dimanche 4 mars 2012

LE PRÊT-À-CONTOURNER

Pour tenir une séance « d’information publique » sur son projet de règlement fait sur mesure pour court-circuiter la réglementation d’urbanisme en vigueur depuis des décennies, Marie Cinq-Mars a choisi le 1er mars 2012.

La ratoureuse mairesse d’Outremont avait-elle consulté le calendrier inca pour en déterminer la date? En tout cas, ça tombait pile avec la Semaine de relâche. Même le ciel lui est venu en aide en lui offrant une bordée de neige inespérée. Pour ne rien laisser au hasard et éviter que sa manigance soit ébruitée dans les chaumières de son bon peuple, Cinq-Mars n’a fait publier aucun avis dans les journaux locaux qu’elle ne néglige pourtant jamais lorsqu’il s’agit de se pavaner et d’entretenir sa « popularité » électorale.

Ce soir-là, Marie Cinq-Mars a fait bien pire encore. Alors que c’est elle qui a personnellement porté à bout de bras ce projet de règlement prêt-à-contourner, elle, a brillé par son absence. Tout comme sa coéquipière Ana Nunes. « Pas là, pas là, pas là, n’est jamais là », comme disait la chanson de Christine Chartrand. C'était la deuxième fois en autant de mois que la mairesse faisait faux bond aux citoyens venus à sa rencontre à l'hôtel de ville. Peut-être la mairesse était-elle convaincue que cela ne valait pas la peine de s’y montrer le bout du nez étant donné la discrétion qui avait été entretenue sur cette soirée top secret. Peut-être craignait-elle aussi que le nez lui allonge en public?

Manque de pot, certains citoyens ont fait la job à sa place avec le résultat que la salle du conseil a été assiégée par plus d’une cinquantaine de résidents dont certains désespéraient de se trouver une chaise libre.

Question d’expédier la séance, la mairesse a mandaté le conseiller Louis Moffatt. Ce dernier l’a vraiment prise au mot. S’adressant aux citoyens venus au micro poser leurs questions et exposer leurs préoccupations, Moffatt n’a pas mis de gants blancs. Avec un sans-gêne sidérant, le président d’assemblée par défaut a ni plus ni moins demandé aux intervenants de se grouiller : « Nous n’avons pas envie d’être ici jusqu’à 10 h! » Ah bon? L’était pressé d’aller au resto dépenser le salaire que nous lui versons?

C’était vraiment trop de considération pour les citoyens inquiets des dérapages que ce Règlement sur les Projets Particuliers de Construction, de Modification ou d’Occupation d’un Immeuble (PPCMOI) pourrait engendrer. Après tout, ne s’agit-il pas d’un mécanisme qui pourrait permettre de faire indirectement ce qu’il n’est pas permis de faire directement? Pensons à la tentative d’agrandissement de la synagogue du 5363 Hutchison que le Plateau a voulu accorder à la communauté hassidique en utilisant justement un PPCMOI pour contourner le zonage strictement résidentiel en vigueur.

Il est vrai que le projet de règlement que veut adopter Cinq-Mars a prévu exclure la possibilité de construire, de modifier ou d’occuper un immeuble à des fins de lieu de culte. Mais est-ce rassurant pour autant? Pas du tout. Il n’y a que les élus du clan Cinq-Mars pour prétendre qu’il n’y a pas de crainte à y avoir de ce point de vue.

Pour se convaincre qu’il y a toujours péril en la demeure, il suffit de voir avec quelle facilité désarmante les sectes hassidiques ont su contourner cet obstacle sur l’Avenue du Parc.

Sur cette artère, au nord de la rue Bernard, le zonage interdit explicitement l’implantation d’un lieu de culte. Qu’ont fait les dirigeants des synagogues intégristes pour s’y installer les doigts dans le nez? Ils ont simplement rebaptisé leurs synagogues « centres communautaires », ce que permet le zonage. Ah! la belle entourloupette. Richard Bergeron, le chef de Projet Montréal n’y a vu que du feu. Si bien que les synagogues illégales pullulent désormais dans ce secteur de l’Avenue du Parc.

Pensez-vous vraiment que les dirigeants hassidiques sont plus respectueux des règlements à Outremont? Et ce cher Moffatt qui nous demande, sérieux comme un pape, de lui faire confiance (lisez le billet de la conseillère Céline Forget à ce sujet). Parfois, Louis, sans le savoir, t'es pas mal rigolo.

Ne manquez pas la séance du conseil de demain soir (lundi, 5 mars ) Si la mairesse est revenue (de vacances ?), vous pourrez la questionner sur son fameux projet qu'elle veut faire adopter sur place. Venez lui faire sa fête. C'est pas tous les jours 5 mars!

2 commentaires:

Mariclaude Ouimet a dit…

Un immense merci à Céline Forget qui a su poser des questions pertinentes auxquelles malheureusement (et naturellement) Messieurs Moffatt et Chapuis n'ont pas été capables de répondre. Un autre merci pour nous avoir expliquer les tenants et les aboutissants d'un référendum, détails que Moffatt, Chapuis et la présentation de l'arrondissement ont escamoté volontairement.


Les 2 intérimaires (M. Chapuis, directeur d'arrondissement par intérim et M. Moffatt, maire par intérim)de Madame Cinq-Mars se sont joyeusement contredit à cette réunion !

M. Moffatt a tenté de nous faire croire toute la soirée qu'il y avait urgence à voter ce règlement sur les PPCMOI ce lundi 5 mars car la Ville insistait pour que l'arrondissement uniformise ses règlements d'urbanisme avec la Ville-centre. Madame Forget a donc demandé à M. Chapuis si il avait reçu une lettre de la Ville-Centre à ce sujet. Chapuis a été dans l'obligation de dire '' non ''.

Je pense que le terme INTÉRIM veut dire que la mairesse peut les ''flusher'' quand ils ne feront plus l'affaire !!

Mariclaude Ouimet a dit…

À la réunion du conseil du 5 mars, la mairesse n'a même pas eu le respect de présenter ses excuses en regard de son absence lors de l'assemblée publique du 1er mars: mais ça, on s'y attendait.

J'avoue qu'elle m'a surprise lorsqu'elle a remercié M. Moffatt pour l'excellence de son travail à cette assemblée alors qu'elle n'était même pas là pour en juger !
Cette séance aurait-elle été enregistrée à l'insu des citoyens ?

Aucune félicitation ou remerciement à son directeur d'urbanisme, M. Chapuis !