dimanche 22 août 2010

LA CRAVATE À 3 000 $ D'ALEX NORRIS

Les conventions. Y'a -t-il quelque chose que j'haïs plus que ça? Surtout quand il s'agit du conformisme vestimentaire.

J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'avocat. Les toges, les perruques poudrées, les ronds de jambe affectés devant sa Seigneurie, ça me donnait presque de l'urticaire.

Dans ce contexte-là, je peux-tu vous dire que ma cravate a passé le plus clair de son temps en « motton» au fond de mes poches de veston? Je ne me la passais autour du cou que deux minutes avant de me présenter devant M. le Juge.


Il y a deux mois, lorsque j'ai appris qu'Alex Norris, le conseiller de la Ville pour le Plateau Mont-Royal, ne voulait rien savoir de mettre sa cravate lorsqu'il allait plaider pour le peuple, il m'a presque été sympathique. Comme moi, il trouve que l'habit ne fait pas le moine.

Là où Norris et moi divergeons d'opinion, c'est sur la façon de faire passer le
message. Le 6 juillet dernier, le président d'assemblée, Claude Dauphin, a mis en garde le provocateur antitraditionaliste. Par le truchement du Devoir d'hier, nous avons appris que si Alex Norris ose à nouveau se présenter à l'assemblée du conseil municipal sans cravate, il sera expulsé vite fait, bien fait. Et ce sera sans appel.

Ça faisait depuis le 19 avril
qu’Alex Norris se pavanait sans son appendice sous la pomme d'Adam. Il s’était alors attiré les foudres du président de l’assemblée.

Le 15 juin dernier, en
l’absence de M. Dauphin, Norris en a profité pour récidiver. Résultat, l’assemblée destinée à traiter des soucis et tracas du bon peuple a été paralysée pendant 20 longues minutes. On se serait cru spectateur d’un vaudeville de l’Assemblée nationale du Québec... ou en Iran où même le président iranien Ahmadinejad milite en faveur du port de la cravate.

Ne ratez pas le roman-feuilleton en cliquant sur la photo ci-contre

C’est que lorsqu’Alex Norris a une idée dans la tête, il ne l’a pas autour du cou. Entêté comme un fondamentaliste, il peut casser, mais il ne plie pas. À sa façon d’agir, il peut faire penser à certains intégristes qui vivent à cheval sur la frontière des arrondissements du Plateau et d’Outremont. Comme eux, il use de la technique du fait accompli.

D’ailleurs, c’est Louis Moffat, son collègue d’Outremont, qui a peut-être le mieux décrit cette stratégie mille fois utilisée par les dirigeants hassidiques. Voici ce qu’il racontait dans un reportage télé de Radio-Canada, le 26 mai 2008 : « Il arrive qu'ils aillent de l'avant avec certaines décisions sans avoir préalablement vérifié... s'ils peuvent faire certaines choses. Ils le font et se disent peut-être qu'ils vont nous mettre devant les faits accomplis.»

Quand on est un vrai redresseur de torts, qu’on n’a pas peur de ses idées et qu’on promeut la démocratie participative, c’est tout le contraire de ce qu’a fait M. Norris dans ce cas-ci qu’il faut faire.

Il faut bien sûr commencer par cerner ses idéaux, choisir ses combats et peaufiner ses stratégies. Mais, ce n’est certainement pas en fonçant dans le tas, comme un taureau de corrida, que l’on impose ses convictions. C’est se mettre la corde au cou.

Si M. Norris a à cœur d’en dénouer avec la cravate, je l’appuie à 200%. Mais qu’il commence donc par se faire des alliés. Après, il pourra peut-être demander un moratoire sur la question devant l’auguste assemblée de ses confrères. Et si jamais la mauvaise foi de ses vis-à-vis balaye sa proposition du revers de leurs boutons de manchette, là, il lui sera toujours temps de fourbir ses autres armes.

Parce qu’une cravate qui coûte au bon peuple 3000$ en taxes, les citoyens risquent de l’avoir longtemps au travers de la gorge. Cliquez ICI pour voir la vidéo du débat de la cravate à l'Assemblée du conseil du 15 juin dernier.

