vendredi 27 juin 2008

LE TEMPS DES CHOIX - LE CHAOS OU L'HARMONIE SOCIALE

Le 12 septembre 2002, le maire Stéphane Harbour affirmait dans L’Express d’Outremont que l’illégalité de la synagogue du 1030 Saint-Viateur était «un épineux problème qui avait pris naissance sous la responsabilité des administrations précédentes». Marchant sur des œufs (pourris), M. Harbour voulait arriver à une décision qui prendrait en compte les intérêts de tout le monde puisqu’il se considérait «dépositaire d’une certaine paix et harmonie sociale».
(cliquer sur la photo)

En 2007, au moment où il s’est fait montrer la sortie d'urgence, M. Harbour n’avait toujours pas osé mettre la clé dans la porte du paradis illégal. Craignant les crocs acérés des dirigeants hassidiques, il avait préféré faire le mort pendant dix ans. La paix et l’harmonie sociale avaient été dictées par moins de 17 % de la population d’Outremont.

Le 2 juin dernier, à l’assemblée du conseil d’arrondissement, Marie Cinq-Mars n’a pas fait mieux.
«Je ne suis mairesse que depuis six mois. Donnez-moi le temps. Nos avocats étudient le dossier
Lui donner du temps? Pas moins de 26 ans après les actes délictuels perpétrés au 1030 Saint-Viateur, la mairesse parle comme si elle venait tout juste de débarquer d’une autre planète et qu’il fallait qu’elle s’acclimate à un environnement inconnu.

Lisez la lettre que Pierre Chapuis, directeur du Service de l'aménagement urbain et du patrimoine d'Outremont, a envoyée à la congrégation de la synagogue illégale du 1030 Saint-Viateur, pas plus tard que le 23 novembre dernier (cliquer sur le document ci-contre). On jurerait qu'il voudrait faire croire qu'il vient tout juste d'apprendre que cette synagogue est illégale. Écoutez-moi ça:

" Il a été porté à notre attention l'existence d'une synagogue non-conforme au règlement de zonage... Suivant les recherches que nous avons effectuées, une synagogue serait en activités depuis plus d'une vingtaine d'années..."

Ce pauvre Monsieur Chapuis aurait dû nous le demander au lieu de payer des fonctionnaires à faire des recherches inutiles. Même Marie Cinq-Mars a avoué lors de la dernière assemblée du conseil d'arrondissement qu'elle connaissait l'existence de cette synagogue depuis plus d'une décennie.

C’est encore la faute des administrations précédentes, peut-être, si rien n’a été fait pour signifier la fin de la récréation aux dirigeants hassidiques?


Le hic, Mme Cinq-Mars, c’est qu’avant d’être élue mairesse, vous avez siégé HUIT longues années (1999 – 2007) à titre de conseillère municipale. C’est sans parler que déjà en 1992 vous vous immisciez dans les affaires d’Outremont en occupant une place au comité consultatif sur les arts visuels. Vous avez fait acte de présence sous les trois administrations précédentes: Pomminville, Unterberg et Harbour. Pendant toutes ces années où vous avez siégé au conseil, qu’avez-vous dit ou accompli à ce sujet, Mme Cinq-Mars? Vous chantiez? Eh bien! il vous faudra danser maintenant... et nous souhaitons que ce soit du bon pied. Et surtout, surtout, abstenez-vous d'endosser la démarche de M. Chapuis qui souhaite "identifier (avec la congrégation en défaut) des pistes de solutions qui permettraient de régulariser la situation dérogatoire." Régulariser la situation d'illégalité? Vous voulez rire, j'espère.

Dites-vous bien que 83 % des citoyens de l’arrondissement ne présenteront plus l’autre joue pour vous permettre de satisfaire aux exigences aberrantes et inadmissibles d’une minorité d’intégristes religieux qui n’acceptent rien de moins que la capitulation totale sans condition de la classe politique. Une classe politique à qui nous avons confié le mandat de voir au bien-être de l’ensemble de la population et de veiller au respect du patrimoine et des lois dûment votées pour que la société ne vive pas le chaos et l’anarchie. Faites votre travail, Madame Cinq-Mars. Faites respecter le zonage en vigueur. Après, on parlera de paix et d’harmonie sociale.
(Cliquer ici pour lire la version publiée dans L'Express d'Outremont)

3 commentaires:

tanné a dit…

Tout ce que je vois dans ce blogue me rappelle plusieurs expériences personnelles. Cela m’amène à me poser une question. Y a-t-il une possibilité raisonnable qu’il puisse devenir agréable de vivre avec nos voisins hassidim et que nous n’ayons plus envie de déménager?

