samedi 18 octobre 2014

L'ACCOMMODEMENT DE PLYWOOD



Elle n’est pas toujours facile à suivre la représentante de Projet Montréal dans Outremont

En août dernier, alors que plusieurs citoyens s’étaient plaints
La Une de L'Express d'Outremont
de la vitesse et de la cinquantaine d’autobus scolaires qui parcourent chaque jour les rues résidentielles du quartier, la conseillère Mindy Pollak, avait carrément refusé de se prononcer sur le sujet. Selon ses dires, comme la majorité des autobus scolaires en cause desservent les écoles et garderies hassidiques, elle ne se sentait pas à l’aise d’aborder la question.

Pourtant, quelques semaines plus tard, Pollak n’a pas fait preuve de la même retenue à propos des cabanes de la fête juive de Souccot. Au contraire, lors de la réunion du conseil du 2 septembre 2014, elle s’est montrée très revendicatrice en déposant un avis de motion destiné à faire modifier le chapitre 6.1 du règlement 1177 en vigueur. Si bien qu’une assemblée de consultation publique (ouverte à tous les citoyens) sera tenue sur ce sujet le 29 octobre 2014 au Centre communautaire intergénérationnel d’Outremont (voir les détails).

Mindy Pollak en cabale pour les cabanes
Même si la fête de Souccot ne dure que neuf jours (en fait, la fête obligatoire est de 7 jours), la conseillère hassidique trouve que les 15 jours pendant lesquels l’arrondissement autorise l’érection de cabanes provisoires pour la fête juive ne suffisent pas. Pollak voudrait que l’arrondissement étende à 24 jours le droit de laisser ces structures sur les balcons ou les terrains des résidents.

Pour justifier la modification du règlement actuel, la porte-parole des dirigeants hassidiques prétend que la construction d’une souccah requiert entre un et trois jours. Il suffit pourtant de voir la façon rudimentaire dont sont conçues les souccot (pluriel de souccah) pour comprendre que même un néophyte pourrait en monter une en quelques heures tout au plus.

 
Qu'elles soient en façade de résidence ou en arrière-cour, les cabanes ne paient vraiment pas de mine dans le quartier

Pollak elle-même décrit les souccot comme des «constructions assez simples». Il s’agit généralement d’étroits panneaux de contreplaqués fixés à des deux par quatre en épinette. Chaque section est préfabriquée et numérotée. Il suffit de juxtaposer les panneaux, d’y ajouter quelques branchages, trois ou quatre bouts de bois pour soutenir la toile de camping qui fait office de toit et le tour est joué. Dans un grand nombre de cas, la même structure est réutilisée, année après année... après année. On croirait presque que les dévots se sont convertis à la loi sur le développement durable.

Comme on n’arrête pas le progrès, Mindy nous rappelle que de plus en plus de gens troquent les cabanes de contreplaqué par des souccot «de style-lego faits en plastique». Plus légères, plus faciles à assembler, imputrescibles, donc réutilisables ad vitam aeternam, elles ne requièrent plus aucune habileté et se font (et défont) en un tournemain. Même par des adolescents. À ce compte, la décoration d’un sapin de Noël de salon demande plus de temps!


Souccat géante de «style lego», montée derrière l'avenue du Parc, sur le Plateau.

Qu’importe les matériaux utilisés, il n’en demeure pas moins que la question de la sécurité de ces structures temporaires soulève l’inquiétude de plusieurs citoyens.

Ces dernières années, des incendies causés par des feux de chandelles ont détruit six appartements de la communauté sur les rues Hutchison et Durocher. Aussi, des gens craignent que les souccot puissent représenter un risque supplémentaire. C’est sans parler qu’il y a quelques jours à peine, une souccah s’est écroulée à Boisbriand, entraînant dans sa chute plusieurs femmes qui s’y trouvaient. Le site hassidique qui rapporte la nouvelle titre «Miracle as Sukkah collapses but no serious injuries».

 
Un chandelier à l'huile laissé sans surveillance serait à l'origine de l'incendie qui a détruit le triplex du 5449 Hutchison, en janvier 2014


On ne se cachera pas que Pollak est surtout préoccupée par des considérations de commodité et d’accommodements religieux. Soutenant que certaines familles passent une partie de la fête de Souccot à l’extérieur de la ville, elle estime que cela peut leur laisser peu de temps, à leur retour, pour démanteler leur cabane dans les délais concédés par le règlement actuel.
 
