Ah! La démocratie, quelle belle invention, n’est-ce pas? Et que dire des référendums qui permettent au peuple d’exercer lui-même sa souveraineté en remettant en question certaines décisions controversées de leurs élus?
C’est un outil formidable... tant que tout le monde en accepte les règles et ne tente pas d’en dénaturer la portée et de pervertir l’intention du législateur.
Aujourd’hui, 1er avril, les citoyens de la rue Hutchison qui se battent depuis trois ans et demi contre l’agrandissement de la synagogue du 5363 Hutchison viennent de se faire passer tout un sapin.
Moshe Englander (ci-contre) et Mayer Feig (ci-bas), les deux principaux dirigeants hassidiques de la synagogue qu’ils souhaitent ardemment agrandir, ont mis en œuvre un plan qui vise en bas de la ceinture pour saboter la consultation populaire. Et ce n’est malheureusement pas un poisson d’avril.
Pour torpiller la tenue du référendum qu’ils craignent comme la peste, les deux comploteurs n’ont pas hésité une seconde à aller personnellement faire signer des commerçants de l’avenue du Parc avec qui ils font affaires dans le seul but d'élargir l’ouverture du registre référendaire à la zone de l’avenue du Parc. Pourtant, l'ouverture du registre est destiné à permettre aux opposants du projet à pouvoir signer le registre qui décidera de la tenue ou non d'un référendum.
Voyez un peu. Un de ces commerçants bien connu nous a confié ceci: «J'ai signé leur feuille parce qu'ils me l'ont demandé. Mais ça ne me regarde pas ce référendum; ce n'est même pas dans mon coin.» Ce commerçant, comme probablement la plupart des autres signataires de la pétition des hassidiques, a signé de bonne foi. Ils ne savaient pas que ce qu'on leur demandait de faire n'était pas cachère. À preuve, cet homme d'affaires nous a raconté bien innocemment et sans aucune réticence, la façon dont il a été sollicité pour signer.
Soyons clairs. Les Feig et Englander ne veulent pas d'un référendum. Ils n'ont aucune raison de vouloir en déclencher un puisque les élus du Plateau ont finalement voté en faveur de leur projet d'agrandissement. Englander et Feig souhaiteraient-ils tout à coup contester le privilège que viennent de leur accorder les élus? Il faudrait vraiment qu'ils soient tombés sur la tête.
Si les promoteurs de la synagogue ont agi comme ils l'ont fait, c'est uniquement dans l'espoir de pouvoir tuer dans l'œuf le processus démocratique qui pourrait menacer leur projet. Ils comptent donc sur l’étape de la signature du registre qui aura lieu le 12 avril prochain pour faire avorter un référendum. (Cliquer ici pour comprendre les trois étapes d'un processus référendaire)
Voici la pétition caviardée que les deux dirigeants hassidiques ont fait signer dans l'espoir de faire échouer l'étape cruciale de la signature de registre. Elle a été déposée au greffe du Plateau le 25 février 2011, à 14 h 20.
Pour vous permettre de bien saisir le tour de passe-passe de nos deux pieux hommes, voici des chiffres qui parlent tout seuls.
Le tronçon de la rue Hutchison directement visé par le projet fait tout juste 600 mètres de long. Si, comme nous en avions le droit, les seuls résidents de ce bout de rue s'étaient prononcés sur le projet qui les affecte, il aurait suffi qu’une soixantaine de citoyens marquent leur opposition au moment de la signature du registre pour obliger les autorités du Plateau à tenir un référendum.
Or, en forçant l’inclusion d’une section de 1,2 km de l’avenue du Parc (c’est deux fois plus long que le secteur Hutchison), les deux promoteurs ultraorthodoxes cherchent uniquement à noyer la volonté des résidents qui seront directement incommodés par le projet en la diluant dans un bassin de population qui n’aura jamais vraiment connaissance de la nuisance que l’agrandissement causera.
Ce ne sont plus 60 personnes qui devront signer le registre pour permettre le déclenchement d’un vote référendaire, mais bien plutôt 158. Grâce à leur coup fourré, M. Feig et Englander espèrent ainsi faire dérailler le processus référendaire.
Leur magouille est d’autant plus révoltante que l’avenue du Parc est une artère commerciale de transit à haut débit de circulation. Elle est déjà quotidiennement engorgée de dizaines de milliers de voitures, de camions et d’autobus. Les gens qui vivent ou travaillent sur cette grande artère ne subiront aucun inconvénient notable ni aucune nuisance supplémentaire résultant de l’agrandissement de cette synagogue de la rue Hutchison. Ce constat fait, pourquoi diable les résidents et les commerçants de l’avenue du Parc se précipiteraient-ils pour aller signer un registre sur une question qui indiffère la grande majorité d’entre eux? Les hassidim misent sur le fait que les citoyens de l'avenue du Parc sont difficilement mobilisables pour que nous ne puissions pas atteindre le cap des 158 opposants au projet.
Nous faudra-t-il faire sortir les danseuses de chez Exotica pour obtenir un référendum? C'est sûr que l'agrandissement d'une synagogue, ça leur fait une belle jambe!
cliquer sur la photo pour zoomer
Comparez l'ambiance mouvementée et tumultueuse de l'avenue du Parc (ci-haut) à la quiétude résidentielle de la rue Hutchison (ci-contre).
Maintenant, dites-nous, sans rire, que les deux modes de vie y sont comparables et que l'enjeu est le même. Un monde sépare ces deux univers.
