mardi 27 juillet 2010

LA MAUVAISE CONSEILLÈRE

Vendredi dernier (23 juillet 2010), Richard Bergeron, le chef du parti Projet Montréal conviait des citoyens qui contestent l’agrandissement de la synagogue hassidique du 5363 Hutchison à une rencontre aux bureaux de la 2e opposition, au sous-sol de l’Hôtel de Ville de Montréal.

Flanqué d’Alexander (Alex) Norris, conseiller de la Ville pour le Mile-End et de Richard Ryan, conseiller du district Mile-End, Bergeron a entendu les arguments de sept citoyens du Plateau et de la rue Hutchison qui s’opposent mordicus à cette dérogation. Une dérogation que Projet Montréal — tout comme l’administration précédente d’Union Montréal — souhaite ardemment accorder à la secte ultra-religieuse sur une rue dont le zonage est pourtant strictement résidentiel.

Dans mes prochaines chroniques, j’aborderai les nombreuses questions soulevées lors de cette rencontre de plus de 90 minutes et mettrai en relief les considérations et les questionnements des élus de Projet Montréal, ainsi que les tentatives de compromis qu’ils cherchent à échafauder dans l’espoir de satisfaire au maximum les ultra-religieux sans trop irriter les résidents qui vivent à proximité du lieu de culte.

Dans le cadre de ce premier compte-rendu, je m’attarderai simplement à une remarque qu’a émise Alex Norris à la sortie de cette rencontre.

« Dans 40 ans, prophétise Alex Norris, il y a fort à parier que les hassidim seront majoritaires à Outremont. On n’y peut rien. C’est tout de même moins probable dans le Mile-End. »

Mathématiquement, si chaque hassidim devait effectivement maintenir un taux de fertilité de 6,2 enfants par femme en âge de procréer (voir étude, page 6), cette prédiction pourrait tomber sous le sens.

Alex Norris

Ce qui surprend dans cette déclaration d’un élu municipal qui devrait carburer à la démocratie participative, c’est qu’elle est énoncée sans qu’aucun petit frisson semble lui traverser l’échine une fraction de seconde. Nous comprenons bien qu'une ville, tout comme une société, est en perpétuelle évolution et que son visage change peu à peu. Mais devant un mouvement sectaire, replié volontairement sur lui même, jaloux de son imperméabilité sociale, de sa culture éminemment théocratique et très réfractaire à se soumettre aux lois et règlements votés par l’ensemble des représentants des citoyens, cette absence d’état d’âme d’un élu nous apparaît à tout le moins troublante.

Et ce « On n’y peut rien » qu'il laisse tomber comme par une fatalité inéluctable s’avère aussi effarant que perturbant. La fatalité est certainement la pire des conseillères. Elle démobilise et invite, au mieux, à baisser les bras.

Comment ça, on n’y peut rien? De la part d’un ancien journaliste chevronné et combattif comme il l’a maintes fois prouvé, on reste bouche bée, voire sonné.

Peut-être pourrions-nous lui suggérer de commencer par le commencement, c’est à dire s’atteler à faire appliquer les lois et les règlements municipaux de façon stricte et sans passe-droits pour les intégristes qui grignotent et sapent graduellement et sans relâche les bases mêmes de notre démocratie et notre voisinage. Il sera toujours temps, par la suite, de distribuer les bonbons dérogatoires.

Pour reprendre les choses en main, Alex, il faudrait se retrousser les manches dès maintenant et, surtout, ne pas attendre que les « Craignant D.ieu » (traduction de l’expression hassidim) se mettent à défier nos autorités politiques, policières et juridiques comme ils le font désormais quotidiennement en Israël avec la conviction de détenir la vérité divine.

Toutes les institutions israéliennes et les entreprises privées qui ne répondent pas aux normes de l'ultraorthodoxie sont conspuées violemment par les 10% d'intégristes religieux. Nous reviendrons bientôt sur la rébellion tous azimuts des hassidim d'Israël.

Une des raisons qui explique le vent de fronde grandissant des ultraorthodoxes est le laxisme et la mollesse des autorités israéliennes à leur endroit.
Depuis la création d'Israël,
tous les gouvernements successifs ont été permissifs et se sont pliés aux exigences toujours plus grandes des religieux. On voit aujourd'hui le triste résultat de ce laisser-faire en Israël.

