dimanche 30 janvier 2022

LE LOBBY AMICAL


Depuis dimanche dernier, une minorité des camionneurs transfrontaliers s’insurge contre la vaccination obligatoire lors de leur retour au pays. Selon leur conception de la « Libarté » démocratique, c’est à chacun que revient la décision de se faire vacciner ou non. Ce serait un droit sacré et inaliénable. Le même principe s’applique pour le port du masque ou le droit de fréquenter l’école en chair et en os en période de confinement.

Dans plusieurs pays, les antivax et anti-masques se braquent. Il y a les complotistes, bien sûr, mais on trouve un plus grand nombre de passifs agressifs, ceux qui se rebiffent pour se rebiffer ou qui rejettent toute autorité qui n’émane pas d’eux. Pensons à la comédienne Anne Casabonne qui qualifie le vaccin de « grosse marde ».

À Outremont, comme à certains autres endroits, le consensus et la cohésion sociale ne vont pas de soi. À preuve, lors de la séance du conseil d’arrondissement du 10 janvier, le nouveau maire Laurent Desbois a constaté que tout le monde ne faisait pas sa part dans ce qu’il qualifie de corvée collective. À titre d’exemple, citant les données de Santé Montréal, il nous a appris que seulement 39 % des enfants âgés de 5 à 11 ans résidant à Outremont ont reçu une première dose de vaccin contre 51 % sur le Plateau Mont-Royal. Il a aussi déploré que certaines écoles de la communauté hassidique n’avaient pas suivi le décret gouvernemental forçant la suspension de l’enseignement en direct.

Bien sûr, l’ensemble des membres des communautés hassidiques ne peut être mis dans le même sac Glad. Si le propriétaire de la boulangerie Cheskie défie avec arrogance l’obligation du port du masque dans sa boutique, cet autre propriétaire ultraorthodoxe de la poissonnerie Océan de l’avenue du Parc affiche à sa porte (même si en anglais seulement !) l’exigence du masque pour entrer dans son commerce.

On constate cependant qu’à l’instar de l’an dernier, plusieurs fidèles hassidiques défient toujours la fermeture des lieux de culte décrétée par le gouvernement, et ce, avec la bénédiction implicite du Conseil des juifs hassidiques du Québec (CJHQ) qui soutient que ses ouailles sont forcées de «faire un choix intenable entre l’exercice de leurs droits fondamentaux et le respect de la loi».

Au registre des entreprises, ce lobby de fondamentalistes purs et durs se qualifie d’organisation «civique et amicale» ! Faut vraiment que les Shrage Muller (directeur général), Max Lieberman (vice-président), Abraham Ekstein (administrateur), Baruch Posner (président et trésorier) prennent les gens pour des cons ! Voyez vous-mêmes. A
rie Rangott, par exemple, le secrétaire de leur organisation, est vice-président aux opérations d’une société de conseil en sécurité « qui emploie des experts de premier plan tel d’anciens opérateurs militaires, des services secrets, des forces de l’ordre, des experts en cybersécurité, des criminologues et des directeurs de la sécurité de multinationales ». Allo les bisounours!  Saluez bien le Mossad pour nous!

Pas plus tard que le 9 janvier dernier, ce groupe de négationnistes accusait le gouvernement d’«exacerber les tensions entre les communautés» pour avoir fait fermer les lieux de culte. 

Ces pieux hommes qui croient dur comme fer que la Terre a été créée il y a 6 000 ans ont pourtant dénoncé le fait que les autorités sanitaires ne leur ont fourni aucune donnée scientifique avant de faire fermer les lieux de culte. Arrêtez, les bouffons ! À force de nous faire rire, vous nous donnez mal au bide!

Dans le cadre d’un reportage de TVA (voir la vidéo), on aura bien remarqué que le lobbyiste hassidique qui, comme des dizaines d’autres, défiait ouvertement l’interdiction n’était nul autre qu’Hersber Hirsch, cet ancien truand jugé et condamné à des années de prison aux États-Unis pour une fraude de plusieurs millions de dollars. Essaie-t-il de chausser les raquettes de Novak Djokovic ?

Si le virus qui déferle sur le monde n’est pas une raison suffisante pour empêcher les dirigeants hassidiques d’investir les synagogues comme bon leur semble, qu’est-ce qui pourrait bien leur faire entendre raison? La rupture des chaînes d’approvisionnement ? Hummm.

De gauche à droite: Mayer Feig, Baruch Posner, Shrage Muller, Max Lieberman, Abraham Ekstein, Aron Friedlander et Hersber Hirsch. 

Les pénuries causées par la pandémie mondiale n’ont pas encore sensiblement dégarni les tablettes de nos épiceries, mais imaginons l’hypothèse où les ruptures de stock devenaient telles que les gouvernements seraient forcés de décréter le rationnement obligatoire. Que feraient-ils si à travers le pays chaque famille n’avait plus droit qu’à 100 g de café, 200 g de sucre, 500 g de farine, 1 kg de poulet, 5 litres de lait et, pire encore, un seul rouleau de papier de toilette par semaine ?

