Séparer le bon grain de l'ivraie. Dans la stratosphère du religieux,
cette métaphore semble être une véritable fixation. Coûte que coûte, il faut départager le bien du mal, les bons des méchants, les élus des
perdants.
Dans la culture juive, la cacherout est un symbole de solidarité communautaire. Comme l’a déjà expliqué Ira Robinson, professeur de religion
de l’Université Concordia, «elle permet de diviser les Juifs des non-juifs
et de créer un sentiment d’appartenance».
Ira Robinson et Djemila Benhabib |
Chez les musulmans, le halal est l’application de la charia ou loi islamique dans tous les aspects de la
vie quotidienne. Même dans le dentifrice. Djemila Benhabib le décrit comme «une espèce de cordon sanitaire qui préserve la «pureté»
des musulmans du reste de la société d’accueil». Inch Halal!
Mais les produits assujettis
à la «halalisation» ou à la «cachérisation» ont-ils des
propriétés particulières que les denrées non soumises aux règles du Talmud ou
du Coran n’ont pas?
Mme Danielle Medina,
présidente de l’entreprise Food with a conscience, fait en partie son beurre en moussant la
certification cachère. Une certification que sa firme ambitionne étendre à
l’ensemble des aliments.
Récemment interviewée dans le cadre de l’émission J.E.
(avancer à 1 min 49 s), Mme Médina
soutient que son étude de faisabilité établit «que le consommateur
associe le produit kosher [sic] à l’hygiène alimentaire, à l’équilibre
nutritionnel»
Le gouvernement Harper
prêche la même chose. Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada (voir p. 4 et 7) , les
consommateurs américains achèteraient des produits cachers parce qu’ils sont
inspirés par la qualité du label. Mieux.
Ces aliments profiteraient de la popularité croissante du mouvement écologiste,
car «les précautions entourant leur fabrication donnent à penser qu'ils
sont plus purs et plus naturels». Agriculture Canada prétend même nous en
fournir une preuve «irréfutable» en ajoutant : «Comme
les enseignements sacrés du judaïsme prônent le respect de la terre et des
êtres vivants, les aliments cachers
répondent aux préoccupations des consommateurs respectueux des principes éthiques». C’est tellement gros qu’on est en droit de se demander quel organisme a bien pu dicter le contenu de ce document gouvernemental.
répondent aux préoccupations des consommateurs respectueux des principes éthiques». C’est tellement gros qu’on est en droit de se demander quel organisme a bien pu dicter le contenu de ce document gouvernemental.
Comme ça, les consommateurs
achèteraient des produits cachers parce qu'ils les considèrent de meilleure
qualité? Pourtant, en 1987, Schulem Rubin, un rabbin du Bronx interviewé par le
Washington Post, était on ne peut plus clair: «Kosher doesn't taste any better; kosher ins't healthier; kosher doesn't have less salmonella. Religion is not based on logic.»
Et chez nous? Est-ce vraiment parce que les Québécois non
juifs sont préoccupés par leur bien-être et la salubrité des aliments qu’ils constituent
la très grande majorité des consommateurs de produits cachers? Hummmm! Est-il
permis de s’inscrire en faux?
Allez donc demander aux consommateurs québécois qui sortent
de l’épicerie s’ils savent que plus de 70% des aliments et des produits qu’ils
consomment sont cachers. La
très grande majorité ne saura même pas de quoi vous parlez. Même des spécialistes
des communications, des gens très éduqués, n’auront jamais remarqué l’une des trop discrètes estampilles qui se terrent dans les replis d’emballages. Faites-leur faire un inventaire
de leur frigo et ils tomberont à la renverse en réalisant qu’ils mangent
«religieux».
Nous ne voudrions pas faire de peine à Mme Danielle
Médina, ni même à M. Alex Werzberger qui siège au conseil de direction du Vaad Ha’ir de
Montréal, mais tout le monde ne souscrit pas à l’idée que les produits halal ou
cachers constituent une garantie supplémentaire de qualité.
La réputation du magazine Protégez-Vous n’est
plus à faire. En 2002, ses équipes de professionnels ont procédé à une
évaluation de l’alimentation cachère. Leurs conclusions? Les denrées cachères n’apportent rien de plus que les
aliments « normaux ». Mme France Provost, de l’Agence canadienne
d’inspection des aliments, a été formelle là-dessus : «Dans les deux
cas, la qualité est strictement la même».
La seule véritable différence, lit-on dans l’étude, c’est qu’il est nécessaire de verser une «taxe rabbinique» pour remercier le rabbin de ses services et pour utiliser l’un des nombreux symboles de certification cachère. Chez le producteur de yogourts Liberté, un cadre a évalué ce coût à 0,01¢ par produit vendu.
Vous trouvez que c’est de l’enculage
de mouche que de s’intéresser au prélèvement d’un centième de cent? Vous avez
peut-être oublié ce qui s’est produit en 2011 lorsque les Européens ont proposé
d’instaurer une taxe de 0,01% sur les produits dérivés financiers. Les Américains ont catégoriquement refusé l’idée et les Britanniques ont
lancé de hauts cris en soutenant qu’un tel
niveau d’imposition entraînerait une délocalisation des transactions
financières vers des pays tiers.
