« La guerre, la guerre, c’pas une raison pour se faire mal ! » Si seulement cette célèbre citation de Ti-Guy La Lune dans La guerre des tuques pouvait donner le ton, la planète s’en porterait infiniment mieux. Hélas, avec l’attaque du Hamas et la réplique d’Israël, le monde n’a rien retenu des contes d’André Melançon.
Lors de la séance du conseil d’Outremont du 7 novembre 2023, le maire Laurent Desbois a jugé important de rappeler que « nous partageons tous et toutes une humanité commune ». Et pour souligner et commémorer « les pertes de vies innocentes depuis le 7 octobre au Moyen-Orient », il a demandé que l’on débute la séance par une minute de silence. On aurait pu entendre un obus voler.
Après lui, Mindy Pollak, a souhaité prendre la parole. La conseillère de Projet Montréal, dont on comprend sans peine le trouble, a exprimé son désarroi et condamné les attaques violentes du Hamas et les répercussions que cette situation produit jusqu’à nos portes. Elle a rappelé d’une voix tremblotante le sort traumatisant des 250 otages israéliens. «Ça fait 30 jours qu’ils n’ont pas vus leurs familles. Il y a des bébés, des petits enfants parmi ces otages. J’espère vivement qu’ils vont retourner à la maison sains et saufs. » L’élue hassidique a dit souhaiter le retour à un certain niveau de paix.
Quelques heures plus tôt, l’Organisation mondiale de la Santé nous apprenait qu’en moyenne, 160 enfants étaient tués chaque jour dans l’enclave palestinienne. Pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, réitérait sa condamnation totale des actes de terreur commis par le Hamas en Israël tout en fustigeant les meurtres de 10 000 civils à Gaza dont 5 000 enfants. Guterres ajoutait être extrêmement affligé par les coupures d’eau, de nourriture, de médicaments, de carburant et d’électricité qui amplifiaient la catastrophe humanitaire des Gazaouis.
À la séance du 5 décembre 2023, Mindy Pollak est revenue sur la situation en Israël. « Je suis vraiment vraiment soulagée de pouvoir vous dire aujourd’hui que presque tous les enfants et les femmes ont été libérés et ceci est une très bonne nouvelle.» Se louant de l’heureux dénouement pour les 39 enfants otages, elle s’est en revanche bien gardée de faire la moindre allusion aux 5 350 enfants palestiniens morts en 59 jours. Tout comme les 9 000 jeunes blessés et ces autres 1 750 portés disparus de l’autre côté de la barrière de séparation israélienne, ils semblent compter pour des prunes.
Personne ne lui demandait de faire un réquisitoire contre la violence disproportionnée des forces de défense israéliennes (IDF) ni de dénoncer un possible crime génocidaire ou la famine provoquée par le blocus décrété par un gouvernement ultranationaliste d’extrême droite.
Pollak qui venait de nous mettre en garde contre les amalgames abusifs du style « Juif = Israël » n’aurait-elle pas pu déplorer le sort réservé aux innocentes victimes civiles des deux camps ? Pensez donc. Il n’était pas question pour elle de prononcer le mot Palestine et de faire quelque allusion que ce soit au destin du peuple occupé. Après tout, «Palestinien = Hamas», n'est-ce pas?
« Moi, je suis née ici. Je ne suis pas une citoyenne d’Israël. » Mindy Pollak, qui vient tout juste de nous le rappeler en ces mots, a-t-elle oublié qu’elle s’est fait élire conseillère en répétant qu’elle serait la représentante de tous les résidents de son district ? Or il s’avère que dans son fief outremontais, certains de ses commettants se réclament, entre autres, d’origine palestinienne.
L’exemple le plus patent n’est-il pas celui de Leila Marshy, son alter ego avec qui elle a fondé le groupuscule prohassidique Friends of Hutchison Street en 2011 ? On serait curieux de savoir ce que pense cette activiste pour les droits des Palestiniens de l’indifférence disproportionnée dont fait preuve sa bonne copine Mindy à l’égard des 2 millions de réfugiés gazaouis dont la moitié des maisons ont été détruites.
Et puis il y a aussi Bochra Manaï, sa voisine du bout de la rue que Valérie Plante a sacré commissaire à la lutte contre le racisme de Montréal. En entendant le silence assourdissant de Mindy, l’ex-porte-parole du Conseil national des musulmans canadiens doit être dans tous ses états. D’autant plus qu’après avoir participé à une manifestation pour un cessez-le-feu au Proche-Orient, Bochra est forcée de se bâillonner elle-même.
Pire. Devenue otage du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), la commissaire se retrouve dans ses petites babouches. Elle a peut-être échappé à la démission réclamée par le CIJA, mais il lui faudra bien expier son crime. Parions que Manaï va pouvoir se racheter auprès du groupe Québécois contre le racisme en leur proposant ceci:
C’est dommage que la voisine de Mindy n’ait pas été au parfum du secret de la belle harmonie qu’entretenaient Mindy Pollak et Leila Marshy. La conseillère de Projet Montréal ne s’en était pas cachée : « We can talk of anything », dit Mindy, en confessant un petit tabou. « Israel and Palestine in one of the topics that we don’t touch because, right away, we saw that it’s just not gonna work. »
C’est donc ça la formule magique. On met tous les problèmes et les irritants sous le tapis et on se ferme les yeux comme si tout baignait. Le déni, quoi.