mardi 7 février 2012

ALLÉGATION D'ALLÉGATIONS

Il y a exactement 52 mois, un groupe de près de 40 citoyens d'Outremont avait signé une requête de destitution à l'encontre d'un individu qui, selon nous, n'avait pas sa place au sein d'un comité consultatif d'Outremont. Ayant jugé son comportement inadéquat, nous avions alors déposé ce dossier lors de la séance du conseil d'arrondissement du premier octobre 2007.

À l'époque, il nous avait fallu réitérer notre demande à 17 reprises en autant de mois devant les élus d'Union Montréal pour que quelque chose se produise enfin.
Pour sortir de l'impasse, le 11 janvier 2010, la mairesse Cinq-Mars avait annoncé, de façon anodine, la dissolution de tous les comités consultatifs. Le puissant citoyen n'aurait ainsi donc pas à démissionner. Son
«honneur» serait sauf et son ego, épargné.

Lundi soir dernier (6 février 2012), des citoyens se sont à nouveau présentés à la séance du conseil d'arrondissement avec une requête similaire. Cette fois, il s'agissait de demander la destitution de M. Alex Werzberger qui, lui, siège au Comité consultatif d'urbanisme d'Outremont (CCU).

Comme nous nous y attendions, Cinq-Mars n'avait aucune envie de se retrouver avec cette autre patate chaude entre les mains. Il lui fallait à tout prix protéger ce haut dirigeant hassidique sans lequel sa survie politique ne vaudrait peut-être pas cher.

Aussi, alors que nous présentions notre requête signée par plus de 130 citoyens (pas mal en six jours, non?), la mairesse ne s'est pas gênée pour m'interrompre, me couper cavalièrement le micro à plusieurs reprises et parler à Madame la Greffière alors que je m'adressais à elle. On se souvient pourtant de la sainte colère qu'elle avait faite le 18 février 2008 lorsqu'un citoyen avait eu le malheur de chuchoter quelque chose à l'oreille de son voisin assis dans la salle. « Je ne tolère pas que l'on parle en même temps que moi, avait-elle lancé, hystérique. Ça m'empêche de me concentrer. Quand je parle, on se tait. »
Le pouvoir semble lui faire perdre les bonnes manières qu'elle cherchait pourtant à nous inculquer à la dure il n'y a pas si longtemps.

Son autre tactique éculée a été de prétendre que ce que je relatais au micro était
«malveillant à propos d'autrui». Continuant sa charge, Cinq-Mars a rajouté: «Je ne peux laisser un citoyen déblatérer sur un autre citoyen en lui prêtant des intentions. Ce sont des allégations».

C'est fou ce qu'elle peut avoir le scandale et l'indignation facile pour certaines choses et être tout à fait réfractaire, sourde et impénétrable pour d'autres comportements insoutenables dans une société qui se prétend démocratique.

Je tiens à ce que l'on sache que ce que j'ai relaté au micro à propos de M. Werzberger ne relevait absolument pas de prétendues allégations que m'accusait de tenir une mairesse en panique. Les faits que j'ai rapportés dans l'enceinte de l'assemblée municipale étaient des mots, des phrases et des citations sortis tout droit de la bouche même de M. Werzberger dans le cadre d'entrevues qu'il a accordées à la télévision et aux journaux au fil des mois et des dernières années.

Sa compétence et ses capacités dans son domaine professionnel ne sont aucunement mises en doute ici. Nous ne nous en prenons pas au citoyen Werzberger comme se plaît à le faire croire malicieusement Mme Cinq-Mars, mais bien plutôt au lobbyiste et au président de la Coalition d'organisations hassidiques d'Outremont (COHO) qui n'a rien à faire au sein d'un comité de citoyens.

La présence de M. Werzberger au sein d'une instance consultative à laquelle siègent des élus est éthiquement inconcevable et inadmissible. C'est ce qu'il représente qui le disqualifie.

Au meilleur de notre connaissance, lui mis à part, aucun autre des citoyens qui y sont nommés n’œuvre en tant que porte-parole ou représentant d'un lobby quelconque. Si c'était le cas, il faudrait aussi exiger sa destitution avec autant de vigueur.

Pour déterminer qui a raison dans cette affaire, vous n'avez qu'une chose à faire: consulter le dossier de destitution que nous avons fait circuler parmi des résidents d'Outremont en cliquant ICI. Il contient des hyperliens vous permettant d'avoir accès à plus d'information pertinente. En moins de six jours, plus de 130 personnes l'ont étudié, puis décidé de plein gré et en connaissance de cause de signer cette pétition.


Lorsque vous aurez lu le dossier et si vous habitez Outremont, vous pourrez, vous aussi, signer cette pétition qui demeure ouverte. Il vous suffit de copier la phrase ci-dessous, d'y inscrire votre nom complet et votre adresse civique et de me la faire parvenir par courriel à l'adresse suivante: pilac@hotmail.com
Lien
Voici le libellé de la pétition à nous retourner:

Je, soussigné (e), [inscrire ici votre prénom et votre nom de famille], résidant au [inscrire ici votre adresse civique], demande la destitution de Monsieur Alex Werzberger pour les raisons mentionnées dans le document Pétition pour la destitution de M. Alex Werzberger dont j’ai pris connaissance.



En dernier lieu, si vous souhaitez vous abonner à ce blogue, je vous invite à le faire dès maintenant. Il n'y a rien de plus facile. Inscrivez votre adresse courriel dans la case se trouvant dans le coin supérieur droit de la page d'accueil (voir photo ci-contre), puis cliquez sur «SOUMETTRE». Et c'est parti!

