samedi 26 novembre 2016

ET VLAN SUR LE GLAND! ou QUAND UN LAÏC AVERTI EN VAUT DEUX!


Vous connaissez l’adage. «Si c’est écrit dans La Presse, ça doit être vrai!» Après Lysiane Gagnon, c’est au tour de Michèle Ouimet de s'improviser juge et partie dans l’affaire des lieux de culte sur le tronçon commercial de l’avenue Bernard. Et deux fois plutôt qu'une. Elle peut bien traiter les élues d’Outremont de tatillonnes et bêtes en raison du règlement qui vient d’être adopté. Elle raisonne elle-même en petite fonctionnaire pinailleuse.

Si Outremont s’est fusionnée à la grande ville et qu’elle fait partie intégrante de la métropole, pourquoi la chroniqueuse se borne-t-elle à tenir une comptabilité de gratte-papier? Voue-t-elle un culte au cadastre de lotissement comme ces bons colons qui recevaient le Mérite du défricheur des mains de Duplessis?

Apprenons à Mme Ouimet que ce n’est pas un, mais bien trois endroits qui servent déjà de lieux de prières sur Bernard. Et c'est sans parler du quatrième qui s’en vient au coin de Bernard et Champagneur.



À gauche, avec ses vitrines solidement briquetées, la façade de la synagogue du 1075 Bernard ressemble à un bunker de motards. À droite, au sous-sol de l'édifice Remax du 1290 Bernard, se terre un autre centre religieux ultraorthodoxe.La carte des erouvs d'Outremont est fixée au mur

Comme Marie Cinq-Mars, Michèle Ouimet ne semble pas pouvoir regarder plus loin que son nez. Elle se refuse à prendre en compte la synagogue qui loge au coin de Bernard et Hutchison.

Désolé! Sorry! Cette synagogue en chantier depuis neuf ans au coin de Bernard et Hutchison ne peut pas être prise en compte? C'est vrai qu'elle dépasse de deux enjambées la frontière d'Outremont.

Imaginez! Cet immeuble, d’abord occupé illégalement dès 2007, puis délabré pendant sept ans et encore «à moitié construit depuis deux ans» (dixit Ferrandez) se trouve à quelques mètres de la frontière d’Outremont. Mais… Tut! Tut! Tut! Foi d’arpenteur, ça ne compte pas!

La journaliste se dit renversée du fait qu'une administration municipale puisse faire un règlement alors qu'il y a si peu de synagogues. C'est quoi son problème?
 


Même s’il n’y avait eu aucune synagogue et aucun autre lieu de culte sur Bernard, ça change quoi à la légitimité de réglementer le zonage? Y a-t-il un quota minimum prévu dans la Loi sur les cités et villes avant que les élus puissent procéder? Pour réglementer les bars de danseuses ou les débits de boisson, faudrait-il aussi attendre qu’il y en ait 10 ou 15 avant qu’un changement au zonage puisse se justifier? Dans tous les autres arrondissements où les élus ont choisi de restreindre le nombre de lieux de culte sur leurs rues commerciales, a-t-on crié au scandale? A-t-on vilipendé les conseils d’arrondissements pour crime de lèse-évangélisme. Quelqu’un s’est-il fait traiter d’antiraëliens, d'antihaïtiens?


Où Ouimet est-elle allée pêcher l’argument farfelu et démagogique voulant qu’on attribue à une synagogue les malheurs de l’avenue Bernard? N’importe quoi!

Elle ne se gêne pas non plus pour répéter les faussetés que sa collègue Lysiane Gagnon avait elle-même publiée le 4 octobre dernier. 

Comme la grenouille qui voulait en imposer au bœuf, cela fait au moins 11 ans que les hassidim racontent constituer 25% de la population d'Outremont et connaître une croissance de 5% par année. Pourtant, les dernières statistiques municipales (2011) chiffrent à 19% le pourcentage de citoyens juifs (qu'ils soient ultrareligieux, moyennement pratiquants ou laïcs).

