jeudi 9 juin 2011

LE PRIX DE LA PITIÉ

Il aura suffi aux dirigeants hassidiques de se montrer négligents, imprévoyants et totalement insouciants pendant 60 ans pour susciter la compassion des bons citoyens qui se sont présentés à la «visite libre» de dimanche dernier à la synagogue qui sera soumise au référendum, le 19 juin prochain.

Comment, en effet, ne pas s’attendrir en entendant ce fidèle bobov raconter sans retenue que les vieux sages de la synagogue en sont réduits à faire pipi dans le lavabo du rez-de-chaussée parce qu’ils ne sont plus en mesure d’emprunter l’escalier qui gîte dangereusement? Remarquez que dans l’état de décrépitude de la synagogue, cette méthode peu orthodoxe de se soulager est plus hygiénique que d’affronter la moisissure qui prolifère autour des urinoirs malodorants et sur les murs lépreux tachetés d’éclaboussures. Ah! Je vous dis. Quand la misère s’acharne sur le pauvre monde, c’est pas drôle. Ça doit être la faute des méchants voisins.
Heureusement qu’il y a encore de bons chrétiens. Des gens qui ont le cœur sur la main et qui ne reculeraient devant rien pour ne pas laisser leur prochain dans la dèche.

En situation de crise, il
faut ce qu’il faut. Demandez-le à Marie-Claude Lavigne, l’hôtesse qui accueillait les visiteurs à la porte de la synagogue.

La vice-présidente d’Optimum Relations Publiques, la firme chapeautée par Vision 7 International, une des 25 plus grandes compagnies de communication au monde
(photomontage)

Depuis le perron, Mme Lavigne invitait les passants à venir voir le beau « projet de rénovations ».
Or, c'est de la désinformation. Il s'agit plutôt d'un ptrojet d'agrandissement dérogatoire dans une zone strictement résidentielle (lire l'article que j'ai publié ce matin dans Le Devoir).


Il fallait qu’il soit très spécial, ce projet des intégristes religieux, pour que Thomas Mulcair, le très sollicité chef adjoint du NPD, passe une grosse heure à l’intérieur de la synagogue en état de putréfaction avancée. La v.-p. d'Optimum n’était pas peu fière de dire que c’est elle qui avait convaincu la communauté de faire cette visite libre. Une idée qui a certainement valu son pesant d'or (15 000$ ou 20 000$?).

Malheureusement, à sa sortie du lieu de culte , Mulcair a carrément refusé de prendre le dépliant qu’une citoyenne opposée au projet lui a tendu. Thomas a plutôt pris ses jambes à son cou. En voilà un autre qui préfère s’en tenir aux fausses vérités des intégristes qu’il courtise assidument.

La fierté

C’est fou comme la fierté diverge selon les coutumes. Dans ma jeunesse, dès que des visiteurs s’annonçaient à la maison, on passait l'Électrolux jusque derrière le frigo au cas où matante Gertrude aurait la mauvaise idée d’y faire le test du doigt.

Dans le cas de la synagogue, Rifka Hanfling , la porte-parole hassidique, se faisait au contraire une fierté de faire visiter ce taudis. « Nos voisins y constateront tout l’attachement de notre petite communauté à ce bâtiment qui est au cœur de la vie de nos familles depuis près de 60 ans », affirmait-elle. Vraiment? Cou’donc... autres confessions, autres mœurs, faut croire.


D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la synagogue du 5363 Hutchison n’est pas l’exception vermoulue qui confirme la règle. Presque partout où les intégristes hassidiques installent leurs lieux de culte dans le Mile-End et à Outremont, les immeubles se transforment en cambuses aux allures sinistres et sordides.

Des exemples? Pensons au 5815 Jeanne-Mance, au 5555-5571 Hutchison, au 5843 Hutchison, 6082 Parc, à l’ancien restaurant La Mère Poule et la très célèbre synagogue des Rosenberg (cliquer sur les adresses pour accéder aux musées des horreurs).


Hélas, leur laisser-aller ne se limite pas aux lieux de culte. Rappelez-vous, par exemple, la guerre juridique que livre depuis dix ans le gouvernement fédéral au puissant Michael Rosenberg. Ce dernier néglige l’entretien de ses complexes L’Esplanade Laurier et Les Terrasses de la Chaudière qu’il loue pourtant au gouvernement à gros prix (cliquer ici, puis visionner le reportage de Radio-Canada).

 
Le pire, dans tout ça, c'est que ce problème se vit bien au-delà de Montréal, Gatineau et Ottawa.

Dans son édition du 8 décembre 2010, le magazine new-yorkais The Village Voice a fait sa une avec une bombe: «Beyond belief - How can a religious person justify being a slumlord?».

En lisant cet article, on croit rêver. En fait, il faudrait plutôt parler d'un méchant cauchemar.

L'article réagit à une série de deux reportages publiés quelques mois plus tôt dans la même publication qui présentait le palmarès des dix pires propriétaires immobiliers de New York. Pour mal faire, dans ce honteux
«Bottom 10», on retrouve une sur-représentation de propriétaires ultraorthodoxes (lire la Partie I et la Partie II de cette série).
L'onde de choc a été telle à New York que le rabbin activiste Jill Jacobs (photo ci-contre) a publié dans les pages du Jewish Daily Forward un article intitulé «When the Slumlords are us». Elle a aussi commis «Jew or not, a crook's crook» dans le New York Daily News. Fait rarissime, elle a même tenu a ce que le «linge sale» de la communauté soit aussi lavé dans les médias laïques. Bref, vous le voyez, il y a là de quoi méditer.

Toutefois, cela ne permettra pas de dissiper tout à fait la stupéfaction de Richard Bergeron.

Le 5 août 2010, lors de la visite guidée qu'il a faite en ma compagnie, le chef de Projet Montréal était demeuré perplexe. Témoin de l'état pitoyable des immeubles et des fonds de cour de certains lieux communautaires hassidiques du Mile-End, M. Bergeron s'était étonné du contraste entre cette déchéance et les voitures de luxe qui y étaient stationnées. Qu'il se rassure. Nul n'est tenu de résoudre la quadrature du cercle. Surtout pas celle du cercle des initiés.

Il faut apprendre à vivre avec une petite dose de mystère.


2 commentaires:

Michel Delage a dit…

Et pourquoi ne pas dire aussi que ces mêmes ultraorthodoxes ont des maisons cossues qui souvent valent des millions. Si leur lieux communautaires sont en décrépitudes c'est qu'ils le veulent bien...un peu comme les mexicains qui ne finissent pas leur maison exprès car une fois terminé leur maison sera réévaluée et leurs taxes doublées.
Faire un petit jardin devant sa maison, mettre les poubelles dans le bon temps et surtout dans des sacs propres ça ne coûte rien... alors s'ils ne font même pas ça, imagine le reste.
OUI ils font pitiés, mais étrangement ils ont de l'argent pour payé une firme de communication et des firmes d'avocats et ils ont tous des cellulaires et beaucoup d'enfants (qui coûtent quand même quelque chose)
Alors, pourquoi laisser leurs lieux communautaires en mauvais état ?
Décidément....bonjour la cohérence. Et ils imaginent que nous pourrons comprendre leur comportement...

Claude Lachance a dit…

Une synagogue étant un lieu public, comment se fait-il qu'aucun inspecteur de salubrité publique n'ait visité les lieux avant, et fermé les dits lieux??? Moi, si j'ouvrais un petit café 4 tables avec un tabouret, j'aurais à peu près tous les inspecteurs possibles en visite. Peut-on acheter un permis et s'en tirer? you kaï di you kaï da...