lundi 8 août 2022

LE SYNDROME DE WHIPPET

« Nous savons qu’ils mentent.
Ils savent qu’ils mentent.
Ils savent que nous savons qu’ils mentent.
Nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent.
Et, pourtant, ils persistent à mentir. »

                Alexandre Soljenitsyne


En politique, le refus d’admettre une réalité qui risque de vous faire perdre la face (ou des votes !) est monnaie courante. À Outremont, Philipe Tomlinson, le maire déchu de Projet Montréal, était un virtuose du déni mensonger.

Rappelez-vous, entre autres affaires, de la saga de l’îlot Saint-Viateur. Après la démolition du club de curling d’Outremont, Tomlinson avait confié à une firme de conseils stratégiques le mandat secret d’y planifier l’implantation d’une synagogue. Le maire a toujours catégoriquement nié les faits, et ce, même lorsqu’on lui a mis sous le nez le rapport confidentiel dont nous avions obtenu copie. Il a agi exactement comme ce p’tit gars qui, la bouche barbouillée de chocolat et les emballages de Whippet dans ses poches de pyjama, jure à sa mère que c’est pas lui qui les a mangés.

Aujourd’hui, on peut affirmer que les conseillères Valérie Patreau et Mindy Pollak ont bien appris de leur ex-gourou maniganceux. Il faut voir comment les deux groupies de Tomlinson se sont, elles aussi, envasées dans le déni et le mensonge à la suite d’un jugement rendu par la Commission des droits de la personne, le 29 mars 2022.

Dans l'opposition comme au pouvoir, les conseillères de Projet Montréal Valérie Patreau et Mindy Pollak demeurent de véritables contortionnistes de la vérité.

C’est Alexandre Lussier, un avocat d’Outremont, qui avait porté plainte pour discrimination contre le maire Tomlinson, ses conseillères Valérie Patreau, Mindy Pollak et Fanny Magini, ainsi que la Ville de Montréal.

Imaginez. Après avoir siégé trois ans à titre de membre du Comité consultatif d'urbanisme (CCU) d’Outremont, MLussier a eu la très très très mauvaise idée de se prévaloir d’un droit qui est à la base même du système démocratique. Il s’est porté candidat indépendant au poste de maire de l’arrondissement au scrutin de novembre 2017. Quel toupet, quand même, non?

Mal lui en prit, puisque le 18 décembre 2017, soit un mois après avoir perdu ses élections et un an avant la fin de son mandat au CCU, Lussier apprend que par résolution du conseil les Tomlinson, Patreau, Pollak et Magini l’ont éjecté du CCU. Tiens, toé ! Ça t’apprendra à te mettre en travers de notre chemin !

Cette décision de la part de l’équipe ultrawoke de Projet Montréal avait de quoi surprendre M. Lussier. Après tout, Pollak et Patreau s’étaient toujours efforcées d'entretenir leur image de supers bisounours. Elles combattaient bec et ongles toutes les formes d’exclusion possibles et imaginables. Apôtres invétérés de l’inclusion, elles se gourmaient de promouvoir l’exercice des droits et libertés de la personne, sans distinction de la religion, de la couleur, de l’origine ethnique, du sexe, de l’orientation sexuelle ou de l’expression de genre, de l’âge, du handicap et des… convictions politiques. Oups ! Deux vraies 
Poker Faces!

Instruit des faits entourant l’expulsion d’Alexandre Lussier, l’Honorable Luc Huppé lui a donné raison sur le fond. Aux yeux du juge, la décision des Tomlinson, Patreau, Pollak et Magini de révoquer son mandat constituait clairement une «exclusion» au sens de l’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne. De plus, il a été prouvé que son éviction a été exclusivement due au fait qu’il a brigué le poste de maire. 

Bref, les élus de Projet Montréal ont décidé de lui faire payer son geste en le dégommant sans autre forme de procès. Même la protestation unanime des autres membres du CCU qui se disaient très satisfaits du travail de leur collègue n’a eu aucun effet sur l’esprit revanchard et la partisannerie de bas étage de Projet Montréal.

Lors du procès (j’y ai assisté), seule Mindy Pollak s’est présentée à la barre pour défendre la position dans laquelle elle et ses collègues de Projet Montréal s’étaient fourrés. La pauvre faisait pitié à voir.

