lundi 30 juillet 2018

LES VESSIES



Je viens de terminer la lecture d’un article publié il y a cinq jours dans le Canadian Jewish News (CJN) et, ma foi du Bon Dieu, il me faudra en conclure que les Outremontais ne sont plus les mêmes. Ils se sont lit-té-ra-le-ment métamorphosés.

Si on se fie aux propos recueillis par la «staff reporter» Janice Arnold, après 30 ans de guerre larvée, la concorde aurait subitement succédé à la discorde. La bonne intelligence, la communauté de sentiments se seraient enfin répandues dans notre arrondissement. À tel point qu’on dirait l’article de Mrs Arnold tout droit sorti du livre de l'Exode dans lequel Moïse promet à ses frères la Terre promise où coule le lait et le miel.

À en croire Arnold, c’est l’apparition «unprecedented» de sufganiyot (pâtisseries casher d’origine israélienne) offerts lors de la première séance du conseil dirigée par l’équipe de Projet Montréal/Outremont qui aurait été le signe annonciateur de cette extraordinaire transmutation des esprits.

Mais, dites-moi, depuis quand des beignes constituent-ils un étalon de mesure de l’état des relations entre les groupes de citoyens? Et puis, pour rafraîchir les mémoires défaillantes, rappelons que le 16 décembre 2007, le soir où Marie Cinq-Mars a été élue mairesse intérimaire, son équipe, regroupée dans ses quartiers électoraux de l’avenue Bernard avait eu droit au même type de festin. Une cascade de pâtisseries casher provenant de chez Cheskies avait été servie par une cohorte de serveurs hassidiques. Cela avait-il donné lieu à l'ombre du début d'une quelconque embellie interculturelle? Pfffffffffff!

Sur les huit personnes interviewées dans le cadre de ce texte, sept sont soit des organisateurs des sectes intégristes, soit des groupes d’activistes zélés presque exclusivement issus de la minorité anglophone et qui ont soutenu et/ou travaillé à la récente élection de Projet Montréal à Outremont. En deux mots, ce papier n’est qu’un vulgaire publireportage qui ne dit tout juste pas son nom. Un indécent outil de propagande et de relations publiques cautionné par un média qui se dit d’information. On repassera!

Qui sont donc ces «résidents ordinaires» de l’arrondissement qui prétendent qu’une «atmosphère positive est perceptible à Outremont» et qu’ils attribuent à l’arrivée de Projet Montréal?

Parle-t-on de Rani Cruz, la directrice de campagne du maire Tomlinson? Celle-là même qui proposait d’utiliser la «stratégie de la xénophobie» à l’encontre des francophones qui n’adhéraient pas à la vision de la soi-disant gaugauche antiraciste? Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai aucun mal à me l’imaginer beuglant devant le TNM ou criant sur tous les tipis cette aversion pour ce que d'aucuns qualifient désormais d’appropriation culturelle.

Passons vite sur Mindy Pollak, conseillère de Projet Montréal et marionnette des dirigeants hassidiques. Après tout, que peut-on attendre d’elle sinon qu’elle défende bec et ongles (sans se servir de sa main droite!) le communautarisme sectaire plutôt que le bien commun? Elle n’a toujours pas digéré le résultat référendaire qui a mis fin à la possibilité d’établir de nouveaux lieux de culte sur l’avenue Bernard.

Elle n’est pas la seule, d’ailleurs. Diane Shea, professeure d’histoire au Collège Dawson, milite à ses côtés contre ceux qu’elle qualifie de « petite clique de laïcs radicaux fauteurs de trouble » (ma traduction). Qu’importe si plus de 56 % (1561 citoyens) de cette zone visée par le référendum de 2016 ont voté contre l’ajout de nouveaux lieux de culte – ça commence à faire une grosse clique! — Shea veut coûte que coûte s’accrocher à l’idée que l’ambiance dans laquelle s’est déroulée la récente visite du grand rabbin Yissochar Dov Rokeach est révélatrice d’un tournant encourageant dans les relations intercommunautaires.