Ouimet et Gagnon jouent aussi au téléphone arabe avec cette rumeur voulant que c’est après que Michael Rosenberg eut déposé une demande de permis pour une nouvelle synagogue en mai 2015 que les élues d’Outremont ont déballé leur règlement en vitesse. Hélas! Une contre-vérité répétée 1 000 fois ne devient pas une vérité.

Pour avoir l’heure juste sur la question, consultez ma chronique Le Godly Square Mile. Si La Presse avait accepté de publier le correctif que j’avais adressé à Lysiane Gagnon, peut-être que Ouimet n’aurait pas fait rebelote avec ces cancans boiteux, quoi que… rien n’est moins sûr. La Presse a préféré publier hier une lettre de deux hommes du monde en proie à une attaque de panique aiguë. Ils vont jusqu’à invoquer «un recul alarmant de la liberté religieuse». Pour un lieu de culte, comme dirait Ouimet? Avant d’ameuter Ban Ki-moon, je leur suggérerais de respirer par le nez.

Quant à ce bon vieux Julius Grey qui flaire le pactole et tente de ferrer le gros poisson avec ses énoncés génériques à l’emporte-pièce, il peut bien répéter tant qu’il voudra «[qu’] on ne peut pas utiliser le zonage pour empêcher l’établissement de lieux de culte». Il n’est quand même pas pour dire à Michèle Ouimet qu’il pense que sa cause est bancale. Et encore moins à Michael Rosenberg qui lui rapportera (encore!) plein de bacon.



Ce n'est pas parce que Julius Grey le dit que c'est vrai. J'en suis la preuve vivante. Il est ici en conciliabule avec Alex Werzberger, Martin et Michael Rosenberg, lors de mon 2e procès... qu'ils ont tous les quatre perdu!

À la question «Est-ce que le règlement rend plus difficile ou presque impossible la pratique de cette forme de judaïsme? », Grey patine : «Si la réponse est oui, il y a apparence d’inconstitutionnalité.» On ne voudrait pas faire de peine à quelqu’un, mais si la réponse était non, comme nous le croyons fermement? On ne sauverait pas seulement les apparences, mais la constitutionnalité tout entière. Et vlan sur le gland!

N’en déplaise à Julius, le cas qui nous occupe est tout autre que ce qu’il vient d’énoncer à la journaliste. Bien sûr, si l’arrondissement avait décrété un bannissement total sur tout son territoire, il se ferait rabattre le caquet par les tribunaux en deux temps, trois mouvements. Mais voilà. Le règlement de zonage n’interdit pas l’ouverture de nouveaux lieux de culte à Outremont. Le règlement… RÉGLEMENTE! Oui, ça peut se faire sur le territoire, mais pas n’importe où et de n’importe quelle façon. C'est triste à dire, mais en attendant que la loi de
Yahvé fasse foi de tout, l’arrondissement a encore voix au chapitre.

On est à des années-lumière d’une interdiction de pratiquer leur religion comme le prétendent les Feig, Werzberger, Rosenberg et cie. D’ailleurs, quand on a eu à se frotter à cette trinité sectaire, maniganceuse, arrogante, délinquante et bully (consultez le lourd dossier des Rosenberg), c’est toujours émouvant d’entendre le premier dire qu’ils ont de la grosse pé-peine de se sentir rejetés,le deuxième, faire l’éloge de la compréhension universelle et le troisième, avoir le culot de prononcer le mot «bonne foi».

Au cours des deux procès que les Werzberger et Rosenberg père et fils m’ont collés aux fesses à la Cour du Québec et en Cour supérieure, les juges ont pu apprécier l’hypocrisie, la fourberie et leurs ribambelles de mensonges avant de me blanchir sur toute la ligne.