Certains sont si désagréables qu’on ne se surprend pas qu’en Israël, de nombreux Juifs non-hassidim connaissent les mêmes difficultés que nous avec les Hassidim (voir Les Hommes en Noir, le reportage suisse qui circule présentement en DVD dans l’arrondissement).

Je sais que c’est difficile pour des gens qui ne demeurent pas près de cette communauté de comprendre nos frustrations et notre exaspération. Il y a quelques années, Janet Bagnall, du journal The Gazette a suggéré que des groupes comme les Amish et les Hassidim sont bien mieux lorsqu’ils s’établissent là où les autres ne peuvent pas les déranger et où ils ne dérangent pas d'autres. Sa suggestion serait-elle bonne?

Par exemple, les Hassidim qui ont leur propre territoire à Boisbriand semblent avoir trouvé une façon de minimiser les frictions avec les non-Hassidim. Devons-nous continuer à tolérer toutes ces frictions et à nous battre avec nos élus qui donnent l'impression de vouloir tout simplement plaire aux Hasidim qui crient plus fort et qui bafouent les règlements municipaux? Est-ce que les Hassidim vont continuer à contrevenir aux règlements parce qu’ils ne leurs conviennent pas, comme le laissait entendre leur porte-parole dans le reportage de Radio-Canada du 26 mai dernier?

Ne vaudrait-il pas mieux convaincre les Hassidim (qui, pour le moment, sont un groupe minoritaire, à Outremont) à déménager dans des enclaves comme Boisbriand, New York…ou Israel?

Pensez-y.

Signé: Tanné

Anonyme a dit…

@Tanné, Si vous voulez commencer à convaincre des personnes de déménager dans un endroit où elles seraient susceptibles de ne gêner personne ou de n'être gênées par trop de personnes, bonne chance... et bonjour la ghettoïsation.

Selon quels critères envisagez-vous ces délocalisations? Toutes les dérives seraient permises: si "l'enfer c'est les autres", pourquoi ne pas éloigner un jour les vieux, les pauvres, tous les étrangers, les jeunes, les chômeurs, les familles avec enfants bruyants, mes voisins qui me pourrissent la vie avec leur tondeuse à gazon, ceux qui ne pensent/votent pas comme moi, etc.?

Ne conviendrait-il pas au contraire de convaincre ceux qui ne respectent pas les règles élémentaires de vie en commun et les règlements municipaux de jouer le jeu de l'intégration ?

tanné a dit…

Gabrielle,

Je n’ai rien contre une bonne intégration des Hassisim dans le société québécois. Le problème, c’est qu’ils ne veulent rien savoir d’une telle intégration. Au contraire, alors que plus de la moitié des hommes hassidim ne travaillent pas (ils prient!), ils veulent profiter de certains avantages économiques (soins médicaux gratis, bien-être social). Par contre, ils veulent conserver leur vie sociale et religieuse totalement en marge. De plus, après avoir lu certains livres d’Israel Shahak et de Norton Mezvinsky (disponibles à la bibliothèque d’Outremont ou chez Amazon.com), tout indique qu’un bon nombre de Hassidim sont élevés dans la méfiance, quand ce n’est pas de l’aversion et de la répulsion à l’égard du monde extérieur.

Pour ce qui est des “délocalisations”, c’est déjà monnaie courante chez l’être humain. Dans l’édition de The Economist du 21 juin 2008 (p. 21, Political Segregation: The Big Sort), on parle précisément de cette tendance à préférer vivre avec des gens qui nous ressemblent. Le degré d’incompatibilité culturelle -- qui correspond souvent avec des différences ethniques – est en cause, mais vous avez raison d’évoquer le fait que plusieurs autres différences entrent en ligne de compte. The Economist parle des différences politiques (aux É.U.)! Mais une différence politique peut être un façade qui permette de cacher bien d’autres différences plus fondamentales.

Vous faites allusion à la “ghettoisation”. Pour moi, un ghetto n’est pas seulement une enclave ethnique: c’est une prison. On ne pouvait pas sortir du ghetto de Varsovie (sauf pour mourir dans un camp de concentration). L’enclave des Hassidim à Boisbriand n’est pas un prison.

Tanné