Elle a tenté de convaincre le juge que leur décision d’expulser Lussier était tout à fait kosher. Perspicace comme ce n’est pas possible, la conseillère hassidique a raconté au tribunal que le conseil a modifié le règlement pour que seuls des professionnels de l’architecture et de l’urbanisme puissent devenir membres du CCU. Seul petit hic, ce changement est survenu… 13 mois après la destitution de M. Lussier. Vous comprendrez que l’effet de toge a beaucoup impressionné le magistrat. D’autant plus qu’Alexandre Lussier a été le seul parmi les membres non professionnels à passer à la trappe.

Dans le box des témoins, dévoilant encore un peu plus sa démagogie malsaine, Pollak a cherché à salir la réputation de Lussier en laissant entendre qu’il aurait été antisémite
. Elle a raconté au juge l'avoir photographié portant un carré jaune qu'elle a magiquement transformé en étoile jaune de l'holocauste. En plus d'être un amalgame hallucinant de mauvaise foi, l'insignifiante photo de Pollak date de bien après son expulsion du CCU. 

En pleine assemblée du conseil, voici la photo que Pollak a prise depuis la tribune où elle siège à titre de conseillère. Elle s'en est servie en cour pour tenter de disqualifier M. Lussier (debout à l'arrière). Plutôt que d'essayer de jouer au fin limier, il aurait mieux valu qu'elle s'en tienne à son ancien métier de manucure! Nulle, nulle et archie nulle, la pauvre!

Pollak ne recule devant aucune malveillance pour porter atteinte à un adversaire même quand il n'en est plus un. On se rappellera d'ailleurs que lors de sa première campagne électorale, Mindy avait prétendu que sa plus récente lecture avait été L’art de gagner une élection, le manuel de campagne électorale de nul autre que... Cicéron! Du machiavélique auteur, Pollak aura bien retenu que gagne ses élections celui qui sait manipuler la masse des électeurs. Cicéron, précurseur des fake news de Projet Montréal/Outremont?

Dans l’interview accordée au Journal de Montréal, Pollak avait également ajouté que ce dont Montréal avait besoin, c’était de la transparence et de la bonne gouvernance. Ça ne s’invente pas.

Depuis la publication du jugement octroyant à Alexandre Lussier une compensation de 7 000 $ pour dommages moraux, plusieurs personnes se sont présentées aux périodes de questions de l’assemblée du conseil d’Outremont.

À l’une des citoyennes qui ont réclamé la démission des conseillères Patreau et Pollak, ces dernières se sont contentées de rigoler sur l'estrade du conseil. À une autre personne qui leur a demandé si elles avaient l’intention d’offrir leurs excuses à M. Lussier, la réaction a été chaque fois la même au fil des mois. Mindy Pollak est demeurée muette comme une carpe. Pas un son n’a filtré de son masque sanitaire. Patreau, pour sa part, a répété qu’elle n’avait pas de commentaires à faire sur cette question sauf pour déformer les faits en prétendant que l'accusation dont elle et ses acolytes avaient été l’objet a été rejetée par le juge.

Or il n’y a rien de plus faux. Au paragraphe 98, le juge Huppé a clairement énoncé que le dommage moral subi par M. Lussier résultait directement de la discrimination exercée par l’ex-maire Tomlinson et ses conseillères Patreau, Pollak et Magini. Ce sont bel et bien les membres de l’équipe de Projet Montréal qui ont causé un préjudice justifiant cette indemnisation de 7 000 $.

Patreau et Pollak se sont donc rendues coupables de cette discrimination. Si elles n’ont pas été condamnées à verser personnellement une indemnité à M. Lussier, c’est tout simplement qu’en tant qu’élues, elles ont invoqué une immunité de poursuite. 

Leur façon de faire me rappelle l'histoire de Vitaly Churkin.  Cet ambassadeur de Russie au Canada avait été impliqué dans un accident mortel à Ottawa. Le diplomate de haute voltige conduisait en état d’ébriété et a tué une femme en plus d'en estropier une deuxième.

La police canadienne avait fait enquête. Des accusations de conduite dangereuse et de délit de fuite avaient été portées contre lui. Savez-vous à quoi il a été condamné au Canada? À rien du tout! 

Pour échapper à son procès et à sa sentence, son excellence n’a eu qu’à invoquer son immunité. Il a ramassé son assortiment de boutons de manchettes, a rangé son smoking d’apparat dans sa valise diplomatique et pris le premier vol pour Moscou. Comme lui, Pollak et Patreau ont pu clamer qu'elles n'ont pas été condamnées. Quel cynisme, n'est-ce pas? Bravo mesdames de Projet Montréal. Ce sont les citoyens d'Outremont qui paieront pour votre délit d'initiées!