vendredi 11 décembre 2015

LE RETOUR DE BOOMERANG



Ne voulant jamais rater une occasion de faire mouche et sachant que la ruse s’accommode bien d’un brin de matière grise, les leaders hassidiques d’Outremont et du Plateau ont eu une idée de génie lors de la dernière séance du conseil d’arrondissement. Pour intercéder en leur faveur dans le dossier le l’établissement de nouveaux lieux de culte sur les artères commerciales des avenues Bernard et Laurier, Mayer Feig et cie ont fait descendre dans l’arène municipale un éminent docteur en études juives canadiennes qu’ils sont allés repêcher à l’université Concordia.
Voici l'immeuble qui accueillera deux nouveaux locaux religieux au cœur même de l'activité commerciale très prisée de l'avenue Bernard

Une belle prise, à n’en pas douter. Le docteur Steven Lapidus est un érudit du fait hassidique en Amérique du Nord. En plus de préparer un projet de livre sur le hassidisme au Québec, Lapidus a publié différentes choses dans son domaine de recherche, dont (ça ne pouvait mieux tomber!) «Love Thy Neighbour: Hasidic Social Relations in Quebec». Pour ne rien gâter, contrairement à la plupart de ses coreligionnaires outremontais qui se sont établis chez nous il y a 15, 30, voire plus de 50 ans quand ils n’y ont pas carrément vu le jour, Steven peut même s’exprimer dans la langue des autochtones.

Appelé au micro, lors de la période de questions, le docte judéophile a tenu à lire l’extrait d’une citation de M. Raymond Cloutier, le président de l’Association de l’avenue Bernard. Ce dernier qui est aussi directeur général et artistique du théâtre Outremont s’était exprimé dans Le Devoir de la veille sur ce projet de règlement. «On sent qu’il y a des craintes, mais moi, ma position, c’est que ces gens-là sont des citoyens comme les autres. Ils ont leurs désirs et besoins. Il faut composer avec. Ce n’est pas en étant dogmatique qu’on va régler tout ça.»
L'intervention de Steven Lapidus lors de la période de questions.

Brandissant cette citation, Steven Lapidus en a tiré une conclusion lapidaire. «Si vous n’avez pas l’appui du président de l’association de l’avenue Bernard, pourquoi insistez-vous [pour dire] que la présence des lieux de culte sur Bernard sont “méfaisantes” pour le commerce?» Visionner sa courte intervention en cliquant ICI.
 
Or, de toute évidence, Lapidus s'est mis le pied dans la bouche jusqu'au mollet et Raymond Cloutier n’a pas aimé qu’on interprète ses propos de façon partisane. Ulcéré, le président de l’association de l’avenue Bernard a publié dans le Journal d’Outremont une mise au point dont voici l’intégrale :
 

J'apprends avec stupéfaction qu'un intervenant, à la réunion du conseil d’arrondissement du 7 décembre 2015, aurait déclaré, en mon absence, que je suis en faveur de l'établissement de lieux de culte sur l'Avenue Bernard. Et qu'en conséquence, cela représente l'opinion des marchands et professionnels dont je suis porte-parole.

C'est non seulement inexact, mais c'est l'utilisation à des fins partisanes d'une opinion nuancée, exprimée dans le Devoir du samedi 5 décembre. Si ce débat continue d'être entretenu par les opposants, avec mauvaise foi, l'association sera dans l'obligation de prendre une position claire sur ce règlement.

 
J'exprimais notre malaise à se ranger dans un camp ou dans l'autre pour préserver la neutralité obligée des commerces. Il aurait été contre-productif de s'aliéner quelque clientèle que ce soit.

 
Mais maintenant qu'on veut m'attribuer, sans mon aval, une opposition au règlement, je suis dans l'obligation d'exprimer notre gêne à tous sur la multiplication des lieux de culte sur notre avenue. La venue d'une Mikve (bain rituel et synagogue) en plein quartier des terrasses qui font le charme et la popularité de ce coin de l'intersection Bernard et Champagneur est carrément inappropriée.

 
La prétention de certains promoteurs que les lieux de cultes revitalisent les artères commerciales ne devrait jamais être acceptée dans ce débat.

 
Nous avons clairement indiqué à M.Rosenberg, propriétaire des lieux, qui a convoqué l'association à une rencontre pour défendre son projet, que l'absence de préoccupations esthétiques de la communauté hassidique inquiétait les commerçants qui font tant d'efforts pour rendre cette artère attrayante.

 
J'ai tenté dans cette interview du Devoir, au nom du « vivre ensemble », de calmer le jeu. Mais je vois bien qu'on veut m'instrumentaliser et je ne le tolérerai pas.

 
Merci.

 
Raymond Cloutier,
Président des marchands et professionnels de l'avenue Bernard
Raymond Cloutier, président de l’association de l’avenue Bernard et directeur général et artistique du théâtre Outremont.

Jeudi, le 10 décembre, M. Cloutier a été invité à préciser sa pensée dans le cadre de l’émission Le 15 – 18. Cliquer ICI pour entendre sa courte intervention ou ICI pour écouter le segment de l'émission consacré à cette question. 

Rappelons qu'au cours des deux dernières années, M. Cloutier et d'autres organismes ont mis sur pied des initiatives pour tenter de faire une brèche dans le monde hermétique des hassidim. Des efforts soutenus qui, selon toute vraisemblance n'ont toujours pas donné les résultats escomptés.

