dimanche 22 juin 2014

LA CLAUSE OUTREMONT

Depuis quand un arrondissement se permet-il de dicter les conditions du déroulement d'une manifestation sur le territoire d'un autre arrondissement? Nous n'avions encore jamais vu ça, mais il semble que le Plateau ait décidé d'innover en matière de juridiction. 

Le 13 juin dernier, une chef de division de l'arrondissement du Plateau Mont-Royal a accordé à la congrégation Toldos Yakov Yosef d'Outremont un permis lui permettant d'occuper l'espace public du Plateau... et d'Outremont!

Le 15 juin, grâce à ce permis, la procession hassidique a pu parader dans les rues du Mile End pour terminer sa course à la synagogue d'Outremont du 6019 Durocher, celle-là même qui avait été condamnée en décembre 2011 pour contrebande d'alcool.  

Le cortège, composé d'environ 600 personnes s'est mis en branle devant le 5583 Jeanne-Mance. Outre le pick-up Ford qui remorquait le système d'amplification et son chanteur, des fidèles tiraient un gros chapiteau à roulettes (environ 10 pieds par 10 pieds par 15 pieds de haut) protégeant la nouvelle torah destinée à la synagogue outremontaise.



Pour les besoins de la cause, les services policiers ont fermé les rues Jeanne-Mance, Saint-Viateur, l'avenue du Parc, les rues Hutchison et Bernard. 

Jusque-là, tout allait comme sur des roulettes. Mais à la hauteur de Lajoie, territoire outremontais, rien n'allait plus. Non seulement les autorités d'Outremont n'avaient pas été avisées de la fête qui se déroulait sur son territoire, mais le mandataire de la congrégation Toldos Yakov Yosef, a délibérément bafoué l'une des conditions du permis. Et qui était ce mandataire délinquant? Je vous le donne en mille! Nul autre que le lobbyiste ultraorthodoxe Mayer Feig, alias Matricule M-11


C'est un Mayer Feig heureux et sans l'ombre d'un remords qui fermait la marche dans son véhicule du service de sécurité Hatzoloh, en contravention du permis émis par le Plateau.

À défaut de l'obtention d'une autorisation des fonctionnaires d'Outremont, le permis du Plateau stipulait noir sur blanc (voir l'illustration ci-bas) que les célébrants n'étaient pas autorisés à occuper les rues de cet arrondissement. On demandait donc aux policiers de veiller à ce que les participants n'utilisent que les trottoirs de ces rues.

La «clause Outremont» édictée par les autorités du Plateau pour la manifestation du 15 juin 2014. .


La procession s'engouffre sur la rue Lajoie, contrevenant au permis délivré.
De toute évidence, même bien baraqué, le policier ci-contre s'est platement contenté d'un rôle de spectateur  de l'occupation illégale des rues d'Outremont.

Outre la rue Lajoie (jusqu'à Querbes), la rue Durocher a dû être fermée à toute circulation entre les rues Bernard et Van Horne. Au diable la réglementation! Au royaume d'Outremont, les religieux sont maîtres, n'est-ce pas?

Nous n'avons certainement pas de félicitations à faire aux fonctionnaires du Plateau. 



En feignant se préoccuper de la juridiction de leurs voisins d'Outremont, ils nous en ont passé une petite vite. Étant au courant que la procession comprenait un pick-up disco mobile et un chapiteau d'environ 1500 pieds cubes, ils savaient pertinemment que la procession ne pourrait se conformer à l'ordre de ne circuler que sur les trottoirs d'Outremont. Cette «clause Outremont» insérée dans le permis n'était rien d'autre qu'une farce grossière destinée à se disculper vis-à-vis l'arrondissement voisin tout en donnant l'absolution à Mayer Feig. Chapeau à Projet Montréal.

jeudi 12 juin 2014

LE GUIDE DES ÉGARÉS



Chat échaudé craint l’eau froide. Hier matin (mercredi), enfin conscient du flop retentissant de ses prédécesseurs, Yves Bolduc s’est bien gardé de plastronner. Pas question pour lui d’annoncer le recoupage des informations avec la régie d’assurance maladie pour débusquer les enfants qui ne fréquentent pas les écoles reconnues par le gouvernement. Le nouveau ministre de l’Éducation a plutôt opté pour la création d’un comité interministériel. En faisant interagir les ministères de l’Éducation, de la Justice et des Services sociaux, Bolduc espère identifier des solutions législatives qui lui permettraient d’agir plus efficacement.

