dimanche 8 août 2010

UN JOUR ORDINAIRE AU MILE-END

Ce que les hommes ne parviennent pas à faire bouger, la nature, elle, peut parfois s'en charger.

Contrairement à ce qu’on lit généralement dans les journaux, les changements climatiques ont quelques fois du bon.

Le lundi 2 août 2010, nous en avons eu un exemple sur le Plateau Mont-Royal.
Ce jour-là, en début de soirée, un violent orage accompagné d’un vent à écorner les bœufs s’est abattu sur Montréal.

L’orage au-dessus de Westmount, le 2 août 2010
(Source: Météo Média)


Derrière le 5835-5837-5839 Hutchison, juste au nord de la rue Bernard, une grosse branche d’arbre a craqué, menaçant les fils électriques qui courent dans la ruelle.

Croyez-le ou non, deux jours plus tard, la branche pendait toujours. Apparemment, le propriétaire se faisait tirer l’oreille pour procéder à l’émondage de l’arbre.

Le mercredi soir, vers 18 h, des voisins inquiets alertent les pompiers. Cette fois, ce sont des morceaux de tôle du toit qui menacent de tomber du même immeuble. Sur place, les pompiers parent au plus pressé, car si ces pièces métalliques devaient tomber du troisième étage, elles pourraient infliger des blessures mortelles.

Au cours de cette opération, les pompiers constatent que l’immeuble est dans un état pitoyable. De toute évidence, quand il pleut pour la peine, l’eau s’infiltre à l’intérieur de la structure. La réfection du toit est urgente. Quand les pompiers disent que ça urge, c’est qu’il n’est pas question de remettre les travaux au mois prochain.

Constatant que la
branche d’arbre n’a toujours pas été coupée, les pompiers auraient sommé le propriétaire de s’exécuter.

Après deux jours de
tractations et de dérobade, la branche qui menaçait les fils électriques sera finalement coupée.

Jeudi midi, deux camions d’incendie se rendent à nouveau au triplex de la rue Hutchison. Les pompiers viennent effectuer une inspection plus approfondie de l’immeuble.

En pénétrant au 2e étage, surprise! La structure des murs et des plafonds du deuxième et du troisième étage est complètement à nu. L’ossature de bois est apparente, des murs porteurs intérieurs ont été déplacés et les nouvelles poutres de soutènement en métal ne sont aucunement protégées. Si un incendie devait s’y déclarer, les pompiers sont catégoriques. Il suffirait de quelques minutes à peine pour faire face à un embrasement généralisé. Quant aux poutres de métal non protégées, selon ces mêmes pompiers, elles perdraient toute résistance en l’espace de 10 minutes. Au-delà de ces 10 petites minutes, l’ordre d’évacuation serait alors immédiatement donné aux pompiers, car l’immeuble pourrait s’écrouler à tout moment.

Oh! Un détail. Les pompiers ont compté une douzaine d’enfants au rez-de-chaussée du triplex. Oublions le feu. En ne tenant compte que des infiltrations d’eau, on imagine les risques à la santé causés par la présence des moisissures et des champignons qui doivent pulluler dans les murs. Dans ces conditions, faut-il s’étonner que les pompiers soient revenus sur place une deuxième fois jeudi soir? Faut-il se surprendre que le service des incendies ait décidé de condamner la porte du 2e étage? Et pourquoi pas celle du 3e tant qu'à y être? Les pompiers n’ont pas eu à se donner ce mal puisque les propriétaires l’avaient déjà placardée depuis belle lurette. De façon informelle, certains pompiers estiment que l’immeuble est dans un sale état depuis fort longtemps.

Cela fait effectivement des années que les lieux attirent l’attention des voisins. Il y a bien sûr l’état de décrépitude de cet immeuble qui, cela dit en passant, se trouve juste à côté de la synagogue Imray Chaim of Wiznitz dont l’allure est au moins aussi sinistre.

Mais il y a plus. Non seulement certains soupçonnent que le rez-de-chaussée abrite une garderie clandestine, mais nombre de résidents ont remarqué que le 2e étage avait toutes les allures d’un entrepôt ou d’un point de vente illégale pour une collection de vêtements pour femmes.

