Le 18 février dernier, le conseil d'arrondissement a tenu une séance spéciale sur la question des fameuses commissions consultatives permanentes d'Outremont. Ce soir-là, Marie Cinq-Mars allait annoncer avec aplomb que Michael Rosenberg, ce richissime homme d'affaires controversé allait continuer à siéger à la commission sur les relations intercommunautaires comme si de rien n'était. Sept mois de protestations de la part d'une quarantaine de résidents de l'arrondissement semblaient tout simplement non avenus.
Deux poids, deux mesures
Les multiples comportements délinquants de ce citoyen au-dessus des lois glissaient donc sur le dos de la « nouvelle » mairesse comme de l'eau pure sur les plumes d'une cane. Même la tentative d'ingérence que Michael Rosenberg avait ourdie jusque dans l’antichambre du premier ministre Harper n'aura déclenché aucun signal d’alarme dans l'esprit de la mairesse. Malgré l'affaire qui avait fait la Une des téléjournaux pancanadiens moins de deux semaines plus tôt, le mécène de la secte hassidique d'Outremont allait pouvoir continuer à s'ébattre dans la mare municipale et mener son implacable lobby sans être le moindrement incommodé. Tout comme son prédécesseur, Marie Cinq-Mars lui donnait l'absolution sans confession, considérant les incartades du lobbyiste comme des évènements de nature strictement « personnelle ». Bye! Bye! l'éthique.
Mais cette nomination n'allait être que la pomme piquée de cette séance hallucinante qu'il nous allait être donné de vivre.
Il était à peine 19h 02 que la présidente de l'assemblée donnait déjà le ton de la soirée. Assis aux premiers rangs de la salle d'audience, deux Outremontais d'un âge respectable ressemblaient à deux premiers de classe captivés par la chose publique. L'un des deux citoyens modèles a cependant eu le malheur de chuchoter à l'appareil auditif de son voisin deux mots inaudibles à 30 centimètres. Marie Cinq-Mars, pourtant à dix mètres de la première rangée, a stoppé net son monologue et a vertement semoncé les deux effrontés. « Je ne tolère pas que l'on parle en même temps que moi. Ça m'empêche de me concentrer. Quand je parle, on se tait. » Qu’on se le tienne pour dit!
Dans la salle d'audience, l'incrédulité s'est abattue sans crier gare. En deux phrases lapidaires de la mairesse, l'assemblée venait de reculer d'un demi-siècle. Les citoyens se retrouvaient soudainement devant une Mère supérieure acariâtre cherchant à mater sa classe de couvent en brandissant sa férule. À deux autres reprises, Soeur Marie de la Consternation menaça quelques irrévérencieux. Remarquez qu’on aime bien les religieuses ou les maitresses d’école, mais dans leurs cloîtres ou dans leurs écoles. Mais dans une assemblée d’arrondissement, on s’en passerait volontiers.
Soeur Marie de la Consternation à une époque plus heureuse
On s’en passerait d’autant plus que pour Madame la Mairesse, la « période de questions » est une formalité obligée dont elle souhaiterait manifestement être dispensée. Remarquez qu’elle n’a peut-être pas tort, car si le législateur avait voulu que les élus répondent aux questions, il aurait aussi prévu une « période de réponses ». Or qui n’a jamais repéré une telle période de réponses dans les lois et règlements municipaux?
Forte de cette logique implacable, Marie Cinq-Mars ne se sent nullement astreinte à donner d’explications aux citoyens. Du début à la fin, la période de questions s’est déroulée dans cette ambiance kafkaïenne qui frisait l'insulte à l’intelligence. La lettre ouverte de M. Pierre Joncas publiée dans l'Express d'Outremont du 21 février rend bien cette atmosphère
Un seul exemple? Il fallait entendre la « réponse » qu’elle a laissée tomber lorsque M. Marc Vanier Vincent, candidat défait lors de la dernière élection partielle de décembre dernier, lui a demandé la raison pour laquelle les « commissions consultatives » allaient désormais porter le nom de « comités consultatifs ». Pour toute explication, la mairesse s’est contentée de répéter comme un 45 tours rayé que « les conseillers ont travaillé très fort. Nous sommes très fiers des comités que nous avons élaborés ». C’est ce qu’elle appelle la démocratie participative? Allo la démocratie!
Était-ce si épouvantable de révéler au public la raison qui sous-tendait cette décision? À lire la réponse donnée par M. Alain Tittley, chef de division aux communications de l’arrondissement, dans l’édition de L’Express d’Outremont du 21 février, ça ne semble pas être une information très sensible. Pourquoi, n’avez-vous pas tout simplement dit qu’il s’agissait d’une recommandation formulée par la Direction du contentieux de la Ville de Montréal pour éviter toute confusion avec les commissions de la Ville? La réponse est bien simple. Cela vous apparaissait inavouable parce que, de toute évidence, vous ne connaissiez même pas la véritable raison de ce changement de nom. Orgueil, maudit orgueil!
Continuez sur cette lancée, Madame Cinq-Mars, et nous vous prédisons deux très longues années à la présidence de l’assemblée du conseil.
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