dimanche 20 décembre 2020

NOUS, LES CASSEUX DE PARTY


Avec 91 % des Québécois qui habitent en zone rouge, le gouvernement n’avait d’autre choix que de jouer le casseux de party. Nous voilà forcés à ranger les panneaux de rallonge de la table de salle à manger et à rester chacun chez soi. Pour se faire à l’idée et s’encourager, on pourra toujours chanter la toune de Noël de Perry Como There is no place like home. Pour les chansons à répondre, par contre, ça prendra un miroir !

Chez vous, ça se passera comment le Temps des fêtes ? Défierez-vous les recommandations sanitaires ? L’interdiction des rassemblements ? Mangerez-vous votre dinde en gang, les lumières éteintes ? Déballerez-vous vos cadeaux dans le sous-sol de l'église Saint-Viateur ? Mangerez-vous votre gâteau aux fruits dans le garage ?

Valérie Plante a beau inciter les Montréalais à dénoncer à la police leurs voisins antisociaux, ne nous racontons pas d’histoires. Il y aura des délinquants. Certains ont déjà procédé à des répétitions pendant le confinement. 

Pensons, par exemple, à ces 145 personnes surprises dans un débit de boissons clandestin de la rue Durocher. Entre nous, même si au fil des années plusieurs synagogues du coin se sont adonnées au trafic d’alcool de contrebande, je suis presque certain qu’il ne s’agissait pas ici de hassidim.

Ce ne sera pas une période des fêtes jojo. D’autant moins qu’à notre époque, les occasions de se réunir en famille sont devenues plutôt rares. Contrairement à nos voisins hassidiques qui inscrivent 150 jours de célébrations et de commémorations religieuses à leur agenda lunaire, il ne nous reste guère plus que Noël et les funérailles de mononcle Armand pour retrouver la parenté. Peut-être Pâques, aussi ! Mais il nous faudra tout de même nous en priver cette année.

Alors qu’aux États-Unis, on dénombre quotidiennement 3 000 morts de la COVID, soit l’équivalant d’un attentat du World Trade Center par jour, la semaine dernière des agents des services frontaliers du poste de Lacolle ont constaté un afflux important de visiteurs américains de la communauté juive hassidique. Quel hasard ! Cela coïncide avec la fête de Hanoukka.

À Outremont, depuis le début de cette fête qui dure huit jours, des journalistes ont pu observer dans les rues d’Outremont des dizaines de véhicules immatriculés à New York et au New Jersey. Des citoyens ont même vu des voitures stationnées sur rue où on avait pris la précaution de dissimuler les plaques américaines avec des sacs de poubelle ! C’est particulièrement rassurant quand on sait que pour la seule journée du 12 décembre, la ville de New York signalait 11 039 nouveaux cas de COVID. Au cours de la semaine dernière, il y a eu une moyenne de 9 986 cas par jour, soit une augmentation de 60 % par rapport à la moyenne deux semaines plus tôt. Encore heureux que la frontière soit officiellement fermée au moins jusqu’au 21 janvier prochain !


Mayer Feig et Max Lieberman font tout pour éteindre les feux causés par leur communauté, mais ne vous avisez surtout pas à leur dire de ne pas célébrer Hanoukka et les autres fêtes en gang.

Fidèle à lui-même, Max Lieberman, le porte-parole du Conseil juif hassidique du Québec (CJHQ), minimise cet afflux et affirme avoir rappelé aux membres de sa communauté les consignes liées à la pandémie. Le 15 octobre dernier, interviewée à l’émission de Paul Arcand, Lise Ravary disait «qu'en paroles du moins, le CJHQ se conformait à 100 % » aux directives gouvernementales. La réalité est toute autre.

L'article du Devoir dans lequel s'exprimait Abraham Ekstein.

En mars 2020, au moment où personne n’était encore vraiment préparé à cette épidémie, on pouvait bien croire Abraham Ekstein, cet autre porte-parole hassidique qui expliquait qu’en raison de la grande proximité entre les communautés de New York et Montréal, il y avait probablement eu contamination croisée avant que les consignes de distanciation aient été mises en place, mais neuf mois plus tard, l’excuse ne tient plus. 

Au début de l’automne, les plaques américaines circulaient toujours dans l’arrondissement. Les va-et-vient dans les ruelles menant aux synagogues n’ont pas cessé. Question de ne pas attirer l’attention des voisins et des policiers, les administrateurs de certains lieux de culte de l’avenue du Parc ont tout simplement accolé sur la porte d’entrée une affichette en yiddish (secret oblige !) demandant à leurs ouailles d’«ENTRER PAR LA RUELLE».


Une synagogue de l’avenue du Parc où il est demandé en yiddish d’entrer par la ruelle

Le 31 octobre, pendant que les 145 personnes dont nous parlions plus haut se faisaient coincer dans un débit de boissons clandestin, des ultraorthodoxes célébraient à l’intérieur de la synagogue du 5555 Hutchison qui se trouve derrière le YMCA du Parc. 

À 19 heures, une femme qui rentrait chez elle, un chapeau de sorcière sur la tête (c'était l'Halloween!) et son poulet de chez Serrano dans un sac, a aperçu une quarantaine d'hommes hassidiques sans masques prenant la poudre d’escampette par la ruelle. Sauve qui peut ! Deux voitures de police venaient d’arriver sur les lieux, gyrophares allumés.

Comprenant ce qui se passait, cette femme a été outrée. «Pendant que ma mère est en institution et que je n’ai même pas le droit de la visiter, c’est comme ça qu’ils se comportent ? » S’engageant dans la ruelle, elle ne s’est pas gênée pour faire remarquer à celui qui lui semblait être le rabbin de l’endroit que ce qui venait de se passer n’avait pas d’allure : «That’s how we get sick!». Le «rabbin» masqué lui a rétorqué qu’il connaissait la loi et que la consigne était de 25 personnes par salle et par porte. Elle aurait bien aimé que le Dr Arruda lui donne la réplique.

La citoyenne, témoin de l’évènement, entourée par un groupe de hassidim après qu’une quarantaine d’autres aient fui. 
Voir la courte vidéo de l’échange qu’elle a eu dans la ruelle.