Suffirait-il, par exemple, qu’un des commandements de la Torah dicte aux fidèles de faire bombance le jour du sabbat pour qu’ils se mutinent et refusent de se soumettre au rationnement parce que cela brimerait leur liberté de religion ? Au diable le reste de la société ?
 Les verrait-on sans masque faire déborder leurs paniers d’épicerie à la Fooderie et chez Lipa’s ? Que les goys se serrent la ceinture ! Let’s go les ribotes casher!

On remarquera tout de même que contrairement aux camionneurs qui défilent en ce moment en faisant s’époumoner leurs klaxons Vulcain deux trompes 118 dB, les administrateurs des lieux de culte rebelles tentent de passer sous le radar de la solidarité collective.

Pas question pour eux de souffler dans leurs sept trompettes de Jéricho pour détruire les décrets gouvernementaux. L
es insoumis hassidiques se contentent de mettre des sourdines sur leurs shofar, de déambuler comme si de rien n'était, le schtreimel et les yeux fixés au trottoir pour se rendent chez Cheskie, à l’école ou à leurs synagogues officielles, clandestines ou improvisées. 

Le 22 janvier dernier, c'est bien peinards et sans masque que les fidèles faisaient la queue pour s'engouffrer à la synagogue improvisée au sous-sol de la résidence du 5270 Durocher. Une affichette en yiddish leur indiquait par où entrer. On aurait dit un line-up de discothèque!

Les laïcards peuvent toujours gueuler, protester et se scandaliser. Les intégristes, eux, ne s'émeuvent pas. Comme si de rien n'était, ils n’écoutent que les directives divines de leurs rabbins tout puissants. Cause toujours, mon Legault!

Même la conseillère Mindy Pollak de Projet Montréal joue à la morte. Toujours durant cette séance du conseil du 10 janvier, une citoyenne lui a demandé si elle avait participé aux nombreuses rencontres organisées par le maire pour convaincre les dirigeants hassidiques de respecter le décret sur la fermeture des école. Pollak n'a pas hésité à mentir devant les caméras, prétendant qu'elle n'y avait pas été invitée. Hélas pour elle, le maire Desbois lui a rappellé que le 29 décembre, il avait communiqué avec elle pour l'y convier, mais la conseillère de l'opposition lui a fait entendre qu'elle n'était pas disponible. Oups! Mindy a été forcée de boire son vilain mensonge jusqu'à la lie.

Cliquez sur l'une des têtes de Mindy Pollak pour l'entendre mentir et se faire gentiment rabrouer par le maire.

Durant les Fêtes, il y en a quand même un a qui ça démangeait de jouer les matamores et de ne pas avoir la langue dans sa poche. Il s'agit de Lieby Lewin, un molosse qui soutient avoir fait ses études religieuses à la yeshiva Belz Talmud Torah D’chassisei, du secteur Atlantic d'Outremont. Belle formation, à ce que l'on voit!

Lieby Lewin tournant un «reportage» depuis le balcon de son appartement de l'avenue Bernard.

Le 5 janvier dernier, se présentant comme membre d'un média, le rouquin mal dégrossi s'est amusé à emmerder et à poursuivre le journaliste Yves Poirier qui terminait un reportage. Filmant avec son cellulaire, Lieby prétendait que le journaliste de TVA s'était rendu à une école juive pour harceler des enfants parce qu'ils n'auraient pas obéi au décret de fermeture de l'école.

Le «reporter» formé sur le tas a transmis sa vidéo (à écouter absolument!) à Rebel News, un site Web canadien d'extrême droite fondé par l'imbuvable Ezra Levant et parfois présenté comme la version canadienne de Breitbart News et du mouvement alt-right. Gavin McvInnes, le fondateur de l'organisation néo-fasciste d'extrême droite Proud Boys a déjà été l'un des contributeurs de Rebel News.  Des adorateurs de Donald Trump! 

Du bien bon monde, quoi. Et ce sont les Québécois francophones qui se font traiter de racistes et de bigots à tour de bras. Avec ce type de pieux hommes dans les parages, l'harmonie intercommunautaire est à portée de main, c'est sûr. Alléluia!

mercredi 5 janvier 2022

QUAND L'HARMONIE PART EN BRIOCHE!


Imaginez que vous allez faire vos courses cet après-midi. Vous arrivez chez Première moisson, chez Jean Coutu ou à la quincaillerie du coin et vous tombez sur une grande affiche placée bien en vue à la porte d’entrée.

«Chers clients, les directives sanitaires du gouvernement exigent le port obligatoire du masque à l’intérieur de ce commerce. Si vous refusez de vous y conformer, veuillez acheter ailleurs. Merci. La direction.»

Comment réagiriez-vous? Si vous êtes un antivax, vous allez pester contre ce régime liberticide et jurerez sur la tête des complotistes que vous n’y refoutrez plus jamais les pieds. Si vous êtes d’accord avec la consigne, cela vous rassurera très certainement. Mais, mais, mais quand même… peut-être trouveriez-vous le ton un peu sec. Un commerçant a-t-il vraiment besoin d’être aussi discourtois à l’égard d’une partie de la clientèle qui, en temps normal, l’a fait vivre grassement?