Il y a deux ans et demi, avec le fair-play qu’on leur connaît, Moshe Englander et son homme de main, Moshe Fischer, avaient saboté la journée de la signature du premier registre en vandalisant les affiches invitant les résidents concernés par le référendum à aller signer le registre.
Aujourd’hui, la même clique a recours à une autre technique tordue pour parvenir à ses fins. Horreur et mal de cœur.
J’ose espérer que mis au fait de ce stratagème déloyal, les résidents concernés redoubleront d’ardeur pour aller signer le registre et pour inciter tous leurs voisins à faire de même. Il s’agit ici d’accomplir un acte citoyen et de faire valoir notre droit à une qualité de vie digne d’une rue zonée résidentielle.
N’en déplaise aux dirigeants hassidiques et à Richard Bergeron, la partie n’est pas finie. Croyez-nous, nous sommes loin d’avoir jeté l’éponge.
Aux urnes, citoyens!
RAPPEL TRÈS IMPORTANT:
Les citoyens des zones concernées doivent aller signer le registre le mardi 12 avril 2011, entre 9 h et 19 h, à la bibliothèque Mile-End, au 5434, avenue du Parc, près de l’intersection Saint-Viateur.
CLIQUER ICI POUR CONNAÎTRE LES CONDITIONS REQUISES POUR POUVOIR SIGNER LE REGISTRE ET VOTER AU RÉFÉRENDUM
Il est très important de vous présenter avec l'un des documents suivants:
• votre carte d’assurance maladie;
• votre permis de conduire;
• votre passeport canadien.
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5 commentaires:
Je recois votre lettre à chaque publication et dois vous avouer qu'a chaque fois que je vous lis je me décourage de plus en plus devant l'inertie de nos dirigeants et la malhonnêteté des dirigeants de cette synagogue. Je suis de Laval mais je vous supporte dans votre démarche. Bravo pour votre tenacité. Ce n'est pas dans un blog que l'on devrait vous lire mais dans le journal.
Un référendum est supposé permettre aux citoyens d'exprimer leur volonté sur une question qui les touchent directement. Si les promoteurs immobiliers cherchent à inclure des personnes qui ne sont aucunement touchées par le projet, le référendum devient une couverture pour un mensonge, un détournement du bien fondé référendaire, une résistance au respect de la volonté populaire, un vol de la légitimité du processus démocratique, bref une perversion.
C'est une manière hostile d'exercer un pouvoir illégitime. La paix recherchée par la tenue d'un référendum se transforme en manipulations des règles et ne peut conduire qu'à une plus grande frustration sociale et à la montée de l'intolérance. Savoir garder la paix, c'est savoir la générer en respectant la signification des règles que l'on se donne collectivement pour maintenir cette paix.
Qui sont les citoyens directement touchés par une modification de leur territoire résidentiel? C'est là que réside la question pour un référendum qui a du sens.
Si Céline Forget, conseillère indépendante de l'arrondissement d'Outremont, aide à promouvoir la pétition du côté de sa circonscription, pourquoi les conseillers de Projet Montréal de l'arrondissement du Plateau Mont-Royal qui ont voté contre le projet d'aggrandissement de la synagogue Gate David ne font rien pour aider?!
Ont-ils voté 'contre' par stratégie de Parti? Sachant qu'un vote unanime aurait laissé plané des doutes de collusion, malversations ou graissages de pattes (qui ont peut-être quand même eu lieu)?
Ou ont-ils voté 'contre' par principes personnels?
Si tel est le cas, il est de leur devoir d'élus de faire respecter l'équité en matière de droits citoyens. Et dénoncer les manigances de lobbys qui vont à l'encontre même du droit des résidents vraiment concernés.
C'est effectivement un «coup fourré»,
et triste a observer. Mais je crois que c'est contestable devant les tribunaux car comme Mme. Claire l'a si bien dit «seul les directement concernés» doivent pouvoir s'exprimer.
Je crois ici que la «ville» ne vous a pas fait de faveur.Tout au contraire!
Ici a Deux Montagnes on a vu passer passer un règlement d'emprunt favorisant un commerce ou le nombre de personnes éligibles a s'inscrire au registre était de 2. (les gens du commerce ca la Zone était limitée a leur lot cadastral). Ça doit pouvoir se faire ailleurs. Mais pour cela il faut une certaine volonté de la "ville". Avez-vous besoin d'aide de la part de certains d'entre nous? Bon courage.
S.Rivard soulève un point intéressant: le ''coup fourré'' initial ne viendrait-il pas de Projet Montréal et surtout de Ferrandez ?
Ferrandez a-t-il tranché en faveur de la dérogation uniquement pour plaire à son chef Bergeron qui avait déjà promis ce cadeau aux Bobov ? Vraisemblablement oui !
Et par le fait même, Projet Montréal refile cette ''patate chaude'' aux citoyens de la rue Hutchison !
Le message de Projet Montréal est clair: Battez-vous entre vous et démocratie oblige, nous écouterons le survivant !
Où sont donc les 3 conseillers qui ont voté contre la dérogation ? Ils ne sont pas dans la rue, aux côtés des résidents de la rue Hutchison mais bien calmement assis dans leur salon en attendant les résultats du registre de mardi !
J'en viens à penser que ces élus n'ont nullement voté contre la dérogation par conviction mais bien par pure stratégie politique.
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