mardi 29 mai 2012

LA PROCHAINE FOIS... PEUT-ÊTRE!

Jeudi après-midi dernier, il faisait un temps magnifique sur le Mile-End. Avec un copain, j’avais décidé d’en profiter et me gâter un peu à la terrasse du Voro, le café-resto méditerranéen au coin de Fairmount et Jeanne-Mance. 

À 16 h 54, alors que nous nous attaquions une entrée de calmar grillé farci de riz phénicien et de chorizo, une immense baleine blanche s’est échouée juste devant nous.

Fallait voir la bête. 56 sièges inclinables, caméra à l'avant pour permettre aux passagers de mieux voir la rue résidentielle (!!) sur les écrans, air conditionné, toilette, compartiments à bagages, microphone sans fil, 56 prises A/C, sans oublier, bien sûr, vidéo, CD / DVD.

C’était un Prévost H3-45 de luxe, immatriculé à New York. Seul à bord, le chauffeur remontait le bitume, plein nord. Le déplacement était suspect (et illégal!), mais pour rien au monde, je n’aurais laissé la proie (dans mon assiette) pour l’ombre (le nuage d’un pot d’échappement).


À gauche: l'autobus interdit sur Jeanne-Mance, à 16h54; à droite: le même autobus sur Fairmount, en provenance de Hutchison, à 17h26.
Pour mal faire, à 17 h 26, alors que je rentrais doucement à la maison la peau du ventre bien tendue, qu’est-ce qui se montre le museau au coin de la rue Hutchison pour venir à ma rencontre sur Fairmount? Ben oui! Ma baleine blanche H3-45, immatriculée 19810 PC. Cette fois, le cétacé métallique avait la panse remplie de Jonas à rouflaquettes.

Grappe de jeunes hassidim devant la synagogue-terminal d'autobus du 5555 Hutchison
Plus de doute, il se passait quelque chose dans le coin. Un de mes voisins qui se stationnait devant chez lui avait déjà composé le 911. Il venait de voir une trâlée d’adolescents et de jeunes hommes hassidiques lestés de valises sur le trottoir faisant face à la synagogue du 5555 Hutchison.

Placés dans la rue sur le côté de la grosse synagogue Yetev Lev située au coin de Saint-Viateur et Hutchison, des 4’’x 4’’ de six pieds de long empêchaient le stationnement à au moins quatre voitures. L’espace public avait tout bonnement été réquisitionné par les religieux pour servir de terminal clandestin aux autobus interdits qui se présentaient l’un après l’autre.
À gauche: les 4" x 4" pour "réserver" l'espace de stationnement; à droite: un jeune hassidim range les 4" x 4" maintenant que l'autobus illégal est arrivé.


Bien qu’ils aient mis pas loin de 45 minutes pour se pointer, les constables Le Beau et Boyer du poste 37 ont tout de même attrapé un de ces autobus en flagrant délit de cargaison.

Stationnés derrière l’autobus, les gyrophares allumés, les deux policiers sont allés à la rencontre du chauffeur de la compagnie Excellent Bus Service. En moins d’une minute, tout était entendu. Ses ouailles à bord, le bus a embrayé et s’est même payé le luxe d’emprunter vers le sud la rue Hutchison pourtant interdite à ce type de véhicule à dix roues.

Les policiers ont actionné leurs gyrophares, mais ont laissé l'autobus partir comme si de rien n'était.
Les policiers ont-ils verbalisé le chauffeur délinquant? Êtes-vous malades? Bien qu’il nous ait avoué être très au fait de la problématique des autobus illégaux sur nos rues résidentielles, le constable Le Beau a choisi de le laisser filer sans émettre de constat d’infraction au contrevenant multirécidiviste. Mieux! Le chauffeur n’a même pas eu d’amende pour avoir omis d’acquitter les droits de stationnement tarifé pour les espaces PL 154 et suivants qu’il a illégalement occupés.

Dire que sur son site Web, Stationnement Montréal indique que le rôle de la tarification du stationnement sur rue est de « faciliter la fréquentation des quartiers institutionnels, commerciaux et d’affaires par les automobilistes en favorisant le partage des places de stationnement ».