Que répondre à cela sinon que les autorités municipales ne peuvent être tenues de prendre en compte les situations particulières ou les séjours de vacances de tout un chacun pour administrer l’arrondissement? Cela rendrait l’arrondissement absolument ingérable. 


Des situations similaires se vivent tous les jours dans nos quartiers. Si vous prenez l’avion, que vous n’avez pas de garage et que vous savez que vous ne reviendrez pas à temps pour changer votre voiture de côté de rue, vous avez le choix : ne rien faire et risquer la contravention ou demander à un bon voisin ou à un parent de la déplacer pour vous en temps opportun. Cette prévoyance tient de la responsabilité civique élémentaire.

La recrue de Projet Montréal pousse son argumentaire jusqu’à tenter une comparaison entre ces cabanes et les décorations de Noël. Elle trouve injuste que les constructions de contreplaqué sur les balcons doivent être enlevées après une période maximum de quinze (15) jours alors que les ornementations de Noël peuvent demeurer en place sans restriction.

 
Outremont: débris de souccah que ses propriétaires ne se sont jamais soucier de remiser.


Paradoxalement, alors que Mindy Pollak souhaiterait davantage d’indulgence de la part des citoyens d’autres confessions, elle nous pose une question étonnante : « Est-ce que votre géant bonhomme de neige gonflable doit réellement passer son hiver dehors? ». On croit rêver. Pour nous rassurer (ou nous faire chanter?), elle ajoute : «mais ne vous inquiétez pas, personne ne va l’interdire. Pour le moment.» Si ça lui cause problème, elle n’a qu’à déposer un autre avis de motion pour en réglementer l’usage. Elle sait déjà comment faire!

Mais, entre nous, comment peut-on comparer un patchwork de matériaux de construction parfois vermoulus et généralement inesthétiques à des décorations lumineuses et réjouissantes? On ne me fera pas croire que des passants puissent apprécier de la même façon des structures mal dégrossies et des décorations hivernales.


Dans cette optique, la réglementation sur les souccot telle qu’elle est formulée dans le règlement actuel est-elle une injustice? Je laisse les images répondre d’elles-mêmes. 

Jetez un coup d’œil aux photos ci-bas et tirez-en vos propres conclusions.

Un arbre de Noël sur le Chemin de la Côte-Sainte-Catherine et des décorations du centre-ville.



Une souccah de fortune photographiée aujourd'hui même sur la rue Hutchison alors que l'article 2d du Règlement 1063 considère comme une nuisance «le fait d'étendre des matelas, des couvre-lits, des couvertures ou autres objets de literie ou de linge le long des fenêtres ou des balcons donnant sur une rue»  
Une souccah faite d’un patchwork de contreplaqué et d’aggloméré. Elle  empiétait même sur le domaine public.

Je vous invite à venir assister et participer à l’assemblée de consultation publique, le mercredi 29 octobre 2014, à 19 heures, au Centre communautaire intergénérationnel d’Outremont, 999, avenue McEachrean.

 _________________________________________________ 

Courtoisie de la maison à l'intention de M. Christian Aubry qui m'apostrophe (voir le 2e commentaire au bas de cette chronique et ma réplique). 

Pour son plus grand plaisir, je lui présente (sans frais supplémentaires) un autre exemple de ce qu'il qualifie de «jolis assemblages» d’une «[fascinante] ingéniosité à garder inscrite dans le présent de notre monde à la dérive cette tradition millénaire». 

Il s'agit de la souccah qui se trouve à un coin de rue de chez lui (angle Bernard et Hutchison). Admirez la belle cabane de cette synagogue-dortoir-école qui, il y a bien sept ans, s'était installée illégalement et sans permis sur l'emplacement de l'ancien restaurant La Grand-Mère Poule.  De toute beauté!

Laquelle de ces deux magnifiques structures (la blanche ou la noire) est la  souccah qui a pignon sur rue au coin de l'avenue Bernard et Hutchison? Photo prise le 18 octobre 2014.

dimanche 12 octobre 2014

LA LOI DE LA PÉPINE



Cela faisait des années que l’empire Rosdev laissait à l’abandon des immeubles qu’il possédait juste au nord de l’avenue Van Horne, entre Hutchison et avenue du Parc.

