dimanche 10 octobre 2010

QUEBEC BLASTING - 1 de 3


Allons, allons, mes amis! S’il fallait que nous déchirions notre chemise chaque fois qu’un torchon médiatique du reste du Canada nous crie des noms et nous traite de corrompus ou de mafieux, notre garde-robe serait vide depuis longtemps. Faut-il vraiment crier au meurtre parce qu’on nous présente comme des gangsters congénitaux? Après tout, dans l’imaginaire populaire, les Al Capone, Mesrine et compagnie ne sont-ils pas en quelque sorte devenus des demi-dieux qui commandent respect et admiration?

Croyez-moi, le Quebec Bashing c’est un petit pétard à mèche à côté du Quebec Blasting que constitue l’accusation d’antisémitisme. Ça, c’est de la dynamite! Au Québec, ceux qui se servent de l’arme de l’antisémitisme pour déchiqueter la réputation de leurs victimes ont la partie belle. Ils n’ont même pas besoin d’importer leur nitroglycérine théologique de Toronto. Le Québec regorge de la matière première et des ressources humaines nécessaires à la fabrication de ce cocktail explosif : la rectitude politique et un foisonnement de minorités.

Comme l’écrivait le sociologue des médias Jean-Serge Baribeau, dans La Presse du 14 juin 2008, «La majorité est régulièrement soupçonnée d'être raciste [et] xénophobe.» Mais M. Baribeau rappelait à ceux qui l’oubliaient que «la démocratie ne peut pas être la tyrannie plus ou moins ouatée des diverses minorités [et elle] ne peut exister lorsqu'il y a un sentiment de mépris vis-à-vis de la majorité, soupçonnée d'être raciste et méchante».

Avouons qu’au fil des dernières décennies, il s’en est cassé du sucre sur le dos des Québécois.


Mordecai Richler est certainement un des plus célèbres artificiers made in Quebec en matière d’antisémitisme.

 
Né et élevé dans le Mile-End, sur la rue Fairmount, le grand écrivain a utilisé cette bombe sale à maintes reprises à l’encontre des Québécois francophones. La diffamation collective s’est avérée sa grande spécialité.

C’est en 1977 que Richler avait commis — si je ne m’abuse — son premier attentat terroriste contre les sympathisants de l’indépendance. Il s’était servi de la tribune du magazine américain Atlantic Monthly pour lancer qu’au soir de la victoire du Parti Québécois, les militants indépendantistes en liesse avaient entonné un chant des Jeunesses hitlériennes.
Baboum!


Ses mots assassins avaient explosé comme autant de shrapnels au visage de René Lévesque. Pourtant, c’était totalement faux. Ce soir-là, les partisans de Lévesque avaient plutôt chanté un air composé pour Cabaret, le film musical américain de Bob Fosse sorti en... 1972! Bonjour la malhonnêteté intellectuelle crasse et la paranoïa schizophrénique!
 

Sa deuxième bombe sale, Mordecai Richler l’avait placée dans l’édition du 23 septembre 1991 du journal américain The New Yorker. Dans son brûlot intitulé Inside/Outside, Richler avait conclu que l’antisémitisme était un élément constitutif du nationalisme québécois moderne. Cette nouvelle déflagration avait provoqué une réaction en chaîne des médias. Au plus fort de la polémique, la journaliste Madeleine Poulin avait invité Mordecai Richler à expliquer ses déclarations incendiaires, dont celle où il compare les femmes québécoises à des truies. Cliquer ICI pour visionner l’entrevue.

Six mois plus tard, Mordecai Richler, devenu une espèce de Carlos pamphlétaire, récidivait en lançant un nouvel engin explosif intitulé Oh Canada! Oh Québec! Requiem pour un pays divisé. En plus de remuer les bas-fonds historiques périmés, il se déchaînait contre les lois linguistiques du Québec et allait même jusqu’à inventer un sondage qui conclurait que 70 % des Québécois sont profondément antisémites.

C’en était trop pour Jean-François Lisée qui, le 31 mars 1992, au lendemain d’un duel en règle avec Richler au réseau News World, dénonce l’infamie de Mordecai à l’émission de Christiane Charrette. Cliquer ICI pour entendre l’interview d’un Jean-François Lisée gonflé à bloc. C’était toute une époque.


Mais pour s’enrôler comme mercenaire ou comme tireur embusqué dans la guérilla du salissage, pas besoin d’être un zélote du B'nai B'rith. Pour n’en donner que deux exemples, pensons aux mésaventures de l’écrivain Claude Jasmin et du «Robin des banques», Yves Michaud.


En 1988, pour avoir vertement décrié «l’apartheid» dans lequel se retranchent volontairement les hassidim d’Outremont, Jasmin a été mitraillé dans deux grands quotidiens francophones de Montréal. 

Qualifié d’antisémite, le nationaliste traqué qualifiera de «pissous» les dignitaires du PQ qui hésitaient alors à l’inclure comme aspirant-député d’Outremont.