Pour nous remettre la face, le constable Le Beau nous a dit : « La prochaine fois que ça arrive, si vous portez plainte et que je suis en service, je leur donnerai une contravention. » Big deal! 

Le chauffeur doit encore se taper les cuisses sur l’Interstate 87. Quant aux responsables de la synagogue du 5555 Hutchison, ils sont, comme à l’habitude, morts de rire et pliés en quatre. Comment pourrait-il en être autrement? Leur stratagème fonctionne depuis des années. C’est un pied de nez aux citoyens avec la bénédiction des autorités municipales. Si c’est pas du Deux poids (lourds!), deux mesures, je me demande bien ce que c’est.

mercredi 23 mai 2012

HISTOIRES D'O... O comme dans Outremont

Pendant que le ministre des Affaires étrangères, John Baird, accorde une subvention de 1 million de dollars à un rabbin hassidique d’Ottawa sans que celui-ci rencontre les critères gouvernementaux, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, se scandalise de l’exposition Sexe : L'expo qui dit tout présentée au Musée des sciences et de la technologie du Canada à Ottawa. (voir ma chronique du 5 décembre 2010)

Pour ajouter l’hypocrisie à la pudibonderie, Timothy Bloedow, l'adjoint du député conservateur Maurice Vellacott, en rajoute. Dans le site internet évangélique Christian Governance qu’il dirige, on exige que le Musée retire cette exposition, à défaut de quoi on exhorte le gouvernement fédéral à cesser de financer l'établissement.

Sous pression, la direction du Musée a retiré une vidéo qui abordait la masturbation. Non, mais… qu’est-ce qu’on en a à branler des états d’âme du gouvernement, des punaises de sacristie, des grenouilles de bénitiers et des mangeurs de balustres de toutes confessions?
 


Thomas Mulcair a crié à la censure et s’est scandalisé de la pruderie des pieux conservateurs. Pourtant, c’est ce même Thomas qui prête main-forte aux intégristes hassidiques chaque fois que cela peut lui rapporter des votes. Et Dieu sait que les ultraorthodoxes sont au moins aussi collets montés que peuvent l’être les fous de Dieu ou d’Allah lorsqu’il est question de sexualité.

Il y a 20 ans, le lobby hassidique avait réussi à convaincre les élus d’Outremont d’adopter un règlement interdisant le port du maillot de bain dans les parcs de la ville. Le règlement avait été contesté par un citoyen qui a eu gain de cause.



La plainte officielle contre les seins de béton
En 1999, c’est Pierre Chapuis (alors directeur du Service de l'aménagement urbain et du patrimoine) qui, à la suite d’une plainte d’un ultra-orthodoxe, obligeait le propriétaire de la croissanterie Le Figaro à faire disparaître les statues grecques qui décoraient sa terrasse. Dans sa lettre, l’ultra-orthodoxe, qui disait parler au nom de la « jewish community in Outremont », souhaitait procurer aux siens « a clean moral lifes » et implorait l’intervention des autorités afin de « Keep Outremont clean ». En gros, cachez ce sein de béton qu’ils ne sauraient voir!



Les deux affiches indécentes
En 2006 et 2007, une boutique bien en vue de la rue Bernard a subi le harcèlement et l’intimidation de membres de la communauté hassidique pour avoir apposé en vitrine deux affiches promotionnelles considérées « indécentes, dégradantes et inacceptables » aux yeux de certains ultrareligieux.  ( Voir notre mémoire pour la commission Bouchard-Taylor, page 57)

Alerte rouge à Outremont
Il y a deux ans, un vendredi soir avant le coucher du soleil, la Sécurité publique d’Outremont a jugé la plainte d’un citoyen à ce point importante qu’elle a dépêché une voiture de patrouille près de la rue Bernard. Un agent a frappé à la porte de cette famille francophone et a sommé la maîtresse de la maison de… retirer de la corde à linge les sous-vêtements féminins qui séchaient dans la cour arrière. « Vous choquez vos voisins, madame. » Pensez donc; des bobettes au vent, un jour de sabbat!