À en croire Camil Bouchard, ancien professeur au Département de psychologie de l’UQAM et ex-critique en matière d’éducation du Parti Québécois, la nouvelle est encourageante… pourvu que le ministre ne perde pas de vue que c’est la protection et le développement des enfants qui doit demeurer sa priorité tout au long de son mandat. Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, il rappelle que ces enfants des écoles clandestines sont tout simplement «piégés dans une communauté et ne peuvent espérer jouer un rôle de citoyens responsables ».

«Piégés!» Le mot est juste. Il y a quelques mois, une ex-enseignante dans une école hassidique pour jeunes filles d’Outremont m’a raconté le caractère schizophrénique de l’enseignement auquel elle était confrontée.

Dans le cadre d’un cours de science qu’elle était chargée d'offrir, cette enseignante non juive a eu, un jour, l’idée de parler de l’activité volcanique. Elle leur a expliqué que l’on pouvait considérer un volcan éteint s’il n’avait plus eu d’éruption depuis 100 000 ans.

Assise au fond de la classe, sa superviseure s’est mise à fumer sur sa chaise. Sans s’en rendre compte, la professeure venait de commettre une incroyable hérésie biblique. Elle aurait dû savoir qu’avant la création du monde, il y a 5774 ans, les volcans n’existaient pas. Pas plus que les dinosaures, d’ailleurs, qui n’ont été mis sur terre qu’au sixième jour de la création. Dans de telles conditions, on comprend les paradoxes insolubles auxquels est confronté tout prof de sciences qui se respecte.

Test de science: Béhémoth est présenté dans le Livre de Job comme  la force animale que l'homme ne peut domestiquer. Dans la religion juive, il est le symbole du démon et du mal. La théorie du créationnisme est une doctrine que partagent les fondamentalistes chrétiens et juifs.
Mais, dans ces écoles ultrareligieuses comme dans leur quotidien, en plus d’être sacrifiés sur l’autel de l’obscurantisme intellectuel, les enfants demeurent asservis à des codes de modestie délirants et débilitants.

Un exemple? Cette même enseignante a été témoin d’un évènement qui l’a franchement écœurée. Une jeune fille qui s’était vue refuser le droit d’aller à la salle de bains durant un cours n’a pas pu s’empêcher de faire pipi sur sa chaise. Après l’accident, on lui a interdit d’enlever ses collants. Elle a été contrainte de mariner tout le reste de la journée dans ses vêtements souillés. Modestie oblige, elle ne pouvait dévoiler ses jambes devant ses petites camarades de classe.

Tandis qu’on estropie les garçons en les condamnant à l’étude presque exclusive des textes sacrés, les filles, elles, reçoivent un enseignement rudimentaire qui leur permettra de servir d’interface avec le «monde extérieur». Même Lise Ravary admet que la situation des femmes ultra orthodoxe n’est pas reluisante. Dans la majorité des cas, il leur est impossible de faire des études supérieures. Elles ne sont même pas assez bonnes pour témoigner devant un tribunal rabbinique! La blogueuse du Journal de Montréal ne peut tout de même pas s'empêcher de dorer un peu la pilule des écoles clandestines:  «Au lieu de lire L’Alchimiste de Paulo Coelho, ils étudient Le guide des égarés de Maïmonides [sic]». Waow!


L'auteure Myriam Beaudoin
Le 24 novembre 2013, dans le cadre de l'émission Second Regard, Myriam Beaudoin, l’auteure du roman Hadassa a décrit son expérience d’enseignante dans une école ultraorthodoxe pour jeunes filles.

Avec une certaine nostalgie, pour ne pas dire une nostalgie certaine, elle a raconté que dès 12 ans, les jeunes filles se préparent lentement pour le mariage (visionner le court extrait). «Elles acquièrent toutes ces facultés féminines de bonnes femmes de la maison, qu’il s’agisse de la pureté de la nourriture, de la pureté des scènes intimes, de la pureté familiale et de la maison. Elles sont responsables de toutes les lois, toutes les traditions, tous les rituels.» Méchant choix d’avenir!

De façon réaliste, ce matin, Yves Boisvert et Mathieu Bock-Côté ont convenu que ce n’est pas demain que les autorités gouvernementales pourront mettre une fois pour toutes la clé dans la porte des écoles illégales (écouter l'entrevue). Mais il ne faut pas désespérer pour autant.



Ces enfants de l'illégale Académie Yeshiva Toras Moshe, de la rue Casgrain (Plateau Mont-Royal), seront-ils la nouvelle génération sacrifiée?

En fermant le robinet des subventions gouvernementales, la pression se fera plus grande sur les écoles clandestines, mais il y a d’autres fuites qui, peu à peu, pourraient miner  les fondations des yeshivas intégristes.