4 commentaires:

Pierre Joncas a dit…

Depuis l’automne dernier, j’ai cessé d’assister aux séances du Conseil d’arrondissement d’Outremont. J’ai constaté moi-même, sur place, qu’il était futile pour le citoyen consciencieux, inquiet au sujet d’une question d’intérêt public, de chercher à obtenir des renseignements, et encore plus de chercher quelque engagement de la part de l’administration à corriger telle ou telle situation manifestement malsaine. Lorsqu’une réponse complète et honnête obligerait la mairesse à reconnaître un tort et à le corriger, si son interlocuteur a le malheur de la poser avec impatience ou irritation, elle le traite de malveillant; en revanche, s’il la formule respectueusement, elle répond à côté. Dans un cas comme dans l’autre, le citoyen au micro perd son temps ou, pire, se fait invectiver. Et que dire du public dans la salle! Oui, certaines questions sont impertinentes, et c’est aussi fatigant pour le public que pour la mairesse. Mais d’autres questions, celles-là posées par des proches de l’administration, qui encensent la mairesse et les conseillers de son parti, sont accueillies par des réponses aussi mielleuses que longues. Pour le reste, et tout autant que les réponses de son prédécesseur de triste mémoire, celles de la mairesse sont des esquives sans élégance, souvent méprisantes et coléreuses.



Autrefois, L’Express d’Outremont et Le Point publiaient une tribune libre où le citoyen pouvait porter les écarts et les contradictions de l’administration à l’attention de ses concitoyens. Ces tribunes ont malheureusement disparu. Pourquoi, peut-on se demander. Heureusement, le nouveau Journal d’Outremont (électronique) semble disposé à accepter les communications mettant en question les pratiques contestables de l’administration. Bravo, et qu’il persévère tout en continuant, comme il se doit, d’accorder à la mairesse le droit de réponse, droit qu’elle n’exerce d’ailleurs pas toujours (voir, par exemple, la lettre do 18 octobre 2011 de Jean Gagné intitulée «La mairesse d'Outremont s’illustre par son absence»). Sans transparence, il ne saurait y avoir de véritable contrôle par les citoyens du pouvoir que leurs élus exercent en leur nom.



Bravo aussi à Pierre Lacerte pour sa persévérance son courage à documenter et dénoncer le favoritisme de l’administration Union Montréal à l’endroit de la communauté ultra-orthodoxe juive. Et que l’on ne l’accuse pas d’antisémitisme: ce ne sont pas les juifs qu’attaque Pierre Lacerte; plutôt, il documente et dénonce le régime d’exception que la présente administration et celles qui l’ont précédée ont établi pour une minorité. Si une minorité – ou une majorité – chrétienne, musulmane ou autre, était privilégiée de la sorte, il faudrait documenter et dénoncer ce favoritisme éventuel avec la même vigueur. Les juifs pratiquants qui, comme Pierre Lacerte et moi-même, tiennent à la démocratie, trouvent répréhensible la présente situation. Je crains que, si elle n’est pas assainie, non seulement étouffera-t-elle, pour de bon, la démocratie dans l’arrondissement, encore y favorisera-t-elle l’éclosion et la propagation d’un antisémitisme que nous aurons tous à déplorer.



Réveillez-vous, madame la mairesse et les conseillers de votre parti politique: l’histoire vous tiendra responsables de vos décisions et de votre incurie, même si tant de vos contemporains en semblent incapables.


Pierre Joncas

Christiane Bonneau a dit…

Monsieur Lacerte,

Je vis à Outremont depuis plusieurs années, y ai acheté ma première maison en 1997, à la naissance de mon 3e enfant. Mon premier contact avec la communauté hassidique a été très confrontant, j’ai dû remettre en perspective, après des années d’études en anthropologie, mes croyances un peu naïves sur les relations interculturelles. Je n’ai cessé pourtant de rencontrer régulièrement des membres de cette communauté qui ont à coeur de préserver leurs traditions dans le respect du bien commun et d’entretenir des relations respectueuses avec les non-hassidiques. Je sais donc que cette communauté n’est pas homogène et qu’il s’y trouve, comme dans toutes sociétés, du meilleur comme du pire.

Tout ça pour dire que je vous félicite pour votre courage et vous remercie pour avoir endossé ce rôle bien ingrat de mouton noir de la tolérance à tout prix. Le projet que vous menez pour le respect de la société de droit et la lutte à la corruption politique acquiert si facilement, dans ce contexte particulier, les apparences d’une croisade intolérante contre l’expression d’une religion; votre mérite à vous y consacrer personnellement, au risque d’y perdre votre réputation aux yeux de certains, est remarquable.

La dégradation lente et certaine – honteuse - de certaines zones de notre magnifique environnement n’a pas raison d’être, si ce n’est en raison du laxisme et de la mauvaise foi de l’administration municipale. Je vous remercie encore une fois et vous souhaite bon courage dans votre lutte pour un urbanisme exemplaire et durable.

Cordialement

Claire Cloutier a dit…

M. Lacerte,
Je vous félicite pour votre courage et votre détermination. Votre engagement social est une denrée plus que rare par les temps que l’on vit.
Tous sont trop occupés à leurs affaires respectives pour trouver du temps pour s’occuper des affaires de tous.
Merci à vous pour votre vigilance sociale; j’espère que plusieurs signatures s’ajouteront à celles déjà recueillies. Avez-vous pensé à laisser la pétition pour signature dans certains lieux publics?

Jean-Marc Corbeil a dit…

Encore une fois bravo pour votre contribution unique et remarquable au respect de notre société de droit!