Le rabbin Shlomo Helbrans fuyant la DPJ avec talibane et rejeton.
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La ministre semblait marcher sur des œufs. «Quand une école nous semble avoir des difficultés, on va d’abord voir sur les lieux...s’il y a des enfants qui fréquentent un lieu qui peut être apparenté à une école. Quand on a l’impression que c’est le cas et qu’il n’y a pas de permis, il peut y avoir un mandat émis qui permet de constater qu’il y a une école illégale.» Oh! que les mots étaient lourds.
Rappelant à Mme Malavoy que la secte hassidique était installée à Sainte-Agathe depuis 2005 et qu'aucun correctif n'avait jamais été appliqué, Jacques Beauchamp lui a posé la question qui tue: À partir de quel moment le ministère intervient-il?
Il n'était pas le seul. Ceux et celles qui suivent la saga des écoles illégales d’Outremont et d’ailleurs ont de quoi être exaspérés.
Qu'importe le gouvernement au pouvoir à Québec, aucun ministre de l'Éducation ne semble avoir le courage de faire appliquer les normes du ministère aux groupes sectaires.
Marie Malavoy aux prises avec le dossier des talibans juifs dont elle se passerait bien. |
Après Michelle Courchesne, c'est maintenant Marie Malavoy qui oublie son Polygrip sur sa table de chevet. On parle pourtant de cuvées de jeunes enfants et d'adolescents hassidiques qui sont sacrifiés sur l'autel de la claustration et de l'ignorance crasse.
On fait grand cas de cette quarantaine de familles de fugitifs de Sainte-Agathe qui refusent qu'on leur impose d'apprendre la théorie de l'évolution ou d'aborder la question de l’homosexualité et qui marient leurs filles à 16 ans.
À n'en pas douter, il s'agit d'une branche ultra intégriste du hassidisme. Mais, entre nous, est-ce bien pire que ce qui peut se passer à Boisbriand? Où dans certaines résidences ou dortoirs du Mile-End et d'Outremont? À Kiryas Joel (état de New York)? Dans Boro Park (Brooklyn)?
Des appartements surpeuplés, des lits qui sentent l'urine, des enfants (surtout les garçons) imbibés d'une éducation religieuse et expurgée le plus possible des matières dites «profanes», des mariages arrangés de jeunes couples, ça existe déjà autour de nous. Même Myriam Beaudoin, l'auteure du livre Hadassa, raconte que l'on éduque les petites hassidiques d'Outremont à devenir des petites princesses du foyer.
On nous décrit pratiquement le leader Shlomo Helbrans comme un gourou. Mais chacune des neuf ou dix sectes hassidiques que l'on retrouve au Québec ne possède-t-elle pas son grand rabbin qui règne en maître absolu et incontesté? Comme l'écrit Lise Ravary dans son ouvrage Ma vie chez les Juifs hassidiques: «Il est traité comme un monarque par sa communauté, et ses disciples forment en quelque sorte sa cour.»
Dans ce contexte, la réaction de certaines organisations juives surprend. En octobre 2011, c'est Alex Werzberger, ce fameux porte-parole de la secte fondamentaliste Satmar, qui avait renié la communauté de Sainte-Agathe en la qualifiant de «secte complètement en dehors de la communauté hassidique» (lire ma chronique du 9 octobre 2011).
Ces jours-ci, forcé de gérer cette crise qui ternit l'image de l'ensemble de la communauté juive, Frank Dimant, directeur général de B'nai B'rith Canada, a soutenu que ce groupe affiche un comportement qui n'est rien d'autre qu'une perversion du judaïsme.
Juive talibane sur la rue Hutchison, le 1er octobre 2013. Des adieux à la famille avant la fuite en Ontario? |
Pourtant, en Israël, la secte a gagné des centaines d'adeptes au cours des cinq dernières années. Question de protéger les hommes contre eux-mêmes, un nombre croissant de femmes a fait de la modestie son leitmotiv et a adopté l’équivalent du tchador. Cette initiative a séduit plusieurs cercles hassidiques. Au point que le tribunal rabbinique ultraorthodoxe et le leader de la Edah Haredit ont signé des lettres de soutien à ces plus que modestes. Il aura fallu que le mouvement s'emballe pour que 13 rabbins s'inquiètent et fassent circuler une pétition contre le nouveau code vestimentaire.
Évidemment, si les enfants ont été maltraités ou abusés, il faut sévir au plus sacrant. Mais s'il est question de négation à une éducation qui permette de s'épanouir et de vivre en société, il faut intervenir avec la même vigueur. Et pas seulement à Sainte-Agathe.