Il semble que de plus en plus de jeunes hassidiques font défection. Grâce, entre autres, aux nouvelles technologies d’information et de communications, ils n'auront jamais eu autant d'opportunité de se rapprocher et de s'entraider.

Aux États-Unis, par exemple, des ultraorthodoxes défroqués créent des blogues et des pages Facebook en formant ce que l’on a baptisé une communauté Off the derech (terme hébreu signifiant Hors du chemin) et où les participants se soutiennent et dénoncent, parmi tant de choses, les lacunes du système d’éducation religieux auquel ils ont été soumis. 
 
L'une des quatre ex-hassidim du reportage de NBC qui a fait le grand saut bien qu'on lui prédisait que les non-juifs allaient la... tuer! Bannie de sa famille, elle n'en termine pas moins ses études en théâtre. 
Il est extrêmement intéressant de visionner le reportage de NBC où on nous présente quatre anciens hassidim qui ont eu le courage de briser le moule de leur éducation ultrareligieuse pour n'écouter que leur soif de connaissance et de réalisations personnelles. Voici un reportage qui laisse entrevoir une lueur d'espoir.

mercredi 4 juin 2014

LA CHAIR À TALMUD


Au Québec, en matière d’éducation, tout n’est pas rose.  Parmi les nombreux problèmes auxquels nous sommes confrontés, pensons que 20 % des filles et 30 % des garçons n’obtiennent jamais leur diplôme collégial. Pas plus tard que mardi, nous apprenions que les enseignants de la 4e année du primaire sont forcés par le ministère de l’Éducation de réviser leurs copies afin de permettre à plus d’élèves de réussir l’épreuve ministérielle en lecture. Il n'y a pas vraiment pas de quoi nous péter les bretelles.

Mais quand on constate ce qui se passe dans plusieurs écoles hassidiques, on aurait presque envie de pousser un soupir de soulagement. Ce n'est pas peu dire.

Comment ne pas se morfondre pour ces milliers d’enfants à qui leurs éducateurs volent leur vie, leur avenir? Le 44e rapport annuel que vient de déposer la Commission consultative de l’enseignement privé révèle que la très grande majorité des institutions qui contreviennent aux normes du ministère sont (encore!) des écoles rabbiniques.

Entendre Alex Werzberger, ce navrant porte-parole des communautés hassidiques d’Outremont, tenir la dragée haute au gouvernement a de quoi révolter. Cela fait des décennies que l'intégriste religieux nous rebat les oreilles avec ses fanfaronnades, sa mauvaise foi patente et ses menaces. 


Alex Werzberger devant la synagogue qu'il fréquente au coin des rues Saint-Viateur et Hutchison

Aujourd’hui, comme hier, l'ultraorthodoxe satmar ne lâche pas son os. Il ne négociera qu'à ses propres conditions, car il sait très bien que l’éducation constitue la pire menace à l'autorité sectaire.  

Jamais il ne laissera quiconque détourner les enfants de sa communauté du droit chemin talmudique. Pas question qu’il leur permette de s’affranchir du joug dans lequel lui et ses acolytes les maintiennent de gré ou de force. Que le ministre se le tienne pour dit!

Werzberger qui m’a poursuivi avec la connivence du puissant Michael Rosenberg pendant près de sept ans pour me bâillonner et tenter d’étouffer ma liberté d’expression reste fidèle à lui-même. Habitué à imposer la soumission totale à ses ouailles dociles, il ne s'attendait pas à ce que je lui tienne tête. L'autre nabab non plus, d'ailleurs.

Malheureusement pour ces  «dignitaires» fondamentalistes, mes avocates viennent de m’apprendre qu'ils ont jeté la serviette. Il ne porteront pas leur poursuite abusive devant la Cour suprême du Canada. Me voici donc totalement blanchi. 

Déboutés sur toute la ligne en Cour supérieure, puis en Cour d’appel du Québec, les richissimes ploutocrates ont perdu leur coup fourré contre un goy (non-juif). C'est ce qu'on pourrait appeler se faire donner une «slapp» en pleine face. Celle-là, c'est moi qui vous le dis, ils ne l'auront pas volée! 
 
13 janvier 2013: Alex Werzberger, Martin et Michael Rosenberg en conciliabule avec leur avocat Julius Grey,  lors de mon deuxième procès.
 Si vous êtes sensibles à la lutte que je mène, si vous souhaitez m’épauler et m’aider à éponger une partie des 200,000$ de pertes que m'ont occasionnées  ces poursuites abusives de la part de mes détracteurs, je vous invite à cliquer ICI en vous remerciant d'avance.