Craignant comme la peste que le gouvernement du Québec ne force les ultrareligieux à prendre des cours de conduite aux côtés d’examinateurs du sexe opposé, que l’égalité homme/femme ne prime sur la liberté de religion, que la kippa ne prenne le bord comme les crucifix et les hidjabs dans l’administration gouvernementale, le Conseil orthodoxe juif pour les relations communautaires du Québec (COJRCQ) défendait son mémoire contre l’adoption du projet de loi 94.
Au même moment, à Montréal, le Centre des sciences présentait (et présente toujours) Sexe, l’expo qui dit tout! Grâce à une cinquantaine de jeux interactifs, de vidéos et de produits multimédias, garçons et filles de plus de 12 ans obtiennent des réponses franches à une centaine de questions qui leurs brûlent les lèvres : l’orientation sexuelle, l’âge du premier baiser, le développement des seins, les premières menstruations, la biologie des caresses, le mécanisme de l’érection, le rôle des fantasmes et quoi encore.
S'il vous plaît, rassurez-moi. Tout ce beau monde habite-t-il la même galaxie?
Flanqué du rabbin Moshe Martin Glustein et de l’intégriste hassidique Max Lieberman, Me Lionel Perez a sonné la charge destinée à établir les balises encadrant les demandes d’accommodements dans les services gouvernementaux et dans certains établissements. On comprend aisément toute l'horreur que ressentent les orthodoxes juifs et les hassidim à l'idée que l'État pourrait refuser à une fonctionnaire islamiste de porter le niqab sur les heures de bureau.Dans la vidéo officielle de l'Assemblée nationale du Québec, M. Perez - qui est qualifié de «président du COJRCQ» - n'a pas manqué de rappeler que «L'histoire a démontré au peuple juif et à d'autres que dès qu'on légifère pour cibler un groupe de personnes à cause d'une certaine différence, cela peut dégénérer vers un chemin que l'on voudrait éviter.»
Quoi? Le gouvernement Charest se serait-il inspiré d'un passage de Mein Kampf pour rédiger le projet de loi 94? Non, mais quoi encore? Allez donc revisionner Defamation, le documentaire du jeune cinéaste israélien Yoav Shamir qui raconte que l’antisémitisme est une industrie qui tourne à plein régime. Son documentaire a justement été diffusé la semaine dernière aux Grands Reportages sur RDI. Vous le trouverez dans ma chronique du 14 octobre dernier.
Il est assez ironique d'entendre Me Lionel Perez (qui est aussi le conseiller municipal d'Union Montréal du district de Darlington -invoquer la Charte des droits et libertés de la personne et parler d'entorse à la liberté de religion dans le cas du voile intégral. Rappelez-vous. Pas plus tard que le 15 juin 2010, le conseiller de Ville Alex Norris s'était présenté sans sa cravate à l'assemblée du conseil municipal. En chambre, ce même Lionel Perez avait déchiré sa chemise publiquement. Oh! Blasphème. M. Norris ne portait pas le nœud coulant sous sa pomme d'Adam.
Pour ne pas froisser la liberté de religion et pour empêcher que l'on refoule une fonctionnaire qui ne présente que deux trous pour les yeux, Lionel Perez se battrait jusqu'en Cour suprême. Mais pour un élu municipal qui croit sincèrement que la cravate ne fait pas le moine, Perez était prêt à réclamer son expulsion manu militari (voir la vidéo de l'incident vestimentaire). Cherchez la logique là-dedans.
Le COJRCQ est beaucoup mieux connu sous l’acronyme anglais JOCC. Question de vous rafraîchir la mémoire, le JOCC est ce groupe de lobbyistes ultraorthodoxes qui, en 2005, avait offert un voyage au rabais à New York à des fonctionnaires municipaux d’Outremont, dont un conseiller élu, un prétendant au poste de conseiller municipal, un lieutenant de police, un directeur de la Sécurité publique et j’en passe. Tout ce beau monde avait même été reçu à bras (et à bar !) ouverts à l'hôtel new-yorkais du célébrissime Michael Rosenberg.
À l'époque, tout comme aujourd'hui d'ailleurs, Michael Rosenberg est l'un des principaux administrateurs du JOCC. Ce n'est que peu de temps avant de se présenter devant la Commission des institutions que le groupe de lobbyistes a entrepris d'élargir ses rangs en y ajoutant une ribambelle d'administrateurs et, semble-t-il,un président en la personne de M. Perez.
Dans un article publié à la suite de sa victoire électorale de 2009, le Canadian Jewish News indique, entre autres, que M. Perez est membre de l’exécutif de l’école Yeshiva Gedola. Deux articles du quotidien Le Devoir publiés le 4 juin 2009 et le 5 juin 2009 signalent que cette même institution fait partie de la liste des écoles récalcitrantes qui ne respecteraient pas le régime pédagogique du ministère de l'Éducation.
Entre vous et moi, si mon dossier contenait ce genre de taches et qu'il fallait que je me présente sur la colline parlementaire pour plaider ma cause d'accommodements religieux et de laïcité passoire, je pense que je réclamerais moi aussi que la burka soit permise. Je me cacherais dessous pour être bien certain que personne ne puisse me reconnaître sur la rue!
2 commentaires:
Le hasard est vraiment fait de drôles de coincidences:
M. Perez siège sur le comité exécutif de l'école Yeshiva Gedola-Merkaz Hatorah et Rabbin Moshe Glustein en est justement le directeur général !!
Des accommodements?
Pour qu'une société puisse vivre paisiblement et en harmonie, chaque citoyen ou groupe de citoyens devrait, selon moi respecter les valeurs de la majorité.
Au Québec, ces valeurs sont exemplaires dans la mesure où il s'agit d'une société qui a fait (et vécu) des changements majeurs de façon pacifique, privilégiant le débat à l'affrontement, la connaissance à l'entêtement.
Il n'est plus question de "minorité canadienne-française", mais de culture francophone, bien souvent enrichie de gens venus d'ailleurs.
Grâce à la détermination de créateurs, penseurs et militants qui agissent dans le cadre des lois d'un état de droit, la société avance.
Ce n'est pas sans efforts et c'est tout le mérite de ce blogue.
Bon courage Pierre Lacerte qui n'hésitez pas à faire appel à vos connaissances en droit pour nous informer.
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