samedi 18 février 2017

L'ART D'EXPLOITER UN MASSACRE


Il y a une dizaine de jours, des imbéciles ont eu la très brillante idée de dessiner des croix gammées sur les capots enneigés de quelques voitures stationnées en bordure de la rue Hutchison. Un geste aussi con que déplorable qui a été repris par CTV, Global News, The Gazette et La Presse. Il n’y avait pas mort d’homme, mais dans le contexte actuel, ces signes tracés dans la neige n’allaient certainement pas passer inaperçus.

Le 12 février, des activistes ultraorthodoxes ont publié sur leur site Outremont Hassid, un article rédigé par Leila Marshy. Il s’agit d’une pièce d’anthologie. 

Le hasard faisant bien les choses, ce petit lynchage médiatique bien orchestré se produit deux jours pile après que Projet Montréal ait tenu une réunion préparatoire à la prochaine campagne électorale de Mindy Pollak, sa conseillère hassidique dans Outremont. 

Se souvenant qu’en 2013, j’avais bien failli remporter l’élection dans le district Claude-Ryan d’Outremont à titre de candidat indépendant, Projet Montréal craint peut-être que cette fois, je la coiffe au poteau. D’ailleurs, Leila Marshy ne s’en cache même pas. «Il y a trop d’enjeux en 2017, dit-elle, pour continuer de permettre ce genre d’absurdités.» Les absurdités étant, bien sûr, mon militantisme.

Cette attaque survient également quatre jours après qu’un reportage télévisé nous ait révélé que Michael Rosenberg, le promoteur de la nouvelle synagogue qui aura pignon sur rue sur l’avenue Bernard (coin Champagneur) s’est (encore!) fait pincer par les inspecteurs municipaux en train d’y effectuer des travaux sans permis.


Après toute la polémique sur l’interdiction des nouveaux lieux de culte sur l’avenue commerciale, nous aurions pu croire que les leaders hassidiques se seraient gardé une petite gêne, au moins le temps que la poussière du référendum retombe. Pensez donc! Pour faire diversion, l’occasion était trop bonne de me diffamer (je pèse mes mots!)

Avant même d’entamer sa diatribe, Leila Marshy déforme déjà les faits en s’arrogeant le titre de fondatrice de l’association Les Amis de la rue Hutchison. Or c’est faux.

Depuis le lancement de cette page Facebook, en juin 2011, Mindy Pollak et Leila Marshy n’ont eu de cesse de clamer sur toutes les tribunes (journaux, radio, télé, etc.) qu’elles en sont les cofondatrices. L’omission n’est pas fortuite. Quand on souhaite exécuter un opposant et que l’on prévoit utiliser des méthodes, disons, de basses oeuvres, on prend les mesures qu’il faut pour protéger sa reine et lui éviter d’être éclaboussée. Voilà que d’un simple coup de plume, Mindy Pollak n’est plus cofondatrice de la page Facebook.

Elle m’attaque d’abord par le biais d’une image (photo 1) qui m’immortalise dans une pose suggérant l’agression. C’est de bonne guerre. Quand on décide de s’impliquer et de débattre à visière levée d’enjeux publics, il faut s’y attendre et cela ne me choque pas.
 
Ces quatre prises de vue ne sont pas de moi. Je remercie les Friends of Hutchison Street pour ces beaux témoignages.

Cela dit, sachez tout de même que cette image est un polaroïd d’une fraction de seconde dans le cadre d’un évènement qui aura duré près de deux heures.

Au cours de ce « get together » qui s’est tenu le 6 mai 2012 (et non en juin comme le prétend Marshy), on peut également me voir pris à partie par un opposant véhément (photo 2), puis échangeant une bonne poignée de main avec un de mes voisins de palier ultraorthodoxe (photo 3) et me payant une pinte de bon sang… même avec la mère de Mindy Pollak (photo 4).