Elle et ses acolytes prennent des vessies pour des lanternes… magiques! Pour une professeur d'histoire, ce n'est pas très fort. Je comprends mieux pourquoi, au palmarès de Rate My Teachers, la cote de Diane Shea soit inférieure à la moyenne par rapport à d'autres profs du Québec.

Diane Shea, membre du groupuscule anglophone Friends of Hutchison Street  fondé par Mindy Pollak sous l’œil directif du lobbyiste Mayer Feig.

La professeure de Dawson a-t-elle oublié les reportages comme celui de Catherine Kovacs qui révélait le mécontentement de plusieurs citoyens (et l’embarras palpable du maire qui devait presque crier lors du tournage pour répondre aux questions de la journaliste de Radio-Canada? C’est sans compter les plaintes de citoyens formulées dans le cadre des séances du conseil.
 
En 2013, comme en 2018, tant sur l'avenue du Parc que sur la petite rue résidentielle Querbes, de jour comme de nuit, les organisateurs de cette semaine de party rabbinique ont été dispensés de l'obligation de se procurer les permis d'occupation de la voie publique. Les citoyens, eux, en plus d'avoir droit au chaos, verront leurs taxes affectées au paiement des effectifs de sécurité publique.
 
Shea ne se rappelle pas non plus qu’en 2007 et 2013, Samuel Herzog, ce bon samaritain de la communauté Belz avait aussi hébergé chez lui d’autres sommités rabbiniques dans le même chaos et le même mépris flagrant de ses voisins et des autorités municipales. La lecture de cette plainte officielle déposée en 2013 lui rafraîchira peut-être la mémoire si tant est qu'elle ne joue pas à l'autruche.

Faut-il s’étonner qu’après huit jours de boum «non stop», la communauté Belz ait placé une annonce pleine page dans le journal afin de remercier «[ses] chers voisins», ainsi que les autorités municipales et policières? Après tout, le maire Tomlinson et les conseillers de Projet Montréal ont laissé l'événement se dérouler sans même exiger de ces pieux organisateurs qu’ils se procurent les permis requis pour festoyer dans les rues résidentielles. Les autorités municipales ont même fermé l’œil sur l'interdit de manifester après 22 heures et sur l'usage des haut-parleurs? (lire ma chronique Le dérèglement sur mesure sur cet événement d’avril dernier.

Même Me Marie-France Paquet, la directrice par intérim, a lancé en pleine assemblée du conseil qu’il ne revenait pas à l’arrondissement de courir après des fautifs. Ah bon? Même quand il a dûment été avisé des actes délinquants qui sont commis? Faut-il en comprendre, par exemple, que les citoyens qui entreprendront des rénovations chez eux sans demander de permis n’auront désormais plus les inspecteurs aux fesses? C’est vachement bon à savoir! On va répandre la bonne nouvelle!

Ce portrait burlesque n’aurait pas été complet sans le radotage de ce bougre d'Alex Werzberger. Cela faisait bien près de 15 ans que notre bon filou nous racontait que les hassidim constituent 25 % de la population d’Outremont. Il le disait encore tout récemment. Puis voici maintenant que le champion mythomane toutes catégories nous raconte que les ultraorthodoxes forment aujourd'hui plus de 35 % des résidents de l’arrondissement.
 

S’il était encore vivant, le Capitaine Bonhomme prendrait ombrage des exagérations éculées d’Alex. Mais quand on sait que la majorité des enfants ultraorthodoxes d’Outremont fréquente des «écoles» yiddishophones et que l’édition 2018 de Montréal en statistiques révèle que 3 055 Outremontais (14,5 % de la population) ont le yiddish comme langue maternelle et qu’ils parlent pratiquement tous cette langue à la maison, on se demande bien dans quel fond de tiroir Werzberger va grappiller les 20 % de hassidim qui manquent à son appel. En raison de son âge canonique, nous serons indulgents.

Ah! Avant d'oublier... Comme je déteste le travail «botché», j’aimerais juste faire un appel de phares à Janice Arnold et lui dire que si elle s’était donné la peine de faire son job comme du monde, son publireportage n’affirmerait pas faussement que mon blogue est fermé. La preuve...