Maintenant, que diriez-vous, si en allant acheter vos babkas russes sur l’avenue Bernard, le pâtissier casher vous flanquait sous le nez la mise en garde suivante :

«Dear Customers,
Regarding masks, please take care of yourself ONLY!
Please don’t harass customers and/or employees.
If you find it hard to comply, please shop elsewhere.
Thank you. Management.»

En traduction libre, le propriétaire de Cheskie nous intime de nous mêler de nos oignons, de ne pas emmerder les clients ou ses employés qui refusent de porter le masque et d’aller nous faire voir ailleurs si nous ne sommes pas d’accord avec ses ouailles qui revendiquent le droit inaliénable de contaminer les autres. Live and let live Omicron! Un p’tit crachat bien raclé avec ça?



On croit rêver. Voilà maintenant que ce sont les citoyens qui respectent les contraintes sanitaires que l’on pointe du doigt. Cheskie Lebowitz retourne comme une crêpe le civisme et la préséance du bien commun sur les droits individuels de certaines de nos sectes intégristes. Le boulanger nous fait aujourd'hui porter l’odieux de ne pas souhaiter être accommodants à l’égard des négationnistes antimasques. Le monde à l’envers, je vous dis!


3 janvier 2022: l'affiche à la porte de la boulangerie Cheskie. En médaillon (grossissement), une cliente hassidique passe sa commande sans porter de masque. Des témoins en ont aperçu plusieurs sans masque à l'intérieur. 

En 2020, le Times of Israel avait pourtant publié un article qui vantait «la boulangerie casher de Montréal qui bâtit des ponts, une babka à la fois.» La fille de Cheskie y avait même affirmé que l’une des raisons principales pour lesquelles la pâtisserie avait une clientèle aussi diverse était que les gens se sentent à l’aise pour revenir. Heuuuuu! Redites-nous donc ça aujourd'hui, ma p'tite dame.

Faudrait inviter la journaliste Aviva Engel à revenir faire une virée dans notre arrondissement plus covidé que jamais. Parions que le comportement de certains obligerait la journaliste à badigeonner de liquide correcteur son article déjà ranci. Elle réaliserait peut-être que de chercher à bâtir des ponts sur de la pâte levée, c’est prendre le risque de voir toute l'oeuvre se lézarder avant de se dessouffler. 

À l'heure ou Justin Trudeau gazouille (3 janvier 2022) que le variant Omicron se propage rapidement et force de nouvelles restrictions un peu partout au pays, nous aimerions bien voir si le ministre canadien de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie accepterait, ces jours-ci, de se farcir une autre petite séance de relations publiques chez Cheskie en sachant que ce dernier laisse le virus entrer à pleine porte dans son établissement.

François-Phillippe Champagne, ministre canadien de l'Innovation, des Sciences et de l'Industrie, Eli Cohen, ministre israélien de l’Économie et de l’Industrie et Anthony Housefather, Secrétaire parlementaire du ministre canadien du Travail se sucrant allègrement le bec avec Cheskie Lebowitz, en 2018.

Quand même le tenancier d'une institution dont la réputation dépasse nos frontières se permet d'afficher ouvertement qu'il se fout des mesures sanitaires, peut-on vraiment s'étonner de lire dans The Gazette que des commerçants auraient pu refuser l'accès à leurs magasins à des membres des communautés hassidiques?  

Hélas, le virus de l'insoumission ne se limite pas à ce haut lieu de la sucrerie dégoulinante. 

Alors que toutes les écoles du Québec sont obligatoirement fermées, dans la communauté hassidique d'Outremont, les élèves s'y rendent comme s'ils vivaient sur une autre planète.

Il n'y a qu'à visionner le reportage de TVA Nouvelles du 4 janvier pour comprendre ce qui se passe en ce moment dans les écoles et les synagogues hassidiques du quartier. La situation y est tout simplement hors de contrôle... comme l'est le virus dans l'arrondissement. Hors caméra, le journaliste a même avoué que sur place, son caméraman a été menacé par des ultrareligieux rageurs. Un classique, quoi.

Informé de la situation, le ministre de l'Éducation a déchiré sa chemise. Mais une fois le clip terminé et les projecteurs éteints, parions que Jean-François Roberge sera aussi mordant que ses prédécesseurs. Tout comme les Jean-Marc Fournier, Michelle Courchesne, Line Beauchamp, Marie Malavoy, Yves Bolduc, François Blais, Pierre Moreau et Sébastien Proulx, Roberge se révèlera un pit-bull avec un dentier sans Polygrip. Face aux intégristes, tout ce beau gratin d'élus se transforme en minous dégriffés, voire carrément castrés. 

Du côté du SPVM, en dépit des amendes prévues pour le non-respect des règles sanitaires, les forces policières se montrent tout aussi tétanisées. Les délinquants multirécidivistes ont encore de beaux jours devant eux. Lamentable! Pitoyable!