Michèle Ouimet termine sa chronique avec l’argument réchauffé que nous ont toujours servi les dirigeants hassidiques. «Watch out, les boys! Si vous ne vous pliez pas à nos demandes, ça risque de vous coûter cher.» Pour une histoire d’érouv qui a viré en eau de boudin, combien de démêlés judiciaires, combien de centaines de milliers de dollars, Outremont, les autorités gouvernementales et policières et des résidents ont-ils été obligés d’engloutir pour forcer les gourous hassidiques et leur suite à se conformer aux lois et règlements qui nous régissent tous autant que nous sommes?

 
Werzberger et Ekstein peuvent bien raconter devant les caméras
«[qu’] il n'y a rien de pire que de se retrouver en cour, même si on gagne», n’empêche que les grosses légumes de la secte ont toujours privilégié le recours à la manière forte et aux menaces de poursuites pour intimider, tenir tête ou en imposer aux autorités et à ceux et celles qu'ils considèrent des trouble-fête.

Y a-t-il une synagogue qui n’ait donné lieu à une partie de bras de fer entre les dirigeants hassidiques et les administrations locales au cours des 30 dernières années?

Souvenez-vous de la synagogue illégale
au coin de Lajoie et Durocher. Le dossier a traîné 22 ans et en dépit des jugements, les administrateurs de ce lieu de culte clandestin ont fait les têtes de lard pendant dix ans avant de déplacer leurs pénates au coin de Durocher et Van Horne où, pendant sept autres années, ils en ont à nouveau fait voir de toutes les couleurs à l’administration municipale. Entre les interruptions prolongées du chantier, la révocation de permis pour non-respect des normes de construction et le bras de fer juridique, cela a tout de même coûté 100 000$ aux citoyens d'Outremont. Uniquement pour ce dossier! Ça ressemble étrangement à ce que vit Ferrandez avec la synagogue au coin de Bernard et Hutchison, pour ne nommer que celle-là.



Voilà ce que l'on retrouvait avant-hier sur la page Facebook de Luc Ferrandez. Je rappellerai au maire du Plateau que cela fait neuf ans qu'elle est en chantier et qu'elle ne respecte ni les normes, ni les commerces voisins, ni les résidents du quartier. Une honte!

Comment la chroniqueuse qui habite le Mile End peut-elle soutenir que le Plateau Mont-Royal n'a pas de problèmes avec les lieux de culte hassidiques? Est-elle de mauvaise foi ou ignorante de la réalité?

Le 5 août 2010, j'avais justement guidé Richard Bergeron et les conseillers élus de Projet Montréal pour une petite visite des synagogues du Mile End. Ils avaient été impressionnés par les allures de taudis infects, les vitrines brisées ou tapissées de papier Kraft et d'autres matériaux de fortune de plusieurs de ces lieux de culte dont certaines, en plus de défigurer le paysage, opéraient sans même détenir de certificats d'occupation. Aujourd'hui, plus de six ans plus tard, plusieurs de ces lieux lugubres sont encore et toujours des pustules inadmissibles dans le décor.



À gauche, la synagogue du 5843 Hutchison (à quelques maison au nord de Bernard) en 2010, au moment ou l'équipe Projet Montréal l'a visitée en ma compagnie. À droite, le même taudis il y a deux mois. Pas de problèmes, vous dites?


À gauche, la synagogue du 6082 avenue du Parc (coin Van Horne) en 2008. À droite, la même insulte en 2016. Alex Norris, le conseiller de Projet Montréal, a toujours prétendu ne pouvoir rien faire! Il ne voulait surtout pas se les mettre à dos!

Opportuniste à souhait, Luc Ferrandez saute sur l’occasion que lui donne la chroniqueuse pour faire du Outremont bashing. À moins d’un an des élections municipales où il espère que sa conseillère hassidique Mindy Pollak ne sera pas la seule élue de Projet Montréal dans Outremont, il sait flatter les leaders ultraorthodoxes dans le sens du schtreimel! J'ai bien hâte de voir si les méchants électeurs du camp du OUI lui présenteront l'autre joue!

