mardi 29 août 2023

LE MÉPHISTO DU PATRIMOINE



Sur la façade de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde, le slogan d’une affiche va comme suit : « Notre patrimoine religieux, c’est sacré! » Tellement sacré que depuis 2003, plus du quart des 2746 lieux de culte du Québec a été fermé, abandonné, démoli ou est en reconversion, faute de moyens pour les entretenir.

À Outremont, l’église Saint-Viateur, l’une des plus prestigieuses du Québec, tire aussi la langue (de feu?). Ça fait belle lurette que les petits paniers d’osier des marguilliers du dimanche ne rapportent plus l’oseille pour renflouer les coffres de la fabrique. Et même si 25 000 personnes la visitent chaque année, soit « l’équivalent d’un gros succès au TNM! », on est très très loin du compte.

Aussi, dans la soirée du 23 mai 2023, l’équipe des Ami.es de Saint-Viateur qui veille à sa conservation a réuni dans le temple de la rue Bloomfield plus d’une vingtaine de personnes. Après une pièce de Haendel interprétée par le baryton Gino Quilico et quelques sonates de Haydn jouées sur le précieux orgue Casavant, les « paroissiens » influents se sont fait expliquer les rouages d’une campagne majeure de financement par des spécialistes du domaine. On souhaiterait que ce gratin d’Outremont accepte d’aller butiner une partie des 8,5 M$ qui seront nécessaires au cours des huit prochaines années pour la restauration et la préservation de ce joyau d'inspiration néo-gothique. Parmi les invités triés sur le volet figurait Martin Cauchon, ancien ministre libéral fédéral.

Lors de la 2e réunion, tenue le 20 juin 2023, les participants ont appris que Martin Cauchon aurait accepté d’aller sonder les poches d’un gros bonnet de l’immobilier. Il s’agirait de nul autre que Michael Rosenberg, président et PDG de la multinationale milliardaire Rosdev.



Il est vrai que l’argent n’a pas d’odeur et que l'honorable Cauchon, qui a fait ses premières armes à titre de domestique en chef au mini-Versailles de Paul Desmarais, est habitué à frayer avec les ploutocrates. 

Au jour d'aujourd'hui, on ne saurait vous dire si l'ex-ministre de la Justice, ex-propriétaire du Groupe Capitales Médias et ex-administrateur de la 48North Cannabis Corp a finalement contacté et convaincu le magnat hassidique de céder quelques veaux d’or pour boucher les craques d’un temple goy.

Qu'il l'ait fait ou non, on se demande pourquoi diable, Rosenberg irait saupoudrer ses billets verts pour revamper un lieu perçu comme toxique et infréquentable pour ses ouailles. Ferait-il ça par pur altruisme? Chercherait-il plutôt à se constituer une banque d'alliés et un capital de sympathie? Rappelons que l’intégriste milliardaire mène en ce moment une bataille devant les tribunaux pour forcer l’ouverture d’une mégasynagogue sur l’avenue Bernard alors même qu’un référendum sur les lieux de culte sur cette artère lui a été défavorable. 

En passant devant certaines synagogues taudis du quartier, on n'a jamais senti un iota d'intérêt de la part de  Michael Rosenberg pour l’entretien de lieux de culte. De toute évidence, ça ne fait pas partie de ses mitzvot.

Il n'y a qu'à jeter un coup d’œil à la façade de sa propre synagogue du 5263 Hutchison pour s'en convaincre. En 19 ans, le tycoon de l'immobilier n'a jamais même été foutu de demander à un de ses « jobbers » de terminer les travaux de peinture de sa corniche qui tombe en ruine. Et on ne vous parle pas du reste. Arbres coupés illégalement sur son terrain, amas de déchets éparpillés dans la ruelle Hutchison/du Parc, travaux sans permis, non respect des inspecteurs et des autorités municipales, etcétéra, etcétéra.

Michael Rosenberg se fout du patrimoine comme de sa première couche, Même pour sa propre (façon de parler) synagogue.

Rosenberg se soucie du patrimoine autant que des règlements municipaux qu'il bafoue encore aujourd'hui à qui mieux mieux.

En ce moment même, il fait construire une véranda à l'arrière de sa résidence. Il n'a évidemment pas demandé les permis nécessaires. Mieux. Quand les inspecteurs ont constaté l'illégalité et exigé la cessation des travaux, le nabab a continué la construction comme si de rien n'était. Après tout, c'est lui le gros Big Shot. Jetez un coup d'oeil à une partie du rapport d'inspection sur sa plus récente entorse à la loi des goys.



En bon délinquant, il ne craint pas une seule seconde que l'arrondissement revienne à la charge pour lui demander de démolir sa véranda. Et la contravention de 1 317 $ qu'il a reçue? Pffff! Pour le milliardaire, c'est moins que le petit change qui traîne au fond de votre poche percée. De toute façon, pour lui, la loi de Yahvé (et la sienne!) prime sur toutes les autres!

Si le potentat Belz néglige son propre patrimoine religieux, imaginez quand il s'agit de celui des autres. Même de celui qui appartient à d'autres sectes hassidiques.

Êtes-vous passés devant l'ancienne boutique de vélo ABC Cycles et Sport du 5584 avenue du Parc? Elle a été achetée par la secte Satmar à l'été 2017. Voyez un peu dans quel état se trouve encore six ans plus tard la devanture de l'immeuble. À New York, on qualifie ce type de propriétaires de
Slumlords. Il y a un je ne sais quoi qui nous fait penser que Rosenberg a développé une appétence pour le pourissement.

Depuis l'achat par la secte hassidique en 2017, la façade de l'ancienne boutique de sport n'a fait que se dégrader.  Et c'est comme ça depuis six ans!

Il est vrai que du côté ruelle, l'entrée par où s'engouffrent tous les fidèles depuis belle lurette n'a pas l'air d'une soue à cochon. C'est à croire que les chats de ruelles, les mouffettes et les ratons laveurs jouissent d'un environnement plus sain et plus agréable que les goys qui fréquentent l'artère commerciale. C'est une façon comme une autre d'éviter de devoir se mêler à la plèbe mécréante.

L'entrée arrière du 5584 avenue du Parc. 

On ne vous dressera pas ici un inventaire exhaustif des niques à psaumes ultraorthodoxes du quartier. Limitons-nous à deux autres exemples. Ils suffisent amplement à se faire une idée  de ce que peut signifier le patrimoine religieux pour certains. 

Dans le cas de Michael Rosenberg, il s'agit d'un concept cabalistique aussi impénétrable qu'inintelligible. C'est plus qu'il n'en faut pour se méfier de ce Méphisto dont on ne sait ce qu'il pourrait exiger en retour. À bon quêteur, salut!

Passer de la nourriture pour le corps à la pâtée pour l'esprit n'est pas nécessairement un gage de purification. Voyez plutôt ce qui est arrivé au 5682 av. du Parc qui empiète déjà sur le local vacant du 5285.

Cela fait plus de 15 ans que la synagogue au coin de Parc et Van Horne présente ses vitrines lépreuses. Et n'allez pas croire que les choses se sont améliorées depuis.