Mais plutôt que d’interpréter à mon tour les paroles de Raymond Cloutier, je laisse à chacun le soin d’en tirer ses propres conclusions.

dimanche 6 décembre 2015

DOMINANTS DOMINÉS, DOMINI DOMINO


Lors de la soirée de consultation publique tenue le 1er décembre dernier sur le projet de règlement visant à limiter la multiplication de lieux de culte sur les artères commerciales de l'arrondissement Outremont, on aura tout entendu.

Si bon nombre des arguments qu’ont déversés les membres de la communauté ultraorthodoxe n’étaient pas si dramatiques, on pourrait les qualifier de burlesques. 

Outre les sempiternelles accusations d’antisémitisme, de xénophobie, de haine atavique et les menaces de poursuites devenues routinières chaque fois que les leaders des sectes hassidiques se sentent le moindrement contrariés, certains intervenants ont réussi le tour de force d’aller encore plus loin.

Pour dénoncer l’emplacement projeté de la douzième zone (vous avez bien lu. Il y aura 12 zones!) où les lieux de culte peuvent s’implanter sur le territoire outremontais, Sharon Freedman, une résidente hystérique de Côte-Saint-Luc n’a pas hésité à prétendre que le choix de cette nouvelle zone près de l’ancienne gare de triage ne pouvait qu’évoquer le souvenir de la déportation des juifs et de l’holocauste.

Je ne sais pas s’il y avait, dans la salle, plusieurs personnes suffisamment âgées pour avoir connu la déportation. Pour ma part, ce soir-là, je n’en connaissais qu’un seul. Farouchement opposé au changement de zonage proposé, ce hassidim a prétendu que ce nouveau site pour accueillir des lieux de culte ressemblait aux endroits malfamés où l’on trouve généralement des maisons closes (houses of ill repute). Il n’a que 35 ans et pourtant, il garde un très très mauvais souvenir de sa déportation.

En 2001, activement recherché par FBI pour sa participation à une vaste fraude de 5,5 millions de dollars US,  il est allé trouver refuge au sein d’une communauté hassidique d’Outremont. Malheureusement pour le racketteur ultrareligieux, il a été extradé manu militari aux pays de l’Oncle Sam où il a été jugé, puis condamné à 30 mois de prison, le 16 mars 2005. Revenu à Outremont après avoir purgé sa peine, il est devenu, pour un temps, du moins, administrateur d'une synagogue très connue de l'arrondissement.

Mais laissons de côté ces tristes vicissitudes de l’existence et entrons dans le vif du sujet.

J’ai été surpris de lire le communiqué de presse de Projet Montréal sur la question. Luc Ferrandez, le chef de Projet Montréal et de l’opposition officielle, y est allé d’une grosse vérité de La Palice. Il affirme que «les communautés religieuses ont le droit de s’installer dans tous les arrondissements et ce droit ne devrait en aucun cas être brimé.» Allo, Luc. Ça va? Je te recommande la lecture de la cause Roncarelli c. Duplessis. Depuis 1959, même les Témoins de Jéhovah sont protégés contre les élus municipaux mal intentionnés. Je le mets au défi de nous donner le nom d’un seul arrondissement de Montréal où une communauté religieuse est interdite de séjour ou brimée.



Uniquement sur le tronçon de 500 mètres de l’avenue Bernard où se trouve la quasi-totalité des commerces (entre l’avenue Outremont et la rue Hutchison), on dénombre une église baptiste et quatre synagogues et centres communautaires hassidiques. Il y a quelques années à peine, sur moins d’un kilomètre carré chevauchant Outremont et le Mile-End, 19 lieux d’activités religieuses hassidiques avaient été recensés. Dans le lot, certains étaient carrément illégaux et plusieurs autres contrevenaient d’une façon ou d’une autre à la réglementation municipale.

Comme si ça ne suffisait pas, le communiqué de Projet Montréal se vautre dans la rhétorique de pacotille. On y lit que le règlement qu’étudient les élues d’Outremont confinerait les nouveaux lieux de culte à «un petit secteur isolé de l’arrondissement».

L’endroit proposé pour permettre l’établissement de futurs lieux de culte est-il aussi impropre au recueillement que le disent Projet Montréal, les ténors hassidiques isolationnistes et leurs alliés circonstanciels qui prêchent l’inclusion tous azimuts?


D’abord, mettons les choses au clair. Personne ne peut prétendre aujourd’hui que l’on cherche à parquer les futurs lieux de culte en bordure d’une gare de triage. Arrivez en ville, les boys! Au moment où on se parle, toute cette zone qui servait de gare est en train (sans jeu de mots) de se transformer en un endroit rassembleur qui, au dire même de l’Université de Montréal, «dynamisera les communautés et les quartiers voisins».

Non seulement l’endroit a été décontaminé, mais d’ici quelques années, des milliers d’étudiants et d’enseignants y seront installés à un jet de pierre de l’avenue Van Horne. On y créera 40 000 mètres carrés de nouveaux parcs, dont un qui se rendra jusque derrière la rue Durocher. Un nouveau quartier résidentiel y sera également aménagé. 

Voici la faune qui remplacera les traverses de chemin de fer à Outremont

En plus de devenir un pôle de développement économique, urbain, culturel et social, le nouveau campus des sciences sera même durable! Qui dit mieux?

