lundi 29 septembre 2008

LES VEAUX D'OR

À 19 h 47, ce soir, ça chantait faux, mais ça chantait fort à la synagogue Bobov du 5363 Hutchison. Moshe Englander venait d'annoncer à ses ouailles le résultat du registre bidon tenu par les autorités du Plateau. Grâce à la servilité des élus qui adorent les bulletins de vote comme des veaux d'or, Englander célébrait toutes fenêtres ouvertes les p'tites vites et le parti-pris des «zautorités» politiques. Il avait de quoi rigoler et danser avec les maires Tremblay et Fotopulos. Union Montréal avait tout mis en oeuvre pour tuer dans l'oeuf l'opposition à la dérogation au zonage résidentiel.
Certains auraient déjà envie de nous traiter de mauvais perdants, de loosers frustrés qui ne sont même pas foutus de respecter un verdict démocratique. S'il s'était agi d'un processus démocratique, il ne nous resterait plus qu'à garder profil bas et accepter le verdict avec philosophie, mais....

Mais, nous pensons, entre autres à ce bon M. Moshe Englander (voir ci-contre), l'entrepreneur immobilier Bobov qui est justement le maître
d'oeuvre du grand projet d'agrandissement de la synagogue en question. Nous avons surpris le pieux homme à 15 h 15 cet après-midi à la hauteur du Marché 4 Frères.

Que faisait notre Bobov sans reproches accompagné d'un Moshe Fisher déguisé en sbire à casquette et grosses lunettes? Il arrachait des affichettes que certains de nos sympathisants avaient placées sur l'avenue du Parc pour faire «sortir le vote». En voyant notre appareil, il a détalé
comme un lapin au milieu de l'avenue du Parc! Voici, ci-haut et ci-contre, le sbire Fisher qui accompagnait Englander cet après-midi. Il nous a apostrophés et pris en photo en nous disant que nous n'avions pas le droit de placer des affiches sur la voie publique. Mais ne sommes-nous pas en campagne électorale?






















De toute façon, que des sympathisants aient eu ou non raison de placer ces affiches, cela donnait-il le droit à Englander et son complice bardé d'exactos et autres gadgets de les éventrer et de les détruire? On en reparlera du fairplay et pas plus tard que maintenant!

Depuis le début de cette histoire d'agrandissement de synagogue, les magouilles et les entourloupettes n'ont cessé de se tamponner les unes derrière les autres pour former un carambolage monstre.

Rappelons les faits:

1) Ce n'est que deux heures avant la soirée d'information publique sur ce projet d'agrandissement qu'une source privilégiée nous a avertis de sa tenue un 7 juillet de vacances. Les élus ont été tellement discrets sur cette soirée qu'une seule personne s'est retrouvée dans la salle de la Fraternité des policiers devant les promoteurs et endosseurs du projet. N'eût été de notre informateur, il n'y aurait jamais eu contestation de ce
gros bonbon offert à la secte Bobov au détriment des résidents qui se croyaient à l'abri dans leur cocon strictement résidentiel. Les Bobov seraient passés entre les craques démocratiques de notre merveilleux système de petites politiques. Pourtant, les entorses aux lois et règlements municipaux des fondamentalistes hassidiques sont légendaires. Cela semble même être le sport national de certains hauts dirigeants ultras religieux.

2) Puisqu'il semble qu'il revient désormais aux résidents d'assurer la protection des lois et règlements en vigueur, nous avons dû faire circuler une pétition afin de forcer les autorités du Plateau à tenir un registre.

3) Ce beau registre tout propret devait nous permettre d'exprimer notre opposition au projet d'agrandissement de près d'un demi-million de dollars.
Mais dès le départ, les citoyens qui veulent conserver une qualité de vie décente ont été laissés dans le flou.

La greffière de l'arrondissement du Plateau nous avait d'abord indiqué qu'il nous faudrait une cinquantaine de signataires au registre
pour forcer la tenue d'un référendum sur la question. Or la semaine dernière, ce nombre avait tout à coup presque triplé. Il nous fallait désormais 133 signataires pour avoir une chance de contrecarrer ce projet.

4) Pour nous voler définitivement la possibilité d'avoir gain de cause, la moitié des résidents qui sont directement affectés par l'agrandissement à venir se sont vus privés du droit de participer au processus référendaire. La raison avancée par la ville fusionnée? Les gens de la rue Hutchison qui habitent devant la synagogue contestée ne sont pas du
«bon» côté puisque la ligne de démarcation des arrondissements du Plateau et d'Outremont passe devant chez eux. Par contre, les résidents de l'avenue du Parc qui n'ont jamais même entendu parler qu'il s'y trouvait là une synagogue sont bienvenus pour se prononcer. Trouvez l'erreur. Qu'est-ce qu'une mairesse ne ferait pas pour favoriser un groupe de fondamentalistes religieux dont le lieu de culte sera exempté de taxes?