Lorsqu’un policier a abordé le rabbin présumé, ce dernier a refusé de s’identifier. Fendant à souhait, bombant le torse et pointant frénétiquement l’agent du doigt, il lui a même fait la leçon. «I know the law. You have no right to ask me to leave. I don’t have identification and I don’t have to tell you my name.» L’agent lui a répondu que c’était faux, mais ne l’a pas forcé à s’identifier. Il est chanceux d’être tombé sur une bonne pâte de policier. Dire qu’au fil des années, Mayer Feig tissait ses relations publiques avec le chef de police d’Outremont en amenant, tour à tour, ses huit fils faire la tournée du poste 24 !

Je dis Mayer Feig parce que le fameux « rabbin masqué » n’était nul autre que le lobbyiste intégriste. Le négationniste des changements climatiques qui est dans les bonnes grâces de Projet Montréal et du maire Tomlinson pouvait peut-être espérer duper le policier, mais il a eu moins de chance avec nous.


Mayer Feig, alias matricule M-11 du Hatzoloh, ce service médical d’urgence destiné aux communautés juives. Cliquez ICI pour le voir et l’entendre tenir la dragée haute au policier.

En temps de pandémie, c’est comme ça qu’agit Mayer Feig, un membre bien en vue de Hatzoloh ? Je ne vous demande qu'une chose. Si jamais j'étais victime d'un malaise sur la rue, s'il vous plaît, ne composez rien d'autre que le 911! Merci d'avance.

Dans le quartier, ces petits jeux du chat et de la souris, en voulez-vous, en v’là ! Pas plus tard que le 8 décembre, des agents du SPVM sont débarqués à la synagogue Belz du 5900-5902 avenue du Parc après plusieurs signalements d’un important rassemblement, du bruit et de la musique en début de soirée.


On rapporte qu’il y aurait eu environ 200 personnes à l’intérieur pour la célébration d’un mariage . Mais il semble que les tourtereaux et leur suite nuptiale ont eu le temps de se défiler par la ruelle avant que les forces de l’ordre ne puissent les épingler. 

Les enquêteurs se demandent si les noceurs n’ont pas bénéficié de complices qui les auraient avertis de la descente qui se préparait. Soupçonneraient-ils des techniciens ambulanciers de Hatzoloh d'espionner les communications de la police? Ce serait le bouquet. Si c'était le cas, cela aurait pu permettre à Max Lieberman de prétendre que trois plaintes portées dans la même semaine contre des synagogues n'étaient que du harcèlement sans fondement. Rappelons qu'une de ces plaintes avait été logée au poste du PDQ 38 par des pompiers qui faisaient une ronde dans le quartier.

En haut, à gauche, la synagogue de la secte Belz où a été célébré le mariage clandestin. En bas, la sortie souterraine donnant sur la ruelle qui a permis aux noceurs de fuir les policiers. À droite, cette même synagogue qui, en octobre, avait empilé l'équivalant de 5040 litres de déchets, sans compter 25 gros sacs Glad. Bonjour le confinement!

Ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée que les policiers aillent frapper à la porte de Jacob Spira, le propriétaire de l’immeuble de l'avenue du Parc qui est aussi spécialisé dans le creusement de tunnels clandestins. Ils devraient aussi faire un petit coucou à Levy Hochhauser et Aaron Moskowitz, les administrateurs du lieu de culte délinquant et, tant qu’à faire, leur remettre le constat d’infraction qu’ils ne leur ont pas donné le soir du mariage avorté. Une belle amende dans les cinq chiffres comme l’a fait le maire de New York pour une infraction semblable le mois dernier.

Ce serait d’autant plus justifié maintenant que l’on sait que 80% des cas de contagion sont liés à de super évènements dans des lieux clos et où se trouvent plusieurs dizaines de personnes.

Mais les récalcitrants ne semblent pas s’en faire outre mesure. Le 11 décembre, entre chien et loup, ils étaient toujours nombreux à déambuler tout doucement, mais en flot continu sur l'avenue Bernard avant de s’engouffrer dans la ruelle qui conduit, ni vu ni connu, aux synagogues fautives.

11 décembre 2020 à 17 h 45: un flot incessant de fidèles emprunte la ruelle pour se rendre à leurs synagogues.

Que les dirigeants hassidiques et les administrateurs de leurs lieux de culte ne viennent pas nous dire qu'ils sont incapables de contrôler les allées et venues dans une vingtaine de synagogues. S'ils ne le font pas, c'est parce qu'ils ne souhaitent pas vraiment le faire.

Il suffit de se rappeler de cette lettre anonyme diffusée par l'organisme qu'a créé Max Lieberman et qui affirmait faussement qu’une entente avait été conclue avec le gouvernement Legault et que les synagogues seraient «autorisées à accueillir jusqu'à 250 personnes» plutôt que 25. Ça n'a pas empêché ce bon Max d'affirmer dans un communiqué de presse que lui et sa communauté se conformaient «aux lois divines et terrestres». C'est encore lui qui, sérieux comme un pape, avait soutenu que 
«la COVID-19 n’est pas un virus religieux, c’est un virus laïc». Oh! Boy!

En date du 19 décembre, on comptait 
2 146 nouveaux cas confirmés de COVID-19 et 1 010 hospitalisations au Québec. Après les mariages, Hanoukka, nos propres fêtes de Noël et de fin d'année, il restera à voir si nos hôpitaux et le personnel tiendront le coup. Bonne année... quand même!


Le 10 juin 2020, Mindy Pollak, la conseillère de Phillip Tomlinson distribuait des masques devant le métro Outremont. Était-ce une répétition en prévision de ce qui risquait de se produire par la suite?


lundi 26 octobre 2020

LE BINGO DES FANATIQUES


Mercredi 14 octobre, les policiers de Saint-Jean-sur-Richelieu ont interrompu une soirée de bingo qui avait rassemblé 170 personnes. Même si la zone n’était classée qu’orange, on se surprend que les organisateurs n’aient pas été plus soucieux du danger qui rôde. Pas fort! Vraiment pas fort! Mais il y a bien pire.

Le samedi précédent (10 octobre), 1 000 intégristes de la secte Tosh de Boisbriand se sont agglutinés pour festoyer autour d'une synagogue ne pouvant en accueillir que 25 selon les normes sanitaires imposées. Un samedi soir de confinement et en pleine zone rouge, par-dessus le marché. C’est vrai qu’un bingo qui fait miroiter la vie éternelle, c’est pas mal plus attirant que le jack pot qu’offrait le promoteur montérégien.

