À entendre les jérémiades des ténors hassidiques, les Montréalais pourraient croire que les contentieux que les leaders religieux entretiennent avec les élus et les citoyens ne datent que de quelques années. Et pourtant…
Pourtant, à la séance du conseil d’Outremont du 2 juin 2014, un inconnu de la quasi-totalité des résidents de l’arrondissement est sorti du placard.
Claudio Zanchettin |
Oh! boy. Ça c'est de la discrétion. Quand on sait que Jérôme Choquette a été maire d’Outremont de 1983 à 1991, on comprend que ça fait un bon quart de siècle que M. Claudio Zanchettin hante très discrètement les antichambres de l’hôtel de ville.
Après avoir encensé une récente initiative de rapprochement entreprise par certains résidents à l’égard de la communauté hassidique, Zanchettin n’a pu résister à l’envie de cracher du fiel au micro : «Je ne peux que dire tout le mal que je pense des gens qui, malheureusement, s’acharnent à alimenter les mauvais rapports entre les communautés.» (visionner sa courte intervention)
Au cas où il l'a oublié, si un tel comité a été mis sur pied voilà 25 ou 30 ans, c’est bien la preuve qu’il existait déjà d’importantes tensions intercommunautaires sur le terrain.
Les moins jeunes se souviendront de la crise des maillots de bain d'il y a 29 ans, ou encore du problème de l’implantation illégale de synagogues dans nos rues résidentielles, en 1988.
Étant donné l’état bancal des relations intercommunautaires aujourd’hui, une question nous démange. Au cours de toutes ces décennies pendant lesquelles vous avez siégé, M. Zanchettin, qu’avez-vous accompli de si génial pour rabibocher tout ce beau monde? Vous ne pourrez pas nous dire que c'est le temps qui vous a manqué.
Ce membre (à vie?) du comité intercommunautaire ne manque vraiment pas d’air. Comment peut-il se permettre de blâmer les élues actuelles et les citoyens qui ont à cœur le respect des règlements par tous? A-t-il aussi oublié que ces gens qu’il pointe du doigt n’étaient même pas dans le décor à l’époque. On croirait un mauvais remake de la fable du loup qui reprochait à l’agneau d’avoir troublé sa quiétude l’année précédente... alors qu’il n’était pas même né.
Il nous semble que Claudio Zanchettin est d’autant plus mal placé pour donner des leçons qu’il a été de ceux qui, en juin 2005, avaient participé au très controversé voyage à New York offert au rabais par le JOCC et le richissime Michael Rosenberg qui — le hasard faisant bien les choses — siégeait avec lui à cette commission sur les relations intercommunautaires.
Tout comme Louis Moffatt (alors pressenti conseiller municipal d’Outremont), Edison Ramirez (l’actuel directeur de la Sécurité publique d’Outremont) et d’autres membres de cette commission, Zanchettin avait, entre autres, bénéficié d’une nuitée à l’hôtel new-yorkais quatre étoiles de ce même Michael Rosenberg. Bref, un séjour d’une fin de semaine défrayée aux deux tiers par le JOCC et M. Rosenberg (voir les détails croustillants en cliquant ICI).
Si quelques rares personnes qui ont pris part à ce voyage ont écrit aux élus et aux autres membres siégeant à cette commission pour manifester leur inconfort à propos des largesses du lobby hassidique, M. Zanchettin s’était bien gardé de remettre en question les faveurs accordées.
Bien au contraire, M. Zanchettin a manifesté son intérêt pour entreprendre dans les mêmes conditions un deuxième séjour à New York, du 18 au 21 septembre 2007. Hélas pour lui, ce second périple a avorté après que j’eus dénoncé le scandale soulevé par le premier pèlerinage à New York.
Ce n'est pas tout. Lors qu’avec 40 citoyens, j'ai demandé la destitution de Michael Rosenberg du comité sur les relations intercommunautaires, Claudio Zanchettin (à l'instar de ses pairs) a refusé de se prononcer sur la conduite de son puissant et généreux collègue.
Alléguant la présomption d'innocence pour Rosenberg, Claudio et les autres ne se sont cependant pas gênés pour faire mon procès, parlant d'une atteinte à la vie privée, de délation inacceptable et qualifiant même notre démarche d'«immorale» (voir le point 5, page 2 du procès-verbal).
Malheureusement pour eux, tous les tribunaux (Cour du Québec, Cour supérieure et Cour d'appel) m'ont donné raison sur toute la ligne.
Je m'en voudrais tout de même de terminer sans laisser une lueur d'espoir à mon nouvel ami Zanchettin.
S'il trouve que les choses traînent à Outremont, il peut toujours se rabattre sur le Plateau Mont-Royal ou Rosemont. Là, les autorités de Projet Montréal marchent main dans la main avec les leaders hassidiques et entretiennent des rapports tout ce qu'il y a de plus harmonieux. À preuve, cette pub aperçue hier sur un abribus situé au coin de Christophe-Colomb et Beaubien. «Accueillons le Mashiach avec des actes de bonté et bienfaisance».
En allant, sur moshiach.com, vous pourrez même faire un don à la secte ultraorthodoxe. Si c'est pas ça un acte de bonnes relations intercommunautaires, je sais pas ce que c'est!
«Accueillons le Mashiach»...sur Christophe-Colomb! |
P.S.: Ne ratez pas la séance du conseil qui se tient ce soir, lundi, à 19h, au 530, avenue Davaar. C'est le dernier avant les vacances.