Il me semblait alors essentiel de faire entendre notre voix. Après tout, il s’agissait de la première réunion organisée par ce groupe. À la fin de la réunion, comme on me refusait de reprendre le micro, j'ai tenté de dire à l’auditoire (voir la vidéo de huit secondes) qu’il leur serait illusoire d’espérer créer des ponts entre les différentes communautés s’ils s’obstinaient à ne pas tenir compte du point de vue et des griefs de la majorité francophone. Le dicton yiddish ne dit-il pas «Mit eyn tokhes ken men nit tantsn af tsvey khasenes!»?* 
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*  «Un derrière seul ne peut danser à deux mariages ou si vous préférez, «It takes two to tango!» 
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On voit aujourd’hui où a mené ce déni total et ce refus catégorique d’aborder les problématiques pourtant bien réelles soulevées par de nombreux citoyens d’Outremont qu’elle et ses amis de la rue Hutchison qualifiaient (et qu’ils qualifient toujours!) de xénophobes haineux et obtus.

Leila Marshy ne résiste pas à la tentation de faire des amalgames vicieux. «La dernière élection américaine, dit-elle, semble avoir autorisé le monde entier à être raciste, intolérant, méchant et stupide. Le récent massacre à la mosquée de Québec et même les croix gammées sur les voitures d’Outremont cette semaine en témoignent.» Quelle récupération grossière et ultra démagogique d’évènements tragiques!

Hélas, c’était écrit dans le ciel que les intégristes et les pseudoprogressistes de tout crin allaient profiter de ce carnage pour tenter de bâillonner ceux et celles qui mènent des combats légitimes en les accusant d’être porteurs du germe de la peste xénophobe et du fascisme.

Avec quelle aisance Marshy distribue-t-elle les anathèmes contre ceux qui ne marchent pas dans ses traces sacrées! Le fait de dénoncer les comportements délinquants comme celui que j’ai évoqué plus haut me vaudrait un jour le titre de Boucher d’Outremont?

Marshy me qualifie publiquement de «fomentateur de haine». Je lui conseille ardemment d’aller lire l’article 319 (1) et (3) du Code criminel canadien et à réfléchir sérieusement à l’accusation qu’elle me porte. Si elle persiste, je lui suggérerais de faire un pas de plus en se rabattant sur l’article 318 du même code. Il traite de l’encouragement au génocide.

Par ailleurs, en matière civile, ses propos sont de la pure diffamation. Et croyez-moi, je sais de quoi je parle. Accusé de diffamation par Michael Rosenberg, son fils Martin et leur acolyte Alex Werzberger, la Cour supérieure a retourné mes poursuivants comme des crêpes. L’honorable juge qui présidait le procès a statué on ne peut plus clairement et sans aucune réserve que le contenu de mon blogue est socialement utile, que ma démarche d'enquête est diligente, que mes sources d'information sont valables et que mes propos ne sont pas haineux. Même les trois juges de la Cour d’appel du Québec ont recalé Julius Grey qui avait eu la bonne idée de porter leur cause perdue en appel.

Après être passé deux fois plutôt qu’une dans le fin tamis purificateur de l’appareil judiciaire, je ne me laisserai certainement pas intimider par ces élucubrations apocalyptiques. Et on ne parviendra pas à me faire taire en tentant de me faire porter le blâme et l’odieux de l’éventuel geste fou d’un fêlé de la trempe d’un Bissonnette.

Le reste du brûlot diffamatoire de Leila Marshy est tout aussi fallacieux, chafouin et perfide. Prétendre qu’elle et ses amis viennent tout juste de prendre la décision de me combattre est pure bouffonnerie. Depuis 2011, les cofondatrices de Friends of Hutchison Street, leurs amis et leurs mentors hassidiques n’ont eu de cesse de prétendre que les faits que je rapporte dans mon blogue ne sont que «calumny, misinformation, outright lie and intimidation», que mon travail est «Mcarthy-Pinochet-Nazi propaganda». On me qualifie de Goebbel, SS, Jew hater et j’en passe!

Les allégations sont légion, aussi ridicules, par exemple, que cette affirmation clownesque de Marshy voulant que je «puni[s] sauvagement» les élues qui accorderaient des «concessions» à la communauté hassidique. J’ai orchestré un coup d’État sanglant, peut-être?

Il y a pire que les allégations loufoques. Son texte est un ramassis de faussetés, de demi-vérités tronquées, de suppositions tendancieuses et malhonnêtes quand il ne s’agit pas d’inventions pures et simples.