Il aura fallu que les policiers de Boisbriand appellent en renfort la Sûreté du Québec pour parvenir à disperser la foule qui, selon le ministre de la Santé, Christian Dubé, ne respectait pas du tout les mesures sanitaires. Bien sûr, après ce pow-wow divin, les organisateurs n’ont eu qu’à feindre un acte de contrition. Et comme la mesirah, la dénonciation d’un juif à des autorités non juives est l’un des crimes les plus odieux de la Torah, les noceurs ont eu beau jeu de prétendre vouloir coopérer à l’enquête. Ils doivent être morts de rire.

Pendant ce temps-là, à Outremont, le maire Tomlinson sautille comme un moineau sur des braises ardentes et 
évite comme la peste de prononcer le mot «hassidim» pour expliquer, ne serait-ce qu’en partie, qu’avec ses 254,65 cas par 100 000 habitants, son fief trône sur la première marche du palmarès des arrondissements les plus contaminés de Montréal.

Sur Twitter, il fallait lire l'indignation de Max Lieberman à l'égard d'Aaron Derfel, le journaliste du Montreal Gazette qui a publié un article associant la communauté hassidique d'Outremont à l’explosion de cas de COVID-19.
C’était d’autant plus maudissant pour le vice-président du nouveau Conseil juif hassidique du Québec que son organisme se faisait «pogner» du même coup pour avoir diffusé une lettre anonyme affirmant faussement qu’une entente avait été conclue avec le gouvernement Legault et que les synagogues seraient «autorisées à accueillir jusqu'à 250 personnes» plutôt que 25.

Devant un hôtel de ville au paysage dévasté, Max Lieberman exhibe ses stigmates qui le font souffrir le martyre. Viens, on va becquer bobo!

Lieberman a crié à la stigmatisation immonde. À l’écouter, l’article n'est rien de moins qu'un assassinat en règle, un reportage mensonger dont les hassidim sont les boucs émissaires. Pour le lobbyiste pitbull de la secte Satmar, cette profanation est d’autant plus scandaleuse qu’elle a été le fait d’un journaliste juif, ce qui en fait un «moser», un «snitch», un mouchard, quoi. Cette trahison semble l’avoir encore plus irrité que notre récente révélation sur l'accusation de manoeuve dolosive (fraude) qui pèse contre lui devant les tribunaux. Ce n'est pas peu dire.

Le twitt victimaire de Max Lieberman, auquel s’associent les sœurs Dorner, deux de ses groupies bien-pensantes qui propagent aussi le virus du Safe Space.

On peut comprendre que ce pavé dans la mare le fasse suer au plus haut point.
Max qui serait capable de vendre du soufre au diable avait fait des pieds et des mains pour limiter les dégâts. Il était même parvenu a fourguer une autre contre-vérité dans les médias en y affirmant «qu’aucune éclosion [n’a] été signalée dans la communauté hassidique. Outremont vit le même phénomène d’augmentation des cas que le reste du Québec». You bet! 

Début octobre, Max Lieberman a été surpris tenant une conversation téléphonique en mode conférence. Le lobbyiste cherchait désespérément une façon de faire analyser en douce 5 000 échantillons (!) pour la Covid 19. Il ne souhaitait pas passer par le CIUSSS Centre-Ouest. Il soutenait même que la clinique de dépistage de la rue Davaar ne convenait pas. À l’en croire, sa communauté disposait des effectifs qualifiés pour faire les prélèvements sur place. On voit déjà le slogan : «Dans une synagogue près de chez vous!».

En attendant que la synagogue de Michael Rosenberg soit prête, Tomlinson voudrait peut-être qu'elle serve de clinique pour l'épidémie de COVID-19 qui fait rage dans la communauté.

À qui diable Lieberman demandait-il de l’aide? À l’autre bout du fil, une certaine Claire se creusait les méninges pour l’aider à trouver une solution discrète. Cette femme que Max connaissait visiblement, semble n’avoir été nulle autre que sa bedfellow Claire Trottier, l’activiste prohassidique qui, en plus de faire partie du Dream Team de Philipe Tomlinson, est administratrice patentée du groupe Friends of Hutchison Street fondé par Mindy Pollak, la conseillère de Projet Montréal Outremont. Max espérait sans doute que la professeure adjointe au Département de microbiologie et d'immunologie de l'Université McGill, dispose des contacts nécessaires pour le sortir du bourbier dans lequel l’avaient placé ses coreligionnaires.

Véritable union contre nature, la scientifique de McGill épouse la cause de l’ignorance. En haut, à droite, le 6 décembre 2016, Claire Trottier manifestait avec Max Lieberman et Leila Marshy au moment même où le conseil d’Outremont votait contre l’établissement de nouveaux lieux de culte sur l’avenue Bernard. Elle est également abonnée à Outremont Hassid.

Max parviendra-t-il un jour à s'extirper de ce bourbier ? La question se pose d’autant plus qu’il y a une semaine, sur Twitter, l’association ultraorthodoxe Outremont Hassid, qu’apprécient de toute évidence les sœurs Dorner, Claire Trottier et les autres Friends of Hutchison Street, faisait la promotion de la Great Barrington Declaration, qui s’oppose aux politiques de confinement mises en place par la plupart des gouvernements du monde. Welcome Home, SARS-CoV-2!

Cheskie Weiss et Hirsh Teitelbaum, deux des trois fondateurs de Outremont Hassid qui, le 15 octobre 2020, fait la promotion de la Great Barrington Declaration sur son fil Twitter.

Dans ce contexte, comment s’étonner que le 12 octobre dernier, les policiers aient encore dû débarquer dans une synagogue de la rue Bates pour mettre fin au rassemblement d’une centaine de personnes de la communauté ultraorthodoxe. Et ces coups de filet ne représentent probablement que la pointe de l’iceberg. 

Même les adorables exhortations de Géraldine Morel, membre toute en finesse du Comité bon voisinage du maire Tomlinson, semblent n'avoir aucun effet sur les récalcitrants. 

De la façon dont c'est parti, ce ne sera ni à Pâques ni à la Trinité que les choses reviendront à la normale. 

Après la première vague pestilentielle, voyez comment les choses se passaient à l'école pour filles Bnot of Jerusalem d'Outremont, les 3 et 4 août 2020. Hatzoloh ne chômera pas!