Dès 2008, les inspecteurs d’Outremont avaient constaté que le propriétaire du duplex des 6220-6222 Hutchison avait «détérioré ou laissé détériorer le bâtiment par manque d'entretien, usage abusif ou manoeuvre de dégradation». Le Service de l'aménagement avait alors sommé son richissime propriétaire de remédier à cette situation dans les 30 jours, à défaut de quoi, il «pourrait déposer le dossier d'infraction à la Cour municipale». En bon citoyen corporatif, Rosdev a réagi... six ans après avoir été sommé de bouger.
À l’été 2014, Michael Rosenberg a fait entrer les bulldozers. Bye! Bye! duplex.

Les deux immeubles que Michael Rosenberg a laissé se détériorer.


Juste de l’autre côté de la rue, dans le fief du Plateau, c’est l’imposant édifice industriel du 6240, avenue du Parc qui posait problème. 

Là aussi, ça faisait un bail que Rosenberg négligeait son bien patrimonial. Et il semble qu’il n’ait pas fait grand cas des six avis de non-conformité et des 30 interventions que les inspecteurs du Plateau ont cumulés en moins de deux ans. La seule activité que les citoyens ont pu noter sur les lieux a été l’exploitation d’un terminus d’autobus clandestin.

Michael Rosenberg s’est même permis de jouer avec le conseiller Alex Norris comme un chat s’amuse avec une pelote de laine. 


Le 17 novembre 2011, M. Norris m’a affirmé par écrit s’être plaint directement au président de Rosdev de l’état de délabrement de l’immeuble du 6240 du Parc. Ce dernier lui aurait répondu avoir des difficultés à obtenir un permis pour remplacer les fenêtres de son bâtiment.

Évidemment, la défilade de Rosenberg était grossière. À preuve, le 11 février 2011, soit neuf mois plus tôt, Richard Ryan, conseiller de Projet Montréal pour le Mile-End, nous informait qu’après l’assemblée publique tenue le 27 octobre 2010 spécifiquement sur cette question (voir le document officiel), l’autorisation pour l’installation de fenêtres à l’immeuble de Michael Rosenberg avait déjà été accordée par le conseil d’arrondissement... avec la bénédiction du comité consultatif sur l’urbanisme (CCU).


Aujourd’hui, quatre ans plus tard, ne cherchez pas les belles fenêtres à Rosenberg. Elles brillent par leur absence. Pire. Le 1er octobre dernier, au lieu des vitriers, ce sont les pépines de démolition qui sont débarquées sur les lieux. Que l'immeuble soit patrimoine industriel ou non, Michael Rosenberg a décidé de le raser.

 
1er octobre 2014: le coup d'envoi de la démolition

Le 15 juillet 2014, le directeur de la direction du développement du territoire de l'arrondissement du Plateau, a effectivement octroyé un certificat d'autorisation pour la démolition de l’immense bâtiment.


Il y a quand même un ennui.
 

Un mois avant que ne soit octroyé ce certificat de démolition, les membres du comité consultatif d'urbanisme (CCU) se sont réunis pour discuter de cette demande de démolition. Insatisfaits des rapports d'expertises qui leur ont été remis, ils ont demandé une étude supplémentaire qui leur permettrait de déterminer la valeur [patrimoniale] de l'immeuble. 

Le paragraphe du document dans lequel le CCU requiert un délai pour une étude additionnelle. Pour le document complet, cliquer ICI


La valeur patrimoniale? Non, mais vous voulez rire! Pensez-vous vraiment que les demandeurs ont du temps à perdre avec un «caprice» du CCU? L'immeuble pouvait bien être laissé à l'abandon pendant des années. Les autorités municipales pouvaient bien sécher. Mais quand le propriétaire veut démolir, là, faut pas que ça niaise. Quitte à bafouer la requête du CCU. 

Comment? Vous pensez que quelqu'un a fait pression sur les fonctionnaires? Non, mais... vous vous rendez compte de ce que vous dites?

Du béton et de l'acier. Et on doit croire sur parole que cet immeuble était en si mauvais état qu'il fallait le le démolir à la vitesse grand V?

mercredi 1 octobre 2014

LES «BASSES» COURS D'ÉCOLE



Où Diable sont passés tous les défenseurs des animaux du Plateau Mont-Royal? Ceux qui étaient prêts à se faire poivrer pour forcer le boycottage des shampooings testés sur les yeux des lapins? Ceux qui conspuaient les chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine? On n’entend même pas celles qui, en novembre 2010, avaient dénoncé devant les élus du Plateau les mauvais traitements que la fourrière municipale Le Berger Blanc infligeait aux animaux de compagnie esseulés.
 


