mercredi 25 avril 2012

LA TRAQUÉE ET LES COINCÉS

Le 8 mars dernier, comme vous le savez tous, la conseillère Céline Forget a été victime d’une agression répugnante de la part d’une quarantaine d’hommes hassidiques. Alors que ceux-ci n’ont jamais été inquiétés par les policiers, je viens tout juste d’apprendre sur le site de la conseillère municipale qu’à la suite de cette attaque en règle, un membre de la secte a poussé l’agression encore plus loin. Il a déposé une plainte criminelle contre la femme que lui et ses coreligionnaires ont harcelée et injuriée.

Le comble, c’est que Mme Forget ne l’a appris que le 17 avril, soit 40 jours après l’évènement. Quarante jours, c’est aussi long que le jeûne du Christ dans le désert! À l’âge d’Internet et des téléphones intelligents, c’est une éternité. On se demande bien pourquoi les autorités policières ont tenu si longtemps secrète cette démarche à la principale intéressée. Ils respectaient le carême, peut-être? Écoutez l'entrevue qu'un ancien policier a donné à Benoît Dutrizac, le 14 mars dernier.

Chose certaine, un membre de la secte hassidique ne prendrait pas une telle initiative sans le feu vert de son rabbin ou la directive explicite de ses leaders. 

Hélas, Céline Forget essuie ce type d’intimidation ordurière depuis belle lurette. C’est la huitième fois que des membres de la secte ultraorthodoxe déposent une plainte criminelle contre elle depuis qu’elle a entrepris de faire fermer une synagogue illégale sous son domicile. 

À titre d’exemple, en juillet 2000, alors que Mme Forget était conseillère municipale, un hassidim l’avait accusée d’avoir frappé un de ses coreligionnaires. Après enquête, le procureur avait rejeté la plainte. Le même stratagème a été utilisé en janvier 2005. Cette fois, la méchante Forget aurait frappé une fillette. À la suite d’un procès qui s’est tenu en mars 2006, elle a été innocentée sans même que son avocat ait eu à déballer sa plaidoirie. 

En juillet 2007, croyant enfin pouvoir lui asséner le coup de grâce, Israël Breuer, un bon père de famille hassidique qui la harcèle depuis presque dix ans porte à nouveau plainte contre elle, alléguant qu’elle aurait tenté de l’écraser avec sa voiture. Malheureusement pour lui, Céline Forget avait filmé la scène (cliquer ICI ) et a été acquittée par le juge, en novembre 2008.

Évidemment, c’est sans parler des menaces de mort, des innombrables actes de vandalisme qu’elle a dû subir au fil des ans (cliquer ICI

Anthropologiquement parlant, il est intéressant de noter que peu importe où ils se trouvent (Outremont, New York ou Israël), les zélotes hassidiques qui s’adonnent à l’intimidation utilisent souvent les mêmes méthodes.

Saviez-vous que dans le monde hassidique, cracher en direction de quelqu’un relève de l’insulte suprême? À côté de ça, un doigt d’honneur fait sourire.

Ce n’est donc pas un hasard si, dans les vidéos de l’agression contre elle, on a pu voir deux manifestants anti Forget lui cracher dessus en prenant soin d’émettre un beau Peuuuh! bien sonore. 


Visionnez le montage vidéo montrant d'abord le geste dégradant fait à Mme Forget (soyez attentif; ça ne dure que quatre secondes). Dans cette même vidéo, vous serez témoin du même type d'insulte de la part d'un vieil ultraorthodoxe lors d’une manifestation en Israël. Vous verrez aussi que  même une petite fille peut être victime de ce geste humiliant de la part de fous d'Abraham. Le phénomène est tellement répandu que vous entendrez finalement le premier ministre Netanyahu (photo ci-contre) annoncer publiquement que les policiers allaient sévir contre ceux qui crachent et harcèlent les gens. C’est dire combien la chose n’est pas un geste anodin.

Si cela est tout à fait intolérable, il faut savoir qu’en Israël, les intégristes ultraorthodoxes profèrent les mêmes injures à l'endroit d'autres Juifs israéliens. Le terme «nazi» est très à la mode tant chez nous que là-bas. Voyez par vous mêmes en cliquant ICI. 

De la part d'intégristes endoctrinés jusqu'à l'os, on n'est pas nécessairement surpris, mais quand ce type de grossièretés est proféré par des citoyens considérés «instruits» et habitant Montréal, on est un peu interloqués.

Bien des gens ont été stupéfaits de voir de quelle façon Mme Forget a été prise à partie. « Forget sale, Get out of here! Hund (chienne)! Get lost! Hitler! Nazi! SS!»

Prenez la page Facebook de Friends of Hutchison Street, par exemple, un lieu que Leila Marshy, la gestionnaire du compte, a décrit comme un havre de paix (safe place) non sans d'abord m'avoir traité de trou du cul.

