appliquer la réglementation municipale à des dirigeants ultraorthodoxes récalcitrants, ce serait une très bonne idée de visionner le reportage vidéo intitulé Le rabbin rebelle de Monroe (voir plus bas).

cliquer sur la photo pour zoomer

Vous verrez que les comportements délinquants déplaisent tout autant aux résidents juifs du New Jersey qui tiennent comme nous à la quiétude de leurs rues résidentielles.




Cliquer sur la flèche pour voir le vidéo.

Vous aimeriez un autre exemple de la même problématique au New Jersey? Lisez cet article du Jerusalem Post qui décrit l'histoire de propriétaires d'un quartier résidentiel de Teaneck qui se battent pour préserver leur quiétude et la valeur de leurs propriétés. Là-bas, comme ici, on voit des élus qui ne savent choisir entre la qualité de vie de leurs résidents et les craintes de poursuites de la part des ultraorthodoxes.
On se croirait à Montréal, ma parole!