vendredi 24 juillet 2015

LES DÉGONFLÉS


Lundi dernier (20 juillet), le journaliste Yves Poirier de TVA nous révélait que les membres d’une secte hassidique ont écopé d’une contravention de 879 $ pour avoir squatté illégalement le deuxième étage d’un immeuble situé au 845, avenue Querbes. 



Lorsqu’ils ont investi cette école clandestine, les administrateurs de la secte se sont bien gardés d’aller chercher un certificat d'occupation auprès des autorités d’Outremont. Même chose auprès du ministère de l'Éducation.

En agissant ainsi, les tenanciers de ce nouveau bouge talmudique ne faisaient vraisemblablement que suivre le conseil de certains gros bonnets de la secte. Ceux-ci leur déconseilleraient de faire une demande de permis ou de dérogation de zonage afin d’éviter que les fonctionnaires ou les résidents du quartier ne s’opposent à leur implantation sauvage.

Ces enfants hassidiques fréquentent l'école illégale du 845 Querbes six jours par semaine.

Avec déjà 613 commandements de la Torah à respecter, ces zélotes se disent probablement qu’ils en ont déjà assez sur les bras sans avoir, en plus, à se bâdrer de respecter la loi des goys.


Selon leur logique, ils n’ont pas intérêt à se manifester. Après tout, s’ils se font prendre, ils ne risquent qu’une ridicule amende. Une sanction qu’ils contesteront probablement devant les tribunaux en criant haut et fort à l’antisémitisme et à la tyrannie ciblée.

Quand on sait qu’en 2010, les écoles privées religieuses juives ont reçu 20,6 millions $ de l’état québécois, la contravention de 879 $ est insignifiante. Si on ventile ces 20 M$ sur les 85 000 Québécois de confession juive (cela équivaut à 243 $ de subvention/par tête de pipe), on réalise que cette amende ne comble même pas les subsides accordés à quatre personnes. Méchante mesure dissuasive, ça, messieurs!

Bien sûr, la mairesse d’Outremont arguera que les écoles sont de juridiction provinciale et qu’elle ne peut rien faire.


Allons donc! Si les illégaux ne décampent pas, les fonctionnaires de l’arrondissement pourraient verbaliser les délinquants chaque mois (ou semaine) que persisterait l’infraction. À coups de 879 $, ils y réfléchiront peut-être. Et si cela ne les dissuade pas, cela aurait au moins l'avantage de renflouer un tant soit peu les coffres de l’arrondissement en ces périodes de disette.

Entre temps, si le sort de ces enfants inadéquatement éduqués préoccupe le moindrement le gouvernement Couillard, il devrait agir illico.


Le 26 mai dernier, François Blais, le ministre de l’Éducation s’était fait interpeller en pleine Assemblée nationale à propos du cas d’une autre école clandestine débusquée le jour même. Il avait alors affirmé que si les faits se confirment, «il [faudra] sortir les enfants de là, car… la situation est inacceptable».

Ce serait la seule solution logique à appliquer. Après tout, le gouvernement a l’obligation légale et morale de protéger ces enfants. 


Hélas! depuis 2006, tous les ministres de l’Éducation qui se sont succédé ont siffloté le même air sans jamais passer aux actes. Voici un cas patent où les bottines ne suivent pas les babines. 

Les Outremontais auraient-ils plus de chance en s’adressant à la députée provinciale de leur circonscription pour faire pression sur le gouvernement Couillard? En tant que catalyseur de la culture avec un grand C, la ministre Hélène David ne peut être qu’une promotrice invétérée de l’éducation des enfants. Et à plus forte raison, s’il s’agit d’enfants qui grandissent dans sa circonscription. 

Or, le 4 juin 2014, le journaliste Benoît Dutrizac nous rappelait sur les ondes de son émission (aller à 4 min 25 s) que la sœur de Françoise avait décliné son invitation d'aborder le dossier des écoles illégales. Elle ne voulait surtout pas toucher à ça. Même pas avec une pôle de 15 pieds!

Heureusement qu'il nous reste Thomas Mulcair, notre élu fédéral dans Outremont.

Avez-vous entendu le discours qu'il a prononcé le 7 juillet dernier dans le cadre de la 36e assemblée générale annuelle de l'Assemblée des Premières Nations? 

Mulcair devant l'Assemblée des Premières Nations, le 7 juillet 2015

Même en anglais, il ne se contredisait pas :

«A new era means no longer accepting that First Nation children receive fewer opportunities when it comes to education. Children can’t be made to wait any longer. We must not fail another generation. A new era starts with recognizing that every community matters, that every school and classroom, that every child matters.»

Mulcair en 1972: Était-ce en prévision du jour où il prendrait à bras le corps le dossier de l'éducation des enfants autochtones qu'il cultivait ce petit look de Warrior Mohawk?

Comme il y a autant d'Amérindiens que de Juifs au Québec (± 87 000), peut-on espérer qu'il appliquera aux jeunes hassidim la révolution de la Nouvelle Ère qu'il promet d'entreprendre en faveur des jeunes autochtones?

Offrira-t-il aux jeunes des sectes hassidiques une éducation de qualité où qu'ils se trouvent? Fera-t-il en sorte de ne pas sacrifier une autre génération de ces enfants à longues rouflaquettes? Ce devrait normalement être 1 000 fois plus facile, puisque ces derniers sont concentrés dans quelques ghettos urbains plutôt qu'éparpillés sur 1,5 million de kilomètres carrés.  

On aimerait bien croire que l'aspirant premier ministre du Canada ne fera pas du deux poids, deux mesures avec la jeunesse du Québec qu'importe son origine, sa couleur, sa langue, sa tradition ou sa religion. Hélas! si le passé est garant du futur, les petits écoliers ultraorthodoxes risquent de ne pas être rescapés de sitôt. 


Il n'y a qu'à voir comment Mulcair bichonne les leaders hassidiques pour comprendre qu'il n'a aucune intention de jeter un pavé, fût-il cachère, dans la mare des intégristes hassidiques. Le NPD, comme les autres, fera passer ses intérêts électoraux bien avant ceux de milliers d'enfants. 

Realpolitik, quand tu nous tiens...