Le maire du Plateau peut bien dire aujourd'hui que nos règlements sont trop rigides. C'est pourtant lui qui, le 4 juin 2013, clamait sur sa page Facebook qu'il fallait «Plus exiger [de la communauté hassidique] pour mieux accueillir». Quant à son commentaire voulant «[qu’]il faut vraiment être gonflé pour dire non» à une communauté qui «a le droit d’obtenir un lieu de culte», Ferrandez est dans le champ puisqu'avec son règlement amendé, Outremont n'interdit absolument pas les lieux de culte. Il souhaite simplement «préserver les artères qui irriguent le quartier», comme le dit si joliment François Cardinal dans son éditorial d'aujourd'hui.

Je n'avais pas eu vent que Projet Montréal proposait «une voie du compromis» où l'interdiction des lieux de culte ne concernerait que les rez-de-chaussée. Si c'est le cas, pourquoi Projet Montréal a-t-il permis l'établissement d'une nouvelle synagogue sur deux étages au 5446-5448 avenue du Parc?


Le 5446-5448 avenue du Parc: Un autre joyau inachevé depuis 2015 dans le fief de Luc Ferrandez

Non seulement cette synagogue (comme d'autres!) est demeurée inachevée depuis 2015, mais en plus, selon l'article 39 du règlement 11-018, son permis de transformation est caduc et nul depuis le 25 août 2016! (voir ci-bas). Comme on dit dans la langue de Shakespeare, c'est du «déjà vu!».



Un autre permis non respecté... pour faire changement!

En défiant et méprisant les communautés qui les entourent, en criant Au meurtre! pour tout et pour rien, en contestant chaque petit point qui ne répond pas à 100% à leurs exigences extraordinaires, en s'entêtant à laisser leurs lieux de culte ressembler à des soues à cochon, les rabbins pensent-ils que cela prédispose les élus et les citoyens à les accommoder avec magnanimité?

Ce qui m'amène à me poser une autre question à la suite de l'article de la chroniqueuse de La Presse. Les autorités outremontaises ont-elles vraiment le monopole du «colletaillage» avec les ultraorthodoxes?

Passons sur les épiques échauffourées judiciaires qui ont hanté et saigné les coffres des municipalités de Boisbriand, de Sainte-Agathe, Saint-Adolph d'Howard, Val Morin, Saint-Eustache. D’aucuns diront que les Québécois sont reconnus pour leur indécrottable intolérance et leur esprit de clocher. Alors, allons donc voir au-delà de nos frontières de culs terreux.

Aux États-Unis, et particulièrement au New Jersey et dans l’état de New York, le climat est orageux partout où les sectes hassidiques sont florissantes.

Allez faire un tour à Brooklyn, la grande ville policée, pour le fun. Vous verrez que Williamsbourg, Crown Heights, Boro Park n’y échappent pas. Sortez à Bloomingburg (voir la vidéo), Chester, East Ramapo, Lakewood, New Square, etc. Arrêtez à Kiryas Joel et Monroe, deux villages du New Jersey où s'affrontent solidement hassidim et non hassidim dans un référendum à propos d'une question de territoire (cliquer ici pour visionner l'extrait du documentaire Love Thy Neighbour). Vous verrez qu'à côté de ça, les Outremontais sont doux comme du sucre d'orge.



Love Thy Neighbour (cliquer ici pour le documentaire complet)

Évidemment, on ne parlera pas de la guerre rangée qui sévit entre les ultraorthodoxes d’Israël et les juifs laïcs. Ça pète au quotidien, mais là-bas, personne n’aurait l’idée de qualifier de racistes ou de xénophobes ceux qui s'accommodent mal du diktat des fondamentalistes.

Pour finir, j'aimerais éclaircir un point avec Abraham Ekstein, ce nouveau porte-parole hassidique que semble avoir tant apprécié la chroniqueuse.


Abraham, vous qui vous disiez si préoccupé par l’argent du contribuable, pourquoi avez-vous demandé la tenue d'un référendum à 65 000$ si vous aviez déjà annoncé votre intention de contester le règlement devant les tribunaux? Vous espériez le gagner? Ah bon! Je comprends mieux, maintenant. Vous êtes comme Trump: «I'll accept the election results — 'if I win'»!

