mercredi 2 septembre 2020

LES COUPS FOURRÉS DE TOM



«En 2020, qu’un élu à Montréal se mette aussi facilement et ouvertement en conflit d’intérêts, je trouve ça inexcusable»…

Dans La Presse, c’est en ces termes faussement indignés que le maire Philipe Tomlinson s’est réjoui en sourdine de la réprimande que la Commission municipale du Québec (CMQ) a adressée à Jean-Marc Corbeil, le seul conseiller d’opposition à Outremont.

Pour Tomlinson, il est «abracadabrant» qu’un conseiller de district use de son droit de vote dans un dossier alors qu'il est poursuivi par un restaurateur après avoir dit à un ouvrier qu'il faut un permis pour entreprendre des travaux dans le restaurant. Pour cette entorse susceptible de l’entraîner dans une apparence de conflit d’intérêts, le maire réclame des mesures draconiennes et un châtiment exemplaire.

Tomlinson est particulièrement gonflé de jouer les vierges offensées alors que lui et les trois autres conseillères de Projet Montréal venaient de se faire taper sur les doigts par le contrôleur général de la Ville de Montréal pour avoir violé leurs propres règles en déléguant indument à Marie-Claude Leblanc, la directrice de l’administration, le soin de distribuer de l’argent d'un fonds d'urgence pour la COVID-19 à des organismes locaux. Cerise sur le sundae, ces dizaines de milliers de dollars ont été remises à des personnes liées, en l'occurence, Astrid Arumae, David Desbaillets et Max Lieberman, des membres de l'exécutif de Projet Montréal Outremont. Mme Leblanc a même confié 9 700$ aux soins de l’ultraorthodoxe Max Lieberman qui est actuellement accusé en Cour supérieure d’une fraude de 310 668,26 $.  Faut le faire!
 
Astrid Arumae, David Desbaillets et Max Lieberman, des membres de l'exécutif de Projet Montréal Outremont à qui on a confié de jolies sommes.

Dans cette histoire de fonds d’urgence, l’attitude de Tomlinson à l’égard de Jean-Marc Corbeil détonne d’autant plus que le 8 juillet 2020, mis en porte-à-faux, le maire a répété devant caméra (voir l'extrait vidéo) qu’il serait prêt à commettre à nouveau cette illégalité.


La loi, Tomlinson en fait son affaire à sa convenance.
La loi, Tom of Hassleland en fait son affaire... à sa convenance.

Et que dire lorsque Valérie Plante, sa patronne, vote à quatre reprises en faveur de l’achat d’un terrain de près de 84M$ pour un projet de parc alors qu’elle est personnellement poursuivie pour 175M$ par des promoteurs qui s’estiment lésés par le projet auquel elle tient mordicus. Évidemment, Tomlinson n’est pas monté aux barricades pour crier «Au meurtre!». Bien qu’elle soit accusée d’avoir agi «de façon illicite, arbitraire, impulsive, abusive et de manière préjudiciable», personne ne soulèvera le fait que cela pourrait influencer son vote? Qu’il n’y a aucun risque de conflit d’intérêts? Ça pue les deux poids, deux mesures. À moins que dans l'église de Projet Montréal, le dogme proclamé est à l'effet que le libre arbitre de Valérie est infaillible.

Dans la cause qui a amené Jean-Marc Corbeil devant le juge Alain R. Roy, ce dernier relate que M. Corbeil «participe aux échanges, convaincu qu’il est justifié de le faire». Fort de sa conviction, il s’est prononcé sur une demande de permis d’aménagement du restaurant de la rue Van Horne. 

Le conseiller en était d’autant plus persuadé que la résolution que le maire et ses disciples s’apprêtaient à voter en conseil concernait l’ouverture d’un mur extérieur et l’installation d’une porte que le commerçant avait déjà réalisées illégalement au moment des discussions. Pire. L’administration de l’arrondissement a inscrit à l’ordre du jour la demande du propriétaire de l’immeuble alors que les plans définitifs n'étaient même pas déposés au dossier.

