Comme ça, Philippe et Suzanne vont accueillir une famille de réfugiés syriens au Lac-Saint-Jean. Couillard a vraiment le cœur sur la main. «Ça va [nous] permettre d'être un peu aux premières loges pour voir l'évolution de ces dossiers-là», lance-t-il. Dites-moi que je rêve. Il parle comme s’il venait de s’offrir une loge à 35 000 $ au Centre Vidéotron qu’il a inauguré à Québec le même jour. A-t-il vraiment besoin de payer les dépenses de logement, de nourriture et de vêtements d’une famille en détresse pour être capable de suivre la «game»? Ça m’inquiète.
Philippe Couillard à l'inauguration du Centre Vidéotron, le 8 septembre 2015 |
Remarquez que ça ne serait peut-être pas une mauvaise chose qu’il voit personnellement à ce que «ses réfugiés à lui» apprennent le français, trouvent un emploi et inscrivent leurs enfants à de vraies écoles.
Il semble, cependant, ne pas réaliser qu’il a déjà chez lui des réfugiés bien mal en point. Rescapés in extremis d’une guerre aussi abjecte qu’effroyable, les ultraorthodoxes se sont échoués sur nos côtes il y a plus de six décennies. Après tout ce temps, la très vaste majorité des hommes ne parlent toujours pas le français, plusieurs travaillent s’ils ne sont pas trop occupés à étudier la torah et confinent leurs enfants à des «écoles» ségréguées où Yahvé règne sans partage. Sept heures par jour, six jours par semaine, on leur apprend qu’il y a 6000 ans, au sixième jour de la création, Dieu a placé les dinosaures et les hommes sur terre. Les mathématiques, l’histoire et les sciences? C’est juste bon pour les goys!
Si j’étais Philippe Couillard, j’inviterais François Blais à adopter une famille hassidique. Plutôt que de se scandaliser de voir des enfants québécois être initiés sereinement à la vie démocratique en faisant une chaîne humaine avec papa-maman autour de leurs écoles, on se serait attendu à ce que le ministre de l’Éducation s’indigne outrageusement à la vue de gamins lobotomisés par un régime sectaire dont le dessein est de s’assurer de les garder dépendants de leurs gourous.
Depuis neuf ans, tous les ministres de l’Éducation du Québec ont juré de mettre les récalcitrants au pas. Hélas! à ce jour, ils ont tous fait chou blanc. (lire La contre-attaque des sacrifiés)
En 2014, Yves Bolduc a bien bidouillé une entente avec une école illégale en transférant par magie l'éducation des enfants de la secte à leurs parents qui sont aussi démunis qu'eux. Ce qui était écrit dans le ciel est resté un vœu pieux. Il y a dix jours, Radio-Canada nous confirmait ce dont nous nous doutions déjà. Après presque un an, rien n’a été fait en ce sens.
C’est sans parler de toutes ces écoles opérées sans permis du ministère de l’Éducation qui sont régulièrement débusquées à Montréal et ailleurs en province.
Pour mal faire, aujourd’hui même, TVA nous rapporte le cas d’une énième école opérant en toute impunité alors qu’elle ne détient aucun permis du ministère de l’Éducation.
Une autre école illégale dénichée aujourd'hui même dans l'édifice Bovril |
De nombreux enfants hassidiques y ont été filmés dans leurs classes alors même que l’immeuble Bovril situé au coin de Van Horne et avenue du Parc subit des travaux majeurs.
Le jeu politique est tel, qu’aucun parti, aucun gouvernement n’a suffisamment de cran pour appliquer ses beaux principes humanitaires lorsque l’objectif ultime est de prendre ou de conserver le pouvoir. Même quand on sait que les sectes hassidiques au Canada ne comptent que pour 0,1 % de la population, tous les politiciens s’écrasent.
Les lobbys hassidiques s’insinuent partout… pour s’assurer, entre autres choses, qu’on ne touche pas à la ségrégation subventionnée et aux privilèges qu’ils veulent préserver, légaux ou non!
Ce qui était vrai à l’époque où Jean Charest avait fait des pieds et les mains pour subventionner à 100 % les écoles ethniques l’est tout autant aujourd’hui sous Philippe Couillard. À leur décharge, il faut bien dire que partout où les sectes hassidiques s’installent, les problèmes sont étrangement identiques et les politiciens, tout aussi avides du vote en bloc qu’elles leur procurent.
À New York, il semble qu’il ne faudra pas trop compter sur le maire Bill de Blasio pour faire respecter le cursus obligatoire au sein des écoles hassidiques délinquantes. Lors de son élection, en 2013, il s’est assuré le soutien de la moitié de la communauté Satmar. De plus, les hauts responsables de la ville et de l’état ont embauché des conseillers hassidiques.
Le directeur adjoint du maire de Blasio aux affaires intergouvernementales est Avi Fink, un résident orthodoxe de Queens. Letitia James, le Défenseur public (Public Advocate) a embauché Yoel Lefkowitz, un Satmar de Williamsburg à titre de coordinateur de sensibilisation communautaire. L’agent de liaison du gouverneur Andrew Cuomo est David Lobl, également un juif orthodoxe.
