jeudi 5 août 2010

LE DÉCLIN DE L'EMPIRE BOBOV

«Le diable est dans les détails», comme on le dit (trop) souvent. Parlons donc d’un « détail » qui a été discuté lors de la rencontre qui s’est tenue le 23 juillet dernier entre trois conseillers de Projet Montréal et sept citoyens dont j’étais.

Lors de cette réunion, un conseiller de Projet Montréal a affirmé que l’administration n’a jamais quantifié le nombre de fidèles qui fréquentent et qui pourraient se regrouper à la synagogue au cœur du litige. « Nulle part dans les documents officiels soumis pour la demande de dérogation, il n’est mentionné que la synagogue ne compte que 30 fidèles. »

Il a tout à fait raison. Dans les documents dévoilés au public, ce chiffre n'apparait nulle part. Mais, attendez donc une seconde. Est-ce à dire que ces trois dizaines de fidèles, les citoyens les ont tout simplement inventés? Ce chiffre n’est pas tombé du ciel comme des langues de feu. Pour en avoir le cœur net , il n’y a rien comme de retourner aux sources.


Dans une interview accordée à TVA, le 8 juillet 2008, M. Moshe Englander, le promoteur bobov du projet d’agrandissement de la synagogue du 5363 Hutchison, confirme au journaliste Yves Poirier de LCN que la synagogue ne compte que 30 fidèles et que seuls les Bobov pourront la fréquenter une fois les travaux d’agrandissement complétés.

Ci-contre: M. Englander prenant la poudre d'escampette après s'être fait prendre en compagnie de M. Fisher, son homme de main qui vandalisait nos affiches invitant les résidents à aller signer le registre d'opposition au projet d'agrandissement, le 29 septembre 2008. Cliquer pour zoomer.

Le 9 juillet 2008, dans un article publié dans The Gazette, M. Englander revient à la charge. Il répète au journaliste Jeff Heinrich que ses congénères ne sont que 30 à fréquenter cette synagogue. Mieux. Il ajoute que la communauté bobov ne connaît aucune croissance. Cela voudrait-il dire que la branche bobov ferait 3,1 fois moins d’enfants que toutes les autres sectes hassidiques de Montréal et du reste du monde? Voilà qui est stupéfiant, voire franchement préoccupant. La dynastie hassidique originaire de Bobowa, cette ville galicienne du sud de la Pologne, traînerait-elle une tare héréditaire qui rendrait ses adeptes moins prolifiques que tous les autres ultra-orthodoxes de la planète? Faudra-t-il faire enquête auprès des 50000 Bobov installés à New York? On le leur demandera si jamais ils viennent pendre la crémaillère avec les membres de leur congrégation montréalaise en déclin.

Revenons à nos 30 fidèles. Déjà le 7 juillet 2008, lors de la première soirée d’information publique sur le projet, c’est exactement le chiffre qu’avait avancé Marlène Schwartz, la conseillère en aménagement qui présentait le document « officiel » d’Union Montréal. Le 29 avril 2010, après la saga judiciaire qui a opposé les résidents de la rue Hutchison au régime du maire Tremblay, Mme Schwartz était à nouveau désignée pour refaire la présentation du projet fortement contesté.

Ce soir-là, à la 32e minute de la séance d’information publique, la conseillère en aménagement du Plateau persiste et signe. « J’ai des informations à l’effet que la semaine, il y a entre 10 et 15 personnes à la synagogue. Le week-end, c’est de 25 à 30 personnes et les jours de grandes fêtes, c’est entre 60 et 70 personnes ».

Entre 60 et 70 personnes les jours de fête, vous dites? Et tous ces gens qui entrent et qui sortent de la synagogue en question (photo ci contre), ce sont des fantômes, peut-être? Cliquer sur la photo pour zoomer.

Quelques minutes plus tard, pressée de questions des citoyens, Mme Schwartz change son fusil d’épaule. Tout à coup, elle ne calcule plus en nombre de « personnes », mais plutôt en nombre de « familles ». On apprend alors qu’il est maintenant question de 25 à 30... familles bobov fréquentant cette synagogue. Petite nuance, tout de même, non?

Puis, poussée dans ses derniers retranchements par l’architecte Benoît Dupuis qui en connaît un bail sur ces questions, Marlène Schwartz a fini par cracher le morceau. « La capacité d’accueil est de... 155 personnes ». Dans la salle de la Fraternité des policiers où se tenait la soirée « d’information », on a entendu gonfler la rumeur de mécontentement. Pour une raison inexplicable, le peuple n’apprécie pas toujours se faire remplir. Le pire, c'est que dans cette histoire, ce n'est pas Mme Schwartz qui est à blâmer pour cette minimisation bien orchestrée des répercussions de l'agrandissement proposé. Les dirigeants hassidiques savent très bien embobiner les élus.