5) Pourquoi l'arrondissement du Plateau a-t-il choisi de tenir ce registre un lundi? Nous avons trouvé la réponse en nous butant aux portes des commerces de l'avenue du Parc ce matin. Après une grosse fin de semaine, un grand nombre de ces boutiques font relâche le... lundi! Fallait y penser, n'est-ce pas Mme Fotopulos. Il n'y a pas d'erreur, vous êtes une p'tite vite!
Vous auriez aussi pu choisir un jeudi. En fermant le registre à 19 h, les commerçants qui bossent jusqu'à 21 h n'auraient pas pu s'y rendre non plus. Bien sûr, vous n'auriez pas été assez bête pour tenir le registre un mardi ou un mercredi, n'est-ce pas?

6) La cerise sur le... Monday? Plusieurs personnes qui se sont rendues au bureau d'arrondissement n'ont pas été autorisées à signer le registre. Un exemple? La greffière a réclamé le
registre des procès-verbaux de l'entreprise à un commerçant bien en vue de l'avenue du Parc. Estomaqué, le commerçant lui a répondu que la pièce en question se trouvait dans le coffre-fort de la banque. Il a eu beau lui montrer ses pièces d'identité, l'immatriculation du camion de l'entreprise, rien n'y fit. Next!

Durant le peu de temps que nous avons pu passer sur place, nous avons été personnellement témoins du refoulement de trois autres propriétaires de commerces de l'avenue du Parc. Outre leurs cartes d'identité, ils avaient amené avec eux le certificat d'autorisation d'affichage émis par le Service de l'aménagement urbain et Service aux entreprises du Plateau. Out! Out! et Re-out! On se serait cru aux douanes américaines!

Quant aux simples résidents, propriétaires ou locataires, qui n'avaient pas été exclus de cette séance de signature de registre, la course à obstacles n'allait pas être franchie aussi facilement. Que dire de ce résident de haut de triplex qui nous a dit s'être vu opposer une fin de non-recevoir
«parce qu'une seule personne par triplex a le droit de signer». Pouvez-vous nous répéter ça, madame la Greffière?

D'autres résidents du «bon bord» de la rue Hutchison n'ont pas pu honorer les procurations en bonne et due forme qu'elles s'étaient fait remettre par des voisins qui ne pouvaient pas se présenter en personne en raison de séjours en dehors de la province, dont deux se trouvaient au... Yukon. Même pas en prêtant serment!

D'autres dont les noms ne
figuraient pas sur la liste électorale ont aussi du faire demi-tour. On semblait n'avoir rien à cirer du fait que ces gens étaient en possession de leur permis de conduire avec photo et adresse de résidence. Circulez, S.V.P. On dégage!

À notre connaissance, près d'une vingtaine de personnes ont été frustrées de leur droit de parapher leur contestation. À côté de ça, voter au fédéral ou au provincial avec un tchador sur la tête est un jeu d'enfant!




Même une procuration accompagnée d'un contrat notarié d'acte de vente était irrecevable pour représenter un voisin absent.


7) Alors que la greffière appliquait avec la rigueur d'une fondamentaliste la charia électorale, les commerçants et les travailleurs qui souhaitaient signer le registre n'avaient pas droit aux deux heures réglementaires qui sont accordées aux électeurs des grandes journées d'élection. Débrouille-toi, mec! C'est pas notre problème. Et à 18 h 59, la porte d'entrée était verrouillée à triple tour. Les fonctionnaires avaient déjà
«punché». On imagine qu'ils avaient des petits à faire manger. Pas question, dans des situations semblables, d'envisager de permettre l'accès au registre jusqu'à 20 h comme cela est la norme pour les journées d'élection. Bref. Nous avons eu droit à tous les inconvénients et toutes les contraintes électorales sans jouir des droits qui auraient dû venir avec.

Pourtant, malgré les embûches et les crocs-en-jambe des autorités municipales, Me Joanne Skelling, la greffière, a été soufflée de voir le nombre de personnes qui sont venues signer le registre.
«Vers 18 h, on pensait que vous alliez y arriver.».

Z'ont eu chaud, les Englander, Fotopulos et Tremblay. Dans ces conditions exécrables, nous avons déversé dans leur cour pas moins de 81 personnes qui n'ont reculé devant aucun obstacle pour courir pendant l'heure de lunch, à la sortie des bureaux, juste avant le souper des enfants encore à la garderie. Et ça ne compte pas tous ceux qui se sont fait refouler, les autres encore beaucoup plus nombreux qui ont été exclus (mais pas exemptés de taxes foncières et scolaires!) parce qu'ils vivaient du mauvais bord de la rue. Après tout, tous ces gens ne provenaient que de deux tronçons de rues.

Si le taux de participation aux élections municipales pouvait être aussi surprenant que celui d'aujourd'hui, les élus seraient décoiffés, mes amis. Oh Yes!

Avec près de 100 personnes qui se sont présentées à vos portes, messieurs et mesdames de la Grande Ville, vous faudra-t-il un dessin pour comprendre que vous avez poussé le bouchon trop loin?
Amenez-en des dérogations de zonage pour une cinquième synagogue sur notre tronçon de 300 mètres. Nous n'avons pas dit notre dernier mot sur ce vol de zonage et sur ce viol de nos droits.

1 commentaire:

sabou a dit…

Toute cette affaire est pleine de manigances hypocrites et de fourvoiements.
Cette synagogue Bobov du 5363 Hutchison représente combien de personnes?