mercredi 27 mars 2013

LE CUL-DE-SAC

Jeudi dernier (21 mars), Pierre Chapuis, le directeur de l'arrondissement d'Outremont, a rencontré le directeur du Chaverim, le service d'assistance d'urgence de la communauté ultraorthodoxe. De quoi a-t-il été question? De l'endroit où devrait se tenir la cérémonie de la crémation du pain dans le cadre de la Pâque juive.

La lettre de Chapuis : sans équivoque
Le lendemain, M. Chapuis a écrit au directeur du Chaverim pour l'informer officiellement que la cérémonie devra avoir lieu sur un terrain au coin des rues Durocher et Beaubien.

Il faut croire que la décision de l'arrondissement n'a pas plu aux dirigeants hassidiques, car le 24 mars, la veille de l'évènement, le site Web ultraorthodoxe Bill 613 annonçait à ses ouailles que la cérémonie se déroulerait plutôt en bordure de la rue Champagneur, dans le cul-de-sac au nord de la rue Ducharme. Au Diable, les autorités municipales!

Pour sa part, la conseillère du district Joseph-Beaubien soutient que c'est la mairesse Cinq-Mars qui aurait cédé sous la pression des dirigeants intégristes.

Dans un cas comme dans l'autre, ça ne va vraiment pas.

Ce même 25 mars, à Boisbriand, la communauté hassidique semble, elle aussi, n'avoir de comptes à rendre à personne. Il n'y a qu'à voir les sacs de plastique qui brûlent et les gros sacs de poubelle que l'on s'apprête à balancer dans le brasier dans le cadre de la célébration du pain.

Boisbriand, le 25 mars 2013
Boisbriand, le 25 mars 2013 - La fumée noire? Habemus plasticam!


mardi 19 mars 2013

L'ACTE DE CONTRITION SÉNATORIAL



Bernard Trépanier, alias Monsieur 3 %, sera en vedette cette semaine à la Commission Charbonneau. Tout le monde se trémousse déjà sur son fauteuil de salon à l’idée de voir l’ancien directeur du financement du parti de l’ex-maire Gérald Tremblay ouvrir son coffre-fort.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’argentier d’Union Montréal avait des relations. Remarquez qu’il n’est pas le seul à avoir un carnet d’adresses qui ressemble à un bottin de téléphone VIP.

Prenez le sénateur Leo Housakos, par exemple. Même Tony Accurso misait sur son influence pour obtenir la nomination de Robert Abdallah à la tête du Port de Montréal. Accurso n’était qu'un de ceux qui lui faisait de beaux yeux.

Le 28 novembre 2012, l’enquêteur Érick Roy, de l'escouade Marteau, a raconté devant la Commission Charbonneau qu’en 2007 et 2008, Housakos (pas encore nommé sénateur par Stephen Harper) avait eu le loisir de rencontrer de grosses pointures au très sélect club 357c. L’enquêteur Roy parle de tête-à-tête avec Bernard Poulin, président du groupe d'ingénieurs SM, avec l'entrepreneur Paolo Catania, sans oublier, bien sûr, Monsieur 3 %.
 

C’est ce même Housakos qui, au printemps 2006, était intervenu auprès du chef de cabinet du ministère des Travaux publics pour intercéder en faveur d’un «allié important». Cet «ami politique qui allait aider les conservateurs dans la communauté juive» n’était nul autre que Michael Rosenberg.

Le puissant propriétaire du Groupe Rosdev était alors au centre d’une grosse bataille immobilière avec le ministère des Travaux publics dans laquelle il risquait de perdre deux gros complexes gouvernementaux. En jouant au lobbyiste, Leo Housakos voulait s’assurer que Rosenberg soit «bien traité par le gouvernement». (Visionner le reportage du téléjournal de Radio-Canada)

Si je ramène cet épisode sur le tapis, c’est que je suis tombé sur la lettre du sénateur Housakos dans La Presse du 11 mars dernier sous le titre «Une politique trompeuse». Leo y dénonçait le multiculturalisme non seulement comme étant une stratégie politique du Parti Libéral des années 1960 pour acheter le vote ethnique, mais il estimait que cette politique avait contribué à la formation de ghettos dans les grandes villes comme Montréal et Toronto. C'est Julius Grey qui a dû faire une syncope

J’ai été passablement surpris par ces propos, mais lorsqu’il a poussé la note jusqu’à déplorer que même le gouvernement Harper avait adopté cette stratégie «de profilage de la population canadienne basé sur la race, la couleur et la religion», j’ai failli m’étouffer à mon tour.