Sur la brique brune du 2e étage, on peut lire les mots Charelle Femme grossièrement tracés à la craie blanche. Depuis la rue, on peut apercevoir par la fenêtre de façade des alignements de vêtements suspendus.

Cliquer sur la photo ci-contre pour entrevoir une partie de la marchandise photographiée le 21 mars 2009 et le 8 août 2010

Comment pouvons-nous affirmer qu'il s'agit d'un point de vente illégal?

D'abord, nous avons appris au registre des entreprises que Charelle Femme Inc. a son siège social sur la rue de l'Esplanade, qu'une administratrice habite sur la rue Saint-Viateur et que depuis
juin 2008, un avis de défaut est émis à l'encontre de l'entreprise.


Bien sûr, cela ne nous dit pas que le 5835-5837 Hutchison est une "boutique" illégale. Sauf que Charelle Femme annonce dans le gros bottin 2010-2011 de la communauté juive de Montréal.

Cliquer sur la photo ci-contre

Encore là, c'est un peu frustrant car à la page 226, on n'y donne qu'un numéro de téléphone. Heureusement, Charelle ne se contente pas d'un maigre deux lignes agates dans un bottin publié une fois l'an.

Notre entreprise spécialisée dans l'industrie de la
Shmata * a annonce aussi dans un petit catalogue hebdomadaire. Et là, qu'y avons-nous trouvé? Et oui! Exactement ce que nous cherchions.

Voyez un peu. Charelle nous invite à aller faire un saut (step in) pour admirer sa nouvelle collection printanière 2010
au... 2e étage du 5839 Hutchison.


Il aura fallu plus d'un an et demi entre les plaintes détaillées (voir les courriels) et répétitives des résidents et surtout un bon coup de pouce d'une Mère nature déchaînée pour que les autorités municipales finissent enfin par bouger.

C'est à croire que le Service des communications et des relations avec les citoyens se fie davantage à la voix du vent mauvais qu'à ses propres citoyens. Voici au moins un cas où les élus ne devraient plus pouvoir se défiler.


Bon! Le prochain dossier, c'est lequel, déjà?

* expression yiddish consacrée pour décrire l'industrie "de la guenille"

9 commentaires:

Fratellino a dit…

Bon travail, encore une fois! Bravo aux limiers qui ont débusqué cette nouvelle affaire de contournement des règles Goys!

Anonyme a dit…

Ce pauvre ''peuple élu'' semble vivre dans des conditions qui laissent à désirer.
Faut-il en déduire que les revenus de la cashérisation de nos produits alimentaires ne fournissent plus?
Ou ce pourrait-il que cet argent soit envoyé ailleurs??
Ça mériterait une investigation...

Anonyme a dit…

Malheureusement, l'illégalité c'est pas quelque chose « en attendant »; c'est la pratique courante, donc un mode de vie. Les hassidims sont dans un autre monde. Devons-nous supporter tout ça pour les accommoder? Ou faut-il s’attendre à ce qu’ils gardent leurs «façons de faire» car ils ne seront jamais vraiment acculés au pied du mur (juridique).

Ils ne comprennent pas la finalité des règlements municipaux. D'accord, il se font «pogner» mais ils ne comprennent pas l'idée de penser à leur voisinage. Leurs maisons insalubres et leur organisation de tous les jours «à la tout croche» ça ne regarde qu'eux. Même si tout le quartier peut passer au feu à cause d'eux, ils ne voient que leur petite vie et leur secret. C'est ça qui est dangereux. Ils ne sont pas connectés avec le reste de la population et , pour eux, nous ne sommes pas des élus de dieu, alors, ils font ce qu'ils veulent.

Comme ils ont des avocats, ils réussissent à trouver des trucs pour ne pas changer leur mode de vie. Et l'histoire continue. C'est pitoyable. Ces illégalités devraient être comptabilisées et portées au grand jour comme une série noire qui apporte beaucoup d'angoise aux citoyens...Nous vivons tous à côté des autres et quand ton voisin à la réputation de ne pas entretenir sa demeure, c'est un peu épeurant...