Remarquez que ce n'est peut-être pas idéal pour un groupe sectaire qui ne souhaite pas que ses enfants côtoient une jeunesse qui s'abreuve de mathématiques, chimie, physique, sciences biologiques et géographie. D'un coup que l'éducation était contagieuse. Ce serait bien la fin du monde, n'est-ce pas?
 
L'emplacement de la zone de culte proposée (en vert lime,à droite) par rapport au nouveau campus d'Outremont et à l'école hassidique (en rouge) située sur Durocher, dans la zone industrielle.


Il s’en trouvera toujours pour se plaindre qu’il y a encore des bâtiments industriels en activité. Soit, mais pour combien de temps encore? Et puis d’ailleurs, c’est quoi ce nouveau caprice? Les ténors hassidiques ne peuvent tout de même pas accuser les autorités municipales d’avoir forcé leurs ouailles à squatter des zones insalubres. Les ultrareligieux ont même ouvert une école talmudique pour garçons de l'autre côté de la voie ferrée, en pleine zone industrielle. 


L'école talmudique pour garçons (à droite!), installée depuis de nombreuses années au coin de Durocher et Beaubien. Elle longe à la fois la voie ferrée et se trouve au en plein environnement purement industriel. 

Au cours des dernières décennies, elles s’y sont elles-mêmes installées, très souvent en catimini et en toute illégalité. Ce n’est pas moi qui le dis. On retrouve cela en toutes lettres dans un avis émis en juin 2009 par le Conseil interculturel de Montréal. «La pression foncière fait en sorte que la majorité des groupes religieux optent pour des locaux commerciaux souvent délabrés, et se contentent de placarder les vitrines avec des cartons.», affirmait alors Frédéric Dejean, chercheur à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal. Remarquez que nous n’avions pas besoin d’une savante étude pour en faire le triste constat. Il suffit de se rendre au coin de Van Horne et avenue du Parc pour voir ce qu’est un taudis religieux. 

Depuis près de dix ans, voici à quoi ressemble la synagogue au coin de Parc et Van Horne
 
Et pour ajouter l’insulte à l’injure, le Conseil interculturel nous a confirmé que les arrondissements ferment les yeux pour «conforter l'harmonie intercommunautaire et pour éviter que des situations de tensions se multiplient inutilement». On voit où cela les a menés. Après ça, les élus se demandent pourquoi il y a de la crispation dans l'air. Ils sont les premiers responsables de la grogne ambiante.

Bien sûr, Projet Montréal dira qu'il n'est au pouvoir que depuis quelques années. Il n'a pas tort sur ce point, mais comme tous les partis politiques qui sont venus avant lui et qui viendront après lui, il fera la courbette dans l'espoir de se faire réélire dans Outremont. C'est clair comme de l'eau de roche. À preuve, lorsque l'arrondissement du Sud-Ouest a proposé la même mesure qu'Outremont, l'été dernier, avez-vous vu Ferrandez et Projet Montréal monter aux barricades? Ben non, c't'affaire. Projet Montréal n'a rien à gagner là-bas avec cet enjeu.

Mindy Pollak, l'élue hassidique de Projet Montréal dans Outremont, met toute la pression pour satisfaire les autorités rabbiniques... qui ne se satisfont que de la capitulation du monde laïc.

Luc Ferrandez trouve préférable de jouer kosher à Outremont. Et au cas où la mémoire lui flancherait, le docteur Steven Lapidus, de l'Institut de l'Université Concordia pour les études juives canadiennes se fera un plaisir de le lui rappeler. 

Steven Lapidus nous prodigue ses conseils

L'érudit du judaïsme orthodoxe qui s'est prononcé publiquement contre le projet de règlement de zonage d'Outremont, le 1er décembre dernier, l'a bien expliqué dans le magazine The Senior Times:  

«They generally vote as a bloc.
You give concessions
to the [Hasidic] community
and you get votes.
They are in a position of power.» 

Dans ce même article, Steven Lapidus a même la gentillesse de nous donner un conseil qui vaut de l'or:

«If [Hasidim] are not going to move,
they are going to dominate. … 
If you want to come 
to a peaceful resolution 
to the problems in Outremont, 
don’t wait until Hasidim are the majority.» 

Un laïc averti en vaut deux, n'est-ce pas?

samedi 14 novembre 2015

DE MANIPULATION ET DE MISE EN SCÈNE



Le 9 septembre dernier, la journaliste Émilie Dubreuil nous livrait un reportage désespérant, mais peu surprenant. Près d’un an après la ratification d’une entente entre le gouvernement Couillard et l’Académie Yeshiva Toras Moshe, la situation des enfants de cette école illégale du Plateau Mont-Royal était bien loin d’être régularisée. En fait, à peu près rien n’avait encore été mis en branle.

 
Aujourd’hui, à peine 64 jours plus tard, les autorités hassidiques voudraient nous faire croire que la traversée du désert est terminée et que le groupe a finalement décidé de joindre le concert des nations. Dans un nouveau reportage  de Radio-Canada, Jacob Maman, le directeur de la yeshiva se dit fier de cette entente «qui va permettre la scolarisation de ces [230] enfants… comme tous les enfants du Québec». Comme tous les enfants du Québec? Vous voulez rire!


