mercredi 19 août 2015

DES MONOLOGUES DU VAGIN AUX MONOLOGUES DU RABBIN?


Depuis de nombreuses années, l’immeuble du 1290, avenue Bernard fait parler de lui, tout comme son propriétaire Michael Rosenberg. Souvenez-vous de cette histoire d'antennes de télécommunications que le rupin hassidique a laissé installer illégalement sur le toit, juste au-dessus des 33 chambres qu’habitent des personnes âgées.

L’administration d’Outremont n’a toujours pas pu forcer le démantèlement de ces antennes qui crachent leurs ondes électromagnétiques. Quant au président de Rosdev, il semble se foutre même des mises en garde fournies sur le site Terre d’Israël, à propos des potentiels effets nuisibles sur la santé humaine. Money talks, hein, Mike !

Dans ce même édifice, déjà avant 2008, des citoyens ont noté un va-et-vient inhabituel à l’entrée de l’immeuble à colonnades. En dépit des fenêtres de façade bouchées avec une pellicule plastique, il avait fallu peu de temps pour comprendre qu’une secte hassidique occupait une partie de l’immeuble qu’elle avait transformée en lieu de culte et d'étude de la Torah.

Depuis un certain temps, ces fenêtres de façade ont été rendues à la lumière du jour et le local talmudique a semblé s’être volatilisé. Pensez donc! 


Disparu, l'ancien lieu de culte? Non. Simplement un peu moins visible

Peut-être dans le but de passer sous le radar des indiscrets, les intégristes du groupe Mifal ha'Shas (enregistré au siège social du groupe Rosdev de Michael Rosenberg) ont cessé de franchir la porte de façade. Ils entrent désormais dans l’édifice en empruntant une petite porte débouchant sur la ruelle arrière. Ils y occupent maintenant un autre espace cultuel, plus discret.

Aperçu de l'endroit où s'est transféré le groupe Mifal ha'Shas, au  sous-sol du 1290 Bernard.

Collée sur la porte du demi-sous-sol qui conduit au lieu de culte, une affichette décourage quiconque voudrait la franchir. On ne sait pas si cet avertissement sert à tenir les inspecteurs municipaux à distance… ou à empêcher les gens d’aller aux toilettes qui sont juste de l’autre côté de cette porte.
 
«Ouvrir la porte déclenche le système d’alarme!!!!»

Comme l'avenue du Parc, l'avenue Bernard est en voie d'être rebaptisée Theocracy Avenue. Outre la synagogue-école-dortoir qui a avalé le restaurant La Grand-mère Poule et la synagogue du 1075 Bernard, les résidents, commerçants et habitués des boutiques, cafés et restaurants de l'artère commerciale seront heureux d'apprendre qu'au moins deux nouveaux locaux reliés au culte intégriste verront bientôt le jour tout près du 1290, Bernard.

À peine quelques dizaines de mètres plus à l'est de la synagogue du 1290, la famille Rosenberg nous réserve deux autres sanctuaires.

Au comptoir de poulet grillé La Fusée qui a fermé ses portes au coin de Champagneur succédera un mikvé, cette piscine rituelle dans laquelle, entre autres, les femmes hassidiques mariées sont tenues de se purifier, sept jours après la fin de leur cycle menstruel.
  
Eh! oui. Le 1260, Bernard Ouest appartient, lui aussi, à ce bon Michael Rosenberg qui s'est fait octroyer un permis de construction pour ce nouveau mikvé de 40 000$.

Cerise sur le Sunday, l'immeuble possède également une entrée qui donne sur la rue Champagneur. Rosenberg s'y s'est fait accorder un certificat d'occupation pour une «salle polyvalente» au rez-de-chaussée du 594, Champagneur.

Ça risque d’être du joli puisqu'une «salle polyvalente», ça ouvre la porte à tous les excès. Au gré de leur humeur, y aménageront-ils tantôt une classe, tantôt une garderie illégale? Et pourquoi pas un dortoir, un coup parti? Toutes les dérives sont possibles puisqu'on leur donne carte blanche. Décidément, les règlements municipaux sont devenus désuets. Il serait grand temps de les revisiter afin de tenir compte des nouvelles réalités sur le terrain.

 
On trouvera désormais une salle polyvalente hassidique et une piscine rituelle ultraorthodoxe (flèches rouges) collées sur le théâtre Outremont, qui, au moment où cette photo a été prise, annonçait les Monologues du vagin. Dans le cercle rouge, les antennes de télécommunications illégales des Rosenberg.