Sur le même sujet, écoutez l'entrevue de Claude Dauphin, président du conseil de ville de Montréal, à l'émission Désautels, le 23 août 2010.

mercredi 18 août 2010

LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND

Avez-vous déjà été victime de vol ou d’intrusion par effraction à votre domicile? Quelqu’un a-t-il déjà vandalisé votre propriété ou mis la maison sens dessus dessous?
Personnellement, cela ne m’est arrivé qu’une seule fois. J’avais six ans. J’habitais Drummondville et en rentrant à la maison, mes parents avaient remarqué qu’un moustiquaire du sous-sol avait été éventré. Que nous avait-on volé? Après inventaire, seule une malheureuse agrafeuse manquait à l’appel. Les policiers en avaient déduit que c’était le geste de petits voyous en quête de désennuie.
Le seul fait que quelqu’un ait pu violer notre intimité m’avait troublé. Allez savoir si l’épisode a quelque chose à voir avec le fait que depuis que j’habite Outremont, il m’est arrivé à trois reprises d’attraper des voleurs qui s’étaient aventurés chez des voisins.
Il n’y a pas de quoi rigoler quand cela se produit et ce n’est pas moi qui minimiserai le malaise que cela provoque chez les victimes, quelles qu'elles soient.
Le 10 août, mon attention a été attirée par une manchette publiée sur Internet. J’y apprenais que la synagogue ultraorthodoxe satmar au coin de Hutchison et Saint-Viateur avait été le théâtre d’un acte de vandalisme. La première chose qui m’est passée par la tête a été de me dire : « Cou’donc, ça chauffe dans ce coin-là! ».

C'est qu'exactement deux mois plus tôt, soit le 10 juin dernier, j’avais lu une autre manchette révélant que trois jeunes avaient été arrêtés devant cette même synagogue de la secte satmar après avoir tenté d’y voler une voiture. Heureusement, ce n’était pas la Jaguar d’Alex Werzberger, le porte-parole satmar de la communauté hassidique d’Outremont.

Cliquer sur la photo pour zoomer


La manchette du 10 août est plutôt avare de détails. On escamote les dommages apparemment causés dans l'espace du mikvé et de la synagogue pour relever uniquement le fait que « des châles de prière et une paire de phylactères [ont été] jetés à terre et plusieurs d'entre eux ont été mis à la poubelle ».

Les policiers ont réussi à mettre la main au collet des voyous sur lesquels on ne donne aucune précision. Bien fait pour ces p’tits crétins!


Je l’ai déjà dit et je le répète, le geste est méprisable et je comprends le malaise des victimes. On m'a demandé si cela valait-il une manchette. J'ai répondu que c’était au moins aussi pertinent que les centaines de faits divers dont les grands journaux nous abreuvent jusqu’à plus soif.


Mais si une paire de phylactères lancés par terre ou jetés à la récupération sèment l’émoi au sein de la communauté satmar du Plateau et d’Outremont, je n’ai qu’un conseil d’ami à donner aux membres de la secte. À moins d’un cas d’extrême urgence, évitez de vous rendre à votre maison mère de Kiryas Joel. Je vous suggérerai plutôt de profiter de l’ambiance bon enfant qui règne à Montréal.

C'est sûr que si vous aimez les sports extrêmes, l’action brute, le vrai « thrill », le sang et le feu, le vandalisme, l’intimidation et la fraude à souhait, l’enclave hassidique de Kiryas Joel vous conviendra comme un gant.

Cliquer sur la maison des naissances incendiée pour voir d'autres photos





Sachez cependant que l'ambassade du Canada ne vous sera d'aucune assistance. Vous vous y rendrez à vos risques et périls.
Il n’y a bien rien que Michael Rosenberg et Mayer Feig pour entraîner élus, policiers et fonctionnaires montréalais dans cette enclave satmar située à 30 minutes à peine de Manhattan.

Si vous ne le saviez pas encore, depuis une vingtaine d'années, Kiryas Joel est le théâtre d’une guerre fratricide "intrasatmar".Une guerre qui s'est parfois exportée jusque dans les rues de Montréal, comme l'a raconté
à l'émission Macadam Tribu, la journaliste de Radio-Canada, Émilie Dubreuil.
Mais à Kiryas Joel même, le conflit se transforme parfois en guerre de tranchées.

Cliquer sur la photo ci-contre pour voir jusqu'où sont prêts à creuser les rivaux ultraorthodoxes pour tenir le dessus du pavé.