 
Le journaliste Jean-Philippe Robillard souligne que les jeunes garçons de la secte fondamentaliste continueront à fréquenter quotidiennement l'Académie Yeshiva Toras Moshe «pour y recevoir un enseignement religieux durant le jour, comme c'était le cas auparavant». Tous comptes faits, c'est ni plus, ni moins Business as usual!


À raison de 30 heures par semaine, ces pauvres gamins vont continuer de se branler la tête et les rouflaquettes pour psalmodier jusqu’à l’épuisement des litanies talmudiques. Et c’est vraiment frais et dispos qu’ils rentreront à la maison en fin d’après-midi pour se farcir dix autres heures de français et de mathématiques. Et ce seront leurs parents, guère mieux lotis qu’eux, qui devront leur inculquer ces notions profanes, voire païennes, qu’on ne leur a pas transmises dans leur propre jeunesse. Les vendredis soir et le jour du sabbat en famille s’annoncent franchement gais! 



30 heures par semaine, les enfants psalmodient jusqu’à l’épuisement des litanies talmudiques. Vivement l'école!

J’oubliais les tuteurs. Mais, au fait, qui sont-ils? Dans le topo, on ne nous dit rien sur leurs compétences. Des reportages antérieurs nous avaient déjà révélé que les instituteurs étaient fréquemment des sans diplôme. Face à de simples tuteurs, on est en droit de s’interroger sur les méthodes pédagogiques qu’ils appliquent. Piaget? Montessori? Steiner-Waldorf? Ou... Abraham?

Comment ne pas esquisser une grimace lorsque Monsieur Maman nous jure que dans son institution «il n'y a pas de supercherie. Il n'y a rien d'anormal qui se passe ici». Le reporter avait-il seulement remis en doute son honnêteté? Pourquoi Diable se sentait-il le besoin de crier son innocence? 


Peut-être le brave homme avait-il de bonnes raisons de se ronger les moelles? Après tout, le journaliste n’a jamais réussi à lui faire cracher combien d’heures (minutes?) par semaine les jeunes peuvent passer au soutien scolaire, pas plus, d’ailleurs que le nombre d'heures d'enseignement religieux dispensées dans sa yeshiva. Et pourquoi donc la direction de l'Académie délinquante a-t-elle refusé l’entrée aux représentants du ministère de l'Éducation dans le cadre d’une visite surprise? Comment, au contraire, expliquer qu’elle invite aujourd’hui les caméras de télévision à venir renifler leur bunker?


La cour de la Yeshiva Toras Moshe, au coin de Casgrain et Bernard

Ça saute aux yeux. La direction de l'Académie sectaire a dû estimer qu’une campagne de relations publiques en bonne et due forme s’imposait. D’autant plus qu’elle était à moins de 12 jours d’une rencontre prévue avec les représentants du ministère de l'Éducation... qu’elle avait interdit d'accès, à peine deux semaines plus tôt.

Grâce à ce reportage, les autorités sectaires souhaitent probablement démontrer au ministère et au monde combien elles sont fières, heureuses et désireuses d’intégrer la grande famille québécoise et d’enfin respecter les lois de la société où elles habitent. On joue la grande ouverture, les bons sentiments, la bonne foi vertueuse et l’effort éminemment méritoire.

La mise en scène est impeccable. Devant le grand tableau blanc sur lequel des formes cabalistiques ont été savamment griffonnées, trois hommes s’émeuvent, comme transis d’une réceptivité retrouvée. Mais, ma parole, l’illuminé à droite, c’est Max. Mon bon ami Max Lieberman. Quel numéro, celui-là. Même édenté, il réussirait à rafler le casting pour une pub de Pepsodent.

Monsieur Maman et le professeur anonyme, en compagnie du lobbyiste et metteur en scène, Max Lieberman.

Quand il apparaît dans le décor, on peut être certain qu’il se trame une campagne de charme (ou de peur) orchestrée par les élites doctrinaires.
D'ailleurs, on peut se demander pourquoi le journaliste a choisi ce lobbyiste notoire pour témoigner en famille des soi-disant progrès réalisés
par la secte en matière d’éducation. Lui a-t-on imposé Lieberman? Ou s'est-il imposé lui-même afin de s'assurer de bien «stager» le clip et de contrôler le message? Well done, Max!
 
Il est vrai que Lieberman est peut-être la doublure la plus en vogue de toute sa congrégation montréalaise et new-yorkaise. Le gars peut jouer tous les rôles.


Lieberman, un pro de la mise en scène

Faut-il faire semblant de donner des signes d'ouverture sur le monde et mousser l’image de la secte hassidique? Avec ses belles pommettes roses et son air de chérubin, Max peut se rend seul au milieu d’une foule de 100 000 goys célébrant la Saint-Jean Baptiste et trouver le moyen de faire la double page du Devoir.

En 2012, les huiles de sa secte veulent obtenir la liste électorale qu’utilise le PQ à Outremont? Pas de problème. Max fait des guiliguilis au vice-président, affaires politiques et programme du Parti Québécois d’Outremont et obtient la liste sans aucune difficulté, bien que la loi électorale l’interdise formellement.
 
Les gourous n’aiment pas la ligne éditoriale de L’Express d’Outremont qui, à leurs yeux, ne rapporte que les faits qui sont défavorables à leur communauté? Max le ventriloque rencontre Thomas Mulcair et réussit sans mal à lui faire dire que le journal «avait démontré qu'il entretenait un préjugé évident [à l’encontre des hassidim]».
 