C'est ce même homme qui soutient que la démocratie ne consiste pas à écouter une majorité pour imposer sa loi aux minorités. Attendez le jour où ils seront vraiment majoritaires dans Outremont. On verra s'il tiendra le même discours.

Rappelez-vous de la prémonition que nous avait faite Steven Lapidus, un spécialiste du fait hassidique en Amérique du Nord dans le magazine Senior Times:



 «If [Hasidim] are not going to move, 
they are going to dominate. …
 If you want to come to a peaceful resolution
to the problems in Outremont,
 don’t wait until Hasidim are the majority.»

Un laïc averti en vaut deux, n'est-ce pas?


Caricature de Chapleau dans La Presse de ce matin

mercredi 2 novembre 2016

LA ROUTE DU GOLGOTHA



Je ne vous l’avais pas dit? À la suite de la parution de la chronique bâclée de Lysiane Gagnon, le 4 octobre dernier, j’ai déposé une plainte auprès du Conseil de presse du Québec. J’estime que son papier qui traitait, entre autres, du référendum sur l’interdiction de nouveaux lieux de culte sur l’avenue Bernard était truffé d'inexactitudes, de faits erronés, d'allégations infondées et de faussetés qui sont de nature à désinformer le public et à tromper les électeurs à quelques semaines à peine du vote référendaire (cliquer ICI pour plus d'information sur le référendum). 

Puisque le vote se tiendra le 13 novembre 2016 (par anticipation) et le 20 novembre 2016 (jour du scrutin), il est peu probable que le Conseil de presse rende sa décision avant la tenue du vote. Qu'importe. Je ne pouvais pas laisser passer cette grossière négligence journalistique sans réagir. D’ailleurs, à la suite de ma plainte, j’ai expédié à La Presse un texte pour répliquer à la chroniqueuse. Serez-vous surpris d’apprendre que le quotidien n’a pas cru bon de le publier? 

Ça ne nous empêchera certainement pas, aujourd’hui, de battre en brèche une autre idée reçue que la journaliste colporte comme une vulgaire courroie de transmission, sans même prendre la peine de se poser les questions les plus élémentaires.

Chaque fois que les leaders hassidiques décident d’implanter un nouveau lieu de culte, ils invoquent les incroyables contraintes religieuses auxquelles leurs fidèles sont soumis.

Combien de fois nous ont-ils seriné que le dieu d’Abraham ne peut pas blairer les fourgonnettes durant les jours sacrés? Qu’ils n’ont d’autre choix que d’établir leurs lieux de culte à distance de marche de leur domicile? Si j’étais à leur place, je m’estimerais chanceux que la Torah n’exige pas qu’ils s’y rendent à genoux comme les disciples du Frère André qui fréquentaient l’Oratoire Saint-Joseph! 

En fait, la seule raison pour laquelle les bonzes ultraorthodoxes ressassent ce faux argument de la proximité, c’est qu’ils voudraient pouvoir bivouaquer où bon leur semble, comme dans le bon vieux temps.

Si nous déroulions une carte de Montréal, même Lysiane Gagnon pourrait comprendre que le prétexte de la distance de marche est tout à fait spécieux et abusif.

Facile à prouver. Avec ses 3,84 km2, Outremont constitue le plus petit des 19 arrondissements de la métropole. Il est deux fois moins grand que Le Plateau et près de six fois moins étendu que Rosemont.


Et ce n’est pas tout. La très grande majorité des familles hassidiques d'Outremont se trouve regroupée sur une bande de 500 m de large (entre les rues Hutchison et Outremont) par 1,3 km de long (entre Laurier et Van Horne). Calculez cela comme vous voulez, ça donne à peine 0,65 km2. Aussi bien dire un mouchoir de poche!