Encore aujourd'hui, pas besoin d'aller loin. Il suffit de se balader, ne serait-ce que dans la ruelle de Mindy Pollak pour réaliser qu’elle bourdonne d’activité (on parle de la ruelle, pas de Mindy qui n'a vraiment pas fait grand-chose au cours de ses sept premières années de mandat).

Aucun masque, aucune distanciation. En haut, à gauche : le 4 octobre dernier, 17 personnes sont sorties d’une résidence privée par la ruelle Hutchison-Durocher, au nord de Saint-Viateur. À droite et en bas : le 11 octobre, une grappe d’hommes s’agglutine à la sortie arrière de la synagogue du 5682, avenue du Parc qui jouxte la papeterie Zoubris. Ils s'y sont réengouffrés quelques minutes plus tard.

Mais il y a des signes qui sont nettement plus révélateurs que les va-et-vient des fidèles : les déchets que ceux-ci laissent trainer après leur passage. 

À titre d’exemple, le dimanche 11 octobre, en début d’après-midi, la synagogue du 5896 - 5906 avenue du Parc avait déjà empilé dans la ruelle l'équivalant de 5 040 litres de déchets (14 conteneurs d’une capacité de 360 litres chacun). Et ça ne tient même pas compte des quelque 25 gros sacs Glad jetés au sol ou par-dessus les bacs. C’est ça, dites, le confinement en zone rouge écarlate? On se fout de notre gueule et des mesures sanitaires. Quel mépris pour la santé! La leur et la nôtre!

En façade de la synagogue du 5896 - 5906 avenue du Parc, rien ne bouge. En ruelle, c’est le party d’asticots qui bat son plein. 5 040 litres d’ordures, sans compter 25 gros sacs Glad... deux jours après la dernière cueillette des ordures.

Avec le comportement désinvolte d’une partie des «craignant-Dieu», Max Lieberman n’a pas à craindre pour la survie de Chevra Hatzoloh, le service de premiers soins ultraorthodoxe fondé à Brooklyn en 1969 par le rabbin Hershel Weber. D'autant moins qu'en tant que vice-président et administrateur du service de la section Outremont, Lieberman s'est fait confier 9 700$ par Tomlinson pour une ligne téléphonique de référencement pour sa communauté aux prises avec la COVID-19.

Depuis les premières lignes de cette chronique, je sens que mes détracteurs sécrètent l'écume, piaffent d'indignation et ruent dans les brancards (attention aux malades!). Je les entends d'ici répéter jusqu'à l'extinction de voix qu'à l'instar des Québécois, je suis raciste, xénophobe, antisémite, borné, bref, «hate monger»! 

Obsédé par la doctrine du racisme systémique qu'il utilise à tort et à travers, gavé du culte du Safe Space par son entourage idéologique Woke, Tomlinson voudrait bien en finir avec ces citoyens de plus en plus nombreux qui n'adhèrent pas à son dogme.

On connait la chanson du Dream Team de Tomlinson et de la  meute d'activistes qui gravitent dans son giron en s'offusquant du moindre mot qui pourrait faire de la grosse pepeine aux licornes de la planète. Que suggérer à tout ce beau monde si ce n'est d'aller voir comment ça se passe partout ailleurs sur terre?    


Le 7 octobre, Andrew Cuomo, le gouverneur de l'État de New York, accusait de négligence la population ultraorthodoxe en raison d’un taux de contamination six fois plus élevé que pour le reste de la population de l’état. Même Bill de Blasio, le maire de la Grosse Pomme, y déplorait l’aggravation flagrante de la propagation.

Remarquez que cela n’a pas impressionné quelques 500 zélotes hassidiques de Brooklyn, grands admirateurs de Trump. Ils ont manifesté contre le confinement en brulant des masques au milieu de la rue et en attaquant sauvagement un journaliste. La déclaration d’un manifestant intégriste à la Une du Daily News en disait long :


«Here in Borough Park, we don’t go by the laws of America.
We have our own laws.» 


Peu de temps après, New York a dû faire interdire le mariage du petit-fils de Zalman Leib Teitelbaum, l'un des plus importants rabbins hassidiques de la secte Satmar. Pour ce mariage limité aux «membres de la famille proche», on s'attendait à accueillir jusqu'à 10 000 invités! Vous imaginez bien que les autorités municipales et de l'État se sont fait accuser par les dignitaires de la synagogue de Brooklyn d'avoir mené des «attaques injustifiées» contre ce mariage.

En Australie, des articles de journaux et des vidéos montrent que les choses ne se passent guère mieux. Même que ça barde. 

Heureusement qu'il y a Israël. Là, au moins, ça doit bien aller. D'autant plus qu'en Terre sainte, ils ne sont pas antisémites, puisque fils d'Abraham!

Et ben non, même au pays de Bibi, de coriaces noyaux d'ultraorthodoxes s'avèrent très durs de comprenure en ces temps de fléau biblique. Imaginez. Pas moins de 40% de toutes les infections récentes proviennent du secteur ultra-orthodoxe qui ne constitue pourtant que 12% de la population.

Émeutes anti-confinement à Bnei Brak

Comment s’en surprendre quand le Times of Israël nous apprend, le 23 octobre, que pour se marier sans se faire repérer par les autorités sanitaires, des hassidim vont jusqu’à convoler dans le village arabe de Kafr Qassim en y faisant jouer de la musique... arabe! D’autres parlent de pressions des dirigeants ultraorthodoxes qui leur a valu des passe-droits et des faveurs qui vont à l’encontre mêmes des recommandations des comités scientifiques israéliens.

Quelques semaines plus tôt, le directeur d'un hôpital de la ville de Bnei Brak qui n’en pouvait plus a accusé la communauté hassidique de «tuer des gens» en bafouant de façon massive les directives sur le coronavirus. Comment dites-vous ? Il a dû démissionner ? Ah oui, mais ça se comprend très bien. Là-bas, les ultrareligieux ont atteint une belle masse critique. Ils sont puissants. Soyez patients. Ça viendra ici aussi.





mercredi 30 septembre 2020

L'ART DE PIPER LES DÉS


« Je jure par Apollon, par Asclépios, par Hygie et Panacée,
par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin 
que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité,
le serment et l'engagement suivants… » 

C’est par cette auguste formule que, dès le 4e siècle avant Jésus-Christ, les médecins d’Occident entamaient le serment d’Hippocrate.