Extraits des notes de la Secrétaire substitut d’arrondissement prises lors de la séance préparatoire du 26 juin 2019. Ces notes ont été déposées en preuve au tribunal de la CMQ.
Extraits des notes de la Secrétaire substitut d’arrondissement prises lors de la séance préparatoire du 26 juin 2019. Ces notes ont été déposées en preuve au tribunal de la CMQ.

Le problème remonte à novembre 2018. Corbeil avait constaté que des déchets de démolition jonchaient l’espace public devant le commerce de la rue Van Horne et que des travaux semblaient y avoir été entrepris sans permis. Le conseiller l’a signalé à un ouvrier qui travaillait sur le chantier. La chose est rapidement venue aux oreilles du restaurateur qui, cinq mois plus tard, a entrepris de poursuivre le conseiller et de lui réclamer 14 600 $ pour «préjudice subi».

Voici sur quoi est tombé le conseiller Corbeil, le 7 novembre 2018 sur l'avenue Van Horne.

Même si la poursuite intentée contre M. Corbeil n’était pas reliée à cette histoire de porte illégalement aménagée huit mois après son passage sur le chantier, même si le conseiller ne pouvait en tirer le moindre avantage pécuniaire et même si sa participation minoritaire au vote (1/5) n’avait absolument aucune chance de bloquer l’octroi irrégulier de ce permis, ses accusateurs soutiennent qu’il aurait dû s’abstenir pour éviter de prêter flanc à un soupçon d’apparence de conflit d’intérêts.

Nous pourrions tous facilement souscrire à ce qui semble être une évidence. Mais ce serait peut-être oublier l’article 12 du Code d’éthique des membres du conseil  qui stipule qu’un conseiller placé «contre sa volonté dans une situation de conflit d’intérêts n’enfreint pas le présent code». Pensez-y. Ce n’est quand même pas Corbeil qui a voulu se faire coller une poursuite aux fesses. C’est bien à son corps défendant qu’on lui a réservé une action en justice.

D’ailleurs, pour la petite histoire scabreuse, il faut savoir que ce sont Philipe Tomlinson et son entourage proche qui ont délibérément cherché à nuire à Jean-Marc Corbeil.

Dans le cadre du procès que Corbeil a dû subir devant la CMQ, Joël Simard-Ménard, le directeur de cabinet de Tomlinson, a révélé sous serment au juge Roy que c’est lui qui avait expressément recommandé au commerçant de poursuivre Corbeil. C’est cette intervention du bureau du maire qui a donné le coup d’envoi à cette saga judiciaire orchestrée contre le conseiller de l’opposition à la CMQ.

Si Simard-Ménard, avec la cafardeuse complicité de Tomlinson, n’avait pas encouragé le commerçant à se retourner contre Corbeil, ce dernier n’aurait vraisemblablement jamais été entraîné dans une telle histoire.



Devant la CMQ, le maire, lui-même appelé à la barre, n’a pas hésité à soutenir que Jean-Marc Corbeil s’était fait passer pour un inspecteur de l’arrondissement lorsque le conseiller s’était rendu sur le chantier, le 7 novembre 2018. Du pur ouï-dire de la part de Tomlinson puisqu’il n’était même pas présent sur place lors de la discussion entre l’ouvrier et M. Corbeil.

Ce ragot, Tomlinson ne s’est pas gêné pour le postillonner à tout vent et même publiquement. À la séance du conseil du 2 juillet 2019 (visionnez la scène), alors que la cause de Jean-Marc Corbeil était toujours pendante devant la Cour du Québec, Philipe Tomlinson a proféré la même allégation devant les citoyens présents dans la salle et tous ceux qui suivaient la webdiffusion depuis leur salon : «On le sait! De personnifier un inspecteur qui n’est pas dans votre district, vous ne faites pas ça non plus, M. Corbeil, hein?»

Que le diable emporte le Règlement de régie interne du conseil qui interdit de s’exprimer sur une affaire pendante devant les tribunaux.

On l’a constaté à maintes reprises : Philipe Tomlinson, celui-là même qui préside les assemblées publiques d’Outremont, n’a aucun scrupule à privilégier les règlements de comptes au détriment du règlement municipal.

Ce n’est pas non plus au-dessus des forces de Tomlinson que de mentir.

Le 12 août dernier, sur la page Facebook officielle du maire, une citoyenne se demande comment le commerçant pouvait réclamer des dommages pour un retard dans ses travaux s’il ne dispose pas de permis pour les entreprendre. Tomlinson lui répond alors de but en blanc : «Le commerce avait un permis en règle». Or, c’était totalement faux. Corbeil est intervenu sur le chantier le 7 novembre 2018, alors qu’il a été démontré en cour qu’un permis n’a été délivré que le 14 novembre. Le maire a un sacré front de bœuf! 

Philipe Tomlinson n'hésite pas à mentir, même sur sa page Facebook officielle!


C’est loin d’être la première fois que le maire ment effrontément au bon peuple. Rappelez-vous la saga de l’îlot Saint-Viateur. Le 9 octobre 2018, cuisiné en séance du conseil par une autre citoyenne (voir l'extrait vidéo), Philipe Tomlinson avait nié catégoriquement et à plusieurs reprises que le mandat qu’il avait confié à la firme Brodeur Frenette (et qu’il tenait à garder ultrasecret!) concernait la faisabilité d’implanter une synagogue sur ce terrain public.




Même une fois le fameux rapport rendu public contre son gré, Tomlinson a continué de nier comme un enfant pris sur le fait, la bouche barbouillée de chocolat et un emballage de Whippet chiffonné au fond de ses poches. Lisez ma chronique L’imposture de Projet Montréal

Vous n’avez sûrement pas oublié, non plus, le tour de passe-passe que nous a manigancé notre bon Philipe après le référendum sur les lieux de culte sur l’avenue Bernard. En dépit de la victoire des citoyens qui ne souhaitaient pas de nouveaux lieux de culte sur l'avenue Bernard, Tomlinson a été surpris en train de dévoiler son intention d’accommoder le nabab Rosenberg : «On a besoin de trouver une façon, lorsque le besoin se refera sentir, de contourner ce règlement-là qui interdit [les synagogues] à Outremont.» Écoutez l'enregistrement capté lors d'une assemblée partisane de Projet Montréal, tenue le 25 octobre 2017 au 1465, avenue Van Horne. 

En passant, le 1465 Van Horne, loué pour l’occasion par Projet Montréal, appartient à nul autre qu'au propriétaire du 34 Maplewood, celui-là même qui a fait construire en toute illégalité un muret sur le domaine public. Alors que le délinquant était poursuivi par la ville pour son acte, Tomlinson l’a complaisamment gracié. Mais n'allez surtout pas croire qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de Tomlinson.


Je vous épargne, pour l’instant, de tous ces autres cas d’irrégularités, de passe-droits dans l’octroi ou le suivi de permis, de complaisance électoraliste, de conflits et d’apparences de conflits d’intérêts que nous avons recensés au fil des trois premières années du mandat de Projet Montréal Outremont. 

Écoutez Tomlinson nous rassurer: «Je peux vous dire que les autres conseillers vont poursuivre leurs travaux en toute transparence. Les Outremontais peuvent compter sur nous pour faire la job». Quand on entend Tomlinson le paternaliste tenter de recoudre un hymen à sa formation politique, dites-nous comment ne pas pouffer de rire ou ne pas sombrer dans le cynisme? 

Avec ce que nous savons aujourd'hui, on comprend que le conseiller de l’opposition avait toutes les raisons du monde d’être exaspéré et indigné. Que n’ont pas fait le maire, ses soubrettes de districts et la directrice de l’arrondissement pour lui mettre des bâtons dans les roues? Pour lui nier ou retarder l’accès aux documents qui lui sont indispensables pour prendre des décisions éclairées dans le cadre de ses fonctions? Combien de fois tout ce beau monde ne s’est-il pas montré de mauvaise foi ? Et cette affaire du commerce du 1142 Van Horne n’a pas fait exception.


Pour conclure plus joyeusement, laissons donc Paul Arcand nous dire ce qu’il pense de la désinformation au sein de Projet Montréal. Cliquez
ICI pour l'entendre. Il a tellement une belle façon de rapporter les faits.





1 commentaire:

Anne McLaughlin a dit…

Il semble que le président aux cheveux orange, que je ne nommerai pas pour ne pas gâcher plus votre journée, fait beaucoup d'émules avec son concept de vérité alternative.