Le 14 décembre 2000, c’est Yves Michaud qui, à son tour, goûtera à la médecine de cheval que Lucien Bouchard lui servira avec une couardise ubuesque. Bouchard fera adopter par l'Assemblée nationale du Québec une motion de blâme pour des déclarations prétendument «inacceptables» qu’aurait prononcées Michaud.

Le pire, c'est que contrairement à ce que l'on a souvent colporté, Michaud n'a pas été lynché pour avoir dit au sénateur Kolber (avec qui il s'entretenait chez leur coiffeur commun) que le peuple juif n’avait pas le monopole de la souffrance dans le monde. Que non. Il s'est fait crucifier sans procès pour avoir invité les Québécois «à posséder, comme les Juifs, leur âpre volonté de survivance, leur invincible esprit de solidarité, leur impérissable armature morale».


Il s'agissait d'une citation du chanoine Groulx qu'il avait reprise lors de son témoignage dans le cadre des États généraux sur la situation et l'avenir de la langue française au Québec. Une phrase tout à l'opposé d'une injure antisémite. Comme on dit, quand on veut tuer son chien, on prétend qu'il a la rage. L'Affaire Michaud est aujourd’hui le titre d’un livre publié récemment et qui raconte son exécution parlementaire.

La chasse aux antisémites «pure laine» est-elle moins populaire dans cette ère post-Bouchard Taylor? Les assises de la rectitude politique commencent-elles à s’effriter pour la peine dans les milieux de «gauche»?

Avec une pointe d’amertume qui transpire encore d’un article qu’il a fait publier dans La Presse du 18 février 2007, Claude Jasmin semble croire que les choses ont un peu bougé puisqu’«on discute [maintenant de] «séparatisme hassidim» partout sur les places publiques, avec grands reportages illustrés...». Mais l’écrivain échaudé déplore qu’il aura fallu attendre 20 ans «pour un peu de courage et de liberté. Vingt ans avant que les bien-pensants froussards se grouillent le cul. Pleutres, alors que nous formons 88 % de la population...»

Cinq mois après la publication des propos de Jasmin, je suis tombé sur un article de Barbara Kay, journaliste au National Post et qui traitait d’Outremont et du «problème» hassidique. Elle écrivait ceci : «Hasidim have zero interest in any social interaction with the outside world. By outside world I don't mean only Gentiles, but any non-Hasidic Jew. Mainstream Jews are not only invisible to Hasidim, they are also seen as apostates, and therefore worthy of contempt, as opposed to the indifference shown to Gentiles.»


Je suis resté bouche bée et me suis dit que Claude Jasmin avait peut-être vu juste: le tabou avait été ébranlé. Je n’ai même pas voulu m’arrêter à penser que l'équation aurait pu être faussée par le fait que Barbara Kay soit juive.

Si Marie Cinq-Mars, la mairesse d’Outremont, et son fidèle conseiller Louis Moffatt sont définitivement des causes perdues, du côté du Plateau Mont-Royal, par contre, je vois le début d'un filet de lumière au bout du tunnel.

C'est encore plus vrai quand j’entends le conseiller de ville Alex Norris abonder dans mon sens.Depuis que Norris a admis devant caméras que les accusations d’antisémitisme sont trop faciles à lancer, je réécoute en boucle cette phrase magique de six secondes qu'il a prononcée lors de la séance du conseil d'arrondissement du 3 mai dernier. 


Et vous savez quoi? Ça me donne chaque fois un peu plus confiance en l'avenir! Comme me disait mon défunt père : «Fonce et sois positif!». Aussi, chaque fois que je le peux, je m’accroche à la moindre lueur d’espoir.

2 commentaires:

Pierre Lacerte a dit…

Je continue de recevoir des commentaires anonymes de la part de lecteurs de ce blogue. Tout en rappelant que je ne souhaite plus publier que les commentaires signés, je me permets tout de même de faire ici une petite exception.

J'ai reçu, ce matin, un bref commentaire en anglais qui se lit comme suit:

"Enough of this stupidity with so much energy defending a language - we have bigger problems to focus on like the economy!"

Que faisait sur ce site cet Anonymous qui ne semble même pas en mesure d'écrire trois mots en français pour dénoncer ce qu'il considère être la STUPIDE DÉFENSE DU FRANÇAIS?

P.S.: Le hasard a fait que pour enregistrer mon commentaire j'ai du reproduite les caractères "INGISH"! Est-ce la façon d'écrire English en pidgin english? Tout un message subliminal, non?

Roman Korol a dit…

Richler: zélé scribouilleur de cocktails molotov anti-québécois, fouteur de pagaille, gros bonnet du vedettariat des correctement-pensants, une mouche fabuliste gonflée en élephant par des fans plat-ventristes. Si le Canada ne savait que de s'offrir uniquement son genre de talent - pauvre Canada.