Certains pourraient répliquer que ce qui a pu se passer il y a plus de deux ans relève de l’histoire ancienne et que, depuis lors, les choses ont bien évolué. Nous aimerions bien leur donner raison. Hélas, il semble que plus ça change, plus c’est pareil.


Nous avons appris qu’un autre commerce de la rue Bernard a récemment vécu un incident qui s’apparente à ce qu’avait connu en 2006 et 2007 cette autre boutique située sur la même artère. Cette fois, c’est un rabbin hassidique qui ne supporte pas les posters pourtant aussi inoffensifs que de bon goût qui garnissent la devanture de la boutique.


Puisqu’aucune autre maison ne souhaite parler ouvertement du problème, les propriétaires de ce commerce préfèrent ne pas faire de vagues. Entre temps, la clientèle hassidique semble s’être volatilisée. Qui sait. Peut-être ce rabbin ne lèvera-t-il l’embargo que lorsque les propriétaires se seront recyclés dans la confection de papillotes et téfilines?


S’ils ne craignaient pas les représailles, combien seraient-ils à nous raconter ce genre d’histoires d’O? O, comme dans Orthodoxe!

 
Tiens! Pour finir, un petit conseil pour les administrateurs du Théâtre Outremont.

Si jamais l'envie vous prenait de projeter ce film érotique inspiré du roman de Pauline Réage, ne placez pas cette affiche en vitrine. Vous pourriez recevoir de la visite pas très catholique.

samedi 12 mai 2012

LE TRANSFERT DES POUVOIRS OU LES LIAISONS DANGEREUSES



Les Outremontais à l’oreille fine auront déjà entendu parler des comités consultatifs de l’arrondissement. Outre le comité sur l’urbanisme, l’arrondissement a déjà compté jusqu’à six commissions consultatives : arts et culture — sports, loisirs et vie communautaire — les aînés — environnement et le développement durable — sécurité publique et stationnement — relations intercommunautaires.

Or, tous étaient présidés par un élu du parti au pouvoir qui en définissait l’ordre du jour. Ce qui s’y disait était tellement sensible que les résidents qui souhaitaient y siéger devaient signer rien de moins qu'un engagement de confidentialité.


 Rien de ce qui
allait être soulevé lors de ces audiences à huis clos ne devait transpirer hors des murs capitonnés de l’hôtel de ville. Allo la transparence!

Ana Nunes et Louis Moffatt, le 7 mai 2012 : Les secrets d'État chuchotés à l'oreille de l'ancien président du comité intercommunautaire chargé de satisfaire les demandes des leaders hassidiques
 

Ces commissions n’étaient soumises à aucun règlement et encore moins à un droit de vote. À quoi bon puisque dans certains comités, la majorité des membres semblaient servir de faire-valoir pour quelques lobbyistes bien en vue. Et gare au membre qui avait l’audace de critiquer le mode d’opération de sa chapelle. C’était l’éjection automatique et sans appel. Bonjour la démocratie participative!

Comme il fallait s’y attendre, les critiques, les embrouilles et les apparences de favoritisme ont fini par sortir au grand jour et créer scandale (voir, par exemple, le voyage à New York offert par le Jewish Orthodox Community Council)
.

La patate est devenue tellement chaude qu’en janvier 2010, Cinq-Mars a annoncé la dissolution des six comités consultatifs.


On le sait, une patate chaude en réchauffe toujours une autre. Avec la tension, les exaspérations et la frustration des citoyens qui ont résulté de l’agression contre la conseillère Forget, la mairesse donne l’impression d’être totalement dépassée.

Juste après l’appel au calme qu’elle a lancé lors de l’assemblée du conseil du 7 mai dernier, Cinq-Mars nous a annoncé qu’elle nous mijotait un autre beau petit comité fait sur mesure pour déterminer les normes des fêtes et célébrations communautaires.


Après qu’elle-même et ses prédécesseurs se soient cassé les dents sur la question des relations intercommunautaires, la voici qui récidive en confiant, cette fois, le dossier à la conseillère Ana Nunes.

