jeudi 26 janvier 2023

LE PAVÉ DE L'ENFER


Au XVIIIe siècle, à l’époque où les sectes hassidiques étaient tout juste inventées, l’expression biblique «L’enfer est pavé de bonnes intentions» était déjà consacrée. En clair, on rappelait que les paroles ne suffisent pas; seuls les gestes comptent!

Lorsqu’elle s’est fait élire comme conseillère de Projet Montréal/Outremont, Mindy Pollak s’était empressée d’affirmer qu’elle se ferait un devoir de représenter tous les citoyens
de son district. La belle affaire, toi ! Le temps nous a prouvé que ses bottines n’avaient pas du tout l’intention de suivre ses babines. On ne s’étonnera donc pas que certains dossiers dans lesquels elle est allée se foutre le nez soient carrément partis en couilles.

On ne parlera pas ici de la saga de la synagogue controversée au coin de Bernard et Champagneur dans laquelle la conseillère Pollak est fortement soupçonnée d’avoir coulé de l’information privilégiée au nabab Michael Rosenberg. Limitons-nous à soulever le scandaleux dossier de la «dérogation mineure» que Mindy Pollak a fait voter à la 
séance du conseil du 9 avril 2018.

Ce soir-là, par favoritisme, la conseillère de Projet Montréal allait permettre aux propriétaires hassidiques du 367 Querbes (ils étaient membres de la famille de Michael Rosenberg) d’agrandir leur résidence unifamiliale dont la superficie au sol 

dépassait déjà largement le maximum autorisé.

Les problèmes avec la propriété du 367 Querbes ont commencé peu de temps après l’octroi de cette dérogation pour un projet qui contrevenait à plusieurs articles du règlement de zonage 1177 et qui avait été
 rejeté à l’unanimité par les experts de la commission consultative d’urbanisme (CCU).

Le plus récent épisode problématique résultant de cette dérogation a été dénoncé par des citoyens en juillet 2020, puis en mai 2022. Les propriétaires avaient entrepris de couvrir de gravier une partie du gazon de façade. Le tout, évidemment, sans aucun permis. On les soupçonnait de vouloir y aménager un stationnement sur la marge de recul et jusqu’au trottoir. Or, le Règlement de zonage 1177 (art. 7.4 et 7.5) interdit formellement de construire un stationnement dans les marges de recul.


Les faits ont été rapportés aux autorités d’Outremont qui, alors sous la gouverne du maire Philip Tomlinson, se sont montrées rassurantes. Les propriétaires auraient raconté ne pas avoir l’intention d’aménager un stationnement à cet endroit.

Force est de constater que les propriétaires ont finalement aménagé un espace de stationnement en blocs de béton ajourés dans la cour avant de l’immeuble résidentiel. Aujourd’hui, c’est sans aucun complexe qu’ils y stationnent un VUS gros comme un char d’assaut.


Hormis certains aménagements bien spécifiques (dont l’usage stationnement ne fait pas partie), l’article 7.4 du règlement de zonage stipule que «Toute la surface des marges de recul doit être aménagée en gazon et en plantations et aucun autre usage n’y est permis.» L’article 7.5 n’autorise les espaces de stationnement extérieurs que dans les marges latérales.

La fiche sur les marges et les cours du Service de l’aménagement urbain et du patrimoine d’Outremont montrent clairement ce qui constitue les marges de recul. Dans le cas précis de la résidence unifamiliale du 367 Querbes, la deuxième illustration (voir ci-dessous) basée sur l’implantation en mode contigu de la fiche 1 montre clairement que les blocs de béton ont été installés à l’intérieur de la marge de recul, en façade.




Ne reste plus à Jean-François Meloche, responsable de la gestion du territoire, du patrimoine et du soutien administratif qu’à intimer les propriétaires de démolir l’espace de stationnement illégal et exiger le réaménagement en gazon et en plantations sur toute la marge de recul.

Nous avons finalement appris que 
l’agrandissement avait été accordé à des fins religieuses.

La dérogation a été demandée uniquement pour des motifs religieux. 

Or les considérations religieuses ne constituent pas un préjudice sérieux permettant d'accorder une telle dérogation.

Quoi qu'il en soit, en octroyant un tel privilège, les élus de Projet Montréal condamnaient de facto l’usage du garage. Même une toute petite voiture ne pouvait plus se faufiler dans l’embrasure. 

D'ailleurs, lors d’une assemblée du conseil, nous avons lancé un défi au maire Tomlinson et à son directeur de l’aménagement urbain. S’ils parvenaient à y faire entrer une Smart, nous étions prêts à lâcher le morceau. Mais ils n'avaient rien à cirer de notre proposition. On sait pourquoi! Ils auraient perdu la face et mécontenté leurs électeurs ultrareligieux.

Il était écrit dans le ciel que la dérogation «mineure» qu’a fait voter Mindy Pollak allait créer un vrai problème de stationnement.

L'article 9.1.1 du règlement 1177 est on ne peut plus clair : «Un permis de construction ne peut être émis à moins que n’aient été prévues des cases de stationnement hors-rue». Or l’étroitesse de l’allée menant au garage empêche les résidents des deux propriétés de s’y stationner puisque cela bloquerait le passage au propriétaire voisin. Ne serait-ce que pour cette raison, la dérogation dite mineure n’aurait jamais dû être accordée.

Si Mindy Pollak n'avait pas poussé le vote pour accorder la dérogation, le garage des propriétaires aurait pu continuer à servir de stationnement à une voiture comme c'est toujours le cas pour leur voisin (photo de gauche). L'entrée trop étroite ne permet plus aux propriétaires avantagés par Projet Montréal de s'y garer.


Pollak, Tomlinson, Patreau et Magini ont maintes fois fait la preuve qu’ils pouvaient se moucher avec la réglementation et octroyer les passe-droits qui arrangeaient certains de leurs précieux électeurs. Quitte à ce que cela entraîne éventuellement des problèmes de tout ordre. «Après nous, le déluge!», n'est-ce pas? En fait, Projet Montréal/Outremont a pavé la voie pour l'enfer. Attention! C'est toujours chaud!