Max Lieberman est aussi une formidable distributrice d’accusations gratuites à l'encontre de journalistes, d'élus municipaux et de citoyens. À titre d’exemple, Lieberman a déjà menacé de poursuites l'animateur Jean-Luc Mongrain en le qualifiant d’antisémite (cliquer ICI pour voir l'extrait vidéo). 


Même Luc Ferrandez, le maire du Plateau, m’a avoué s’être engueulé comme du poisson pourri avec Lieberman. Dans le cadre d’une réunion avec les gros bonnets hassidiques sur le sujet des synagogues illégales de l’avenue du Parc, Max avait pété une coche. Ne supportant pas l’idée que leurs centres communautaires pourraient dorénavant être forcés de faire l’objet d’une demande de permis de dérogation, il avait qualifié les Québécois et le projet de Ferrandez de racistes.Luc raconte l'avoir remis à sa place. J'aurais bien voulu voir ça.

17 décembre 2014: Luc Ferrandez a peut-être du mal à blairer Max Lieberman, mais cela ne l'empêche pas d'aller chez lui quand il le faut.

Il faut tout de même dire qu’en matière d’accusations infondées, Menachem, alias Max Lieberman n’en est pas à ses premiers faits d’armes.

À New York, en 1990, témoin important du meurtre d’un rabbin de sa propre secte,
Max avait contribué à faire condamner un peintre en bâtiment à une peine de 37 ans et demi. Au procès, il avait affirmé avoir reconnu l’accusé David Ranta assis dans une voiture à proximité du lieu du meurtre.

David Ranta a certainement eu envie d'aller remercier Max Lieberman qui a contribué à son séjour de 23 ans dans un pénitencier à sécurité maximale.

Or, en 2013, soit 23 ans plus tard, le New York Times révélait que M. Ranta n’était pas le meurtrier du rabbin. Un violeur a avoué avoir faussement impliqué M. Ranta dans l'espoir de négocier une réduction de sa peine et une femme a fini par signer un affidavit dans lequel elle reconnaît avoir aussi menti au sujet de la participation de M. Ranta au meurtre. Quant à Max Lieberman, pas très heureux de se faire traiter de menteur, il est, lui aussi, revenu sur son témoignage en affirmant, toujours sous serment, que c’était le détective de l’époque qui lui avait demandé de pointer le gars qui avait un gros nez lors de la séance d’identification.

Dites-moi. Pour être manipulateur, faut-il avoir déjà été manipulé? Hum! Bonne question.

jeudi 5 novembre 2015

LE MILICIEN DE LA PUDEUR



Chaque fois que je reviens d'un séjour prolongé en dehors du pays, c'est le même rituel. Je rattrape le temps «perdu». J'épluche les journaux qui se sont accumulés à l'entrée, puis je balaie Internet avant de relancer mes proches, sans oublier ma coiffeuse qui connaît tous les potins.

Évidemment, je n'ai pas eu à attendre de débarquer à l'aéroport Dorval-PET pour apprendre qu'Harper et sa gang de béni-oui-oui évangéliques avaient perdu la main de Dieu dans la foulée de la campagne. Dehors, les créationnisses. Yes sir!

En revanche, pour la petite politique, les coups fourrés, les malversations des uns et les méfaits des autres, je me garde ça comme dessert en rentrant au bercail.

Je viens justement d'apprendre qu'Alex Norris, le conseiller de Ville de Projet Montréal pour Le Plateau, a profité de mon absence pour commettre un méfait. C'est TVA Nouvelles qui a attaché le grelot (
visionner le reportage). 

Je n'en reviens pas que Norris se soit fait pincer en train d'arracher une affiche qu'un réparateur de pianos avait collée sur la vitrine de son établissement pour protester contre des décisions de son administration. En dénonçant le durcissement de la réglementation sur le stationnement adoptée par Projet Montréal, l'artisan n'avait pourtant exercé que bien pacifiquement son droit à la liberté d'expression.


Le conseiller de Ville de Projet Montréal pris en flagrand délit de méfait sur la vitrine d'un commerçant mécontent de ses politiques

Qu'un élu, mandaté pour représenter ses commettants, commette un acte de vandalisme chez l'un d'eux comme un ado en crise d'identité, c'est assez lamentable. Hélas pour lui, la scène a été filmée. Notre pauvre conseiller de Ville s'est fait pogner les culottes baissées. Il pensait sûrement qu'en commettant son délit sous le couvert de la nuit, il pourrait jouer à l'homme invisible.



D'élu respectable, Alex Norris serait-il en train de verser dans la délinquance de petit truand?

Pour sauver la face (la sienne et celle de son parti), le délinquant de bonne famille a bien été forcé de se forger une excuse. Selon ses dires, il aurait posé son geste parce que l'affiche contenait des «propos injurieux». En marchant d'un bon pas dans la nuit, il aurait lu des choses pas catholiques et arraché l'affiche. Tout cela en à peine deux secondes? Ma parole! C'est qu'il a des yeux de chat siamois, celui-là!

Sommes-nous en train de voir un militant politique se transformer en milicien de la pudeur? À force de côtoyer les leaders hassidiques, on dirait bien que ces derniers commencent à déteindre sur lui.