Soyons honnêtes. Cet été, il y a bien eu Christine Gosselin, la conseillère du district de Jeanne-Mance, pour lancer deux cris du cœur sur Facebook. «Il faut sauver la rainette faux-grillon!» et «Il faut sauver Private Minette!»

C’est bien peu quand on sait que ces jours-ci, c’est par centaines que de pauvres poules entassées comme des sardines sont empoignées par les ailes dans le fond de certaines cours d’école du Plateau (et d’ailleurs), avant de se faire «swinger» comme des hélicoptères, d’être égorgées vives et agoniser dans la douleur.

Vous n’avez jamais vu le traitement réservé à ces volatiles lors des préparatifs du Yom Kippur? Je vous invite à visionner la vidéo tournée par PETA (
People for the Ethical Treatment of Animals). Vous apprendrez comment sont traités les 50 000 poulets qui servent à la cérémonie des Kapparot, à New York. Un carnage particulièrement dégoûtant et révoltant.


La cérémonie des Kapparot: les poulets expient les péchés commis par les hommes.

De quoi s’agit-il donc? Au cours des dix Jours de Pénitence qui précèdent le Yom Kippour, la fête du Grand Pardon (le 4 octobre, cette année), les croyants de confession juive doivent demander à Dieu le pardon pour les fautes commises. Pour s’éviter de subir les foudres du Créateur, les fidèles ont recours au rite des Kapparot . En faisant tournoyer une poule blanche autour de leur tête, les pécheurs souhaitent que les conséquences de leurs fautes soient transférées sur le poulet devenu un véritable bouc émissaire.

Dans le Mile-End, nous avons eu connaissance que des Kapparot ont été organisées dans une école et une garderie hassidiques, les 29 et 30 septembre.

La cour de l'école illégale de la rue Casgrain sert tantôt aux enfants, tantôt aux poules

Le lundi 29 septembre, dans la cour de l’Académie Yeshiva Toras Moshe, située au 5669 Casgrain, un témoin a vu des hommes débarquer des caisses contenant de 100 à 200 poules destinées au rite des Kapparot. Il n’a pas pu photographier l’arrivage, mais le lendemain matin, deux hommes s’affairaient à désinfecter la cour d’école à grand renfort de bouteilles d’eau de javel et de jet d’eau sous pression (photo ci-haut). 

Il fallait voir les fientes verdâtres et les restants de plumes être avalés par l’égout de la rue Casgrain, le 30 septembre 2014.

Comme si ça ne suffisait pas que cette école illégale se foute des normes du ministère de l’Éducation, la voici qui bafoue le règlement municipal 3344 qui interdit «la tuerie et l’abattage de volaille, l’élevage, l’engraissement, la garde ou la vente de ces animaux vivants en dehors des territoires spécifiquement assignés». Les rabbins délinquants de cette école auraient-ils décidé d’offrir une formation en boucherie de détail à ses pieux élèves? En passant, en dépit des menaces des gouvernements qui se succèdent, cette yeshiva continue son petit bonhomme de chemin dans la plus parfaite illégalité.

Rue Jeanne-Mance, les cages à poules.
Le mardi 30 septembre, ce fut au tour de la garderie du 5565 Jeanne-Mance de servir de basse-cour. Des dizaines de cages de plastique rouge (et basses!) renfermaient des poules entassées les unes sur les autres au soleil et vraisemblablement laissées sans soins. Sur place, les poulets vivants étaient disponibles à l’achat.

 

Qui osera prétendre que cette cour asphaltée tapissée de fientes de poulets puisse respecter les normes et directives des autorités sanitaires?
Lendemain de veille à la garderie
du 5565 Jeanne-Mance: fientes, plumes, 
boîtes éventrées et autres détritus, sans oublier
les gants de latex bleus... 
par respect pour les règles sanitaires, sans doute.

Certains demanderont peut-être s’il y a vraiment de quoi en faire tout un plat… à la salmonelle. Après tout, les lieux servent de prématernelle à des enfants qui, c’est bien connu, ne traînent jamais par terre et ne sont pas portés à se mettre les mains dans la bouche.

Kapparot dans une pouponnière

Et si nous vous disions que ce rituel peut se faire jusque dans les pouponnières d'hôpitaux? Vous ne le croiriez pas? Ben alors, visionnez la courte vidéo.

Quant aux poulets, ils ne se souviennent déjà plus avoir été brassés et égorgés vifs! J'entends d'ici les élu-e-s du Plateau nous dire: «C'est quoi le drame? C'est kosher!».