Chez nous, les gouvernements tireront-ils des leçons de l'exemple israélien? Prendront-ils enfin le taureau par les cornes ou se mettront-ils la tête dans le sable en se croisant les doigts pour qu'un climat de révolte sociale ne vienne empoisonner la vie de nos quartiers?


Faut-il voir le germe du racisme chaque fois qu'un citoyen cherche à défendre la société laïque que nous nous sommes efforcés d’édifier depuis 60 ans? Serait-ce une gifle assénée aux survivants de l’holocauste et à leurs descendants que d’exiger que tous les citoyens se conforment minimalement aux normes et aux lois votées par l’ensemble de la population?

Alex, s’il n’était pas décédé il y a deux ans, vous auriez pu poser la question à Yossef (Tommy) Lapid, ce rescapé de la Shoah devenu journaliste, puis ministre de la Justice au sein du Shinouï, le parti libéral, centriste et antireligieux d’Avraham Poraz. Oui, oui, ils se disent bel et bien antireligieux en préconisant des mesures comme la suppression des subventions publiques aux religieux. la création d’un mariage civil (toujours interdit), et la légalisation des mariages entre juifs et non-juifs*. Essayez d'imaginer une seule seconde le scandale que déclencherait une loi québécoise qui interdirait les mariages inter-ethniques, inter-linguistiques ou inter-religieux. Nous ne serions pas sortis du bois.

Jetez donc un œil sur le reportage intitulé Israël: Questions interdites Il a été produit au milieu des années 2000 par France 2. Vous y entendrez Avraham Poraz, le ministre de l'Intérieur israélien dire: "Nous ne pouvons pas accepter que des gens choisissent délibérément de ne pas travailler pour passer leur temps à étudier la Torah. Nous devons mettre ces gens au travail et les convaincre de faire moins d'enfants."

Je ne suis pas en train de vous dire que c'est ce qu'il faut préconiser chez nous, Alex. Seulement... cela vous déculpabiliserait peut-être un peu face aux excès fanatiques des intégristes qui s’implantent à tort et à travers même sur votre territoire et... bien plus près de chez vous que vous ne le pensez.

Cliquer sur la photo ci-contre pour visionner le reportage

N.B.: 2 août 2010 - Vous aurez remarqué que quelqu'un s'est vite empressé de retirer d'Internet le reportage de l'émission Un œil sur la planète que j'avais mis en ligne le 27 juillet dernier. Ce reportage avait valu à ses auteurs le prix Golden chest 2004 au festivalinternational de Plovdiv, en Bulgarie. Ce n'est peut-être pas pour rien que le reportage s'intitulait... Israël: questions interdites !!!



*
Talmud, Eben Haezar 44, 8: Sont nuls, les mariages entre les goyim et les juifs.

dimanche 18 juillet 2010

LA SAINTE ARNAQUE

Vous souvenez -vous de la levée de boucliers qu’avait suscitée l’annonce faite par Gérald Tremblay, le 18 octobre 2006?

Ce jour-là, sans que la moindre consultation publique ait été tenue, le maire de Montréal avait décrété que l’avenue du Parc deviendrait rouge. Elle s’appellerait l’avenue Robert Bourassa.
Aujourd’hui, à la vitesse impressionnante à laquelle les ultrareligieux envahissent cette artère majeure de la ville, parions que l'avenue du Parc sera bientôt rebaptisée Theocracy Avenue ou, loi 101 oblige, l’Avenue du Pa...ssage de la mer Rouge. Tout cela confirme bien l'explosion anarchique du nombre de lieux de culte de toutes confessions que relatait Le Devoir du 12 août 2009.

Dans notre dernière chronique du 3 juillet 2010, nous vous faisions découvrir un lieu de culte
hassidique qui nous était jusqu'alors inconnu. Eh! bien. À peine deux semaines plus tard, un autre citoyen du Mile-End nous a alertés à la suite de nouveaux travaux qui se déroulent dans la ruelle ouest de l'avenue du Parc, entre Bernard et Van Horne. Cela nous force déjà à réviser à la hausse le nombre de synagogues intégristes squattant le Mile-End. Nous en sommes désormais à au moins 24 lieux de culte hassidiques sur moins d'un kilomètre carré, à cheval entre Le Plateau et Outremont.

