mercredi 7 mars 2012

LES REPRÉSAILLES DE MARIE CINQ-MARS

Comment diable vous décrire l'ambiance qui régnait lors de la séance du conseil d'arrondissement de lundi dernier (5 mars)? Tout simplement en vous rapportant trois courts échanges entre la mairesse et trois citoyens qui se sont présentés au micro lors de la période de questions.

Résidant à Montréal depuis de nombreuses années, M. Mayer Feig a été l'un des premiers à intervenir. Administrateur du Jewish Orthodox Community Council, le lobbyiste hassidique bilingue (yiddish et anglais) s'est fait plaisir. Dans la langue de Shakespeare, il s'est lancé dans une charge bien sentie. Écoutez-le:


«Chaque mois, dans cette salle, il y a un petit groupe de gens qui s’en prend à notre communauté. Ces gens soulèvent un problème d’ordre privé parfois calomnieux, mensonger, voire fabriqué de toutes pièces et le retourne contre notre communauté. À la tête de ce groupe, on retrouve un blogueur notoire et notre conseillère indépendante.» *

Lorsque le blogueur et la conseillère municipale ont fait remarquer à l’intègre mairesse que M. Feig venait de les accuser de calomnie, de mensonges et de fabrication de faux, Marie Cinq-Mars a soutenu qu’elle n’avait rien entendu de tel. La mairesse a plutôt invité M. Feig à poursuivre son intervention. Morale de cette histoire, pour Marie Cinq-Mars, il y a des allégations vertueuses et d’autres qui sont immorales.

Quant au porte-parole hassidique, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a l’indignation vachement élastique. Pour vous en convaincre, il vous faut absolument cliquer ici pour voir la cause vertueuse que Mayer Feig défendait encore les 22 et 23 novembre 2011. Un véritable contorsionniste à gogo.


Comparez maintenant le comportement mielleux qu’a eu notre bonne mairesse à l’égard de l’ultrareligieux avec l’attitude qu’elle a manifesté face à un autre intervenant qui a senti le besoin de lui dire une de ses quatre vérités.

« Madame Cinq-Mars, lui a-t-il rappelé, quand vous avez voulu être élue mairesse, vous êtes venue [chez moi] et vous avez déclaré publiquement : « Moi, je vais les écouter les citoyens. » Les citoyens vous ont parlé, Madame Cinq-Mars. Quand allez-vous cesser de trahir la confiance que vous avez vous-même sollicitée? »

Piquée à vif, Cinq-Mars a apostrophé le citoyen d’âge vénérable :

« Je vous demanderais de retirer vos propos… Allez vous asseoir. Je n’accepte pas des questions avec [sic] des allégations. Je n’ai jamais trahi les citoyens. »

Oups! Demeurée sourde aux accusations de calomnie et de mensonge lancées aux autres, la première dame semble porter un appareil auditif dont le volume lui pète les tympans lorsque les épithètes lui sont destinées. L'orgueil et l'amour propre seraient-ils un remède miracle pour les durs de la feuille?

La troisième intervention que je vous soumets est celle que j’ai moi-même faite au micro.

D’entrée de jeu, j’ai présenté aux membres du conseil la pétition contenant plus de 200 signatures de citoyens demandant la destitution d’un membre du comité consultatif d’urbanisme d’Outremont.

Mais avant même que j’aie le temps de lui demander comment elle comptait répondre à la requête d’un si grand nombre de citoyens, Marie Cinq-Mars m’a délibérément interrompu. Pour tenter de me discréditer, Cinq-Mars a cru bon s’adresser au public assis dans la salle dans ces termes : « Monsieur Lacerte demande la destitution de notre seul citoyen juif hassidique siégeant sur [sic] un comité. »

À mots à peine couverts, Marie Cinq-Mars qualifie donc la pétition de geste raciste et antisémite. Si ce n’est pas une allégation vicieuse de la part d’une élue, dites-moi ce que c’est. Après tout, le « Monsieur Lacerte » qu’elle pointe explicitement du doigt compte pour moins de ½ de 1 % des citoyens qui demandent l’exclusion de M. Werzberger. Ce n’est pas tant pour moi que pour les quelque 200 Outremontais signataires que l’insinuation est particulièrement malveillante et outrageante. Avouez que ça a dû être doublement insultant pour le membre de la famille de Marie Cinq-Mars qui a bel et bien signé cette pétition!