La dernière fois que nous avons vu des «gens bien» arracher des affiches dans l'espace public, c'était lors du premier référendum sur l'agrandissement de la synagogue du 5363 Hutchison. Lire ma chronique
Les veaux d'or.

Ce lundi-là de septembre 2008, nous avons surpris Moshe Englander (le maître d’œuvre du projet d'agrandissement) et Moshe Fisher, son sbire à casquette et grosses lunettes, en train de jouer de l'exacto. Ils détruisaient systématiquement les affiches que les citoyens avaient posées sur l'avenue du Parc pour inviter les résidents qui s'opposaient à cet agrandissement à exercer leur droit de vote. Eux, au moins, n'ont pas attendu une nuit sans lune pour commettre leur méfait. Ils se sont exécutés en plein milieu d'un après-midi ensoleillé.

En haut, Moshe Fisher, en bas, Moshe Englander, pendant et après la destruction et le vandalisme aux affiches invitant les citoyens à voter contre l'agrandissement de la synagogue de la rue Hutchison.

En fin de compte, Alex, si tu a vraiment envie de faire un bon gros ménage de vitrines, nous t'invitons chaleureusement à aller assouvir ton trop-plein de frustrations sur les façades infectes de nombreuses synagogues hassidiques du Plateau. 



Un exemple? Cela fait près de dix ans que les vitrines de cette synagogue au coin des avenues du Parc et Van Horne constituent rien de moins qu'un manque de respect flagrant et inadmissible à l'encontre de l'ensemble des citoyens et résidents.
 
Cela fait des années que les citoyens se plaignent de l'aspect de ces taudis de prières et que tu ne fous rien pour  rappeler à leurs administrateurs qu'en société, un minimum de civisme et de respect d'autrui est nécessaire.

vendredi 9 octobre 2015

LA FIN DE LA HAINE


Ce que j’ai toujours apprécié chez Lise Ravary, c’est son sens inné de la mesure. Que voilà une femme éprise de justice naturelle et d’équité. Les yeux bandés et la balance à fléau tenue à bout de bras, je la verrais bien dégommer la Lady Justice qui trône devant l’édifice de la Cour suprême.

Lise Ravary à l'émission Second Regard

Je ne lui reproche pas du tout sa prise de position contre la motion unanime de l’Assemblée nationale sur l’islamophobie. Au contraire. Comme elle et Charb, le regretté directeur de Charlie Hebdo qu’elle cite dans sa chronique du 3 octobre dernier, je trouve que le terme «islamophobie» est tout à fait abusif puisqu’il stigmatise l’ensemble des musulmans au lieu des seuls barbus fanatiques.

Ce qui me fait tiquer, c’est le reste de sa chronique. Ça accroche d’abord lorsqu’elle interprète la dernière enquête de Statistique Canada (2013) sur les crimes haineux.

Ravary affirme que la majorité des crimes haineux continue de viser «les Juifs et les Noirs». C’est sûrement par simple habitude de ranger les noms par ordre alphabétique que l’auteure de Pourquoi moi? Ma vie chez les Juifs hassidiques a placé les juifs devant les noirs.

Le Québec a le dos large, mais quand on se compare, on se console.

Dans les faits, non seulement les noirs et les homosexuels ont été victimes de plus de crimes haineux (respectivement 255 et 186) que les juifs (181), mais on observe que les deux premiers groupes ont essuyé beaucoup plus de violence physique que le troisième groupe. Alors que 66 % des homosexuels victimes de crimes haineux et 34 % des noirs dans le même cas ont été meurtris dans leurs chairs, 18 % des victimes juives ont été malmenées. C’est 18 % de trop, certes, mais un petit peu moins dramatique, tout de même. Entre une quenelle et un coup de poing sur la gueule, je sais ce que je choisirais.

On dira qu’en proportion de leur nombre, les juifs sont davantage visés. Je le concède, mais peut-être faudrait-il aussi considérer que les communautés juives sont beaucoup mieux organisées, leurs membres plus sensibilisés et beaucoup plus encouragés à porter plainte.

On le sait, partout où des organismes œuvrent pour que des gens dénoncent des situations abusives, leur nombre augmente sensiblement. À titre d’exemple, sans cette prise en charge, jamais nous n’aurions vu la courbe des cas d’agressions sexuelles augmenter comme cela s’est produit au cours des dernières décennies. À moins que l’on prétende aujourd’hui qu’il y a une hausse exponentielle des cas d’agressions sexuelles ou d’inceste comparativement à il y a 50 ans?

Dans cette même chronique Lise Ravary ne décèle pas de haine envers les musulmans. Elle est catégorique. «De l’inconfort, de l’ignorance, de l’intolérance, de la peur, sans doute. Mais de la haine? Foutaise.» Elle pose alors une question tout à fait pertinente : «Pourquoi “islamophobie” au lieu de racisme?». La chroniqueuse laisse alors Charb répondre pour elle. «Les militants communautaristes qui essaient d’imposer aux autorités judiciaires et politiques la notion d’“islamophobie” n’ont pas d’autre but que de pousser les victimes de racisme à s’affirmer musulmanes

Ma foi du Bon Dieu, Lise. Si je te suis dans ton raisonnement, tu es en train de nous annoncer la fin de la raison d'être d'Adil Charkaoui et du B'nai B'rith. Fini l’islamophobie. Fini l’antisémitisme. Fini la haine. Il ne nous restera plus que le racisme à combattre. Youe! Houe!

samedi 19 septembre 2015

LES SYRIENS D'ABRAHAM



Comme ça, Philippe et Suzanne vont accueillir une famille de réfugiés syriens au Lac-Saint-Jean. Couillard a vraiment le cœur sur la main. «Ça va [nous] permettre d'être un peu aux premières loges pour voir l'évolution de ces dossiers-là», lance-t-il. Dites-moi que je rêve. Il parle comme s’il venait de s’offrir une loge à 35 000 $ au Centre Vidéotron qu’il a inauguré à Québec le même jour. A-t-il vraiment besoin de payer les dépenses de logement, de nourriture et de vêtements d’une famille en détresse pour être capable de suivre la «game»? Ça m’inquiète.

