jeudi 27 septembre 2012

LA GUERRE DU KIPPOUR

Hier, jour du Yom Kippur, Marvin Rotrand, Michael Applebaum et Lionel Perez, ont pu passer la journée à leurs synagogues respectives et demander pardon à Dieu pour les offenses qu’ils ont commises à l’encontre de leurs prochains. Comme tout bon croyant juif, les trois élus municipaux du parti de Gérald Tremblay se sont abstenus de boire et de manger, de se laver, de se frictionner le corps, de porter des chaussures en cuir et d’avoir des relations intimes. Avec un peu de chance, Dieu les aura inscrits dans le livre de la Vie. 

N’empêche qu’ils ont eu chaud. Samedi dernier, Anie Samson, la leader de l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville de Montréal avait contesté la décision de l'administration du maire Gérald Tremblay d'ajourner les travaux dès 17h, mardi, afin de permettre à trois élus de confession juive de participer à la plus importante fête du calendrier juif.
Messieurs Rotrand, Applebaum et Perez, d'Union Montréal ont bien failli ne pas pouvoir demander pardon à Dieu
Selon Mme Samson, cela n'avait pas de sens de pénaliser l’ensemble du conseil pour trois élus qui souhaitaient pratiquer leur foi. En guise d’accommodement, elle avait proposé que les trois fidèles prennent congé sans être pénalisés financièrement malgré leur absence.

Il n’en fallait pas plus pour que Marvin Rotrand se sente outragé. Il ne s’est pas seulement senti visé personnellement. Il a qualifié cette proposition d’insulte à tous les Juifs de Montréal. Il exigeait des excuses. Un peu plus et il demandait à la conseillère de Vision Montréal de célébrer le Jour du Grand Pardon avec lui!

Atteint dans sa foi profonde, Marvin Rotrand a soutenu que depuis plus de 30 ans, toutes les administrations ont toujours respecté les fêtes des principales religions représentées sur le territoire de Montréal. Est-ce à dire, M. Rotrand, que c’est plus important de respecter la foi d’un groupe parce qu’il est plus nombreux qu’un autre?

Si on suit le raisonnement du conseiller de Snowdon, on ne suspendrait pas les travaux du conseil pour un élu municipal vietnamien qui souhaiterait aller célébrer la fête du Têt,  la seule journée de l’année où l’esprit de ses ancêtres repasse sur terre? Me semble d'entendre Rotrand lui dire:
«Sorry, mon coco. Ta croyance n'est pas au top du hit-parade montréalais des cultes».  

À Montréal, selon Statistique Canada, la distribution des appartenances religieuses va comme suit : catholiques, 74,5%;  protestants, 6,2%;   musulmans, 3%;  orthodoxes chrétiens, 2,8%;  juifs, 2,6%. Suivent les bouddhistes (1,1%), les hindous (0,7%) et les sikhs (0,2%). Avec un «score» d’à peine 2,6%, peut-on vraiment parler de religion principale? Et à 1,1%, s’agit-il d'un culte marginal?

Il me semble que ce n’est pas le poids relatif des religions qui devrait être le barème pour déterminer de la tenue ou de la suspension des travaux du gouvernement municipal. Comme l’a bien dit Louise Harel, la chef de Vision Montréal, «l'Hôtel de Ville doit être une institution laïque, même si les conseillers ont tout le loisir de pratiquer leur foi». Même mon ami Julius Grey soutient qu'il est contre cet accommodement collectif (voir le reportage de TVA)

Le pire de toute cette histoire n’est pas tellement la montée de lait de Marvin Rotrand, mais bien la réaction répugnante de Richard Bergeron, le chef de Projet Montréal et de son poulain de Rosemont, François Limoges.


Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, et son conseiller François Limoges: plus rapides que le B'Nai Brit
Écoutez-moi Limoges lors d’un point de presse : «Si Vision Montréal est assez désespéré pour sortir quelque chose d'aussi populiste, qui vise — on ne mâchera pas nos mots — à réveiller un sentiment antisémite pour marquer des points et passer dans le journal, c'est déplorable pour eux». Et Richard Bergeron n’a rien trouvé rien de mieux que d’abonder dans le même sens. Tirer plus vite que le B’nai Brit, faut le faire!