Aujourd’hui, les ordres professionnels sont toujours soumis à un code de déontologie qui engage leurs membres. Dans l’univers des psys, par exemple, l’article 26 est catégorique : «Pendant la durée de la relation professionnelle, le psychologue n’établit pas de liens d’amitié susceptibles de compromettre la qualité de ses services professionnels. »

Mais qu’en est-il des sociologues qui ne sont pas régis par un ordre? À l’heure où la pression des commanditaires pèse de plus en plus souvent sur les enjeux éthiques, certains chercheurs attitrés à l’étude des sociétés hassidiques d’Outremont et du Mile End auraient peut-être intérêt à s’offrir la lecture du bouquin Éthique de la recherche en sociologie. Pour 29,50 € (23,99 € en version numérique), l’ouvrage fraîchement publié pourrait leur éviter bien des désagréments, voire une sacrée perte de crédibilité.

Le 2 mars 2020, lorsque Philipe Tomlinson et Projet Montréal ont annoncé l’adoption d’un budget pour, entre autres, financer une étude qui permettra à la doctorante Valentina Gaddi de cartographier les espaces publics, les parcs et les trottoirs partagés par les communautés juives et non-juives, le maire s’est dit très «excité». Et on imagine que Mme Gaddi n’en fut pas moins émoustillée. Grâce à elle, la population outremontaise pourra enfin savoir si l’harmonie règne sur nos trottoirs et nos bancs publics.

Pour cette jeune Italienne originaire d’une bourgade du lac de Côme et débarquée au Québec en 2012, il s’agit d’un mandat vraiment taillé sur mesure. En 2017, dans le cadre de son projet de recherche, Valentina avait déjà épluché pendant deux ans la question du dialogue et des relations intercommunautaires au sein du plus petit arrondissement de la métropole. 

Forte de ces années à scruter le niveau d’harmonie qui règne autour de nos chaumières, on imagine qu’elle n’aura pas à se décarcasser trop trop pour livrer à peu de frais sa marchandise estudiantine qui, comme on dit au pays de Dante, mettra du «burro sugli spinaci *».

Quel bonheur ce fut de lire Tomlinson raconter qu’il en avait assez des discussions sur les relations avec les juifs hassidiques basés sur des rumeurs ou des ouï-dire et, on pourrait ajouter, sur les «fake news» ! Qu’on se le dise, M’sieur l’Maire veut désormais asseoir ses politiques d’accommodements sur du solide. Même la conseillère Mindy Pollak s’est montrée des plus heureuses en sachant que Projet Montréal pourra enfin compter sur des données provenant d’une étude menée par une chercheuse «neutre» et «indépendante» comme Valentina Gaddi.

Selon la conseillère hassidique, grâce à ce corpus intègre et colligé sans parti pris, les deux communautés d’Outremont vont pouvoir faire de grands pas l’une vers l’autre. L’ancienne esthéticienne, débarquée inopinément en politique il y a six ans, soutient n’avoir jamais vu une telle initiative en... dix ans d’implication!

Or, n’en déplaise à Projet Montréal, en confiant cette étude à Mme Valentina Gaddi, Philipe Tomlinson torpille lui-même ce dialogue avant même qu’il ne puisse débuter.

Au cas où les citoyens ne le sauraient pas, Mme Gaddi ne s’est pas simplement intéressée de près aux relations intercommunautaires de notre arrondissement. Elle s’y est investie au point de littéralement fusionner avec les groupes hassidiques et leurs supporteurs invétérés, voire fanatiques. De toute évidence, elle n’a pas su garder la distance professionnelle nécessaire pour jouer son rôle adéquatement.


Les signes de son implication abusive sont nombreux, mais s’il fallait commencer par ce qui est absolument inconcevable de la part d’un chercheur digne de ce nom, soulignons que Valentina Gaddi a choisi, volontairement et en toute connaissance de cause, de devenir administratrice de l’association activiste Friends of Hutchison Street (FOHS) fondée par nulle autre que Mindy Pollak.

Pendant au moins deux ans et jusqu’en janvier dernier, son nom figure à ce titre au registre des entreprises du Québec. Il n’est pas anodin de noter que Gaddi a renoncé à sa fonction au sein du groupuscule des FOHS à peu près au moment où Tomlinson l’a choisie pour remplir son mandat salvateur pour l’harmonie du quartier. Quelqu’un au sein de Projet Montréal se serait donc finalement réveillé et aurait pris conscience que sa prise de position était inappropriée, injustifiable et pernicieuse?

Quoi qu’il en soit, si Valentina Gaddi a réalisé sa bourde, il était trop tard. C’est peut-être pour cela que le 2 mars dernier, devant un aréopage d'universitaires, Valentina s’est elle-même présentée comme une « apprentie sociologue» au moment de livrer son allocution sur la démocratie participative et les enjeux du pluralisme dans le quartier d’Outremont.

Le parti pris de Mme Gaddi date de bien plus longtemps. Par exemple, dans le cadre du IXe colloque de l'ACSSUM (13 et 14 mars 2014), elle avoue avoir choisi de participer et de collaborer avec les Friends of Hutchison Street et un autre groupe d’activistes (qu’elle surnomme Y) «non seulement pour mon intérêt de recherche», mais bien parce que «je partage les buts de ces associations et que je suis personnellement engagée, comme les autres membres… pour atteindre ces buts ». Le tout, ajoute-t-elle, au risque «d’orienter mon propre terrain de recherche et de développer une relation d’extrême proximité». On saurait difficilement trouver experte plus officiellement tendancieuse.

Pour ne rien arranger, Valentina Gaddi nous révèle candidement l’imbroglio dans lequel elle-même et son groupuscule anonyme Y se sont fourrés depuis sa fondation. Tout ce beau monde se… comment dire… se « scratch the scalp » pour trouver une façon de se faire passer pour un groupe de Québécois francophones alors que parmi eux, il n’y a pas l’ombre d’un frenchy, une bibitte si rare dans cet arrondissement majoritairement francophone. On croit rêver.

Extrait de la présentation de Gaddi (p. 98 et 99) dans le cadre du IXe colloque de ACSSUM.