Tout indique que Cinq-Mars et son conseiller Moffatt ont délibérément orchestré cette attaque en règle contre les citoyens venus manifester leur mécontentement à l’égard des agissements du conseil d’arrondissement.

Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, l’intervention de M. Feig a été tout sauf fortuite. Nous savons aujourd’hui que Louis Moffatt et Marie Cinq-Mars étaient au courant des intentions du porte-parole hassidique qui s’est présenté au micro.

Nous en avons pour preuve que plusieurs heures avant la tenue de la séance du conseil, M. Moffatt a contacté une citoyenne d’Outremont qui allait justement être mise en cause par M. Feig au cours de la soirée. Selon cette citoyenne, c’était la première fois que M. Moffatt se donnait la peine de l’inviter à venir faire un tour à cette soirée du conseil. Que faut-il de plus pour conclure que la mairesse et son valet Moffatt avaient planifié cette séance de dénigrement de leurs opposants? Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que la mairesse racontait dans l'édition du 8 mars de L'Express d'Outremont que
«En politique, le but premier est de foncer et de ne pas se laisser distraire par ses opposants, qui nous éloignent de nos objectifs.» On aurait envie d'ajouter qu'elle parle probablement de ses objectifs... électoralistes!

Qu’à cela ne tienne. La colère manifestée quelques jours plus tôt par les citoyens à propos du projet de règlement que Cinq-Mars cherchait à faire passer en douce aura réussi à le faire sauter de l’ordre du jour. De toute évidence, la mairesse ne l’a pas encore digéré.



* «Sometime in this room, or many times, there is a small group of people that come here on a monthly agenda to attack our community. They take a personal issue sometime based on slander, or lies or fabricated and turn it against the community. It is a group led by a notorious blogger and our independent city councillor.»



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4 commentaires:

Michel Tremblay a dit…

Bonjour

Je ne suis pas d'Outremont mais je vous lis car je suis abonné par courriel. Je suis outré du comportement de vos élus. Dommage que vous n'ayez qu'un blogue pour faire réaliser aux gens ce genre de comportement. Bonne continuité, les électeurs ont besoin de gens comme vous.
Merci

M. Rigault a dit…

Je suis d'Outremont et tellement déçue d'avoir manqué la séance du 5 mars dernier. Ceci dit, je ne sais pas si j'aurais pu bien digérer mon repas tellement ça donne mal au coeur de voir des élus faire la sourde oreille à la voix populaire. Si M. Lacerte et un nombre sans cesse grandissant de gens rapportent des irrégularités, c'est très certainement qu'il y en a. Moi même j'en vois et pas plus tard que mercredi dernier.

Aussi, je dois dire que je soutiens M. Lacerte à 100% dans son initiative très audacieuse mais o combien nécessaire de dénoncer toutes les irrégularités qui se produisent à Outremont.

Il utilise la puissance des réseaux sociaux pour éduquer la population et il fait bien. C'est d'ailleurs à travers ce moyen qu'on commence à entendre parler de faits invisibles jusqu'à ce qu'ils soient dévoilés par des gens qui ont le soucis de justice et d'équité. À mon sens, le travail que fait M. Lacerte est tout aussi notoire et valable que celui que fait l'organisation Invisible Children contre Joseph Kony (kony2012.com) en portant à l'attention du grand public des événements craceux qui se passent dans les coulisses du pouvoir. Je ne dis pas que l'on doive comparer Joseph Kony à l'un des dirigeants des sectes ultra-orthodoxes (bien que l'endoctrinement extrême dont M. Lacerte faisait allusion dans l'un de ses billets précédents s'en rapproche), mais pour un citoyens moyens qui n'a que sa voix et sa plume pour dénoncer les abus de pouvoir, le fait de pouvoir utiliser l'internet (son blog) pour alerter la masse et confronter le pouvoir pour que justice soit faite n'est que tout à fait légitime en soi et ne peut être réputée, dans son fond et sa forme actuels, comme une action malsaine et contrevenante.

Gilles Dauphin a dit…

Quand madame Cinq-Mars vous accuse de demander la récusation du "seul citoyen juif hassidique siégeant sur [sic] un comité", elle nous prouve du même coup que sa nomination n'a eu rien à voir avec son apport aux questions d'urbanisme. Plutôt ironique dans un tel contexte d'entendre ses allusions au racisme.

maria soriano a dit…

À propos des allusions aux propos discriminatoires, est-ce que vous avez remarqué à quel point la réunion des Chassidim dans la photo manque cruellement de femmes?