Il est de notoriété publique que les dirigeants et administrateurs des sectes hassidiques ont un don inné pour jouer les martyrs. Ce n’est pas pour rien qu’ils recourent à tout bout de champ aux tribunaux de toutes instances. Ils ont une tendance presque pathologique à crier à l’injustice et à réclamer réparation et dommages. Et ce, même lorsque ce sont eux qui commettent des actes manifestement illégaux. Il n’y a pas à dire, ils ne se prennent pas pour des pieds de céleri!
Alors que la pandémie de COVID-19 faisait rage et que le gouvernement avait décrété officiellement la fermeture de toutes les écoles du Québec, le journaliste Yves Poirier et le Groupe TVA avaient diffusé un reportage montrant que les garçons de la secte Belz avaient continué de fréquenter illégalement leur institution religieuse. L’enquête avait fait la manchette sous le titre « Des élèves juifs hassidiques en classe illégalement». La même chose se produisait dans deux autres écoles hassidiques du quartier.
Bien que pris les culottes baissées, les administrateurs de cette yeshiva n’ont pas hésité à s’en prendre au messager.
Après examen des accusations, les trois membres du comité des plaintes ont rejeté tous les griefs des intégristes et conclu que le journaliste et TVA avaient respecté à la lettre le guide de déontologie des journalistes.
En dépit de la faiblesse de leurs arguments, les administrateurs de la secte Belz ont contesté la décision devant la commission d’appel.
L’argument des plaignants concernant le non-respect de la vie privée a également été retourné comme une crêpe puisqu’aucun élève ni enseignant n’est identifiable par le grand public dans les images tournées à l’intérieur de l’école.
Les responsables de la yeshiva ont aussi fait chou blanc en qualifiant le reportage de discriminatoire. C’est bien beau de glousser les accusations habituelles, encore faut-il les prouver. Or, les plaignants n’ont pas été foutus d’identifier un mot, une expression ou une image de ce topo qui attesterait d’une quelconque discrimination envers la communauté hassidique ou qui pourrait susciter la haine ou encourager la violence.
L’accusation de sensationnalisme a, elle aussi, fini en eau de boudin. Après l’analyse des faits, les commissaires n’ont rien trouvé qui puisse soutenir que la réalité a été déformée, exagérée ou interprétée de façon abusive. Manque de chance, depuis le début de la pandémie, d’autres médias avaient aussi diffusé des reportages sur la même problématique rencontrée dans certains établissements scolaires de la communauté juive ultraorthodoxe d’Outremont.
Tout au long de la pandémie, l’insubordination des dirigeants ultraorthodoxes s’est poursuivie. Par ailleurs, fallait-il se surprendre qu’en juillet 2021, Le Devoir rapportait que les cinq établissements scolaires affichant les pires taux de vaccination de la métropole appartenaient tous à des communautés ultra-orthodoxes d’Outremont et des arrondissements voisins. Le bonnet d’âne revenait à l’école communautaire Belz dont à peine 6,6% des élèves avaient vu la couleur d’une seringue alors que le taux moyen de vaccination des écoles de l’île était de 70,8%. Et dire que Mayer Feig, le relationniste hassidique omniprésent, nous serine sans arrêt qu’en bons citoyens responsables, lui et ses complices prêchent le respect des règles sanitaires et la vaccination dans leur communauté.
Mais la résistance ne s’est pas limitée aux écoles religieuses. On ne compte plus les histoires de synagogues récalcitrantes.
Pensons, par exemple, au mariage hassidique qui s’est tenu le 7 décembre 2020 dans la synagogue Belz du 5900 avenue du Parc. Avant que les agents du SPVM n’aient le temps d’y entrer, quelque 200 convives avaient pris la poudre d’escampette par la porte arrière.
Ce genre de fake news et d’arguments chafoins auxquels recourent allègrement les ultrareligieux ne surprend pas Luc Ferrandez. L’ancien maire du Plateau, qui a dû se frotter à ces lobbyistes rétifs, s’en est même ouvert à Patrick Lagacé, le 25 janvier 2021 sur les ondes du 98,5 FM (écouter l’extrait) :
«C’est très difficile d’en arriver à des ententes avec les hassidim parce qu’ils réinterprètent constamment la loi en fonction de leurs besoins… [Ils se disent] ça, c’est la loi, maintenant qu’est-ce qu’on peut faire pour la contourner ? Dès que tu oublies une virgule quelque part dans un texte qui leur permet de faire quelque chose qui est contre l’esprit de la loi, ils vont le faire.»
Son chef ne s'en formalise pas non plus. François Legault réclame à grands cris que les tentes installées à l'université McGill par les manifestants en solidarité avec Gaza soient démantelées au plus sacrant. Pourquoi cela presse-t-il comme une cassure? «Ça ne respecte pas la loi!» Tiens donc... Encore du deux poids, Dieu mesure?