En passant, connaissez-vous Shmarya Rosenberg
? C'est un
ancien hassidim de New York qui a été tellement écœuré par tout ce qu'il avait vu et subi de l'intérieur, que plutôt que devenir rabbin comme la vie le destinait, il a viré capot et a décidé de créer le site FailedMessiah.com.

Si quelques élus à quatre pattes devant les intégristes pensent que je pousse parfois un peu fort, j'ai des petites nouvelles pour eux.
Depuis 2004, Rosenberg (aucun lien de parenté avec Michael) a pondu près de... 3 000 chroniques dont 700 sous la seule rubrique "RABBIS & CRIME". Et,croyez-moi, il ne fait pas dans la dentelle. Avouez qu'à côté de ce bloggeur défroqué, j'ai presque l'air d'un enfant de choeur. Je reviendrai sur le blogue de ce M. Rosenberg avec qui j'ai été en contact il y a déjà deux ans. Doux Jésus que le temps passe vite!

vendredi 13 août 2010

DÉVELOPPEMENT DURABLE 101


Si vous avez lu mes chroniques du 27 juillet et du 5 août dernier, vous savez déjà que le 23 juillet 2010, un groupe de sept citoyens provenant majoritairement du Mile-End ont rencontré le chef du parti Projet Montréal, M. Richard Bergeron, ainsi que les conseillers municipaux Alex Norris et Richard Ryan.

Le but avoué de la rencontre était de donner la possibilité aux citoyens concernés d’expliquer aux trois élus de Projet Montréal les raisons pour lesquelles nous nous opposons à l’agrandissement en milieu strictement résidentiel de cette synagogue hassidique du 5363 Hutchison.


D’entrée de jeu, M. Bergeron a demandé que cette discussion se déroule en deux temps. D’abord, nous parlerions du cas précis de l’agrandissement de cette synagogue que la communauté hassidique réclame. Puis, dans un deuxième temps, nous pourrions aborder les problèmes plus généraux relatifs à l’implantation massive d’une communauté ultrareligieuse dans des quartiers résidentiels. Il serait alors question de l’augmentation de l’achalandage, du non-respect des règlements relatifs au stationnement, des infractions aux normes de construction, des usages abusifs des lieux de prières, des problèmes de salubrité et de dégradation du patrimoine bâti, etcétéra.


Au départ, les sept citoyens ont accepté la formule proposée par M. Bergeron. Cependant, nous avons vite réalisé qu’il était impossible de dissocier les deux aspects de la problématique. Chaque fois que nous abordions un point précis relié à la synagogue en question, la discussion glissait spontanément vers la problématique plus globale des impacts créés par la concentration des activités religieuses en zone résidentielle.

Au sein de notre groupe se trouvait une résidente du Mile-End qui a voté pour Projet Montréal lors des dernières élections municipales.
Spécialiste reconnue en environnement, elle a enseigné le développement durable à Polytechnique et travaillé au fameux projet de l’échangeur Turcot qui, selon elle, fait fausse route puisque toute l’emphase est mise sur l’ouvrage en béton et qu’on ne s’est guère soucié de prendre en considération l’environnement social qu’il traverse.

Cliquer sur la photo ci-contre

Voyant la tournure que prenait la discussion avec les élus, notre environnementaliste a manifesté son inquiétude. À son avis, en tentant de dissocier la question de l’agrandissement de la synagogue de la problématique plus générale du quartier environnant, les élus du Plateau seraient en train de commettre la même erreur qui a été commise avec l’échangeur Turcot.

Pour paraphraser ses propos, la spécialiste a rappelé que lorsque l’on veut concevoir un projet de développement durable, il faut absolument adopter une vision macro et ne pas se limiter aux simples considérations micro.
En deux mots, elle suggérait à Richard Bergeron de cesser de regarder le problème par le petit bout de la lorgnette (la synagogue) et d’embrasser une vision à plus long terme en tenant compte des impacts que cet agrandissement aura dans l’espace et dans le temps.

Dans le cas de la synagogue, cela est d’autant plus important que tout le monde sait que cette communauté connaît une explosion démographique phénoménale qui ne se dément pas tant dans les données du recensement de 2001 (voir entre autre, p. 20) que dans l'étude entreprise en 2005 par les hassidim eux-mêmes.

