vendredi 3 juin 2011

LA VISITE LIBRE

Le jour où vous déciderez de vendre votre maison (ou votre salade), j'ai un bon tuyau pour vous. Appelez Mayer Feig, le leader de la synagogue du 5363 Hutchison qui veut s'agrandir sur cette rue au zonage strictement résidentiel. Il vous refilera le nom de Cossette Communications, la firme de relations publiques dirigée depuis Toronto qu'il a engagée pour organiser et mousser sa visite libre, dimanche prochain 5 juin 2011.

Imaginez-vous. Hier matin, M. Feig a réussi à faire diffuser, au radiojournal de
Radio-Canada, la «nouvelle» qu'il fera une journée porte ouverte de sa synagogue. Nommez-moi une firme de courtage immobilier en mesure de vous offrir un tel coup publicitaire. Vous n'en trouverez pas.

Le 31 mai dernier, il avait obtenu un article dans le journal Métro pour annoncer sa visite libre. Aujourd'hui, c'est CBC qui diffusait en fin d'après-midi un reportage télé (avancez à 8 min10 s).

En 60 ans d'existence, c'est la première fois (et sûrement la dernière) que la population goy sera autorisée à mettre les pieds dans cette synagogue. C'est Mme Rifka Hanfling qui a agi à titre de porte-parole de la congrégation intégriste.

Déjà en partant, le fait que la congrégation ait permis à une femme de prendre la parole est tout aussi exceptionnel que la visite des lieux saints elle-même.


Rifka Hanfling, la porte-parole extraordinaire de la synagogue bobov

Dans ce monde ultrapuritain où on ne permet même pas à
la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton
d'apparaître sur une photo officielle aux côtés du président Obama, c'est tout à fait audacieux, voire totalement iconoclaste. Peut-être était-elle la seule personne de cette communauté en mesure de donner une interview en français?

À moins que, craignant le pire au référendum du 19 juin prochain, la congrégation ait décidé de jouer son va-tout en utilisant les propriétés
«sexuellement suggestives» d'une femme pour titiller les démons qui grouillent comme des asticots dans les tripes de chaque homme goy de la rue Hutchison? La fin justifie les moyens, non?

Nous connaissons peu de chose sur Mme Hanfling, sauf que...
Sauf que
, jusqu'à tout récemment, elle a été membre du conseil d'administration du Centre de la petite enfance TOLDOS, un CPE hassidique de la communauté skver (voir contrebande d'alcool dans une de leurs synagogues) qui est installé illégalement au 845, rue Querbes depuis 2009.

En 2007, ce CPE n'avait obtenu qu'un certificat d'occupation temporaire de 24 mois dans cet édifice de la rue Querbes. Cela avait été fait à titre de dépannage pendant les travaux de rénovation de l'école où le CPE logeait. Depuis 2009, ce certificat n'a jamais été renouvelé. Pourtant ce CPE s'incruste à cet endroit où le zonage ne permet que du résidentiel et des bureaux.

Tiens donc. 2009, 2010, 2011. Ça fait combien d'années, déjà?


CLIQUER ICI pour voir l'intégralité du document du Registraire des entreprises

Fermons un instant les yeux (comme les élus!) sur ces entorses réglementaires et concentrons-nous sur les propos qu'a tenus Mme Hanfling au journal Métro. On a ici droit à un incroyable exercice de contorsions démagogiques.

À en croire
Mme Hanfling, il n'est pas question d'un agrandissement de la synagogue, mais d'une simple rénovation. «Ce qu’on veut faire, c’est aménager un vestibule où on y mettrait les manteaux et les bottes en hiver. On pourra alors rentrer dans le sanctuaire sans nos manteaux et nos bottes.» Vous voulez nous faire gober que les hassidim vont engloutir 400 000 $ pour aménager un walk-in?

Et la cave qui sera creusée afin de permettre d'y installer confortablement une cuisine, une salle de séjour, des toilettes et des douches? Et les fondations qui seront défoncées pour grignoter une partie de la cour? Et la terrasse qui surgira à l'arrière et qui pourra servir de scène extérieure pour accueillir les chanteurs de louanges à la belle étoile? Parions qu'elle servira pour l'édition 2012 de la Fête des voisins destinée à
rapprocher les gens vivant dans un même voisinage. Cette année, elle a justement lieu le 4 juin!

Lorsque la journaliste demande à Mme Hanfling si la synagogue est davantage fréquentée aujourd’hui qu’à son ouverture, la porte-parole répond par un éloquent «
Oui et non». Tout en avouant que les familles de la communauté ultraorthodoxe comptent en moyenne sept ou huit enfants par famille, Mme Hanfling prétend que la croissance n’a pas été importante au fil des décennies. On nous prend pour qui? Jetez donc un coup d'œil sur leurs propres études de projections démographiques. Ils vont doubler en moins de 15 ans!

En affirmant que leurs enfants désertent
Montréal lorsqu'ils se marient, elle ment effrontément. Si certains des garçons sont forcés de s'expatrier lorsque le rabbin leur impose l'âme sœur à New York ou ailleurs, on sait par contre que les filles, elles, restent auprès de leurs familles montréalaises. Ce sont plutôt leurs futurs maris qui font le voyage inverse jusque dans la métropole pour s'y établir et y fonder une famille qui, on l'espère, sera très nombreuse. On repassera pour le déclin de la dynastie Bobov.