Le sénateur conservateur a-t-il réellement fait un acte de contrition ? Que ce soit au municipal, au provincial ou au fédéral, en connaissez-vous des politiciens qui ne racolent pas jusqu’au dernier groupuscule d’intégristes religieux pour des raisons électoralistes? Housakos a fait un vœu pieux, à moins qu'il ait simplement versé des larmes de crocodile.

samedi 9 mars 2013

LE MESSAGE DE THOMAS AUX MÉDIAS



On connait l'adage qui dit que la meilleure défense, c'est l'attaque. Plusieurs porte-parole hassidiques s'y adonnent allègrement.

Lors de la séance du conseil du 4 mars dernier, Mayer Feig, administrateur du Jewish Orthodox Community Council (JOCC) ne s'est pas privé pour fustiger les élus. Indigné du fait que le conseil d'Outremont ait refusé de suspendre son règlement sur la circulation des autobus dans les rues de l'arrondissement pour les célébrations de Pourim, M. Feig l'a accusé d'avoir anéanti 30 ans de bonne entente «We’ve had agreements with the city for thirty years which you have broken up.»

Venu prêter main-forte à son coreligionnaire, un responsable de la synagogue Amour pour Israël a renchéri en utilisant l'arme de la victimisation:
«Au cours des dix dernières années, pas moins de 20 nouvelles lois ont été promulguées contre notre communauté»*. On aurait dû s'en douter. Union Montréal a toujours été un méchant repère d'antisémites, n'est-ce pas?

Aussi grotesques que puissent être ces accusations, les dirigeants intégristes s'en font une spécialité. Ils savent qu'elles peuvent avoir un effet aussi neutralisant sur les goys que la kryptonite, sur Superman. 

Le 31 janvier dernier, Max Lieberman, un porte-parole hassidique reconnu pour ses positions particulièrement virulentes, faisait partie du groupe d'une vingtaine d'ultraorthodoxes qui rencontrait Thomas Mulcair.

Mulcair en opération charme avec Max Lieberman

Lors de cette audience privée auprès du chef du NPD, M. Lieberman a dénoncé avec ses acolytes la ligne éditoriale soi-disant tendancieuse et partiale de L'Express d'Outremont.

Lieberman et Cie ont même accusé l'hebdomadaire de ne rapporter que les faits qui sont défavorables à la communauté hassidique.

Pas satisfaits que le téléjournal de CTV, La Presse et le Journal de Montréal aient moussé la prestation d'un orchestre ultraorthodoxe à la cafétéria d'une résidence pour personnes âgées, les dirigeants intégristes se sont dits outrés que le journal de quartier n'ait pas fait état de cet évènement.

Le plus étonnant de toute cette affaire fut la réaction de Thomas Mulcair. Selon Zvi Hershcovich, un rabbin loubavitch qui tient depuis moins de deux mois un blogue destiné à la communauté ultraorthodoxe de Montréal, «[Mulcair] acquiesçait pour dire qu'en ne rapportant pas l'évènement, [L'Express d'Outremont] avait démontré qu'il entretenait un préjugé évident.»**
 
Alex Werzberger à la Une 
de L'Express d'Outremont
Ah! bon? C'est étrange, car depuis des années, les propos, commentaires et diatribes des lobbyistes hassidiques parsèment régulièrement les pages des journaux locaux. Mieux! Ils ne sont pas relégués dans les pages des petites annonces, mais fort bien en vue. Combien de fois n'avons-nous pas vu trôner les têtes des Alex Werzberger et Mayer Feig dans leurs pages?


L'Express d'Outremont: Mulcair remettant à Mayer Feig
 la médaille en l’honneur du jubilé de la reine Elizabeth











 











Max Lieberman, un des porte-parole 
les plus radicaux de la secte hassidique
satmar d'Outremont
Max Lieberman n'en est pas à ses premières accusations d'antisémitisme à l'encontre de journalistes, d'élus municipaux et de citoyens. 

Il n'y a pas si longtemps, Lieberman avait servi de telles accusations à l'animateur Jean-Luc Mongrain (cliquer ICI pour voir l'extrait vidéo) en le menaçant de poursuites.

Tout récemment, ce même pur et dur aurait lancé des propos du même acabit à la figure de certains élus qui songeaient à faire des aménagements dans la réglementation municipale. A-t-on besoin de ce genre d'intimidateurs dans une société démocratique? Je vous le demande. 
 
* «In the last ten years, twenty new laws were passed in which our community was the target.»


** «He agreed that the fact that they were there but didn’t report shows an obvious bias and agenda on their part.»