Cinq-Mars n’a-t-elle encore tiré aucune leçon des crises précédentes? Comme par le passé, non seulement les citoyens sont laissés dans le noir, mais même les membres du conseil n’en seront avisés qu’une fois tout bien ficelé. «Nous présenterons le comité aux membres du conseil lorsqu’il sera prêt à être mis définitivement en application.» Ça c’est de la concertation, mes amis.


Il fallait entendre la nouvelle passionaria nous faire part de sa vision des choses.

Le transfert des pouvoirs

C’est chaussée de gros sabots, qu’Ana Nunes a parlé de son «comité des Sages». Madame a imposé une condition sine qua non. Elle serait la seule maître à bord. C’était à prendre ou à laisser. «C’est moi qui choisirai les gens qui feront partie de ce comité. Je les choisirai d’après leur niveau de connaissance, leur culture, leur intelligence de cœur, leur ouverture et leur reconnaissance parmi leurs pairs.» Beau programme pour quelqu’un qui raconte ne jamais lire les journaux, ni même écouter les nouvelles.


Nunes en a surpris plus d’un dans la salle du conseil lorsqu’elle a indiqué que son nouveau «comité de liaison» sera constitué de citoyens de l’arrondissement, «mais surtout de gens de l’extérieur d’Outremont… Il y a même des gens de l’international qui vont venir donner leur point de vue». Cou’donc! Les ressources intellectuelles font-elles si cruellement défaut à Outremont? Dites-nous pas qu’on va se ramasser avec les ex-commissaires Bouchard et Taylor? Clotaire Rapaille,
tant qu’à y être? Pourquoi ne pas faire appel à Kofi Annan? Il pourrait nous monter un Comité spécial des Vingt-Quatre.

Ana
Nunes ne sait absolument pas nous dire comment ça va fonctionner, mais elle va «recevoir chaque communauté et comprendre leurs besoins». Ça veut dire quoi, chaque communauté? Des résidents avec un nom de famille à consonance italienne constitueront-ils une communauté? Même chose pour les Papageorge, les Nguyen, les Skrutkovskis, les McLaughlan, les Osvepian, les Tremblay?

Que je sache, tout ce beau monde d’Outremont constitue déjà une harmonieuse communauté ouverte et intégrée au grand ensemble québécois. Alors on va échafauder un comité pour accommoder qui? Les hassidim qui veulent continuer de vivre en vase clos et faire les choses quand ils l’entendent et comme bon leur semblent?


Le changement de la garde doit tout de même faire un petit pincement au cœur à Louis Moffatt. En cédant sa place à Ana, Louis renonce définitivement à la deuxième escapade au rabais qu’il devait entreprendre à New York avec Michael
Rosenberg et Mayer Feig les 18, 19, 20 et 21 septembre 2007. Dire que c’est parce que nous avons demandé la destitution de M. Rosenberg à peine 15 jours avant leur second voyage en terre hassidique que Louis avait dû tout annuler en catastrophe (voir les extraits des procès-verbaux).  

Il peut bien encore me regarder de travers quatre ans et demi plus tard.



En parlant de destitution, Louis Moffat fait encore la preuve qu’il n’est vraiment pas à la hauteur de la situation. Lors de la période de questions du 7 mai dernier, j’ai déposé au conseil d’arrondissement une pétition contenant les noms de plus de 250 citoyens d’Outremont qui demandent la destitution de M. Alex Werzberger du comité consultatif d’urbanisme.

Le conseiller Moffatt en a profité pour se mettre les pieds dans les plats. « J’ai parlé ou téléphoné à un bon nombre [de gens] qui l’ont signée. La compréhension qu’ils ont eue et la raison pour laquelle ils signaient cette pétition n’est pas la même que ce que vous promulguez au micro».
Louis, tu es en train de dire aux citoyens de l’arrondissement qu’ils ne sont pas assez intelligents pour lire une pétition, d'en comprendre les enjeux, de faire la part des choses et de prendre position? Oh! Boy. Je pense que je vais te laisser le plaisir de le leur dire toi-même. Je te souhaite bonne chance.