En dépit de cette hallucinante révélation, Mme Gaddi se contredit allègrement. Lors de ce même colloque, elle raconte que «la caractéristique centrale de ces deux rassemblements [comprendre les FOHS et l’obscur groupe Y] est qu’ils regroupent des membres des deux communautés, tant dans leurs exécutifs que dans les activités qu’elles organisent périodiquement.» Pour cette doctorante, donc, les deux communautés ne sont pas du tout celles que nous serions portés à croire.

Dans son étude sur les relations de voisinage, Gaddi s’attarde aux hassidim et aux «non-hassidim», ces derniers étant des anglophones juifs ou des non-juifs originaires d'ailleurs au pays ou encore des Québécois majoritairement anglophones. Elle ne s’en cache pas. À la page 94, Valentina le dit clairement : «C’est au sein de ces deux associations [FOHS et le groupe Y] que je conduis mon enquête ethnographique».

On lui sait gré de sa franchise, mais on se demande tout de même où elle a remisé tous ces Québécois francophones qui ont la détestable manie de ne pas toujours être des béni-oui-oui du diktat communautariste bon chic bon genre. Levez la main, les Québécois francophones qui ont été invités à participer à sa recherche. Bon...Ok! On ressayera demain.

Cette absence de voix discordantes est d’autant plus surprenante que dans un petit journal local de Lombardie, Mme Gaddi a déjà confessé le gros défaut de ne pas savoir se taire, de vouloir aller au fond des choses et de provoquer la discussion, surtout avec ceux qui ne pensent pas comme elle. «Ho il brutto difetto di non saper stare zitta, di voler andare a fondo nelle cose e provocare la discussione, soprattutto con chi non la pensa come me.»

Remarquez que son penchant style «tour de Pise» s’est manifesté très tôt. Fraîchement débarquée dans un Québec qui, de son propre aveu, lui était totalement inconnu, Valentina Gaddi n’a vraiment pas perdu de temps pour faire son lit. Dès 2013, elle collabore avec les activistes du FOHS. Au point, d’ailleurs, de soutenir ouvertement Mindy Pollak, la candidate de Projet Montréal, lors de la campagne électorale de 2013.

À gauche: Valentina Gaddi pavoise (médaillon) aux côtés de Pollak, le soir de sa victoire électorale. À droite: lors de la séance du conseil de février 2014, elle réclame aux élus la réactivation du comité consultatif sur les relations intercommunautaires.

Oh! Avant d’oublier… la Gaddi (comme on dit en italien) a aussi eu droit à son chapitre dans Les Juifs hassidiques de Montréal, un essai codirigé par l'inénarrable Pierre Anctil et lancé il y a presque un an juste à côté de la synagogue Machzikei Torah of Montreal du 1075 avenue Bernard.

Le bouquin contient un tel répertoire de présomptions et d'a priori, que j'entends bien y consacrer une chronique future. Mais pour l'instant, sans jouer les divulgâcheurs, laissez-moi ne révéler qu'un exemple parmi d'autres de l'impartialité clinique dont fait preuve la chercheuse lorsqu'elle veut déboulonner les préjugés que nous entretenons à l'égard du monde hassidique.

Valentina s'est penché plus particulièrement sur trois controverses se rapportant à l'adoption ou à l'application de règlements municipaux qui ont fait la manchette à Outremont.

Pour analyser en profondeur et sous toutes ses coutures les trois évènements en question, la doctorante a choisi de ne retenir que les témoignages des gens qui «soutenaient la communauté hassidique». Mais peut-être par pure bonté d'âme, dans la section finale de sa recherche, elle fera tout de même une grosse entorse à ses sacro-saints principes en accordant audience à deux personnes qui ont un avis divergeant.

Par exemple, lorsqu'elle aborde la controverse du règlement relatif au nombre de jours pendant lesquelles les cabanes de la fête de Souccot pourront demeurer sur les balcons, Gaddi décrit l'intervention de Christian Aubry (qu'elle ne nomme pas). Membre des FOHS et favorable aux revendications des hassidim, M. Aubry assistait à la soirée de consultation publique qui s'est tenue le 29 octobre 2014.

À la page 129, Mme Gaddi prend grand soin de nous relater dans le menu détail les émotions qu'Aubry devait ressentir alors qu'il était au micro. Mais lorsque ce dernier s'est fait expulser de la salle pour avoir traité d'antisémites des citoyens qui assistaient à la séance de consultation, la prose de chercheuse deviendra carrément lyrique. Elle ira jusqu'à qualifier de «mort sociale» l'éviction de ce compagnon de lutte.

La prose dramatique de Valentina Gaddi à l'égard du militant prohassidique.

En revanche, lorsqu'elle évoque l'agression qu'a subie en 2012, la conseillère Céline Forget aux mains d'une quarantaine d'hommes hassidiques,Gaddi reste froide comme un bloc de marbre de Carrare. Oubliez la «mort sociale» pour «la bonne femme» Forget . Après tout, elle l'a bien cherché, non? Qu'est-ce qu'elle avait à se pointer là? Et de son propre chef, en plus!


Valentina a tout à fait le droit de haïr à s'en confesser qui elle veut, mais Gaddi, elle, a une responsabilité professionnelle.

Bien sûr, pour faire une bonne job, la chercheuse n'a pas le choix de sauter dans l'arène et de se frotter aux gens et à la culture qu'elle veut étudier. Là-dessus, on n'a absolument rien à redire. Valentina a tout à loisir de fraterniser, d'apprécier et d'y prendre son pied. Après tout, il est très facile de comprendre le fourmillement d'excitation qui habite une sociologue en devenir à qui l'on permet de s'immerger dans une culture bluffante, aussi théocratique soit-elle.

Moi-même, à son âge, je ne trouvais rien de plus grisant, carnet de notes sous le bras, que de courir le monde en quête de diversité, de rencontres insolites, de peuplades exotiques à découvrir, à observer et à étudier. Et c'est encore vrai! La preuve...!

À gauche, Lacerte dans une tribu Yaguas d'Amazonie; au centre, dans une tribu de Papous des Highlands; à droite, au milieu d'une branche d'Ashkénazes qu'Arthur Koestler appelle la 13e tribu.

En raison de ses agissements antérieurs, Valentina Gaddi a allègrement passé la mesure et s'est placée dans une position intenable pour réaliser un mandat aussi petit soit-il et dont la finalité est de favoriser le dialogue entre les citoyens d'Outremont.