Philippe Couillard à l'inauguration du Centre Vidéotron, le 8 septembre 2015

Remarquez que ça ne serait peut-être pas une mauvaise chose qu’il voit personnellement à ce que «ses réfugiés à lui» apprennent le français, trouvent un emploi et inscrivent leurs enfants à de vraies écoles.

Il semble, cependant, ne pas réaliser qu’il a déjà chez lui des réfugiés bien mal en point. Rescapés in extremis d’une guerre aussi abjecte qu’effroyable, les ultraorthodoxes se sont échoués sur nos côtes il y a plus de six décennies. Après tout ce temps, la très vaste majorité des hommes ne parlent toujours pas le français, plusieurs travaillent s’ils ne sont pas trop occupés à étudier la torah et confinent leurs enfants à des «écoles» ségréguées où Yahvé règne sans partage. Sept heures par jour, six jours par semaine, on leur apprend qu’il y a 6000 ans, au sixième jour de la création, Dieu a placé les dinosaures et les hommes sur terre. Les mathématiques, l’histoire et les sciences? C’est juste bon pour les goys!

Si j’étais Philippe Couillard, j’inviterais François Blais à adopter une famille hassidique. Plutôt que de se scandaliser de voir des enfants québécois être initiés sereinement à la vie démocratique en faisant une chaîne humaine avec papa-maman autour de leurs écoles, on se serait attendu à ce que le ministre de l’Éducation s’indigne outrageusement à la vue de gamins lobotomisés par un régime sectaire dont le dessein est de s’assurer de les garder dépendants de leurs gourous.



Dans un beau CPE de la province, le premier ministre vantait la générosité des Québécois lors des tragédies humanitaires. Il ne pouvait même pas imaginer les dangers que couraient encore récemment les petits hassidim de la garderie du 5614 Avenue du Parc.

Depuis neuf ans, tous les ministres de l’Éducation du Québec ont juré de mettre les récalcitrants au pas. Hélas! à ce jour, ils ont tous fait chou blanc. (lire La contre-attaque des sacrifiés)
 

En 2014, Yves Bolduc a bien bidouillé une entente avec une école illégale en transférant par magie l'éducation des enfants de la secte à leurs parents qui sont aussi démunis qu'eux. Ce qui était écrit dans le ciel est resté un vœu pieux. Il y a dix jours, Radio-Canada nous confirmait ce dont nous nous doutions déjà. Après presque un an, rien n’a été fait en ce sens.

C’est sans parler de toutes ces écoles opérées sans permis du ministère de l’Éducation qui sont régulièrement débusquées à Montréal et ailleurs en province.


Pour mal faire, aujourd’hui même, TVA nous rapporte le cas d’une énième école opérant en toute impunité alors qu’elle ne détient aucun permis du ministère de l’Éducation.

Une autre école illégale dénichée aujourd'hui même dans l'édifice Bovril

De nombreux enfants hassidiques y ont été filmés dans leurs classes alors même que l’immeuble Bovril situé au coin de Van Horne et avenue du Parc subit des travaux majeurs. 

Le jeu politique est tel, qu’aucun parti, aucun gouvernement n’a suffisamment de cran pour appliquer ses beaux principes humanitaires lorsque l’objectif ultime est de prendre ou de conserver le pouvoir. Même quand on sait que les sectes hassidiques au Canada ne comptent que pour 0,1 % de la population, tous les politiciens s’écrasent.
 
Les lobbys hassidiques s’insinuent partout… pour s’assurer, entre autres choses, qu’on ne touche pas à la ségrégation subventionnée et aux privilèges qu’ils veulent préserver, légaux ou non!

Aux petits soins! Jean Charest, en compagnie d’Israel Lowen, un dirigeant de la secte controversée de Boisbriand; le lobbyiste Mayer Feig lors du lancement de la campagne 2013 de Philippe Couillard, à Outremont

Ce qui était vrai à l’époque où Jean Charest avait fait des pieds et les mains pour subventionner à 100 % les écoles ethniques l’est tout autant aujourd’hui sous Philippe Couillard. À leur décharge, il faut bien dire que partout où les sectes hassidiques s’installent, les problèmes sont étrangement identiques et les politiciens, tout aussi avides du vote en bloc qu’elles leur procurent.

À New York, il semble qu’il ne faudra pas trop compter sur le maire Bill de Blasio pour faire respecter le cursus obligatoire au sein des écoles hassidiques délinquantes. Lors de son élection, en 2013, il s’est assuré le soutien de la moitié de la communauté Satmar. De plus, les hauts responsables de la ville et de l’état ont embauché des conseillers hassidiques.

