mardi 8 février 2011

LE LUNDI NOIR


Hier soir, dans deux arrondissements de Montréal, la tension était si palpable, qu'un intégriste sikh aurait pu la trancher au kirpan.

Du côté du Plateau Mont-Royal, après neuf mois d'une grossesse à risques, l'administration de Richard Bergeron a fini par accoucher au forceps d'un agrandissement de la synagogue Gate David dont les ultraorthodoxes Bobov revendiquent la paternité.

De toute évidence, Bergeron a mis toute la pression dont il était capable sur ses collègues du Plateau pour faire sortir le vote en faveur des hassidim. Il y allait de son honneur puisque le chef de Projet Montréal avait promis cet agrandissement à la congrégation depuis des années.

Trois des six conseillers municipaux de son propre parti se sont pourtant tenus debout en votant contre le projet controversé de la synagogue du 5363 Hutchison. De gauche à droite: Richard Ryan, Josée Duplessis et Carl Boileau.

Cliquez ICI et avancez à 9 min 39 s pour entendre leurs arguments pleins de bon sens (donnez aux vidéos 30 secondes pour se charger). Lisez également Le Devoir et La Presse sur le sujet.

Après une saga épique de plus de trois ans (Cliquer ICI pour un bon résumé de l'histoire réalisé par un journaliste de la station CIBL) , un processus référendaire bidon que les citoyens ont réussi à faire invalider en Cour supérieure, le chef de Projet Montréal a repris le bâton de pèlerin que Gérald Tremblay et Helen Fotopulos avaient dû laisser à l'Hôtel de Ville du Plateau lors des dernières élections municipales de novembre 2009.

Il faut dire que M. Bergeron s'est lui-même laissé impressionner par le puissant lobby hassidique qui l'avait pourtant combattu sans pitié lors des dernières élections.


Il semblerait que
le lobby ultrareligieux soit parvenu à noyauter le service administratif du Plateau. Des fonctionnaires prendraient fait et cause pour les projets hassidiques et mettraient des bâtons dans les roues des élus du Plateau. Le maire Ferrandez a admis, hier soir, qu'il y avait de l'obstruction à l'intérieur de la machine, en ajoutant qu'il allait voir au problème.

Cela n'excuse pas Richard Bergeron. Par pur opportunisme électoraliste et dans l'espoir de se faire du
«
capital politique» à Outremont et dans d'autres arrondissements le chef de la deuxième opposition a troqué ses soi-disant valeurs d'apaisement de la circulation et d'amélioration de la qualité de vie des résidents.

À ce petit jeu, il se montre aussi cynique et calculateur que le sont les chefs des autres partis municipaux
et, plus particulièrement le maire Tremblay, ainsi que les mairesses Marie Cinq-Mars et Helen Fotopulos, d'Union Montréal.

Il fallait entendre M. Bergeron dire que
«la congrégation [Gate David] se comporte de manière exemplaire en termes de démarches administratives et démocratiques.» Revoyez la vidéo montrant Mayer Feig, le porte-parole de la synagogue, contrevenir allègrement à la réglementation sur le bruit et ce, malgré l'interdiction expresse de Marie Cinq-Mars. Peut-être préférez-vous le voir défier l'interdiction de circuler en autobus intercités dans les rues résidentielles? Voyez le même administrateur de cette synagogue accueillir, le sourire aux lèvres, un de ces mastodontes devant la synagogue qui vient de se voir accorder la dérogation décriée par les résidents. La carotte, c'est un magnifique incitatif. Encore faut-il ne jamais jeter le bâton.

M. Bergeron a droit de se bercer d'illusions et de se tromper dans ses stratégies de conquête du pouvoir. Parions toutefois que sa brillante idée de troquer l'agrandissement d'une synagogue contre des votes aux prochaines élections va faire long feu.

Quant aux injonctions que veut utiliser le Plateau contre certains délinquants intégristes, dans l'absolu, c'est génial. Mais les
«Craignant Dieu»* ont fait cent fois la preuve qu'ils ne craignent pas d'utiliser les tribunaux jusqu'aux échelons suprêmes pour faire fléchir les empêcheurs de prier en rond. On se reparlera des résultats dans cinq ou dix ans.

Et nous, citoyens bafoués, nous revoici les dindons de la farce? Mais nous n'avons pas encore dit notre dernier mot.

Écoutez d'abord, l'intervention d'un citoyen qui a porté plainte au sujet d'une demie douzaine d'établissements suspects tout près de chez lui, sur l'avenue du Parc. Vous entendrez M. Ferrandez lui confirmer que quatre de ces lieux sont occupés illégalement par des membres de la communauté hassidique. Cliquez ICI et rendez-vous à 38 min 48 s de l'enregistrement.

Écoutez maintenant l'intervention d'un autre citoyen qui parle du lobbyisme douteux et du tordage de bras que subissent les citoyens aux mains des puissants dirigeants hassidiques. Cliquez ICI et reculez à 9 min 23 s de l'enregistrement.







Benoît Dutrizac m'a demandé de lui accorder une entrevue radiophonique sur le sujet cet après-midi (cliquer ICI pour l'entendre). Cela pourrait d'autant plus vous intéresser qu'on y a abordé une question qui a fait jaser hier soir lors de l'assemblée du conseil d'arrondissement d'Outremont.

Il faut bien dire qu'au moment où les élus du Plateau nous faisaient part de leur décision à propos de la synagogue, à Outremont, l'ambiance n'était guère plus jojo.

Durant la période de questions, un citoyen a demandé à Marie Cinq-Mars si le nouveau commandant de police d'Outremont qu'elle venait de présenter fièrement au bon peuple était bien le même homme qui avait accepté un voyage de deux jours à New York défrayé en grande partie par le lobby ultraorthodoxe. La foudre serait tombée sur la première dame d'Outremont que ça n'aurait pas senti davantage le roussi dans la salle du conseil.

Une fois de plus, Marie Cinq-Mars a sauté les plombs et perdu sa contenance BCBG.
Hystérique, la mairesse a carrément refusé de répondre, prétextant, comme c'est son habitude, que la question était malveillante. Et c'est elle qui ose déclarer dans la dernière édition de L'Express d'Outremont qu'elle est heureuse
«de voir qu'il existe des mécanismes dans notre société démocratique qui permettent aux citoyens concernés de pouvoir s'exprimer.»? Pincez-nous, quelqu'un!

Cinq-Mars n'avait surtout pas envie d'avouer que son commandant Martin Desbiens-Côté avait bel et bien couché à l'hôtel new-yorkais de Michael Rosenberg, le marionnettiste qui fait danser à sa guise les chefs de tous les partis municipaux de la métropole et leurs cours respectives. Les délinquants récidivistes pourront donc continuer de dormir sur leurs deux chastes oreilles.

Écoutez l'entrevue qu'a accordée le nouveau commandant à Benoît Dutrizac mardi après-midi. Ça ressemble à un «bien cuit»!

* Traduction du mot hassidim, en hébreu

1 commentaire:

Mariclaude Ouimet a dit…

Je viens tout juste de faire l'écoute des interventions citoyennes au conseil du Plateau.

JE SUIS SIDÉRÉE PAR LES MARQUES DE CIVISME ET D'ÉCOUTE RESPECTUEUSE DE LA PART DES ÉLUS ENVERS LES CITOYENS !!!!!

En tant qu'Outremontaise, je suis profondément jalouse !