Et ce n'est pas du profilage raciale. À voir de plus en plus leur comportement (la fameuse journée de brûlage de pain) j'ai froid dans le dos pour l'année prochaine...il parrait qu'il vont tous faire ça en arrière dans leur cour. Je gage que nous aurons juste a augmenter les effectifs des pompiers. Une dépense de plus. Décidément c'est une communauté qui nous coûte très cher. Pouvons-nous aborder le sujet de la règlementation municipale sans que la religion soit l'axe de discussion ?

Fernande Asselin a dit…

Heureusement qu'il existe encore des journalistes intègres qui surveillent les affaires publiques tant au fédéral, au provincial qu'au municipal. Ils sont actuellement les gardiens de la démocratie. Les gouvernements gouvernent à coup de dérogations et d'accommodements pour rester au pouvoir. Les visions à long terme, le respect des lois, de la démocratie, la transparence ne sont pas des objectifs poursuivis par les gouvernements. La communauté hassidique a compris le laxisme de nos élus et elle en profite depuis des années. Les problèmes actuels pourraient se régler rapidement si les élus municipaux prenaient en compte le bien public, la démocratie et choisissaient de faire respecter les lois plutôt que de compter le nombre de votes qu'une dérogation leur rapporte. Si! j'ai bien compris, les pompiers ne sont pas élus donc ils sont responsables.

Anonyme a dit…

Votre article a fait réagir car la journée même, j'ai vu beaucoup d'hommes en noir et en Lexus s'activer comme des diables dans l'eau bénite au coin de la rue Bernard et Jeanne-Mance.

Ils étaient avec des gars de construction (avec ou sans permis!? qui s'activaient à faire quelques travaux....De plus les pompiers sont présent depuis deux jours dans la ruelle Hutchison/ Bernard.

Continuez votre excellents travail.

Anonyme a dit…

Ah! Monsieur Lacerte, pourquoi n'y a-t-il pas plus de gens courageux comme vous!!??
Je vous lis depuis belle lurette et je ne cesse de vous admirer.
Surtout, SURTOUT ne laissez pas tomber les bras!!

Pierre Lacerte a dit…

Merci pour votre mot d'encouragement. Croyez-moi, ce n'est jamais de trop.
Ne le prenez pas personnel (surtout que je ne sais pas qui vous êtes), mais savez-vous ce qui me ferait le plus plaisir?
Je rêve que tous les gens qui se donnent la peine de me faire parvenir des commentaires soient suffisamment convaincus et sûrs de leur bon droit pour signer leurs commentaires.
Ne trouvez-vous pas que la fin de l'anonymat serait une magnifique victoire pour tous ceux et celles qui estiment que cette cause est légitime, nécessaire et tout à fait justifiée pour le renforcement de la démocratie?

Mariclaude Ouimet a dit…

Je peux comprendre l'anonymat des commentaires: certaines personnes ont été échaudées (actes de vandalismes sur leurs voitures, intimidation verbale, menaces,...) suite à leurs interventions.

Personnellement, n'ayant point de voiture, j'ai déjà été victime d'intimidation verbale et on m'a prise en photo à quelques reprises ! En fait, un chauffeur a même pris la peine de reculer dans ma rue afin de prendre en photo mon adresse personnelle ! Je suis probablement, depuis fort longtemps déjà, sur une liste noire !! Et alors ? J'écris encore et je signe ! Je suis toujours là !

Notre problème majeur, c'est le laxisme de nos autorités municipales ! L'ancien restaurant de la Grand-Mère Poule (Bernard/Hutchison) est sous occupation hassidque (depuis 4-5 ans) et ne possède aucun permis d'occupation ! Union Montréal n'a jamais vérifié ! Cet ex-resto est à la limite du district Claude Ryan (Outremont) mais nos élus
d'Union Montréal-Outremont se protègent derrière ses limites territoriales pour ne pas intervenir !

Les citoyens s'empêchent d'intervenir par peur et nos autorités par intérêt !!

Anonyme a dit…

Attendez voir le reportage de radio-canada sur le bâtiment délabré de Michael Rosenberg coin Van-Horne/du Parc :

http://www.radio-canada.ca/emissions/telejournal_montreal/2009-2010/Reportage.asp?idDoc=116914&autoPlay=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2010/CBFT/TelejournalMontreal201008121800_3.asx.

Comment les autorités peuvent-elles justifier cela, si ce n'est que par clientélisme.