Mais, en premier lieu et en fin de compte, le principal coupable n'est pas Mme Gaddi. La bavure et l'insulte à l'intelligence des citoyens sont le fait de Philipe Tomlinson. C'est lui et son administration qui tentent de piper les dés.

Il semble assez clair que Projet Montréal cherche les façons d'aligner les astres pour répondre à son programme électoral. Une belle commande, quoi!




* du beurre sur les épinards



mercredi 2 septembre 2020

LES COUPS FOURRÉS DE TOM



«En 2020, qu’un élu à Montréal se mette aussi facilement et ouvertement en conflit d’intérêts, je trouve ça inexcusable»…

Dans La Presse, c’est en ces termes faussement indignés que le maire Philipe Tomlinson s’est réjoui en sourdine de la réprimande que la Commission municipale du Québec (CMQ) a adressée à Jean-Marc Corbeil, le seul conseiller d’opposition à Outremont.

Pour Tomlinson, il est «abracadabrant» qu’un conseiller de district use de son droit de vote dans un dossier alors qu'il est poursuivi par un restaurateur après avoir dit à un ouvrier qu'il faut un permis pour entreprendre des travaux dans le restaurant. Pour cette entorse susceptible de l’entraîner dans une apparence de conflit d’intérêts, le maire réclame des mesures draconiennes et un châtiment exemplaire.

Tomlinson est particulièrement gonflé de jouer les vierges offensées alors que lui et les trois autres conseillères de Projet Montréal venaient de se faire taper sur les doigts par le contrôleur général de la Ville de Montréal pour avoir violé leurs propres règles en déléguant indument à Marie-Claude Leblanc, la directrice de l’administration, le soin de distribuer de l’argent d'un fonds d'urgence pour la COVID-19 à des organismes locaux. Cerise sur le sundae, ces dizaines de milliers de dollars ont été remises à des personnes liées, en l'occurence, Astrid Arumae, David Desbaillets et Max Lieberman, des membres de l'exécutif de Projet Montréal Outremont. Mme Leblanc a même confié 9 700$ aux soins de l’ultraorthodoxe Max Lieberman qui est actuellement accusé en Cour supérieure d’une fraude de 310 668,26 $.  Faut le faire!
 
Astrid Arumae, David Desbaillets et Max Lieberman, des membres de l'exécutif de Projet Montréal Outremont à qui on a confié de jolies sommes.

Dans cette histoire de fonds d’urgence, l’attitude de Tomlinson à l’égard de Jean-Marc Corbeil détonne d’autant plus que le 8 juillet 2020, mis en porte-à-faux, le maire a répété devant caméra (voir l'extrait vidéo) qu’il serait prêt à commettre à nouveau cette illégalité.


La loi, Tomlinson en fait son affaire à sa convenance.
La loi, Tom of Hassleland en fait son affaire... à sa convenance.

Et que dire lorsque Valérie Plante, sa patronne, vote à quatre reprises en faveur de l’achat d’un terrain de près de 84M$ pour un projet de parc alors qu’elle est personnellement poursuivie pour 175M$ par des promoteurs qui s’estiment lésés par le projet auquel elle tient mordicus. Évidemment, Tomlinson n’est pas monté aux barricades pour crier «Au meurtre!». Bien qu’elle soit accusée d’avoir agi «de façon illicite, arbitraire, impulsive, abusive et de manière préjudiciable», personne ne soulèvera le fait que cela pourrait influencer son vote? Qu’il n’y a aucun risque de conflit d’intérêts? Ça pue les deux poids, deux mesures. À moins que dans l'église de Projet Montréal, le dogme proclamé est à l'effet que le libre arbitre de Valérie est infaillible.

Dans la cause qui a amené Jean-Marc Corbeil devant le juge Alain R. Roy, ce dernier relate que M. Corbeil «participe aux échanges, convaincu qu’il est justifié de le faire». Fort de sa conviction, il s’est prononcé sur une demande de permis d’aménagement du restaurant de la rue Van Horne. 

Le conseiller en était d’autant plus persuadé que la résolution que le maire et ses disciples s’apprêtaient à voter en conseil concernait l’ouverture d’un mur extérieur et l’installation d’une porte que le commerçant avait déjà réalisées illégalement au moment des discussions. Pire. L’administration de l’arrondissement a inscrit à l’ordre du jour la demande du propriétaire de l’immeuble alors que les plans définitifs n'étaient même pas déposés au dossier.

Extraits des notes de la Secrétaire substitut d’arrondissement prises lors de la séance préparatoire du 26 juin 2019. Ces notes ont été déposées en preuve au tribunal de la CMQ.
Extraits des notes de la Secrétaire substitut d’arrondissement prises lors de la séance préparatoire du 26 juin 2019. Ces notes ont été déposées en preuve au tribunal de la CMQ.

Le problème remonte à novembre 2018. Corbeil avait constaté que des déchets de démolition jonchaient l’espace public devant le commerce de la rue Van Horne et que des travaux semblaient y avoir été entrepris sans permis. Le conseiller l’a signalé à un ouvrier qui travaillait sur le chantier. La chose est rapidement venue aux oreilles du restaurateur qui, cinq mois plus tard, a entrepris de poursuivre le conseiller et de lui réclamer 14 600 $ pour «préjudice subi».

Voici sur quoi est tombé le conseiller Corbeil, le 7 novembre 2018 sur l'avenue Van Horne.

Même si la poursuite intentée contre M. Corbeil n’était pas reliée à cette histoire de porte illégalement aménagée huit mois après son passage sur le chantier, même si le conseiller ne pouvait en tirer le moindre avantage pécuniaire et même si sa participation minoritaire au vote (1/5) n’avait absolument aucune chance de bloquer l’octroi irrégulier de ce permis, ses accusateurs soutiennent qu’il aurait dû s’abstenir pour éviter de prêter flanc à un soupçon d’apparence de conflit d’intérêts.

Nous pourrions tous facilement souscrire à ce qui semble être une évidence. Mais ce serait peut-être oublier l’article 12 du Code d’éthique des membres du conseil  qui stipule qu’un conseiller placé «contre sa volonté dans une situation de conflit d’intérêts n’enfreint pas le présent code». Pensez-y. Ce n’est quand même pas Corbeil qui a voulu se faire coller une poursuite aux fesses. C’est bien à son corps défendant qu’on lui a réservé une action en justice.