En ce qui concerne le trafic automobile et d'autobus sur notre rue résidentielle, n'en déplaise à Mme Hanfling, ce n'est pas le jour du sabbat qui est problématique, mais les six autres jours de la semaine.

On ne veut même pas imaginer l'augmentation des allées et venues des fidèles d'un peu partout au Canada et aux États-Unis une fois que ce taudis aura été décrotté et agrandi. On va tous vouloir aller essayer leurs nouveaux urinoirs!

Voici un exemple des horreurs que vous aurez le loisir d'admirer ce dimanche.

Que peuvent bien espérer tirer les administrateurs de cette visite libre? Que nous les prenions en pitié? Après 60 ans de négligence et de non-entretien absolu, ces intégristes sont les seuls artisans de leur propre malheur. Aucun de leurs voisins ne les a forcés à vivre dans une telle insalubrité.



Justement, cette fin de semaine, les célébrations des cinquièmes Portes ouvertes Design Montréal débutent. Ne devrions-nous pas aviser les curieux d’architecture et d’autres formes de design d'ajouter la synagogue du 5363 Hutchison à leur parcours? Ils vont s'en souvenir longtemps de ce qu'ils auront vu dimanche. Je vous en passe un papier... même hygiénique.

Dernière chose. La nouvelle de Radio-Canada révélait que les élus de l'arrondissement du Plateau Mont-Royal «se réjouissent que la congrégation juive Gate David ouvre les portes de sa synagogue à la population dimanche prochain».

Avec trois des six conseillers du Plateau qui ont voté contre l'agrandissement de cette synagogue, pouvez-vous me dire qui de Projet Montréal pouvait se réjouir?
Et se réjouir de quoi, au fait? Pensent-ils que les amis de
Mme Hanfling vont miraculeusement s'ouvrir à nous comme ils nous demandent de nous montrer ouverts lors du vote référendaire du 19 juin prochain? À à place des élus, il me semble que je me serais gardé une petite gêne. À cette étape-ci du processus, une apparence de neutralité aurait bien meilleur goût. Vous ne trouvez pas?

5 commentaires:

Mariclaude Ouimet a dit…

Hier, lors de la visite libre, je suis restée à l'extérieur de la synagogue de 14h00 à 16h00: c'est moi qui distribuait aux visiteurs une petite note explicative sur la vraie nature du référendum.

Tout en donnant mon papier, je spécifiais que les résidents n'étaient pas contre la rénovation de la synagogue mais bien contre L'AGRANDISSEMENT. La majorité des visiteurs étaient surpris par mon affirmation car ils étaient sous l'impression que le référendum avait pour objet la rénovation: il semblerait que les explications reçues lors de la visite n'étaient pas très explicites.....!

Contrairement à ce que Le Devoir affirme aujourd'hui (200 visiteurs) et La Presse (300 visiteurs), il y a eu moins d'une centaine de personnes. Vraisemblablement, les journalistes ont reçu ces chiffres de la firme qui organisait la visite !! 200 visiteurs, c'était le 28.08.10 lorsque les Bobov ont reçu d'autres Hassidims !!

Thomas Mulcair, du NPD, a passé au moins une (1)heure à la synagogue.
Lorsqu'il est sorti, je l'ai abordé pour lui donner mon papier. Il n'a pas daigné le prendre me demandant de le donner à la personne qui l'accompagnait. M. Mulcair a continué son chemin, d'un pas pressé, sans seulement m'accorder 2 minutes de son précieux temps pour une petite jasette ! Inutile de préciser où étaient ses intérêts......

Jean De Julio-Paquin a dit…

Il est intéressant de voir comment la désinformation est flagrante dans cette fin de parcours avant le référendum et surtout l'envergure de la couverture dans les médias.
Je veux bien admettre qu'il existe des firmes spécialisées en relations publiques qui orchestrent des campagnes mais je suis stupéfait de la manipulation de l'information à laquelle on assiste. Ainsi, un enjeu lié à l'urbanisme ( la place que doit occuper des lieux de culte dans un espace zoné résidentiel), se termine par une simple rénovation que refuseraient des voisins.
Belle tentative de récupération de la part de la communauté religieuse.
Navrant..très navrant.

Leila a dit…

Pierre Lacerte a dit…

Chère Leila,
Vous n'avez pas cru bon décliner votre nom de famille. Si je vous ai donné l'occasion de vous défouler et me dire de vilains mots, c'est que vous avez laissé des traces sur votre profil Blogger (http://www.blogger.com/profile/03438591281630293844).

Je n'aurais pas cru qu'une jeune femme "half Palestinian, half Newfie, all Canadian", qui n'a pas de boutons au menton, qui dit oeuvrer dans le milieu des communications n'ait rien de plus inspirant et intelligent à dire sinon que je suis un trou du cul. Est-ce pour ça que vous ne jouez pas au golf?
Contrairement à ce que vous mentionnez sur votre compte Blogger, il n'y a pas que vos bonnes blagues qui tombent à plat.

Leila a dit…

You are such an asshole. They received all this media attention because YOU have been whipping up such resistance. Puis tu le sais bien. Asshole extraordinaire. Vous et votre gang des malades. *


* Le commentaire de Mme Marshy a été placé en ligne le 11 juin 2011, mais pour une raison que j'ignore,il est disparu. Je le rends donc à nouveau disponible pour les lecteurs.

Pierre Lacerte