Je la mets au défi de présenter le début du commencement d'une preuve de ce qu’elle avance. Où ai-je prétendu que les voisins qui désirent nouer le dialogue avec les hassidiques sont des lobbyistes payés? Où? Qu’ai-je écrit dans ma chronique du 22 janvier 2017 qui soit mensonger? Je veux savoir. Ne serait-ce que pour faire amende honorable et me confondre en excuses. Dites-moi quels journalistes j’aurais accusés d’avoir subi un lavage de cerveau? 

Je ne perdrai pas mon temps à débattre de son opinion à propos de mon statut professionnel ou de mes qualités journalistiques. Non seulement cela est-il totalement « irrelevant », comme on dit dans la langue de Shakespeare, mais jamais, au cours de ces neuf années de militantisme citoyen, n’ai-je prétendu, ni de près, ni de loin, agir à titre de journaliste.

Quant à son appréciation de mes caricatures, je ne lui contesterai pas le droit d’aimer ou de détester. Au cas où Marshy ne l’aurait pas remarqué, toutefois, ma dernière caricature remonte à il y a pratiquement trois ans (22 mars 2014), soit exactement quatre jours après que mes poursuivants aient été déboutés en Cour d’appel du Québec.

Le hasard faisant bien les choses, cette chronique de 2014 traitait justement d’un sujet toujours d’une brûlante actualité en ce moment, soit le port de signes religieux au sein de l'appareil de l'État. À l'époque, comme aujourd’hui, Philippe Couillard soutenait qu’on n'a pas à légiférer sur les libertés tant que le problème n'existe pas. Nous sommes bien avancés aujourd’hui, n’est-ce pas?

Mon antagoniste revient également sur la campagne électorale de 2013. Elle affirme que lorsque je me suis porté candidat, j’aurais suspendu mon blogue et créé un nouveau site Web «très anodin et totalement nettoyé de toute trace de mes obsessions». Une fois de plus, elle démontre qu’elle n'est qu'une vulgaire adepte des «faits alternatifs» dont raffole Donald Trump.

Entre février (moment où j’ai annoncé ma candidature  pour briguer le poste de conseiller municipal) et novembre 2013, j’ai publié pas moins de 16 chroniques sur mon blogue. N’importe qui ayant accès à Internet peut le vérifier sur le champ. Au plus fort de la campagne électorale, je n’ai pas eu le temps d’écrire sur mon blogue, mais il n’a jamais été suspendu.

Quant à l’allégation gratuite de Marshy voulant que j’aie mené ma campagne en «faisant semblant de ne [m’]intéresser qu’au renouvellement urbain et à la plantation d’arbres», je rappelle que bien avant que je n’imagine me présenter un jour à des élections, j’ai mis en ligne sur mon blogue au moins cinq chroniques traitant de problématiques concernant les arbres et les ruelles vertes à Outremont. Par ailleurs, je ferai remarquer à Leila qu’en même temps que j’alimentais mon blogue, j’ai publié sur mon site électoral une chronique sur la question du bannissement des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique.

Je termine sur une dernière photo que publie Leila Marshy sur laquelle j’apparais avec la légende «Lacerte harcèle un hassid, mai 2013». Or, elle n’était même pas présente sur les lieux au moment où les faits se sont produits. Ce qu’elle affirme n’est rien d’autre que du ouï-dire.

La réalité est tout autre. Le 31 mai 2013, c’est à la demande expresse (voir le courriel) de la journaliste Caroline d’Astous (La Presse) que je l’ai accompagnée sur le terrain avec son photographe. Mme d’Astous souhaitait voir «la prolifération des lieux de culte sur le Plateau Mont-Royal». Je l'ai guidée comme je l'ai fait pour Richard Bergeron et l'équipe de Projet Montréal, le 5 août 2010.



Nous voyant venir (le photographe était particulièrement bien équipé en matière de quincaillerie numérique), trois hassidim qui ne souhaitaient pas nous voir nous promener dans la ruelle (elles sont privées, sur le Plateau?) se sont mis à nous filmer (photo de gauche) et à nous interpeller. Ils étaient particulièrement agressifs à mon endroit. J’ai alors sorti mon appareil, ce qui m’a permis d’immortaliser leur comportement.

À la lecture de son texte et après avoir mis à l’épreuve la rigueur de son argumentaire, son souci du détail et sa grande intégrité, je me demande qui tente de «façonner le monde à son image»?

À vous de juger.