Les Outremontais à l’oreille fine auront déjà entendu parler des comités consultatifs de l’arrondissement. Outre le comité sur l’urbanisme, l’arrondissement a déjà compté jusqu’à six commissions consultatives : arts et culture — sports, loisirs et vie communautaire — les aînés — environnement et le développement durable — sécurité publique et stationnement — relations intercommunautaires.
Or, tous étaient présidés par un élu du parti au pouvoir qui en définissait l’ordre du jour. Ce qui s’y disait était tellement sensible que les résidents qui souhaitaient y siéger devaient signer rien de moins qu'un engagement de confidentialité.
Rien de ce qui
allait être soulevé lors de ces audiences à huis clos ne devait transpirer hors des murs capitonnés de l’hôtel de ville. Allo la transparence!
Ana Nunes et Louis Moffatt, le 7 mai 2012 : Les secrets d'État chuchotés à l'oreille de l'ancien président du comité intercommunautaire chargé de satisfaire les demandes des leaders hassidiques
Ces commissions n’étaient soumises à aucun règlement et encore moins à un droit de vote. À quoi bon puisque dans certains comités, la majorité des membres semblaient servir de faire-valoir pour quelques lobbyistes bien en vue. Et gare au membre qui avait l’audace de critiquer le mode d’opération de sa chapelle. C’était l’éjection automatique et sans appel. Bonjour la démocratie participative!
Comme il fallait s’y attendre, les critiques, les embrouilles et les apparences de favoritisme ont fini par sortir au grand jour et créer scandale (voir, par exemple, le voyage à New York offert par le Jewish Orthodox Community Council).
La patate est devenue tellement chaude qu’en janvier 2010, Cinq-Mars a annoncé la dissolution des six comités consultatifs.
On le sait, une patate chaude en réchauffe toujours une autre. Avec la tension, les exaspérations et la frustration des citoyens qui ont résulté de l’agression contre la conseillère Forget, la mairesse donne l’impression d’être totalement dépassée.
Juste après l’appel au calme qu’elle a lancé lors de l’assemblée du conseil du 7 mai dernier, Cinq-Mars nous a annoncé qu’elle nous mijotait un autre beau petit comité fait sur mesure pour déterminer les normes des fêtes et célébrations communautaires.
Après qu’elle-même et ses prédécesseurs se soient cassé les dents sur la question des relations intercommunautaires, la voici qui récidive en confiant, cette fois, le dossier à la conseillère Ana Nunes.
Cinq-Mars n’a-t-elle encore tiré aucune leçon des crises précédentes? Comme par le passé, non seulement les citoyens sont laissés dans le noir, mais même les membres du conseil n’en seront avisés qu’une fois tout bien ficelé. «Nous présenterons le comité aux membres du conseil lorsqu’il sera prêt à être mis définitivement en application.» Ça c’est de la concertation, mes amis.
Il fallait entendre la nouvelle passionaria nous faire part de sa vision des choses.
Le transfert des pouvoirs
C’est chaussée de gros sabots, qu’Ana Nunes a parlé de son «comité des Sages». Madame a imposé une condition sine qua non. Elle serait la seule maître à bord. C’était à prendre ou à laisser. «C’est moi qui choisirai les gens qui feront partie de ce comité. Je les choisirai d’après leur niveau de connaissance, leur culture, leur intelligence de cœur, leur ouverture et leur reconnaissance parmi leurs pairs.» Beau programme pour quelqu’un qui raconte ne jamais lire les journaux, ni même écouter les nouvelles.
Nunes en a surpris plus d’un dans la salle du conseil lorsqu’elle a indiqué que son nouveau «comité de liaison» sera constitué de citoyens de l’arrondissement, «mais surtout de gens de l’extérieur d’Outremont… Il y a même des gens de l’international qui vont venir donner leur point de vue». Cou’donc! Les ressources intellectuelles font-elles si cruellement défaut à Outremont? Dites-nous pas qu’on va se ramasser avec les ex-commissaires Bouchard et Taylor? Clotaire Rapaille, tant qu’à y être? Pourquoi ne pas faire appel à Kofi Annan? Il pourrait nous monter un Comité spécial des Vingt-Quatre.
Ana Nunes ne sait absolument pas nous dire comment ça va fonctionner, mais elle va «recevoir chaque communauté et comprendre leurs besoins». Ça veut dire quoi, chaque communauté? Des résidents avec un nom de famille à consonance italienne constitueront-ils une communauté? Même chose pour les Papageorge, les Nguyen, les Skrutkovskis, les McLaughlan, les Osvepian, les Tremblay?
Que je sache, tout ce beau monde d’Outremont constitue déjà une harmonieuse communauté ouverte et intégrée au grand ensemble québécois. Alors on va échafauder un comité pour accommoder qui? Les hassidim qui veulent continuer de vivre en vase clos et faire les choses quand ils l’entendent et comme bon leur semblent?
Le changement de la garde doit tout de même faire un petit pincement au cœur à Louis Moffatt. En cédant sa place à Ana, Louis renonce définitivement à la deuxième escapade au rabais qu’il devait entreprendre à New York avec Michael Rosenberg et Mayer Feig les 18, 19, 20 et 21 septembre 2007. Dire que c’est parce que nous avons demandé la destitution de M. Rosenberg à peine 15 jours avant leur
second voyage en terre hassidique que Louis avait dû tout annuler en catastrophe (voir les extraits des procès-verbaux).
Il peut bien encore me regarder de travers quatre ans et demi plus tard.
En parlant de destitution, Louis Moffat fait encore la preuve qu’il n’est vraiment pas à la hauteur de la situation. Lors de la période de questions du 7 mai dernier, j’ai déposé au conseil d’arrondissement une pétition contenant les noms de plus de 250 citoyens d’Outremont qui demandent la destitution de M. Alex Werzberger du comité consultatif d’urbanisme.
Le conseiller Moffatt en a profité pour se mettre les pieds dans les plats. « J’ai parlé ou téléphoné à un bon nombre [de gens] qui l’ont signée. La compréhension qu’ils ont eue et la raison pour laquelle ils signaient cette pétition n’est pas la même que ce que vous promulguez au micro».
Louis, tu es en train de dire aux citoyens de l’arrondissement qu’ils ne sont pas assez intelligents pour lire une pétition, d'en comprendre les enjeux, de faire la part des choses et de prendre position? Oh! Boy. Je pense que je vais te laisser le plaisir de le leur dire toi-même. Je te souhaite bonne chance.