Comme quoi, les centièmes de ci et de ça ne sont pas insignifiants pour tout le monde.
Ici ou
ailleurs dans le
monde, on peut aussi se demander dans quelles institutions
religieuses aboutissent ces redevances. Alors que certaines échappent au fisc, d’autres servent à alimenter des groupes intégristes pour le moins inquiétants (cliquer sur l'image pour visionner le reportage).
Au Canada, en matière de salubrité
des aliments, personne ne peut se péter les bretelles. On n’a qu’à penser au
scandale de l’abattoir XL Foods, d'Alberta pour s’en convaincre.
Mais sur le
tout petit territoire d’Outremont et du Plateau, peut-on se fier aveuglément à
la salubrité et à la qualité des aliments religieusement préparés ou
distribués? Hélas, pas toujours.
En juillet 2011, j’avais publié La tourista, une chronique qui parlait, entre autres, du service traiteur
cacher Oineg Fine Kitchen,
situé au 360 rue Saint-Viateur Ouest, à deux pas du célèbre YMCA de
l’avenue du Parc. Aujourd’hui, près d’un an et demi plus tard, ce bouiboui occupe
encore le deuxième rang au palmarès des établissements alimentaires montréalais ayant accumulé le plus grand
nombre d’amendes. Avec un score de 18 900 $ de contraventions, il figure toujours dans
le peloton de tête au chapitre des plus fortes sanctions imposées aux contrevenants sur l’île de
Montréal
Oineg n’aurait
pas été le seul établissement ultraorthodoxe à faire fi des normes de salubrité.
De 2003 à 2007, une entreprise de distribution de produits cachers a opéré un
entrepôt sur la rue Bernard, à l’est du boulevard Saint-Laurent.
Deux anciens travailleurs nous ont contactés pour nous confier
certaines pratiques qui auraient eu cours à l’intérieur de ce hangar qu’ils ont
qualifié de totalement insalubre, infestés de rats et de vermine.
L'entrepôt insalubre de la rue Bernard |
Sous les
ordres de deux hommes d’affaires hassidiques d’Outremont, une dizaine de
travailleurs provenant en grande partie de pays d’Europe de l’Est déchargeaient
et transféraient des cargaisons de denrées périssables provenant d’Israël et des États-Unis.
Chaque semaine, entre quatre et cinq camions remorque de 53 pieds auraient déversé leur marchandise dans cet entrepôt. La remorque couverte de graffitis aurait servi de congélateur.
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Selon les dires de ces employés payés sous la table, les dirigeants de l’entreprise auraient exigé d’eux qu’ils utilisent du dissolvant à vernis à ongles pour effacer les dates de péremption estampillées sur les contenants (crème sûre, fromage cottage et râpé, garniture, jus, etc.) pour les remplacer par une date qui redonnait une nouvelle vie à des produits périmés, voire rancis ou carrément moisis.
Qu'est-il arrivé à cet entrepôt? À l’hiver 2005, une descente des forces policières et sanitaires aurait eu lieu tôt le matin. Aux dires d'un des travailleurs qui se trouvait sur place ce matin-là, l'entrepôt a été fermé pendant deux semaines avant de reprendre ses activités comme si rien ne s'était passé. En 2007, l'entreprise a simplement déménagé ses pénates ailleurs sur l'île de Montréal.
Ragoûtant, tout cela, n'est-ce pas?
2 commentaires:
En France, certaines certifications halal sont gérées par des organisations juives...
Mais si on dénonce ces pratiques maffieuses (la cacheroute dont on tait les chiffres et les destinations!), on se fait traiter d'antisémites, conspirationistes ou carrément d'idiots.
Même le clown libidineux Bouchard (du célèbre cirque à catharsis collective) rabrouait quiconque osait avancer la question.
Et nous on continue de payer, de faire vivre certaines sectes et même d'aider les causes d'appui au régime d'apartheid d'une certaine Terre Sainte...
Et on a pas droit à un reçu pour charité.
Mais c'est pas avec Harper, Mulcair ou Trudeau que ça va changer!
Les superstitions et l'aliénation sont des gages d'abus de pouvoir sur l'ignorance des esprits. C'est ce qui se passe dans les tribus qui sont éloignées de la civilisation et des sciences. Étonnant quand même que ce phénomène s'accroche encore les pieds dans la religion dans des pays comme le nôtre! C'est ça l'aliénation. C'est un cordon qui nous empêche d'ouvrir notre esprit à la réalité!
Dommage que la politique se fasse aussi attraper dans ce filet au bout du cordon. La politique alors arrive pour abuser non seulement des esprits, mais du porte-monnaie. Là, ça commence à friser la criminalité économique. On appelle cela du détournement des valeurs.
On va peut-être se réveiller si on nous dit où vont nos économies. J'aimerais mieux payer plus cher certains produits pour mettre fin à l'exploitation humaine dans les pays du sud que de payer un gourou qui baptise la nourriture. C'est pour cela que je choisis ce que je mange.
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