Aux six derniers lieux de culte ultraorthodoxes à avoir récemment été identifiés dans l'arrondissement du Plateau Mont-Royal, il faut désormais ajouter deux nouvelles adresses marquées du sceau de la sainteté rabbinique.

Commençons par l'immeuble du 5870 avenue du Parc.

Le papier collant placé dans les vitrines de façade est probablement destiné à dissimuler les activités illégales des ultrareligieux. Cette pratique d'obstruction des vitrines est pratiquement devenue une marque de commerce. À tel point que cela ne dupe plus que ceux qui préfèrent ne pas savoir ce qui se trame à l'intérieur.


Par les interstices, toutefois, impossible de rater les livres sacrés ouverts sur les longues tables alignées. Les affichettes en yiddish punaisées sur les murs de gypse viennent confirmer que nous ne nous trouvons pas en présence d’un temple bouddhiste.







Cliquer sur la photo ci-contre pour accéder à la visite guidée de cette nouvelle synagogue






Le nouveau plat de résistance hassidique se concocte aujourd'hui dans les rez-de-chaussée et les sous-sols des deux triplex portant les adresses civiques 5896 à 5906 avenue du Parc.


En façade, c'est le calme plat. Rien n'y parait. Il faut avoir l'œil fin pour remarquer le permis de construction affiché au bas d'une des fenêtres de façade.

Mais si vous faites une marche de santé dans la ruelle derrière les deux immeubles, le secret est rapidement éventé.

Monsieur Jacob Spira, un membre de la communauté hassidique, a demandé et obtenu des autorités du Plateau Mont-Royal de réunir les comptes fonciers des deux triplex et d'aménager un "centre communautaire" en fusionnant les rez-de-chaussée et les sous-sols des deux triplex mitoyens.

L'annexion progressive et en douce d'immeubles mitoyens comme ceux-ci. N'est-ce pas ce qui s'est produit sur la rue Jeanne-Mance et ce qui risque fort de se produire dans quelques années à la synagogue du 5363 Hutchison qui cherche, elle aussi, à prendre de l'expansion?

Comme si cela ne suffisait pas, le permis donne le droit à M. Spira d'agrandir le bâtiment de près de 1 100 pieds carrés par l'arrière. C'est une méchante synagogue d'ultrareligieux qui est en train d'être implantée dans un endroit où le zonage l'interdit spécifiquement.

L'histoire ne dit pas encore si les autorités du Plateau font exprès de se fermer les yeux ou s'ils sont tout simplement naïfs. Une chose est certaine, cependant, les dirigeants hassidiques sont des virtuoses pour contourner les embuches du zonage et hypnotiser les élus et les fonctionnaires municipaux.
Après étude des expériences passées, le jeu des dirigeants hassidiques est très clair. Avant d'aller demander un permis (quand ils se donnent la peine d'en demander un!), ils vérifient d'abord de ce que le zonage permet là où ils ont choisi de s'installer.
Si un lieu de culte y est permis, ils feront une demande pour établir une synagogue. Si, par malheur, il est interdit d'y installer une synagogue, mais qu'un centre communautaire y est autorisé, ils appelleront tout simplement leur synagogue un "centre communautaire". Si le zonage permet un restaurant, mais interdit une synagogue ou un centre communautaire, nos bons religieux diront qu'ils installent un restaurant. Si vous vous en souvenez, c'est exactement ce que les dirigeants hassidiques avaient prétendu lorsqu'ils avaient décidé d'implanter leur
synagogue illégale au coin des rues Lajoie et Durocher. Même Alex Werzberger avait avoué qu'ils avaient usé de fausse représentation pour arriver à leurs fins.

Une fois les fenêtres bien givrées, qui donc aura le culot de les prendre en défaut? Il semble qu'il ne soit pas encore au monde l'inspecteur ou l'élu qui aura le toupet d'enfoncer la porte d'entrée pour dénoncer la sainte arnaque.


Comme à l'habitude, seuls quelques citoyens qui en ont ras le pompon de subir les inconvénients des illégalités qui s'accumulent de façon exponentielle monteront au front pour dénoncer à leurs propres frais ce que les autorités ne sont pas foutues de faire. Mais dites-nous... Le respect de la réglementation municipale, n'est-ce pas pourtant une de leurs grandes raisons d'être?