Dans l’état de New York, les George Pataki, Hillary Clinton, Sheldon Silver, Mario et Andrew Cuomo et autres politiciens ambitieux font tous religieusement escale à Kiryas Joel, pourtant le bled le plus pauvre des États-Unis. Élections obligent, ils veulent tous engranger le vote en bloc des 23 000 habitants de cette ville-ghetto où seuls les disciples du rabbin Aaron Teitelbaum qui lui versent un tribut ont droit de s’y établir.
Les gouverneurs Mario et Andrew Cuomo (père et fils) savent parfaitement ce qu’il faut faire pour engranger les votes ultraorthodoxes de l'état de New York. |
Durant son règne (1983 à 1994), alors même que la Cour suprême avait rejeté la création d’un district scolaire pour l’enclave sectaire, le gouverneur Mario Cuomo a mis toute la gomme pour que soit remaniée une nouvelle législation qui a finalement permis à la secte d’obtenir son propre district scolaire. Pourtant, là comme ailleurs, de nombreuses écoles hassidiques refusent obstinément d’enseigner les matières séculières. Il est tout à fait ironique de voir Mario Cuomo (visionner le court vidéo), en pleine campagne électorale (14 octobre 1990) remercier chaleureusement le rabbin loubavitch «for all you do for education».
À New York, toutefois, tous ne font pas dans la flagornerie. Mme Marci A. Hamilton, présidente de la Chaire Paul R. Verkuil en droit public de l’école de droit Benjamin Cardozo, dénonce les risques que courent les enfants dans les communautés juives ultra-orthodoxes. Elle blâme en bonne partie les autorités fédérales, étatiques et locales qui, tout en étant pleinement conscientes de ce qui se passe, détournent le regard au profit de gains électoraux. Mme Hamilton les accuse d'avoir manqué à leur devoir de les protéger.
La professeure Marci A. Hamilton blâme en bonne partie les autorités fédérales, étatiques et locales qui, tout en étant pleinement conscientes de ce qui se passe, détournent le regard |
Outre les problèmes d’abus sexuels et de santé découlant de la situation qu’ils subissent, la professeure de l’Université Yeshiva analyse les répercussions des carences éducationnelles sur ces enfants. Elle considère qu’ils sont profondément handicapés. «Les enfants de ces communautés sont pratiquement murés du monde extérieur et ceux qui choisissent de quitter souffrent cruellement de leur manque d’éducation.»
Le tableau que brosse Mme Hamilton est absolument consternant. Mais faut-il désespérer pour autant?
Un politicien a publiquement plaidé en faveur d’une véritable enquête à l’encontre des quelques 40 écoles hassidiques de New York qui n’offrent pas à leurs élèves un enseignement équivalant à celui du secteur public.
Daniel Dromm, conseiller municipal de New York, plaide en faveur d’une véritable enquête à l’encontre des 40 écoles hassidiques qui n’offriraient pas une éducation digne de ce nom. |
Contrairement au département de l’éducation de New York qui se contenterait de demander à ces écoles de fournir les documents tels les horaires et les plans de cours des yeshivas en cause pour déterminer si elles sont conformes à la loi, Daniel Dromm exigerait plutôt que les inspecteurs se rendent dans ces écoles, qu'ils rencontrent les élèves et qu'ils fassent une enquête approfondie sur ce qui se passe exactement dans ces écoles. Le conseiller municipal qui préside le Comité sur l'éducation de la ville de New York, se dit prêt à de mener sa propre enquête s’il n’est pas satisfait et à exiger des audiences publiques.
Ce n'est peut-être pas être demain qu’on verra un conseiller municipal exiger la même chose à Montréal. Surtout quand je pense qu’il y a quelques années à peine, Lionel Perez était membre de l’exécutif de l’école Yeshiva Gedola, une des fameuses écoles qui ne respectaient pas le régime pédagogique du ministère de l'Éducation.
Aujourd’hui, M. Perez est le conseiller de la Ville dans l’équipe Coderre. Bien sûr, le membre du comité exécutif et Responsable de la démocratie et des relations gouvernementales a perdu des alliés en les personnes de Michael Appelbaum et Saulie Zajdel, mais il ne manque pas de ressources, ni de poids dans la communauté intégriste.
Lionel Perez prenant la parole à l'hôtel de ville de Montréal |
Vous souvenez-vous combien Lionel était fier d’être à la première pelletée de terre du Torah and Vocational Institute of Montreal (TAV) qui prévoyait offrir des programmes universitaires complets sur une base de discrimination religieuse, sexuelle et linguistique? Non, je pense qu'on va devoir tenter de convaincre quelqu'un d'autre de sauver les enfants!
On va demander à Mindy Pollak, tiens! Je suis sûr que la conseillère hassidique de Projet Montréal ne fermera pas les yeux devant les carences éducationnelles que subissent trop de jeunes sans défense de sa propre communauté.
Mindy Pollak, le pantin des autorités sectaires d'Outremont et du Plateau Mont-Royal. |
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