À la suite de l'agression contre Mme Forget, la rédactrice en chef d'une section du magazine culturel The Rover ne se gêne pas pour comparer à des agents de la Stasi certains de ceux qui s'indignent du deux poids, deux mesures dans nos arrondissements.

 

D'autres, aussi raffinés, ont moins de retenue. Je pense à Cameron Skene, par exemple (photo ci-contre).
Technicien à la faculté des beaux-arts de Concordia, celui qui se qualifie d’écrivain et de peintre ne s'embarrasse pas de nuances pour japper toute sa rage sur la page de Mme Marshy: «I hate Outremont Nazis!» 

Je m'en voudrais de vous faire de la peine, citoyens et citoyennes d'Outremont qui acceptez mal le laisser-faire de nos élus, mais l'insulte de cet impétueux Winnipégois vous vise tous et toutes. Vous et moi serions donc des ploucs brasseurs de merde (poo-throwing hicks ).Ce même Cameron Skene a qualifié un de mes camarades et partisans juifs - dont l'arrière-grand-père a été déporté et tué à Auschwitz - de promoteur de haine raciale (race-baiter). Cameron a fait ses études à l'Université de l'Alberta! Qu'est-ce que ça aurait été sinon? 

William Raillant-Clark (photo ci-contre), lui, est légèrement moins grossier. C'est vrai que le Néo-Zélandais (si je ne m'abuse) a fait des études à Paris. 
 
Attaché de presse à l'Université de Montréal et rédacteur en chef de Fuck Yeah Quebec!, William a, lui aussi, commenté l'agression contre Mme Forget sur la page Friends of Hutchison Street:
«The only person who should be temporarily banned from parading in the streets of Outremont is that provocative mad cow.» Et visiblement, la féministe Leila Marshy apprécie:
«you have a lovely way with words, William ;-)»
 
Ah! bon. Une vache folle, la conseillère municipale attaquée par des fanatiques sectaires? Encore heureux que dans son curriculum vitae, l'une de ses recommandations de l'Université de Montréal dit de lui: « William has always replied quickly, courteously and intelligently... »

Il faudra bien que je me fasse à l'idée. S'ils ne sont pas tous des Angryphones, les Friends of Hutchison Street ne sont pas les Peace & Love de la chambre 1742
du Reine Élizabeth. John et Yoko seraient bien chagrinés d'entendre ça.

Il y a une chose qui me chicote. Comment diable expliquer qu'une Leila Marshy et qu'un William Raillant-Clark, deux homosexuels assumés, embrassent fougueusement, totalement et sans aucune nuance la cause d'une secte qui, par ailleurs, voue une haine profonde à l'homosexualité et à ceux qui la vivent? Cela leur semblerait-il plus facile de «dealer» avec des homophobes que d'entendre les arguments de leurs voisins francophones? Penseraient-ils comme notre voisin Josh Dolgin, alias Socalled qui, au lendemain du référendum gagné par les opposants à l'agrandissement de la synagogue de la rue Hutchison, avait eu ce cri du cœur: «Law protects racist majority on this street!»?

Dans le cas de M. Raillant-Clark, je suis d'autant plus dérouté par son incompréhension que je suis tombé sur une interview qu'il a faite dans son Fuck Yeah Quebec.

Tout comme le propriétaire d’une boutique du Village Gay de Montréal,
M. Raillant-Clark en a marre de constater que la Police fait très peu pour éliminer les actes d’incivilité bien trop présents dans son quartier:

«Je ne comprends pas pourquoi la communauté homosexuelle ne jouit pas du même niveau de protection policière que celui rendu aux citoyens du Centre-Ville, du Plateau, d’Outremont, de Westmount... On a l’impression que l’administration concentre tous les marginaux de la ville et de la province ici et les abandonne - le fardeau de la réintégration doit être porté de façon égalitaire à travers notre territoire »
 
Tiens! C'est bizarre. Il peut se permettre de pointer du doigt les pauvres itinérants qui sont des victimes ostracisées et bien involontaires de leurs milieu de vie, de leur santé mentale ou de notre société égocentrique? Il ne veut pas d'un ghetto de
poqués de la robine, de la seringue ou du neurone dans sa cour? Il souhaiterait que le fardeau que représente ces laissés pour contre soient disséminés équitablement à travers l'île de Montréal? Serait-il prêt à préconiser la même chose avec des intégristes religieux?

Ouain! Si je comprends bien, c'est tout à fait politiquement correct de se plaindre des accros à la colle d'avion, mais totalement révoltant de demander aux élus d'agir contre les dirigeants hassidiques qui incitent des accros à la Torah à ne pas respecter les règlements municipaux des goys. Faudra m'expliquer. Il y a une nuance que je n'ai pas saisie.


En attendant, William, allez donc jeter un coup d'oeil sur cette courte vidéo prise en Israël. Vous comprendrez très vite ce que nous réclamons ici, à Montréal. Vous verrez. C'est pas sorcier.

Aucun commentaire: