Molière, Les Femmes savantes
Le 2 décembre dernier, j'annonçais que la 431e chronique de mon blogue devait être la dernière. J’aurai tenu parole... pendant 96 jours! C’est déjà beaucoup mieux que bien des gens.
Il aura fallu que l'équipe de Projet Montréal d'Outremont fomente une polémique infecte et d'une démagogie répugnante autour d’un carré de feutre jaune pour que je ressorte ma plume.
Cela fait plus d’une décennie que les citoyens se plaignent de la façon dont les autobus jaunes opèrent sur les rues résidentielles de l’arrondissement. La question a été abordée nombre de fois aux séances du conseil d’Outremont. En 2014, L’Express d’Outremont a même fait sa Une avec la problématique des autobus scolaires qu’il coiffait du titre À pleine vitesse dans les rues. Comme toujours, en dépit des plaintes, les élus n’ont jamais levé le petit doigt pour tenter de solutionner ou d'atténuer le problème.
Non seulement n’a-t-il aucune intention de contrôler le comportement des autobus jaunes, mais il nie carrément le problème. Il fallait entendre Fanny Magini, la conseillère de Projet Montréal interrogée par Mario Dumont sur les ondes de LCN : «Il n’y a pas de problème avec les autobus scolaires à Outremont. Au contraire, on en veut plus. » J'avais l'impression d'entendre la ventriloque d'Alex Werzberger qui répète comme un vieux disque rayé que la contestation n'est le fait que d'une poignée de trouble-fête.
Ah! Comme ça, Magini en voudrait plus! À la bonne heure. On va les envoyer sur sa rue. Gageons qu’elle nous dira qu’elle n’en a jamais assez, qu’elle aime ça la couleur jaune qui se reflète sur les murs de son salon.
Ne voulant surtout pas être en reste, sa chef, Valérie Plante, a fait preuve d’une démagogie tout aussi fallacieuse. À ses yeux, les récriminations des citoyens à l’égard de la circulation des autobus sur les rues résidentielles constituent «une action politique menée contre des enfants». Comme on dit : Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage.
En moussant le scandale du feutre jaune, Projet Montréal espère étouffer dans l’œuf (le blanc, pas le jaune!) toute velléité de changer quoi que ce soit aux parcours des autobus scolaires. Ainsi, plutôt que de cueillir les enfants aux intersections des rues (comme partout ailleurs!), les périls jaunes pourront continuer, six jours sur sept, de faire du porte-à-porte aux heures de pointe et à toute autre heure, de rouler à tombeau ouvert, d’emprunter les ruelles pour aller plus vite, de se stationner n'importe où, de propager à fond la caisse le bruit de leurs compresseurs et de cracher leurs vapeurs de diésel 55 fois par jour sur toutes les rues résidentielles. Parlez-moi d’un parti vert! Je ne saurais trop insister pour vous inviter à jeter un coup d’œil à un photo-reportage réalisé sur les problèmes des autobus scolaires sur nos rues.
6 juillet 2017: un autobus scolaire emprunte la ruelle au nord de Lajoie, entre Bloomfield et de l'Épée |
J’accepte sans aucun problème que l’on prétende qu’un carré de carré jaune n’est pas l'idée ou le symbole du siècle. Je dirais même que je me fous de ce bout de feutre comme de ma première couche, mais l’interprétation qui en a été faite relève d'une mauvaise foi crasse. Y aurait-il des daltoniens des formes géométriques, maintenant? La personne qui a eu l'idée du carré jaune aurait-elle choisi un papillon ou une espadrille jaune qu'on lui aurait servi la même médecine.
Soyons clairs. Il ne s’agit pas seulement d’un détournement de l’histoire, mais ce brouhaha est une véritable insulte à la mémoire des victimes de l’holocauste.
Le carré jaune réfère aux autobus scolaires qui sont jaunes depuis une éternité. Que je sache, il n’y a jamais eu de carrés jaunes dans l’histoire du peuple juif. Faudra-t-il désormais conclure que les hassidim sont les détenteurs exclusifs de la couleur jaune? Si c’est le cas, avisons vite Sico!
Des arguments comme celui-là me rappellent ces névrosés qui avaient crié au meurtre lorsqu’il avait été question de permettre l’établissement de lieux de culte sur l’avenue Durocher au nord de Van Horne. Ils prétendaient que l’octroi d’une zone à proximité de la ligne de chemin de fer qui bordera le nouveau campus universitaire d’Outremont était fait dans le but macabre de leur rappeler les trains de la déportation. Il y a toujours bien des saintes limites à charrier le monde!
En passant, êtes-vous allés faire un tour à la Fête des neiges d’Outremont, le 4 février dernier? L’arrondissement administré par Projet Montréal a payé pour qu’une mascotte anime la journée des familles. Avez-vous remarqué quelque chose de spécial? Avez-vous capoté? Non? Pourtant, la mascotte arborait une étoile jaune (pas un carré, une étoile, cibole!) sur un gros casque de poil. Pire que ça. Vous allez peut-être pensé que je suis paranoïaque, mais avec sa barbe blanche et son gros nez, j’ai trouvé que ça avait un air de famille avec certaines caricatures européennes de la fin du XIXe siècle. Devoir de mémoire, vous dites?