L’accusation est non seulement révoltante, mais obscène. Ces deux gars-là se prennent-ils pour des Wiesenthal? Ils font des procès d’intention à des adversaires politiques uniquement pour se faire du capital auprès d'une communauté. Et Bergeron a le culot d’ajouter qu’il ne fait pas de petite politique. Il en connaît un bail sur la «basse partisanerie potentiellement explosive».  Luc Ferrandez doit pas être trop fier de son «cheuf». On le comprend, le pauvre.


Si je n’avais qu’un petit conseil à donner à Richard Bergeron, ce serait justement de prendre grand soin de mâcher ses mots pour ne pas s’étouffer avec. 

Daniel Sanger à un party des Friends of Hutchison St
L’accusation d’antisémitisme est une grenade qui se dégoupille tellement facilement. Qu’il le demande à Daniel Sanger, un de ses attachés politiques. Il en a fait l’expérience personnelle en juin 2011. 

Sanger, un ancien journaliste controversé
qui a déjà prétendu que la capitale nationale du Québec avait été le théâtre d’un nettoyage ethnique (Saturday Night Review, mars 2000), n’a jamais caché son parti pris pour la secte hassidique dans l’affaire du référendum sur l’agrandissement de la synagogue du 5363 Hutchison. Dans son entourage, on raconte qu’il peste contre les francophones qui ont voté contre cet agrandissement.

Or, au lendemain de la défaite des ultraorhtodoxes, la virulente Leila Marshy a publié dans le magazine en ligne The Rover, un article intitulé Democracy has a Downside où elle crache son fiel contre ces mêmes francophones empêcheurs de prier en rond.

Dans un commentaire placé au bas de l’article, l’attaché politique de Projet Montréal félicite Marshy, rectifie certains faits, mais commet l’erreur de faire un tout petit reproche à certains membres de la communauté hassidique en écrivant : «J’espère que les hommes [hassidiques] vont commencer à conduire leurs fourgonnettes de façon plus responsable». 


Il n’en fallait pas davantage pour qu’un certain hassidim s’identifiant comme S. Binet lui dise sa façon de penser : «ton commentaire malicieux n’est guère mieux que ce que fait P. Lacerte». Et vlan dans les dents. Probablement pour la première fois de sa vie, Sanger se faisait pratiquement traiter d’antisémite. Il l’a certainement pris dur, le pauvre homme. 

S’il était intelligent pour deux cennes, Sanger conseillerait à ses amis de Projet Montréal de faire très gaffe avant de traiter quelqu’un d’antisémite. Mais peut-être est-ce trop lui demander.

En dépit du blâme que lui avait adressé le Conseil de presse du Québec pour sa déformation des faits et l'inexactitude de son information, Daniel Sanger semble avoir conservé ses préjugés tenaces.

Personnellement, je suggèrerais à tous ceux qui ne pensent pas avant de parler de faire le test Suis-je antisémite? placé sur Youtube. C'est très révélateur et ça éviterait à plusieurs d'avoir l'air con.

3 commentaires:

Martin Gamache a dit…

Quant à moi, Richard Bergeron a prouvé depuis longtemps qu'il est un simple opportuniste...

S. Rivard a dit…

Pour 1,3% de la population canadienne... et même là, ils ne sont pas tous radicaux et une infime partie demande cet accomodement!
Pour certains: trois jours sans solde!! Auront-ils droit aux déductions de culte?!

Et les accusations d'antisémitisme à l'égard de Louise Harel, de la part du névrosé de l'auto qui s'est converti à l'Islam pour prendre femme...

Avec Tremblay, Cinq-Mars et Bergeron: dans la soumission et la tonte jusqu'à la moëlle!!!

Jacques Tremblay a dit…

Marvin Rotrand... le même qui voulait décrocher le crucifix en 2002!

http://www.ledevoir.com/societe/education/442/crucifix-les-prieres-de-rotrand-n-ont-pas-ete-entendues