Bref, la citoyenne environnementaliste enjoint M. Bergeron de mettre en pratique ce que son parti prêche sur toutes les tribunes et de ne pas faire comme tous les autres formations municipales qui se limitent trop souvent à réaliser des projets à la pièce et sans vision.


Projet Montréal entendra-t-il le message? Aura-t-il le courage de ses convictions? Cela reste à voir. En attendant la suite, nous avons justement invité M. Bergeron à venir voir de ses propres yeux la panoplie de problèmes que nous déplorons depuis des années et qu’il n’avait encore jamais eu la « chance » de constater personnellement.

Le 5 août dernier, 13 jours après cette rencontre avec les citoyens, Richard Bergeron s’est libéré pour entreprendre une visite du ghetto hassidique du Mile-End.

Au cours de cette balade de deux
heures et demie, M. Bergeron a semblé étonné, voire parfois médusé devant les nombreuses irrégularités, le non-respect des normes de construction et de sécurité, les conditions déplorables de plusieurs immeubles de la communauté hassidique.
Cliquer sur la photo ci-contre pour voir l'état déplorable d'un immeuble appartenant à Michael Rosenberg et que M. Bergeron a pu contempler le 5 août dernier.


Le hasard faisant parfois bien les choses, le téléjournal de Radio-Canada a diffusé, pas plus tard qu'hier soir un reportage pas très élogieux sur ce même immeuble déglingué appartenant à Michael Rosenberg. Cela permettra à M. Bergeron de voir d'encore plus près cette plaie ouverte et suppurante du Plateau Mont-Royal. Il comprendra aussi que le mauvais exemple vient de haut!
Cliquer sur la photo ci-contre pour visionner le reportage de Radio-Canada


On y apprend que cet immeuble de Michael Rosenberg situé au coin des rues Van Horne et du Parc constitue un véritable casse-tête pour la municipalité et le voisinage.

En à peine deux ans,
le bâtiment a été l'objet de pas moins de six avis de non conformité et de...30 interventions des inspecteurs de l’arrondissement. On se demande, après ça, comment il se fait qu'il manque d'effectif pour inspecter les autres bâtiments de la secte qui sont non conformes ou dans l'illégalité sur le territoire du Plateau.

Le plus surprenant n'est pas tellement le fait que
M. Rosenberg néglige de façon scandaleuse son parc immobilier. Ça on le sait depuis belle lurette, mais le Ottawa Business Journal vient à nouveau nous le rappeler dans son édition du 9 août dernier.

Non. Ce qui est le plus ahurissant, c'est de savoir que des élus tant du Plateau que d'Outremont le reçoivent encore et toujours comme un roi bienfaiteur et se laissent
conter fleurette et bercer par ses manigances.

On sait depuis longtemps que le conseiller d'Union Montréal dans Outremont, Louis Moffat, fait les quatre volontés du nabab ultraorthodoxe. D'ailleurs, ce même M. Moffat nous apprenait, lors de l'assemblée publique du 11 janvier 2010, qu'il était désormais en train de refondre le tristement célèbre comité
sur les relations intercommunautaires d'Outremont pour mieux le faire renaître sous la forme "élargie" d'un comité bicéphale Outremont-Le Plateau. Louis Moffat avouait alors avoir "...déjà eu (en décembre 2009) des discussions avec l’arrondissement voisin à ce sujet".


Dans ces circonstances, comment se surprendre que le président de l'empire Rosdev ait, entre autres, ses entrées auprès du conseiller de ville du Plateau, Alex Norris. On commence à comprendre pour quelle raison M. Norris défend avec autant d'acharnement le projet d'agrandissement du lieu de culte du 5363 Hutchison. Les dirigeants et porte-parole hassidiques ont fait du bon travail, même s'ils ne sont pas de la secte Bobov.

Maintenant, si vous souhaitez faire la visite à laquelle a eu droit M. Bergeron, il vous suffit de cliquer ICI. All aboard!

dimanche 8 août 2010

UN JOUR ORDINAIRE AU MILE-END

Ce que les hommes ne parviennent pas à faire bouger, la nature, elle, peut parfois s'en charger.

Contrairement à ce qu’on lit généralement dans les journaux, les changements climatiques ont quelques fois du bon.