En ce qui concerne le local qui hébergera le mikvé, où seront installées les sorties de ventilation indispensable pour une piscine? Fera-t-on évacuer les vapeurs de chlore et les relents d'humidité par les grandes vitrines de la façade de l'ancienne Fusée? C'est vrai que ça donnerait un petit air de Brooklyn à cette artère qui se fait grignoter à la vitesse grand V. 

Pensez-vous que Raymond Cloutier, le directeur du théâtre Outremont pourra présenter encore longtemps ses Monologues du vagin? Hum! Sans vouloir jouer les prophètes de malheur, au rythme où vont les choses, on se rapproche davantage des monologues du rabbin.

Cloutier qui, le 1er juin 2014, était rempli d'enthousiasme en assistant au premier «bake-off» cachère organisé par les Friends of Hutchison Street y voit-il toujours «un excellent signe des temps»?  

En dépit de ses tentatives de faire de son théâtre un lieu de rapprochement, le directeur de la mythique salle d'Outremont semble passablement désillusionné. Après avoir projeté le film Shekinah, une proprette incursion dans une école pour jeunes filles ultra-orthodoxes, le comédien a avoué que depuis lors, il n'avait rien pu faire d’autre puisque «les hommes et les femmes ne peuvent être assis dans la même salle

Je ne répéterai pas le célèbre cri du coeur qu'avait lancé le poète Claude Péloquin, il y a 46 ans. Je me demande seulement si vous serez nombreux à réclamer à la mairesse Cinq-Mars une mise à jour de la réglementation en matière de zonage et de lieux cultuels lors de la prochaine assemblée du conseil d'Outremont. Après tout, c'est elle qui, en février dernier, avait annoncé qu'elle songeait sérieusement à resserrer sa règlementation encadrant la question des activités religieuses dans les centres communautaires.

La réunion du conseil se tiendra le 8 septembre prochain, au 530, rue Davaar.


lundi 3 août 2015

LE GOULAG DES PHILISTINS


Le 20 juillet dernier, Faigy Mayer se jetait du haut d’un gratte-ciel de Manhattan. Avant d’exécuter son geste funeste, la jeune hassidim de 30 ans avait laissé une note. Six ans après avoir quitté la secte hassidique, elle y relatait les innombrables obstacles contre lesquels elle a buté en tentant de s’extirper de ce goulag religieux qui a empoisonné sa vie.

Faigy Mayer, une femme blessée... à mort

La femme en détresse ne s’est pas limitée à déplorer son sort. Dans sa lettre, Faigy a aussi dénoncé le karma qui accable les garçons dont l’éducation sectaire condamne à une vie étriquée. « À 18 ans, je me suis demandé ce qu’il serait advenu de moi si j’avais été un garçon. » 


Elle estimait que le sort des garçons de sa communauté était encore plus désolant que celui des filles. «Ils ne reçoivent même pas les notions les plus élémentaires de mathématiques, comme les divisions et les fractions… Je me suis demandé ce que je ferais si je devais, un jour, avoir un fils qui serait soumis à la torture d'apprendre le yiddish toute la journée.»*
 

Jeunes étudiants religieux de la secte hassidique de Sainte-Agathe

À New York, comme partout ailleurs où vivent les Craignant Dieu, les méninges de milliers d’enfants des sectes hassidiques continuent d’être passés à la moulinette. Avec le résultat qu’un bon nombre d’entre eux souffriraient de détresse psychologique ou se révéleront incapables de fonctionner en société si, d’aventure, ils parviennent à dénouer la ceinture religieuse qui les entrave.

«Il n’est pas rare qu’ils ne soient même pas en mesure de remplir les formulaires de demande d'aide sociale», affirme Naftuli Moster, cet ancien étudiant d’une école talmudique de New York qui a fondé le Young Adults For a Fair Education (YAFFED), une organisation destinée à promouvoir une éducation séculière au sein des écoles ultraorthodoxes. (lire ma chronique Le démon du WiFi Les démarches de M. Moster et de son organisation semblent commencer à porter leurs fruits. 

Norman Siegel, l'avocat  new yorkais qui défend l'organisation Young Adults For a Fair Education.   Photo:  Jefferson Siegel

Il y a quelques jours à peine, à la suite de nombreuses lettres de parents, d’anciens élèves et d’ex-enseignants, le New York City Department of Education s’apprêterait à enquêter sur 39 écoles privées hassidiques qui ne dispenseraient pas une éducation adéquate dans les disciplines tels l'anglais, les mathématiques et les sciences.