Si bien que les administrations municipales du Plateau, tant Union Montréal que Projet Montréal,
ont pris grand soin de nous donner au dixième de mètre près la hauteur de l’immeuble (8,8 mètres), le retrait du mur arrière (1,5 m), la superficie ajoutée du garde-robe d’entreposage (3,5 m2), du vestiaire et du hall d’entrée (21,1 m2), du sous-sol (45,9 m2), du garage en fond de cour (25,7 m2), mais... pas l’ombre d’un chiffre, ni même une grossière approximation sur l’achalandage du lieu de prière.

On comprend aujourd’hui pourquoi les autorités municipales avaient « omis » de mentionner les chiffres dans leurs documents « officiels ». Entre 30 fidèles et 155 personnes, il y a tout un monde qu’il leur fallait taire pour faire gober aux résidents de la rue Hutchison qu’il n’y avait absolument pas lieu de se préoccuper d’une augmentation d’achalandage. Après tout, l’écart entre ce qu’on a tenté de nous faire croire et l’affluence à venir n’est que du cinq pour un!

En passant, expliquez-nous une chose. Si l’idée originale des dirigeants hassidiques était de contenir le nombre de leurs ouailles à une trentaine de dévots, pourquoi M. Mayer Feig et les autres promoteurs du projet ont-ils d’abord déposé un projet plus ambitieux, plus volumineux et qui ne respectait pas « le caractère résidentiel du bâti environnant » comme l’indique le projet actuellement sur la table?

Pourquoi, du même coup, avoir voulu faire percer une deuxième porte d’entrée en façade puisque 60 ans d’usage auraient dû suffire à prouver qu’une seule porte faisait amplement l’affaire... surtout quand on nous parle que d’un achalandage de « 10 à 15 personnes durant la semaine et de 25 à 30 pendant les week-ends »? Et pourquoi M. Englander a-t-il dit dans son entrevue à The Gazette que « more people doesn’t mean more traffic »? Les cœurs sont insondables, mais les langues, les langues, elles, finissent toujours par fourcher.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle coincidence: un beau jour, je crois avoir vu ce monsieur-rodeur dont vous parlez, il y a deux ans, s'appliquer énergétiquement avec un canif à la destruction d'une affiche postée à l'angle de l'Avenue du Parc et la rue Saint-Viateur. De mémoire, cela aurait été à l'endroit identique, dont la photo que vous avez posté dans le présent article. Cependant, je ne pourrais affirmer que l'affiche violentée était l'une de celles reliées aux évenements que vous décrivez ;-)

A mon expression d'étonnement, "Hey, what are you doing!!" il m'avait répondu, grosso-modo, "I'm cleaning up the neighbourhood" et quand je lui ai dit "leave it - that's the City's job" il m'a tourné le dos et continué avec sa besogne en maugréant. Je l'avais consigné, alors, dans la catégorie de gens bizarres. Et voilà que le chat sort enfin du sac, on dirait.

Quand-même, il est difficile de s'imaginer une telle salopperie puérile au niveau communautaire de nos jours!

Anonyme a dit…

Bordel mon gars, ta des gros problèmes dans la vie. Les juifs du coins devrait faire un stalker blog sur toi aussi, mais bon il vont pas le faire car ils ont des meilleurs chose a faire!

Pierre Lacerte a dit…

Cher Anonyme de 23h50,

Votre diagnostique sur mes problèmes existentiels est franchement spectaculaire. Seriez-vous psychologue télépathe, par hasard? Je suis sûr qu'il y a beaucoup d'avenir pour vous dans le domaine.

Je suis toujours étonné d'entendre des gens parler indistinctement "des juifs" lorsqu'il est plutôt question d'un groupe très marginal d'intégristes religieux.

La communauté juive est généralement exaspérée quand les médias associent les agissements des hassidim à l'ensemble des juifs. Je les comprends. Pour faire une analogie c'est un peu comme si on associait le FLQ à l'ensemble du peuple québécois. Ayoye! Méchant amalgame.

Sachez, cher Anonyme de 23h50, que je n'ai jamais traqué "la communauté juive".

Si les dirigeants hassidiques décidaient de me suivre à la trace comme vous le suggérez, leur blogue serait "platte" pas à peu près. Ne perdez pas de vue que je ne relate que les faits et gestes illégaux ou fortement contestables entrepris par certains dirigeants de la secte intégriste.

En ce sens, vous avez tout à fait raison de ne pas perdre votre temps sur mon cas.

En passant, je vous rappelle que je n'ai aucunement besoin de suivre les dirigeants hassidiques délinquants partout dans leurs déplacement puisqu'ils sont assez aimables pour commettre leurs tours de passe-passe juste devant chez moi ou de faire parler d'eux dans les chroniques judiciaires ou municipales des journaux qui me sont livrés chez moi par mon camelot ou mon câblodistributeur. D'ailleurs, j'en profite pour remercier ces dirigeants intégristes de me faciliter la vie.

Quant à vous, M. l'Anonyme de 23h50, continuez de passer votre chemin.

Au plaisir.