Le lundi 2 août 2010, nous en avons eu un exemple sur le Plateau Mont-Royal.
Ce jour-là, en début de soirée, un violent orage accompagné d’un vent à écorner les bœufs s’est abattu sur Montréal.

L’orage au-dessus de Westmount, le 2 août 2010
(Source: Météo Média)


Derrière le 5835-5837-5839 Hutchison, juste au nord de la rue Bernard, une grosse branche d’arbre a craqué, menaçant les fils électriques qui courent dans la ruelle.

Croyez-le ou non, deux jours plus tard, la branche pendait toujours. Apparemment, le propriétaire se faisait tirer l’oreille pour procéder à l’émondage de l’arbre.

Le mercredi soir, vers 18 h, des voisins inquiets alertent les pompiers. Cette fois, ce sont des morceaux de tôle du toit qui menacent de tomber du même immeuble. Sur place, les pompiers parent au plus pressé, car si ces pièces métalliques devaient tomber du troisième étage, elles pourraient infliger des blessures mortelles.

Au cours de cette opération, les pompiers constatent que l’immeuble est dans un état pitoyable. De toute évidence, quand il pleut pour la peine, l’eau s’infiltre à l’intérieur de la structure. La réfection du toit est urgente. Quand les pompiers disent que ça urge, c’est qu’il n’est pas question de remettre les travaux au mois prochain.

Constatant que la
branche d’arbre n’a toujours pas été coupée, les pompiers auraient sommé le propriétaire de s’exécuter.

Après deux jours de
tractations et de dérobade, la branche qui menaçait les fils électriques sera finalement coupée.

Jeudi midi, deux camions d’incendie se rendent à nouveau au triplex de la rue Hutchison. Les pompiers viennent effectuer une inspection plus approfondie de l’immeuble.

En pénétrant au 2e étage, surprise! La structure des murs et des plafonds du deuxième et du troisième étage est complètement à nu. L’ossature de bois est apparente, des murs porteurs intérieurs ont été déplacés et les nouvelles poutres de soutènement en métal ne sont aucunement protégées. Si un incendie devait s’y déclarer, les pompiers sont catégoriques. Il suffirait de quelques minutes à peine pour faire face à un embrasement généralisé. Quant aux poutres de métal non protégées, selon ces mêmes pompiers, elles perdraient toute résistance en l’espace de 10 minutes. Au-delà de ces 10 petites minutes, l’ordre d’évacuation serait alors immédiatement donné aux pompiers, car l’immeuble pourrait s’écrouler à tout moment.

Oh! Un détail. Les pompiers ont compté une douzaine d’enfants au rez-de-chaussée du triplex. Oublions le feu. En ne tenant compte que des infiltrations d’eau, on imagine les risques à la santé causés par la présence des moisissures et des champignons qui doivent pulluler dans les murs. Dans ces conditions, faut-il s’étonner que les pompiers soient revenus sur place une deuxième fois jeudi soir? Faut-il se surprendre que le service des incendies ait décidé de condamner la porte du 2e étage? Et pourquoi pas celle du 3e tant qu'à y être? Les pompiers n’ont pas eu à se donner ce mal puisque les propriétaires l’avaient déjà placardée depuis belle lurette. De façon informelle, certains pompiers estiment que l’immeuble est dans un sale état depuis fort longtemps.

Cela fait effectivement des années que les lieux attirent l’attention des voisins. Il y a bien sûr l’état de décrépitude de cet immeuble qui, cela dit en passant, se trouve juste à côté de la synagogue Imray Chaim of Wiznitz dont l’allure est au moins aussi sinistre.

Mais il y a plus. Non seulement certains soupçonnent que le rez-de-chaussée abrite une garderie clandestine, mais nombre de résidents ont remarqué que le 2e étage avait toutes les allures d’un entrepôt ou d’un point de vente illégale pour une collection de vêtements pour femmes.

Sur la brique brune du 2e étage, on peut lire les mots Charelle Femme grossièrement tracés à la craie blanche. Depuis la rue, on peut apercevoir par la fenêtre de façade des alignements de vêtements suspendus.

Cliquer sur la photo ci-contre pour entrevoir une partie de la marchandise photographiée le 21 mars 2009 et le 8 août 2010

Comment pouvons-nous affirmer qu'il s'agit d'un point de vente illégal?

