mercredi 18 mai 2022

LE MÉPHISTO DE PROJET MONTRÉAL


Vous est-il déjà arrivé de perdre un ami ? Moi, si. Vous dire combien sa disparition subite m’a troublé, vous ne me croiriez pas. Imaginez. Depuis 15 ans, nous avions tissé des liens étroits. Il me voyait dans sa soupe et je savais ce qu’il faisait, même à distance. Combien de fois ne m’a-t-il pas juré qu’il ne partirait pas ? «I am here to stay», me répétait-il tant à l’hôtel de ville que sur l’avenue Bernard et même lorsque nous mangions chez Chopp, le restaurant casher qu’il affectionnait sur Queen Mary.

Le 28 mars 2021, je sais que mon cher Max a fait brûler ses croutons au levain pour éviter le courroux de Yahvé. La dernière fois que j’ai eu de ses nouvelles, c’était le 25 avril 2021. À la suite d’une descente de police dans une synagogue de la rue Jeanne-Mance, mon pote qui en menait large au sein du conseil exécutif de Projet Montréal/Outremont (PM/O) en avait piqué toute une contre le SPVM. Alors que le couvre-feu anti-COVID était en vigueur et que seuls les propriétaires d’animaux domestiques avaient l’autorisation de sortir pour leur faire faire un petit caca, il dénonçait les policiers : «Over 30 police cars targeting the Jews... Even the Jew [walking] a dog got a ticket!».

Depuis ce soir-là, plus rien. Max Lieberman a été porté disparu. Sa page Facebook s’est volatilisée dans les limbes informatiques et sa maison de la rue Champagneur, vendue. On m’a rapporté que les autorités rabbiniques l’avaient «condamné» à prendre le chemin de l’exil à Brooklyn. Je me demande même si on n'a pas exigé qu'il déguerpisse en passant par le chemin Roxham. J’ai vraiment craint ne plus jamais le revoir. C’était sans compter sur son petit côté sulfureux.

Contre toute attente, dans la semaine du 2 mai 2022, j’ai eu le grand bonheur de le retrouver à Montréal. J’ai même pu lui parler yeux dans les yeux alors qu’il gagnait le box des accusés de la salle 17.2 du Palais de justice de Montréal.

Accusé de manœuvres dolosives pour la coquette somme 310 688 $, il s’est fait longuement cuisiner dans le cadre d’un procès de quatre jours auquel il faisait face avec deux de ses coreligionnaires et complices présumés, Louis Weil et Joel Rubinfeld. Le verdict viendra plus tard.

Tel l’un des sept princes de l'Enfer, Max Lieberman est le clone de Méphistophélès, «l'esprit qui toujours nie»!

S’il arrive à bien des gens de se trouver un jour impliqués dans une procédure judiciaire, Max, lui, est tout sauf le citoyen lambda. Comme me l'a dit le fonctionnaire attitré au greffe: «À ce que je vois, votre ami est un abonné au plumitif du Palais de justice!» Il est vrai qu'en 12 ans, uniquement à Montréal, Lieberman a collectionné 22 dossiers judiciaires, dont 17, à titre de défendeur.

Lieberman a eu maintes fois maille à partir avec le comité de gestion de la taxe scolaire de Montréal, sans parler de l’agence du revenu du Québec, une flopée de firmes d’avocats, la Banque TD, la Banque de développement du Canada, les Services financiers Honda et on en passe. Même Jacob Marovka qui a été directeur de la Coalition d’organisations hassidiques d’Outremont a déposé plainte contre lui au Palais de justice de Montréal. Un comble ! 

Toutes ces procédures étaient du domaine public bien avant que l’équipe de Philipe Tomlinson ne déroule le tapis rouge et n’accueille Max (Menachem) Lieberman au sein du comité exécutif de Projet Montréal/Outremont. On ne comprend pas que Valérie Plante n’ait jamais exigé que Lieberman soit écarté du poste qui lui permettait de participer à l’élaboration du programme, de solliciter des adhésions et de représenter l’arrondissement auprès des instances supérieures.

Malgré ses démêlés juridiques en matières financières, ses tonitruantes déclarations controversées, son double langage sur le confinement social de ses coreligionnaires et la pertinence du port du masque, Tomlinson et son équipe l'ont maintenu au sein de leur exécutif.

Il faut dire que Max avait son fan club de sympatisants. Les Astrid Arumae, son conjoint Marc Chétrit, David DesBaillets, Rani Cruz et Claire Trottier, tous membres de l'exécutif self-righteous (bien-pensant) l'ont soutenu contre vents et marées. On s'en reparlera, juré craché.

Le 5 mai dernier, Max Lieberman devait se sentir bien seul dans le long couloir du Palais de justice. Une chance que j'étais là!

Projet Montréal/Outremont lui a même confié 9 700 $ pour que l’organisation ultraorthodoxe Chevra Hatzoloh — dont il est le président ! — puisse maintenir une soi-disant ligne téléphonique de référencement. Cela est d’autant plus ironique que sur les 10 050 $ que PM/O a remis à la Outremont COVID-19 Help Foundation  une OBNL créée au même moment par Astrid Arumae, une autre membre de l'exécutif chouchou  — 3 856 $ étaient voués à la vérification des antécédents judiciaires des bénévoles. Ça ne s’invente pas ! Max devait être mort de rire. 

Depuis lors, Lieberman retient plutôt son souffle. Sera-t-il condamné ou acquitté? Qu'importe. J'aurai une bonne pensée pour lui la veille de son jugement.


En souvenir du bon vieux temps, mon Max. Avoue qu'on s'est bien amusés!