D'autres adolescents soumis au supplice du moulin à prière

On s’en doute, l’article du New York Times et les détracteurs de ces yechivot n’ont pas manqué de faire réagir les dirigeants de ces cloîtres. Pour démentir les prétentions de leurs calomniateurs, certains d’entre eux ont affirmé, sans rire, que leur programme comprend des éléments de sciences et de mathématiques. À preuve, disent-ils, on se sert des étoiles pour déterminer le moment où il faut réciter la prière du matin et des mathématiques pour compter les jours fériés.

Comme le soutiennent d’anciens élèves de ces centre d'étude de la Torah, le but de ces «écoles» n’était pas de leur prodiguer une éducation digne de ce nom, mais bien de les isoler du reste de la société.
 

En Angleterre, il semble qu'un déclic soit en train de se faire. Deux «écoles» orthodoxes du nord de Londres ont été classées comme «insatisfaisantes» par l’Office for Standards in Education. Les leaders hassidiques ont bien évidemment qualifié le département non ministériel de «tyrannique». D’autres écoles ultrareligieuses sentent la soupe chaude, dont la Talmud Torah Chaim Meirim Wiznitz de Stamford Hill qui se bat contre un ordre de fermeture

En Israël aussi, un vent de contestation commence à souffler. Même le rabbin Bezalel Cohen, un ancien diplômé des plus prestigieux établissements éducatifs ultraorthodoxes de Jérusalem a pris conscience de la crise qui sévit dans le domaine de l’éducation au sein de sa société.
 

Le rabbin Cohen a compris en 2010 que les difficultés qu’éprouvait son fils étaient communes à celles de centaines, voire de milliers de jeunes hassidim. Contrairement aux écoles pour filles, les institutions que fréquentent les garçons sont plus réfractaires aux programmes scolaires séculiers. Interviewé par The Times of Israel, Bezalel Cohen déplore que l’objectif fixé pour les garçons soit toujours de produire des «savants de la Torah».

Des savants qui vivent dans un univers conçu pour annihiler tout esprit critique et toute remise en question de la doctrine religieuse. Selon Yosso David, un rescapé d'une de ces yechivot, le but ultime de cette éducation est de ne pas évoluer. À tel point que les miraculé comme lui ne découvrent les dinosaures, les équations et l'anglais qu'après l'âge de 20 ans.

 
Le mal ne date pas d’hier, mais les politiciens d’ici et d’ailleurs s’étaient généralement abstenus d’intervenir auprès des écoles religieuses pour la simple et bonne raison qu’ils ont toujours pu profiter d’un soutien massif de la part de ces communautés.
Le fameux «Fermez les yeux et nous voterons en bloc pour vous!» fait encore recette sur tous les continents.
 
Après des décennies de laisser-faire, neuf ans de promesses non tenues et de fausses menaces, le gouvernement du Québec prouvera-t-il enfin qu'il a vraiment à cœur l’intérêt des enfants? De tous les enfants du Québec? 


Ces dernières semaines, à Montréal, deux nouvelles écoles clandestines ont été débusquées sur les rues Querbes et Beaubien. Lorsqu'il a soutenu avec la langue molle que la situation était inacceptable, le ministre de l'Éducation n'a, hélas!, convaincu personne. 

Le futur premier ministre du Québec, Philippe Couillard, en 2e année.


Allez! Monsieur Couillard. Souvenez-vous de la chance que les pères de la Révolution tranquille vous ont offerte en vous donnant accès à une éducation digne de ce nom. Un enseignement qui vous a permis de vous cultiver, de vous épanouir, d'exploiter votre plein potentiel et, il faut bien le dire, de vous enrichir au passage. Ne serait-il pas temps que vous redonniez au suivant?


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"When I was 18 or so, I remember wondering about: What if I would have been a boy? A day at Belz school from pre-1-a to the end of high school was divided in half. The two parts of the day were “Yiddish” (the first half), and “English,” the second half. I purposely flunked out of Yiddish as I knew there would be no consequences, as there were separate diplomas for English and Yiddish. In August 2004, at the age of 18, I was accepted to Touro College with only my diploma and no transcripts, as Hasidic schools refuse to provide transcripts. But Hasidic boys aren’t as lucky as Hasidic girls. They do not know simple math, such as division or fractions. That is because their day isn’t divided in two. They have only “Yiddish” all day. I remember wondering what I would do if I would have a son and he would be subjected to the torture of learning Yiddish all day."