D'abord, nous avons appris au registre des entreprises que Charelle Femme Inc. a son siège social sur la rue de l'Esplanade, qu'une administratrice habite sur la rue Saint-Viateur et que depuis
juin 2008, un avis de défaut est émis à l'encontre de l'entreprise.


Bien sûr, cela ne nous dit pas que le 5835-5837 Hutchison est une "boutique" illégale. Sauf que Charelle Femme annonce dans le gros bottin 2010-2011 de la communauté juive de Montréal.

Cliquer sur la photo ci-contre

Encore là, c'est un peu frustrant car à la page 226, on n'y donne qu'un numéro de téléphone. Heureusement, Charelle ne se contente pas d'un maigre deux lignes agates dans un bottin publié une fois l'an.

Notre entreprise spécialisée dans l'industrie de la
Shmata * a annonce aussi dans un petit catalogue hebdomadaire. Et là, qu'y avons-nous trouvé? Et oui! Exactement ce que nous cherchions.

Voyez un peu. Charelle nous invite à aller faire un saut (step in) pour admirer sa nouvelle collection printanière 2010
au... 2e étage du 5839 Hutchison.


Il aura fallu plus d'un an et demi entre les plaintes détaillées (voir les courriels) et répétitives des résidents et surtout un bon coup de pouce d'une Mère nature déchaînée pour que les autorités municipales finissent enfin par bouger.

C'est à croire que le Service des communications et des relations avec les citoyens se fie davantage à la voix du vent mauvais qu'à ses propres citoyens. Voici au moins un cas où les élus ne devraient plus pouvoir se défiler.


Bon! Le prochain dossier, c'est lequel, déjà?

* expression yiddish consacrée pour décrire l'industrie "de la guenille"

jeudi 5 août 2010

LE DÉCLIN DE L'EMPIRE BOBOV

«Le diable est dans les détails», comme on le dit (trop) souvent. Parlons donc d’un « détail » qui a été discuté lors de la rencontre qui s’est tenue le 23 juillet dernier entre trois conseillers de Projet Montréal et sept citoyens dont j’étais.

Lors de cette réunion, un conseiller de Projet Montréal a affirmé que l’administration n’a jamais quantifié le nombre de fidèles qui fréquentent et qui pourraient se regrouper à la synagogue au cœur du litige. « Nulle part dans les documents officiels soumis pour la demande de dérogation, il n’est mentionné que la synagogue ne compte que 30 fidèles. »

Il a tout à fait raison. Dans les documents dévoilés au public, ce chiffre n'apparait nulle part. Mais, attendez donc une seconde. Est-ce à dire que ces trois dizaines de fidèles, les citoyens les ont tout simplement inventés? Ce chiffre n’est pas tombé du ciel comme des langues de feu. Pour en avoir le cœur net , il n’y a rien comme de retourner aux sources.


Dans une interview accordée à TVA, le 8 juillet 2008, M. Moshe Englander, le promoteur bobov du projet d’agrandissement de la synagogue du 5363 Hutchison, confirme au journaliste Yves Poirier de LCN que la synagogue ne compte que 30 fidèles et que seuls les Bobov pourront la fréquenter une fois les travaux d’agrandissement complétés.

Ci-contre: M. Englander prenant la poudre d'escampette après s'être fait prendre en compagnie de M. Fisher, son homme de main qui vandalisait nos affiches invitant les résidents à aller signer le registre d'opposition au projet d'agrandissement, le 29 septembre 2008. Cliquer pour zoomer.

Le 9 juillet 2008, dans un article publié dans The Gazette, M. Englander revient à la charge. Il répète au journaliste Jeff Heinrich que ses congénères ne sont que 30 à fréquenter cette synagogue. Mieux. Il ajoute que la communauté bobov ne connaît aucune croissance. Cela voudrait-il dire que la branche bobov ferait 3,1 fois moins d’enfants que toutes les autres sectes hassidiques de Montréal et du reste du monde? Voilà qui est stupéfiant, voire franchement préoccupant. La dynastie hassidique originaire de Bobowa, cette ville galicienne du sud de la Pologne, traînerait-elle une tare héréditaire qui rendrait ses adeptes moins prolifiques que tous les autres ultra-orthodoxes de la planète? Faudra-t-il faire enquête auprès des 50000 Bobov installés à New York? On le leur demandera si jamais ils viennent pendre la crémaillère avec les membres de leur congrégation montréalaise en déclin.

