Saviez-vous qu’il y a un an (le 4 novembre 2011), le gouvernement conservateur a pris l’engagement de soutenir généreusement le secteur des aliments religieux à Montréal?
Le ministre Paradis entouré des bénéficiaires de la subvention, dont le rabbin David Banon, à l'extrême droite. |
Comme ça, les évangélistes d’Ottawa se donnent pour mission de convertir des inspecteurs des aliments qualifiés en ronds-de-cuir religieux aux compétences apparemment clopin-clopantes. Ce n’est pas moi qui le dis, mais plutôt M. David Macdonald, économiste au Centre canadien de politiques alternatives qui s’en confie aux journalistes de l’émission J.E. dans un nouveau reportage fort intéressant intitulé De l’inspecteur au rabbin.
Le rabbin Salomon Karmel en pleine «inspection» |
Le rabbin Banon avec Michael Appelbaum, en mai 2012 |
À la lumière du reportage de l’émission J.E., il semble que cette quasi-saturation de produits religieux ne soit pas encore suffisante pour satisfaire les 35 000 personnes (0,4 % des 8 millions de Québécois) qui les consomment par conviction religieuse. Voilà maintenant que ces organisations viseraient à étendre la cachérisation à l’ensemble des aliments toujours païens. On pourrait même dire que la conquête de la planète est déjà fort bien entamée.
Saul Emanuel, directeur général de Vaad Ha’ir de Montréal |
Dans l’édition d’octobre 2012 du magazine Canadian Grocer, le directeur général de Vaad Ha’ir de Montréal, le rabbin Saul Emanuel explique sans détour qu’en Amérique du Nord, la certification cachère est devenue une exigence incontournable (essential requirement) pour les entreprises du secteur agroalimentaire. «Sans la certification cachère, dit-il, il est presque impossible de voir ses produits acceptés dans les épiceries américaines».
En 13 ans, le nombre d’agences de certification cachère est passé de 18 à… 1 063 à travers le monde. Le rabbin Yosef Wikler, rédacteur en chef du Kashrus Magazine In America estime qu’aux États-Unis seulement, la certification cachère est un business de 200 millions de dollars par an.
Avec 16 000 fabricants d'aliments certifiés cachers, lesquels produisent plus de 110 000 articles qui portent déjà le label cacher et auxquels s'ajoutent 2 500 nouveautés chaque année, on n’a aucun mal à concevoir que c'est fort lucratif. Même que ces fameux 200 millions apparaissent être un pactole très conservateur. On n'a qu’à imaginer ce que cela implique pour une entreprise comme Pillsbury que de se convertir à la cachérisation. Interviewé par le Bloomberg Businessweek, le rabbin Moshe Elefant, chef d’exploitation de l’agence de certification Orthodox Union, parle d’un effet domino. «Cela implique des milliers d’ingrédients fabriqués par des centaines d’entreprises dans des milliers d’usines. Tous doivent être certifiés».
En 2006, M. Saul Emanuel expliquait que pour chaque article qu’elle souhaitait faire certifier, une entreprise devait, entre autres, inclure un chèque de 575,12 $... non remboursable. Cela ne comprenait évidemment pas les frais d’inspection annuelle de plusieurs milliers de dollars.
Dans le reportage de J.E., M. Kevin Hart, le propriétaire de la boulangerie Homemade Kosher de l'avenue Bernard estime que la routine de la certification fait augmenter ses coûts de 5 à 7%.
Eh! oui. C’est à vous et moi, bons consommateurs, bons samaritains et bonnes pâtes que nous sommes, qu’est refilée la facture. Comme l’expliquait M. Emanuel dans le journal Montréal Campus, une fois les « inspecteurs »payés, le bureau de certification cachère donne une partie de ses profits à des organismes de charité juifs. «Nous aidons à perpétuer l’enseignement juif, ici et en Israël.», avoue le rabbin.
Heureusement que notre contribution (involontaire) sert à une bonne cause! Est-ce un accommodement raisonnable comme le laisse entendre le rabbin David Banon? Certains qualifieraient plutôt cela se faire rouler dans la farine… cachère.
4 commentaires:
Dans votre chronique, vous parlez de la cashérisation de centaines de produits, que nous payons tous, juifs ou pas, religieux ou non.
Ces produits sont d'ailleurs étiquetés de plusieurs façons différentes (U, K, COR, MK, PARVE...) et appartiennent à des domaines parfois très éloignés de l'alimentation humaine, comme la nourriture pour animaux! Souvent d'ailleurs, on trouve peu ou pas de produits concurrents, comme pour le bicarbonate de soude, le papier aluminium ou les détergents à lessive...
Peut-être êtes-vous au courant que tout le monde peut réclamer dans sa déclaration de revenus une déduction pour produits cashers. Depuis plus de 15 ans que je la réclame, cette déduction de 500$ ne m'a jamais été refusée.
Bravo pour votre travail essentiel.
Résultats d'une toute petite enquête sur des denrées alimentaires cashères dans ma cuisine (et ailleurs):
Beurre d'arachides Kraft
Beurre Lactancia
Margarine Becel
Confitures E.D. Smith
Gelée de menthe Smucker's
Sirop au chocolat Nesquik
Pâtes Lasagne Italpasta
Mon chum a un tatouage sur la fesse gauche: MK. J'ai toujours pensé que c'était une ex. À la lecture de votre billet, dois-je comprendre que je vis avec un homme certifié kasher depuis 11 ans ?
Le Québec est sûrement champion mondial de l’aplaventrisme, juste le fait de tolérer autant de produits cachères car ces hommes de Dieu exigent aux grandes compagnies d’être cachère pour avoir une place sur les tablettes des grandes surfaces. Alors, si je veux du beurre de peanut ou un Coke non cacher, ça n’existe plus au Québec, comme de nombreux autres produits. On nous oblige donc à consommer une partie de leurs rites religieux. Il doit sûrement y avoir un endroit pour ce plaindre du fait que cette minorité ne fait aucun accommodement raisonnable à l’ensemble de la population.
Bonjour Michel Vais
Ou est la ligne dans le rapport d,impôt pour la déduction de 500$ pour aliment cacher
merci
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