Et on veut nous faire croire que le règlement de zonage qui souhaite interdire les nouveaux lieux de culte sur l’avenue Bernard rendra physiquement impossible aux hassidim, aux témoins de Jéhovah, aux adventistes du septième jour, aux évangélistes, aux mormons, aux catholiques et aux raëliens de ce petit monde de pratiquer leur foi!

Je ne sais pas pour vous, mais quand j’étais au primaire, j'allais à l’école à pied. Vous me direz que ce n’est pas la mort d’un enfant de dix ans de se taper 1,8 km (1,1 mille, à l'époque) pour aller en classe. Non seulement je vous le concède, mais j’ajouterais que c’était un pet! À tel point, d'ailleurs, que je retournais manger à la maison tous les midis. J’avalais 7,8 km de trottoir par jour, cinq jours par semaine, 44 semaines par an. En tout, 1716 km, aussi bien en janvier qu’en juin. C’était plus que trois fois Montréal-Québec, aller-retour!

Je voudrais bien connaître ce qu’ils considèrent être une distance de marche raisonnable. Est-ce 500 m? 600 m? 700 m? 1000 m? 2000 m?

Cliquer sur la carte ci-contre pour l'agrandir

Faut-il qu’un poupon soit en mesure de s’y rendre à quatre pattes? Qu’un patriarche chevrotant y arrive sans avoir l’impression d’avoir escaladé le Golgotha? Saint mont du Calvaire! À ce compte-là, un grabataire pourra exiger d’avoir sa synagogue dans sa chambre!

Lorsque le conseil d’arrondissement avait proposé d’ouvrir une nouvelle zone (appelée C-6) pour permettre l’implantation de lieux de culte sur l’avenue Durocher, juste au nord de Van Horne, Mindy Pollak, la conseillère de Projet Montréal, et les ténors hassidiques ont refusé net.


Pensez donc! C’était bien trop loin! C’est ce qu’ils ont répété à Lysiane Gagnon qui nous l’a refilé comme parole d’évangile.

Mais est-ce vraiment le cas? Calcul fait, à peine 790 m séparent la future synagogue de la rue Bernard de cette zone C-6 sur laquelle les ultraorthodoxes ont relevé le nez (voir la carte ci-contre).

Est-ce raisonnable de demander à des gens de marcher 790 m pour sauver leurs âmes? La meilleure façon de le savoir serait de se fixer un barème à partir d'un cas réel. Ça tombe bien, car j'ai le gars qu'il faut. Mon bon ami Michael Rosenberg est l'étalon de mesure par excellence pour faire ce test d'endurance. 

Voyez donc. Chaque jour de sabbat, chaque jour de fête, le plus important mécène de la communauté hassidique montréalaise quitte son domicile de la rue Outremont pour se rendre jusqu’à sa synagogue du 5363 Hutchison.

Depuis des lustres, Michael se farcit pas moins de 915 m à pied (voir l'illustration ci-contre) pour aller faire ses ablutions à la synagogue Belz fondée par son paternel. Encore aujourd’hui, à 62 ans, ce bon Québécois né le jour de la Saint-Jean Baptiste se tape allègrement le trajet aller-retour (1,8 km) sans se plaindre de devoir laisser sa grosse berline dans le driveway. C’est quatre fois moins que ce que je devais faire quotidiennement pour aller à l’école. Jusqu'à il n'y a pas si longtemps, même son père David, le fondateur du Groupe Rosdev, usait ses semelles pour aller s'y recueillir.


Beau temps, mauvais temps, rien n'arrêtait Michael Rosenberg  et le patriarche David de se rendre à pied à la synagogue du 5253 Hutchison que Mindy Pollak et Projet Montréal se gardent bien d'inclure dans la banque des lieux de culte hassidiques d'Outremont. Père comme fils habitent pourtant l'arrondissement de Marie Cinq-Mars.

Que diable faudra-t-il de plus pour que les Lysiane Gagnon de ce monde arrêtent de nous casser les pieds avec ces histoires de podomètres divins qui ne tiennent pas la route?