Le directeur adjoint du maire de Blasio aux affaires intergouvernementales est Avi Fink, un résident orthodoxe de Queens. Letitia James, le Défenseur public (Public Advocate) a embauché Yoel Lefkowitz, un Satmar de Williamsburg à titre de coordinateur de sensibilisation communautaire. L’agent de liaison du gouverneur Andrew Cuomo est David Lobl, également un juif orthodoxe.

Dans l’état de New York, les George Pataki, Hillary Clinton, Sheldon Silver, Mario et Andrew Cuomo et autres politiciens ambitieux font tous religieusement escale à Kiryas Joel, pourtant le bled le plus pauvre des États-Unis. Élections obligent, ils veulent tous engranger le vote en bloc des 23 000 habitants de cette ville-ghetto où seuls les disciples du rabbin Aaron Teitelbaum qui lui versent un tribut ont droit de s’y établir.

Les gouverneurs Mario et Andrew Cuomo (père et fils) savent parfaitement ce qu’il faut faire pour engranger les votes ultraorthodoxes de l'état de New York.

Durant son règne (1983 à 1994), alors même que la Cour suprême avait rejeté la création d’un district scolaire pour l’enclave sectaire, le gouverneur Mario Cuomo a mis toute la gomme pour que soit remaniée une nouvelle législation qui a finalement permis à la secte d’obtenir son propre district scolaire. Pourtant, là comme ailleurs, de nombreuses écoles hassidiques refusent obstinément d’enseigner les matières séculières. Il est tout à fait ironique de voir Mario Cuomo (visionner le court vidéo), en pleine campagne électorale (14 octobre 1990) remercier chaleureusement le rabbin loubavitch «for all you do for education».

À New York, toutefois, tous ne font pas dans la flagornerie. Mme Marci A. Hamilton, présidente de la Chaire Paul R. Verkuil en droit public de l’école de droit Benjamin Cardozo, dénonce les risques que courent les enfants dans les communautés juives ultra-orthodoxes. Elle blâme en bonne partie les autorités fédérales, étatiques et locales qui, tout en étant pleinement conscientes de ce qui se passe, détournent le regard au profit de gains électoraux. Mme Hamilton les accuse d'avoir manqué à leur devoir de les protéger.

La professeure Marci A. Hamilton blâme en bonne partie les autorités fédérales, étatiques et locales qui, tout en étant pleinement conscientes de ce qui se passe, détournent le regard

Outre les problèmes d’abus sexuels et de santé découlant de la situation qu’ils subissent, la professeure de l’Université Yeshiva analyse les répercussions des carences éducationnelles sur ces enfants. Elle considère qu’ils sont profondément handicapés. «Les enfants de ces communautés sont pratiquement murés du monde extérieur et ceux qui choisissent de quitter souffrent cruellement de leur manque d’éducation.»

Le tableau que brosse Mme Hamilton est absolument consternant. Mais faut-il désespérer pour autant?

Un politicien a publiquement plaidé en faveur d’une véritable enquête à l’encontre des quelques 40 écoles hassidiques de New York qui n’offrent pas à leurs élèves un enseignement équivalant à celui du secteur public.


Daniel Dromm, conseiller municipal de New York,  plaide en faveur d’une véritable enquête à l’encontre des 40 écoles hassidiques qui n’offriraient pas une éducation digne de ce nom.

Contrairement au département de l’éducation de New York qui se contenterait de demander à ces écoles de fournir les documents tels les horaires et les plans de cours des yeshivas en cause pour déterminer si elles sont conformes à la loi, Daniel Dromm exigerait plutôt  que les inspecteurs se rendent dans ces écoles, qu'ils rencontrent les élèves et qu'ils fassent une enquête approfondie sur ce qui se passe exactement dans ces écoles. Le conseiller municipal qui préside le Comité sur l'éducation de la ville de New York, se dit prêt à de mener sa propre enquête s’il n’est pas satisfait et à exiger des audiences publiques. 

Ce n'est peut-être pas être demain qu’on verra un conseiller municipal exiger la même chose à Montréal. Surtout quand je pense qu’il y a quelques années à peine, Lionel Perez était membre de l’exécutif de l’école Yeshiva Gedola, une des fameuses écoles qui ne respectaient pas le régime pédagogique du ministère de l'Éducation. 

Aujourd’hui, M. Perez est le conseiller de la Ville dans l’équipe Coderre. Bien sûr, le membre du comité exécutif et Responsable de la démocratie et des relations gouvernementales a perdu des alliés en les personnes de Michael Appelbaum et Saulie Zajdel, mais il ne manque pas de ressources, ni de poids dans la communauté intégriste. 

Lionel Perez prenant la parole à l'hôtel de ville de Montréal

Vous souvenez-vous combien Lionel était fier d’être à la première pelletée de terre du Torah and Vocational Institute of Montreal (TAV)  qui prévoyait offrir des programmes universitaires complets sur une base de discrimination religieuse, sexuelle et linguistique? Non, je pense qu'on va devoir tenter de convaincre quelqu'un d'autre de sauver les enfants! 

On va demander à Mindy Pollak, tiens! Je suis sûr que la conseillère hassidique de Projet Montréal ne fermera pas les yeux devant les carences éducationnelles que subissent trop de jeunes sans défense de sa propre communauté.
 
Mindy Pollak, le pantin des autorités sectaires d'Outremont et du Plateau Mont-Royal.