Elle n’est pas toujours facile à suivre la représentante de Projet Montréal dans Outremont
En août dernier, alors que plusieurs citoyens s’étaient plaints
La Une de L'Express d'Outremont |
Pourtant, quelques semaines plus tard, Pollak n’a pas fait preuve de la même retenue à propos des cabanes de la fête juive de Souccot. Au contraire, lors de la réunion du conseil du 2 septembre 2014, elle s’est montrée très revendicatrice en déposant un avis de motion destiné à faire modifier le chapitre 6.1 du règlement 1177 en vigueur. Si bien qu’une assemblée de consultation publique (ouverte à tous les citoyens) sera tenue sur ce sujet le 29 octobre 2014 au Centre communautaire intergénérationnel d’Outremont (voir les détails).
Mindy Pollak en cabale pour les cabanes |
Pour justifier la modification du règlement actuel, la porte-parole des dirigeants hassidiques prétend que la construction d’une souccah requiert entre un et trois jours. Il suffit pourtant de voir la façon rudimentaire dont sont conçues les souccot (pluriel de souccah) pour comprendre que même un néophyte pourrait en monter une en quelques heures tout au plus.
Qu'elles soient en façade de résidence ou en arrière-cour, les cabanes ne paient vraiment pas de mine dans le quartier |
Pollak elle-même décrit les souccot comme des «constructions assez simples». Il s’agit généralement d’étroits panneaux de contreplaqués fixés à des deux par quatre en épinette. Chaque section est préfabriquée et numérotée. Il suffit de juxtaposer les panneaux, d’y ajouter quelques branchages, trois ou quatre bouts de bois pour soutenir la toile de camping qui fait office de toit et le tour est joué. Dans un grand nombre de cas, la même structure est réutilisée, année après année... après année. On croirait presque que les dévots se sont convertis à la loi sur le développement durable.
Comme on n’arrête pas le progrès, Mindy nous rappelle que de plus en plus de gens troquent les cabanes de contreplaqué par des souccot «de style-lego faits en plastique». Plus légères, plus faciles à assembler, imputrescibles, donc réutilisables ad vitam aeternam, elles ne requièrent plus aucune habileté et se font (et défont) en un tournemain. Même par des adolescents. À ce compte, la décoration d’un sapin de Noël de salon demande plus de temps!
Souccat géante de «style lego», montée derrière l'avenue du Parc, sur le Plateau. |
Qu’importe les matériaux utilisés, il n’en demeure pas moins que la question de la sécurité de ces structures temporaires soulève l’inquiétude de plusieurs citoyens.
Ces dernières années, des incendies causés par des feux de chandelles ont détruit six appartements de la communauté sur les rues Hutchison et Durocher. Aussi, des gens craignent que les souccot puissent représenter un risque supplémentaire. C’est sans parler qu’il y a quelques jours à peine, une souccah s’est écroulée à Boisbriand, entraînant dans sa chute plusieurs femmes qui s’y trouvaient. Le site hassidique qui rapporte la nouvelle titre «Miracle as Sukkah collapses but no serious injuries».
Un chandelier à l'huile laissé sans surveillance serait à l'origine de l'incendie qui a détruit le triplex du 5449 Hutchison, en janvier 2014 |
On ne se cachera pas que Pollak est surtout préoccupée par des considérations de commodité et d’accommodements religieux. Soutenant que certaines familles passent une partie de la fête de Souccot à l’extérieur de la ville, elle estime que cela peut leur laisser peu de temps, à leur retour, pour démanteler leur cabane dans les délais concédés par le règlement actuel.
Que répondre à cela sinon que les autorités municipales ne peuvent être tenues de prendre en compte les situations particulières ou les séjours de vacances de tout un chacun pour administrer l’arrondissement? Cela rendrait l’arrondissement absolument ingérable.
Des situations similaires se vivent tous les jours dans nos quartiers. Si vous prenez l’avion, que vous n’avez pas de garage et que vous savez que vous ne reviendrez pas à temps pour changer votre voiture de côté de rue, vous avez le choix : ne rien faire et risquer la contravention ou demander à un bon voisin ou à un parent de la déplacer pour vous en temps opportun. Cette prévoyance tient de la responsabilité civique élémentaire.
La recrue de Projet Montréal pousse son argumentaire jusqu’à tenter une comparaison entre ces cabanes et les décorations de Noël. Elle trouve injuste que les constructions de contreplaqué sur les balcons doivent être enlevées après une période maximum de quinze (15) jours alors que les ornementations de Noël peuvent demeurer en place sans restriction.
Outremont: débris de souccah que ses propriétaires ne se sont jamais soucier de remiser. |
Paradoxalement, alors que Mindy Pollak souhaiterait davantage d’indulgence de la part des citoyens d’autres confessions, elle nous pose une question étonnante : « Est-ce que votre géant bonhomme de neige gonflable doit réellement passer son hiver dehors? ». On croit rêver. Pour nous rassurer (ou nous faire chanter?), elle ajoute : «mais ne vous inquiétez pas, personne ne va l’interdire. Pour le moment.» Si ça lui cause problème, elle n’a qu’à déposer un autre avis de motion pour en réglementer l’usage. Elle sait déjà comment faire!
Mais, entre nous, comment peut-on comparer un patchwork de matériaux de construction parfois vermoulus et généralement inesthétiques à des décorations lumineuses et réjouissantes? On ne me fera pas croire que des passants puissent apprécier de la même façon des structures mal dégrossies et des décorations hivernales.
Dans cette optique, la réglementation sur les souccot telle qu’elle est formulée dans le règlement actuel est-elle une injustice? Je laisse les images répondre d’elles-mêmes.
Jetez un coup d’œil aux photos ci-bas et tirez-en vos propres conclusions.
Un arbre de Noël sur le Chemin de la Côte-Sainte-Catherine et des décorations du centre-ville. |
Une souccah faite d’un patchwork de contreplaqué et d’aggloméré. Elle empiétait même sur le domaine public. |
Je vous invite à venir assister et participer à l’assemblée de consultation publique, le mercredi 29 octobre 2014, à 19 heures, au Centre communautaire intergénérationnel d’Outremont, 999, avenue McEachrean.
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Courtoisie de la maison à l'intention de M. Christian Aubry qui m'apostrophe (voir le 2e commentaire au bas de cette chronique et ma réplique).
Pour son plus grand plaisir, je lui présente (sans frais supplémentaires) un autre exemple de ce qu'il qualifie de «jolis assemblages» d’une «[fascinante] ingéniosité à garder inscrite dans le présent de notre monde à la dérive cette tradition millénaire».
Il s'agit de la souccah qui se trouve à un coin de rue de chez lui (angle Bernard et Hutchison). Admirez la belle cabane de cette synagogue-dortoir-école qui, il y a bien sept ans, s'était installée illégalement et sans permis sur l'emplacement de l'ancien restaurant La Grand-Mère Poule. De toute beauté!
Laquelle de ces deux magnifiques structures (la blanche ou la noire) est la souccah qui a pignon sur rue au coin de l'avenue Bernard et Hutchison? Photo prise le 18 octobre 2014. |