lundi 16 août 2021

LE VACCIN ANTI-RELÈVE


La semaine dernière, un reportage télévisé portant sur la crise épidémique au Bangladesh faisait frémir. Dans ce pays maudit, 160 millions d’habitants sont entassés dans une cuvette étouffante de pauvreté et soumise aux cyclones, aux inondations catastrophiques et à un flot de près d’un million de réfugiés. Submergé par le variant Delta, le gouvernement de Dhaka annonçait un blitz de huit jours de vaccination et ce, jusque dans les camps de réfugiés rohingyas!

Pendant ce temps-là, à Montréal, ville du premier monde privilégié, 30 000 élèves n’avaient toujours pas reçu une première dose de vaccin contre la COVID-19. Vous ne le croirez pas, mais les cinq établissements scolaires affichant les pires taux de vaccination de la métropole appartiennent tous à des communautés ultra-orthodoxes d’Outremont et des arrondissements voisins. 

Selon Le Devoir, le bonnet d’âne revenait à l’école communautaire Belz dont à peine 6,6% des élèves avaient vu la couleur d’une seringue. La honte quand on sait que le taux moyen de vaccination des écoles de l’île était de 70,8%. On y apprend aussi que la couverture vaccinale des élèves reflète celle des parents. Tiens donc! Qui l’eût cru?

Vous comprendrez qu’après avoir vu leur image ternie de la sorte, les lobbyistes ultras religieux se sont vite attelés à lécher un communiqué de presse pour désamorcer la mauvaise publicité. Une dépêche de pure propagande que Le Devoir  et le site The Canadian News se sont empressés de reproduire presque intégralement. Encore une fois, nos intégristes devaient se taper dans les mains.

Imaginez. Plus de 17 mois après le début de la crise, ils nous racontent qu’une mobilisation vaccinale se déroule chez les juifs hassidiques. Qui découvrait-on en Une du Devoir pour illustrer ce blitz de relations publiques? Nul autre que Shrage, alias Sam Muller. La dernière recrue des lobbyistes ultraorthodoxes se faisait vacciner dans une synagogue du Mile-End.

En se mettant ainsi en scène, Muller nous révélait son insouciance et sa propre négligence. Comme ça, le 3 août 2021, Sam n’avait toujours pas reçu ses doses? Allo l’exemple, toi! Et il a le culot d’essayer de nous faire gober que plein de ses ouailles «attendaient avec impatience la campagne de vaccination» You bet!

Le 11 mars 2020, en pleine pandémie, Shrage Muller jouait les preux chevaliers lors de la fête de Pourim. Il attendra jusqu'en août 2021 pour se faire vacciner.

Ça fait pourtant plus d’un an que le relationniste hassidique et ses acolytes Max Lieberman, Mayer Feig et Abraham Ekstein nous serinent a capella qu’en bons citoyens responsables, ils prêchent le respect des règles sanitaires et la vaccination dans leur communauté. Mieux! Depuis le tout début de la pandémie, ils nous racontent «se conformer aux lois divines et prier avec l'ensemble des Québécois pour que notre pays puisse passer à travers ces difficiles épreuves». Un petit chapelet en famille, avec ça?

Parlons-en de ces lobbyistes qui prétendent remuer ciel et terre pour que leurs ouailles se fassent immuniser contre ce «virus laïc» tout en se préoccupant au plus haut point, bien évidemment, de protéger l’ensemble de la société.

Rappelez-vous. Alors que le 18 mars 2020, le Conseil des juifs hassidiques du Québec  prétendait agir «comme des citoyens responsables et solidaires» en fermant leurs centres culturels et leurs écoles, quelques mois plus tard, ces fins finauds violaient le décret du gouvernement, qui imposait la fermeture complète des écoles.
Ils copiaient tout bonnement l’exemple de leurs coreligionnaires récalcitrants d’Israël.

Ce sont ces mêmes porte-parole qui ont fait des pieds et des mains pour couvrir la fuite de leurs coreligionnaires qui se réunissaient illégalement dans leurs lieux de culte. Un jeu du chat et de la souris qu’ils se sont amusés à jouer avec ces policiers «nazis».

Ces agents politico-religieux ont fait preuve d’un zèle remarquable pour défier, bafouer, contourner et réinterpréter à leur avantage les règles concernant le nombre de personnes autorisées lors d'événements intérieurs et extérieurs dans des lieux publics. 

Sur les ondes de 98,5 FM, même Luc Ferrandez, l’ancien maire du Plateau déplorait leurs stratagèmes de délinquants. «C’est très difficile d’en arriver à des ententes avec les hassidim parce qu’ils réinterprètent constamment la loi en fonction de leurs besoins… [Ils se disent] ça, c’est la loi, maintenant qu’est-ce qu’on peut faire pour la contourner ? Dès que tu oublies une virgule quelque part dans un texte qui leur permet de faire quelque chose qui est contre l’esprit de la loi, ils vont le faire.»

Vous ne vous souvenez plus ce que mange le 
Conseil des juifs hassidiques du Québec dont Shrage Muller a été sacré directeur général? Ce noyau dur des forces hassidiques est un organisme que l'on jurerait issu d'un véritable phénomène de génération spontanée. Il a pris naissance — quelle coïncidence! — quelques jours seulement avant que Philipe Tomlinson ne révèle publiquement au bon peuple sa décision de mettre sur pied sa table de concertation sur le bon voisinage. On y reviendra bientôt, juré craché! 

En attendant, Sam Muller tient à ce que nous comprenions que pour les communautés hassidiques, le plus grand tiraillement ressenti par ses coreligionnaires vis-à-vis le vaccin, concerne «les enjeux de fertilité». On comprend qu'avec une famélique moyenne de 6,2 enfants par femme en âge de procréer, l'espèce risque sérieusement de manquer de relève.