En attendant, la grande artère de Montréal est en voie de connaître le sort qu'a connu
la 14th Avenue de Boro Park, à New York. Un triste sort, s'il en est.

samedi 3 juillet 2010

LE SEPTIÈME CIEL FISCAL

Le 28 avril 2010, nous vous faisions part d'une étude entreprise pour le compte du Conseil interculturel de Montréal. Nous y apprenions que les arrondissements montréalais délivrent trois fois plus de permis d'aménagement de lieux de cultes «minoritaires» par année qu'il y a dix ans. C'était sans compter les innombrables lieux de culte clandestins. L'étude révélait aussi que plusieurs de ces lieux de culte se trouvent dans des bâtiments délabrés et que la plupart du temps, les arrondissements n'envoient pas d'inspecteur.

Il y a quelques semaines, un résident du Mile-End qui requiert l'anonymat nous a fait parvenir des photos d'un immeuble qu'il qualifiait de "suspect et très bizarre" sur la rue Saint-Urbain.

Cliquer sur la fenêtre barricadée ci-contre pour voir plusieurs photos étonnantes de l'immeuble en question

Sur le site du rôle d'évaluation foncière de Montréal, ce citoyen a "pitonné" l'adresse civique de l'immeuble qui l'intriguait.

À son grand étonnement, il a découvert que le duplex du 5124 Saint-Urbain est un lieu de culte hassidique appartenant à la secte Belz.
Quelle ne fut pas notre surprise à nous d'apprendre que notre carte des synagogues intégristes n'était pas à jour.




Ce n'est plus 21, mais au moins 22 lieux de culte hassidiques que l'on recense désormais sur moins d'un kilomètre carré, à cheval entre Le Plateau et Outremont.

Cliquer sur la photo ci-contre pour obtenir le Guide du parfait petit fervent




Avec autant de lieux de culte intégristes dans moins d'un kilomètre carré, les dirigeants hassidiques pourront bientôt battre le record détenu par la monarchie islamiste du royaume d'Arabie saoudite.

À DJedda, par exemple, on dénombre 36 mosquées intégristes dans un seul kilomètre carré. Il faudra aviser le Guinness!

Cliquer sur la photo pour visionner l'émotion d'une journaliste britannique à l'heure de l'appel des muezzins qui chantent en chœur au crépuscule

Tout ça laisse songeur. Vivrait-on ici même, sans le savoir, au milieu du paradis?

Le 30 juin 2010, Radio-Canada a présenté au Téléjournal un reportage de David Gentile. Le journaliste s'est penché sur la question du "Paradis fiscal" dont profitent à plein les lieux de culte de tout acabit qui prolifèrent partout sur l'île de Montréal. Il nous a appris qu'entre 2004 et 2009, le nombre de
bâtiments qui ont pu profité d'une exemption de taxes municipales est passé de 831 à 1169. Cela représente une augmentation de... 41%!

En tout et partout, cette
indulgence à l'endroit des catholiques, protestants, méthodistes, hindouistes, mormons, scientologues, adventistes du septième jour, témoins de Jéhovas, raeliens, musulmans, bouddhistes, juifs, voudouistes et tutti quanti engendrerait un manque à gagner de 69 millions de dollars par an à la métropole. Une bagatelle par ces temps de vaches grasses, ne trouvez-vous pas?

Même le bunker du 5124 Saint-Urbain qui ressemble davantage à un repère de Hell's Angels qu'à un lieu saint est exempté de taxes. C'est d'autant plus étonnant que des résidents du coin rapportent n'y voir pratiquement jamais l'ombre d'un fidèle. Une descente d'inspecteurs municipaux ne serait pas un luxe. À bon entendeur, salut!

Pour visionner le reportage de David Gentile, cliquer sur la madone ci-contre


Dans notre société qui se veut laïque, ne serait-il pas plus que temps de faire un grand ménage au sein de tous ces "lieux de culte" qui nous vendent le 7e ciel à la fin de nos jours alors qu'eux en profitent de leur vivant?

D'ailleurs,
quand on voit l'état lamentable dans lequel se trouvent plusieurs lieux "sacrés", on se demande parfois de quelle façon ils profitent de cette échappatoire. De toute évidence, c'est ailleurs qu'ils réinvestissent (ou dilapident) leur sacrosaint pécule.