D’ailleurs, pour la petite histoire scabreuse, il faut savoir que ce sont Philipe Tomlinson et son entourage proche qui ont délibérément cherché à nuire à Jean-Marc Corbeil.

Dans le cadre du procès que Corbeil a dû subir devant la CMQ, Joël Simard-Ménard, le directeur de cabinet de Tomlinson, a révélé sous serment au juge Roy que c’est lui qui avait expressément recommandé au commerçant de poursuivre Corbeil. C’est cette intervention du bureau du maire qui a donné le coup d’envoi à cette saga judiciaire orchestrée contre le conseiller de l’opposition à la CMQ.

Si Simard-Ménard, avec la cafardeuse complicité de Tomlinson, n’avait pas encouragé le commerçant à se retourner contre Corbeil, ce dernier n’aurait vraisemblablement jamais été entraîné dans une telle histoire.



Devant la CMQ, le maire, lui-même appelé à la barre, n’a pas hésité à soutenir que Jean-Marc Corbeil s’était fait passer pour un inspecteur de l’arrondissement lorsque le conseiller s’était rendu sur le chantier, le 7 novembre 2018. Du pur ouï-dire de la part de Tomlinson puisqu’il n’était même pas présent sur place lors de la discussion entre l’ouvrier et M. Corbeil.

Ce ragot, Tomlinson ne s’est pas gêné pour le postillonner à tout vent et même publiquement. À la séance du conseil du 2 juillet 2019 (visionnez la scène), alors que la cause de Jean-Marc Corbeil était toujours pendante devant la Cour du Québec, Philipe Tomlinson a proféré la même allégation devant les citoyens présents dans la salle et tous ceux qui suivaient la webdiffusion depuis leur salon : «On le sait! De personnifier un inspecteur qui n’est pas dans votre district, vous ne faites pas ça non plus, M. Corbeil, hein?»

Que le diable emporte le Règlement de régie interne du conseil qui interdit de s’exprimer sur une affaire pendante devant les tribunaux.

On l’a constaté à maintes reprises : Philipe Tomlinson, celui-là même qui préside les assemblées publiques d’Outremont, n’a aucun scrupule à privilégier les règlements de comptes au détriment du règlement municipal.

Ce n’est pas non plus au-dessus des forces de Tomlinson que de mentir.

Le 12 août dernier, sur la page Facebook officielle du maire, une citoyenne se demande comment le commerçant pouvait réclamer des dommages pour un retard dans ses travaux s’il ne dispose pas de permis pour les entreprendre. Tomlinson lui répond alors de but en blanc : «Le commerce avait un permis en règle». Or, c’était totalement faux. Corbeil est intervenu sur le chantier le 7 novembre 2018, alors qu’il a été démontré en cour qu’un permis n’a été délivré que le 14 novembre. Le maire a un sacré front de bœuf! 

Philipe Tomlinson n'hésite pas à mentir, même sur sa page Facebook officielle!


C’est loin d’être la première fois que le maire ment effrontément au bon peuple. Rappelez-vous la saga de l’îlot Saint-Viateur. Le 9 octobre 2018, cuisiné en séance du conseil par une autre citoyenne (voir l'extrait vidéo), Philipe Tomlinson avait nié catégoriquement et à plusieurs reprises que le mandat qu’il avait confié à la firme Brodeur Frenette (et qu’il tenait à garder ultrasecret!) concernait la faisabilité d’implanter une synagogue sur ce terrain public.




Même une fois le fameux rapport rendu public contre son gré, Tomlinson a continué de nier comme un enfant pris sur le fait, la bouche barbouillée de chocolat et un emballage de Whippet chiffonné au fond de ses poches. Lisez ma chronique L’imposture de Projet Montréal

Vous n’avez sûrement pas oublié, non plus, le tour de passe-passe que nous a manigancé notre bon Philipe après le référendum sur les lieux de culte sur l’avenue Bernard. En dépit de la victoire des citoyens qui ne souhaitaient pas de nouveaux lieux de culte sur l'avenue Bernard, Tomlinson a été surpris en train de dévoiler son intention d’accommoder le nabab Rosenberg : «On a besoin de trouver une façon, lorsque le besoin se refera sentir, de contourner ce règlement-là qui interdit [les synagogues] à Outremont.» Écoutez l'enregistrement capté lors d'une assemblée partisane de Projet Montréal, tenue le 25 octobre 2017 au 1465, avenue Van Horne. 

En passant, le 1465 Van Horne, loué pour l’occasion par Projet Montréal, appartient à nul autre qu'au propriétaire du 34 Maplewood, celui-là même qui a fait construire en toute illégalité un muret sur le domaine public. Alors que le délinquant était poursuivi par la ville pour son acte, Tomlinson l’a complaisamment gracié. Mais n'allez surtout pas croire qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de Tomlinson.


Je vous épargne, pour l’instant, de tous ces autres cas d’irrégularités, de passe-droits dans l’octroi ou le suivi de permis, de complaisance électoraliste, de conflits et d’apparences de conflits d’intérêts que nous avons recensés au fil des trois premières années du mandat de Projet Montréal Outremont. 

Écoutez Tomlinson nous rassurer: «Je peux vous dire que les autres conseillers vont poursuivre leurs travaux en toute transparence. Les Outremontais peuvent compter sur nous pour faire la job». Quand on entend Tomlinson le paternaliste tenter de recoudre un hymen à sa formation politique, dites-nous comment ne pas pouffer de rire ou ne pas sombrer dans le cynisme? 

Avec ce que nous savons aujourd'hui, on comprend que le conseiller de l’opposition avait toutes les raisons du monde d’être exaspéré et indigné. Que n’ont pas fait le maire, ses soubrettes de districts et la directrice de l’arrondissement pour lui mettre des bâtons dans les roues? Pour lui nier ou retarder l’accès aux documents qui lui sont indispensables pour prendre des décisions éclairées dans le cadre de ses fonctions? Combien de fois tout ce beau monde ne s’est-il pas montré de mauvaise foi ? Et cette affaire du commerce du 1142 Van Horne n’a pas fait exception.


Pour conclure plus joyeusement, laissons donc Paul Arcand nous dire ce qu’il pense de la désinformation au sein de Projet Montréal. Cliquez
ICI pour l'entendre. Il a tellement une belle façon de rapporter les faits.