mardi 19 mars 2013

L'ACTE DE CONTRITION SÉNATORIAL



Bernard Trépanier, alias Monsieur 3 %, sera en vedette cette semaine à la Commission Charbonneau. Tout le monde se trémousse déjà sur son fauteuil de salon à l’idée de voir l’ancien directeur du financement du parti de l’ex-maire Gérald Tremblay ouvrir son coffre-fort.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’argentier d’Union Montréal avait des relations. Remarquez qu’il n’est pas le seul à avoir un carnet d’adresses qui ressemble à un bottin de téléphone VIP.

Prenez le sénateur Leo Housakos, par exemple. Même Tony Accurso misait sur son influence pour obtenir la nomination de Robert Abdallah à la tête du Port de Montréal. Accurso n’était qu'un de ceux qui lui faisait de beaux yeux.

Le 28 novembre 2012, l’enquêteur Érick Roy, de l'escouade Marteau, a raconté devant la Commission Charbonneau qu’en 2007 et 2008, Housakos (pas encore nommé sénateur par Stephen Harper) avait eu le loisir de rencontrer de grosses pointures au très sélect club 357c. L’enquêteur Roy parle de tête-à-tête avec Bernard Poulin, président du groupe d'ingénieurs SM, avec l'entrepreneur Paolo Catania, sans oublier, bien sûr, Monsieur 3 %.
 

C’est ce même Housakos qui, au printemps 2006, était intervenu auprès du chef de cabinet du ministère des Travaux publics pour intercéder en faveur d’un «allié important». Cet «ami politique qui allait aider les conservateurs dans la communauté juive» n’était nul autre que Michael Rosenberg.

Le puissant propriétaire du Groupe Rosdev était alors au centre d’une grosse bataille immobilière avec le ministère des Travaux publics dans laquelle il risquait de perdre deux gros complexes gouvernementaux. En jouant au lobbyiste, Leo Housakos voulait s’assurer que Rosenberg soit «bien traité par le gouvernement». (Visionner le reportage du téléjournal de Radio-Canada)

Si je ramène cet épisode sur le tapis, c’est que je suis tombé sur la lettre du sénateur Housakos dans La Presse du 11 mars dernier sous le titre «Une politique trompeuse». Leo y dénonçait le multiculturalisme non seulement comme étant une stratégie politique du Parti Libéral des années 1960 pour acheter le vote ethnique, mais il estimait que cette politique avait contribué à la formation de ghettos dans les grandes villes comme Montréal et Toronto. C'est Julius Grey qui a dû faire une syncope

J’ai été passablement surpris par ces propos, mais lorsqu’il a poussé la note jusqu’à déplorer que même le gouvernement Harper avait adopté cette stratégie «de profilage de la population canadienne basé sur la race, la couleur et la religion», j’ai failli m’étouffer à mon tour.


Le sénateur conservateur a-t-il réellement fait un acte de contrition ? Que ce soit au municipal, au provincial ou au fédéral, en connaissez-vous des politiciens qui ne racolent pas jusqu’au dernier groupuscule d’intégristes religieux pour des raisons électoralistes? Housakos a fait un vœu pieux, à moins qu'il ait simplement versé des larmes de crocodile.

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