Revenons à nos 30 fidèles. Déjà le 7 juillet 2008, lors de la première soirée d’information publique sur le projet, c’est exactement le chiffre qu’avait avancé Marlène Schwartz, la conseillère en aménagement qui présentait le document « officiel » d’Union Montréal. Le 29 avril 2010, après la saga judiciaire qui a opposé les résidents de la rue Hutchison au régime du maire Tremblay, Mme Schwartz était à nouveau désignée pour refaire la présentation du projet fortement contesté.

Ce soir-là, à la 32e minute de la séance d’information publique, la conseillère en aménagement du Plateau persiste et signe. « J’ai des informations à l’effet que la semaine, il y a entre 10 et 15 personnes à la synagogue. Le week-end, c’est de 25 à 30 personnes et les jours de grandes fêtes, c’est entre 60 et 70 personnes ».

Entre 60 et 70 personnes les jours de fête, vous dites? Et tous ces gens qui entrent et qui sortent de la synagogue en question (photo ci contre), ce sont des fantômes, peut-être? Cliquer sur la photo pour zoomer.

Quelques minutes plus tard, pressée de questions des citoyens, Mme Schwartz change son fusil d’épaule. Tout à coup, elle ne calcule plus en nombre de « personnes », mais plutôt en nombre de « familles ». On apprend alors qu’il est maintenant question de 25 à 30... familles bobov fréquentant cette synagogue. Petite nuance, tout de même, non?

Puis, poussée dans ses derniers retranchements par l’architecte Benoît Dupuis qui en connaît un bail sur ces questions, Marlène Schwartz a fini par cracher le morceau. « La capacité d’accueil est de... 155 personnes ». Dans la salle de la Fraternité des policiers où se tenait la soirée « d’information », on a entendu gonfler la rumeur de mécontentement. Pour une raison inexplicable, le peuple n’apprécie pas toujours se faire remplir. Le pire, c'est que dans cette histoire, ce n'est pas Mme Schwartz qui est à blâmer pour cette minimisation bien orchestrée des répercussions de l'agrandissement proposé. Les dirigeants hassidiques savent très bien embobiner les élus.

Si bien que les administrations municipales du Plateau, tant Union Montréal que Projet Montréal,
ont pris grand soin de nous donner au dixième de mètre près la hauteur de l’immeuble (8,8 mètres), le retrait du mur arrière (1,5 m), la superficie ajoutée du garde-robe d’entreposage (3,5 m2), du vestiaire et du hall d’entrée (21,1 m2), du sous-sol (45,9 m2), du garage en fond de cour (25,7 m2), mais... pas l’ombre d’un chiffre, ni même une grossière approximation sur l’achalandage du lieu de prière.

On comprend aujourd’hui pourquoi les autorités municipales avaient « omis » de mentionner les chiffres dans leurs documents « officiels ». Entre 30 fidèles et 155 personnes, il y a tout un monde qu’il leur fallait taire pour faire gober aux résidents de la rue Hutchison qu’il n’y avait absolument pas lieu de se préoccuper d’une augmentation d’achalandage. Après tout, l’écart entre ce qu’on a tenté de nous faire croire et l’affluence à venir n’est que du cinq pour un!

En passant, expliquez-nous une chose. Si l’idée originale des dirigeants hassidiques était de contenir le nombre de leurs ouailles à une trentaine de dévots, pourquoi M. Mayer Feig et les autres promoteurs du projet ont-ils d’abord déposé un projet plus ambitieux, plus volumineux et qui ne respectait pas « le caractère résidentiel du bâti environnant » comme l’indique le projet actuellement sur la table?

Pourquoi, du même coup, avoir voulu faire percer une deuxième porte d’entrée en façade puisque 60 ans d’usage auraient dû suffire à prouver qu’une seule porte faisait amplement l’affaire... surtout quand on nous parle que d’un achalandage de « 10 à 15 personnes durant la semaine et de 25 à 30 pendant les week-ends »? Et pourquoi M. Englander a-t-il dit dans son entrevue à The Gazette que « more people doesn’t mean more traffic »? Les cœurs sont insondables, mais les langues, les langues, elles, finissent toujours par fourcher.