dimanche 24 avril 2011

LA STRATÉGIE DU COEUR

À une semaine des élections fédérales, bien des Québécois freakent à l'idée que les «harper-riens» puissent former un gouvernement majoritaire. Afin d'éviter que votre bulletin de vote ne favorise les va-t-en-guerre ultraconservateurs, un groupe de passionnés de sondages et d'informatique a créé Projet Démocratie. Vous connaissez?
Le site Web qu'ils ont mis au point permet aux citoyens allergiques aux idées rétrogrades de droite de voter de façon stratégique. Si vous êtes curieux de voir ce que vous pourriez concocter dans l'isoloir pour faire trébucher les fossoyeurs de démocratie dans votre circonscription électorale, cliquez ICI. En entrant votre code postal, vous obtiendrez un portrait de la situation telle qu'elle se présente chez vous, ainsi qu'une suggestion vous permettant de voter sans que cela ne profite à la COALITION des alliancistes et des conservateurs.

Avant d'aller voter par anticipation, lundi, j'aurai fait l'exercice. Dans ma circonscription d'Outremont qui englobe une bonne partie du Mile-End, Projet Démocratie me rappelle qu'il s'agit d'une course à deux entre
le NPD et le PLC
et que je n'ai donc pas à me préoccuper des conservateurs qui sont loin derrière. Chouette! que je me suis dit. Je pourrai donc laisser mon cœur parler.
Malheureusement, lorsque l'on habite Outremont, l'analyse se complique un peu. Surtout quand les ténors de la secte ultraorthodoxe jouent aux
coqs de poulailler en promettant d'élire ou en menaçant de défaire les candidats selon qu'ils auront ou non acquiescé à leurs exigences de passe-droits et d'accommodements à sens unique.
Dans Rue Frontenac et Le Devoir, Michael Rosenberg ne s'est pas gêné pour chauffer les oreilles de Thomas Mulcair qui n'aurait pas suffisamment fait les quatre volontés du nabab intégriste. Pour lui donner une leçon, Rosenberg lui a fait comprendre qu'il serait lesté au profit du «bon libéral» Martin Cauchon. Parions que s'il survit à cette semonce intégriste, Thomas Mulcair va tout faire dans un mandat gagnant pour se rattraper et être aux petits soins avec les ultrareligieux. La tactique du président du Groupe Rosdev n'est pas innocente. Cré Michael, va! Dire qu'au cours du procès qui nous opposait tous les deux, tu as essayé de faire gober à la juge de la Cour du Québec que tu ne donnais jamais d'entrevues aux médias. J'aurais envie de dire «Mike, t'es pas battable», mais l'issue de notre procès a prouvé le contraire.
Pendant que Michael Rosenberg passait un savon à Mulcair, Martin Cauchon, lui, faisait les yeux doux à l'autre gros bonnet de la secte hassidique d'Outremont, Alex Werzberger.

Martin Cauchon présentant Alex Werzberger de la communauté intégriste d’Outremont à Michael Ignatieff, le 27 mars 2011.

Vous vous demandez peut-être pourquoi Martin Cauchon était pressé de se frotter à Alex Werzberger de si bonne heure au premier jour de sa campagne. Je vous le laisse deviner. Mais on pourrait procéder à l'inverse et se demander ce qui pousse les dirigeants hassidiques à miser sur leur poulain libéral.

C'est un secret de Polichinelle de dire que les ultrareligieux ont déjà en main le pédigrée de Cauchon. Et si le passé est garant de l'avenir, les intégristes ont toutes les raisons de croire que le libéral les servira bien.
Un exemple, au hasard?
Vous souvenez-vous du Collège rabbinique de Montréal et de Construit Toujours Avec Bonté (CTAB), une organisation religieuse installée dans la communauté hassidique de Boisbriand? Elles ont toutes deux été au centre de la plus importante fraude fiscale impliquant une organisation religieuse au Québec. En 2000, on parlait de faux reçus de dons pour une valeur totale de 60 millions de dollars!

La Presse du 21 septembre 2000 avait fait état de cette fraude. The Gazette aussi en a fait ses choux gras, les 21, 22, et 26 septembre 2000, mais c'est surtout son article du 23 septembre intitulé Veil of secrecy qui est particulièrement intéressant.

Cliquer sur l'illustration pour zoomer

On y apprend justement que Martin Cauchon a possiblement pris part aux négociations qui ont permis au Collège rabbinique de ne pas être inclus dans la poursuite qui a valu une amende de 400,000 $ à Construit Toujours Avec Bonté. Il a surtout refusé de discuter du rôle qu'il a joué dans cette affaire douteuse. Ça laisse songeur, non? On y relate également que la secte hassidique d'Outremont a mis toute la gomme pour faire réélire Cauchon lors de deux élections fédérales consécutives.
Ça vous donne toujours le goût de voter libéral dans Outremont?

Dans la fameuse lutte à deux dans Outremont, il reste le cas Thomas Mulcair.

Je suis très sensible aux valeurs sociodémocrates du NPD, mais je n'arrive pas à chasser de mon esprit le fait que Mulcair a été directeur
des affaires juridiques pour Alliance Québec qui s'est toujours fait un devoir de faire du Quebec bashing.
Certains échanges que j'ai eus avec des militants et militantes particulièrement engagés auprès du NPD dans le Mile-End n'auront malheureusement pas contribué à dissiper cet arrière-goût anti-francophone qui se manifeste parfois sans retenue. Je passe alors mon chemin... et l'éponge. Je laisserai plutôt à Jean-François Lisée le soin de vous expliquer pourquoi il ne votera pas pour Thomas Mulcair qu'il qualifie de «virtuose de la mauvaise foi».

Moi, entretemps, j'aurai déjà fait mon devoir de citoyen par anticipation... en n'écoutant que mon coeur.

1 commentaire:

S. Rivard a dit…

Il faut dire aussi que Mulcair, alors à l'environement, avait nommé un haut fonctionnaire, qui lui faisait la promotion de l'embouteillage de l'eau à des fins privées.

Un mauvais jeu de mot pour le PLC à Outremont serait: où il y a du bacon, il y a du Cauchon.
Je ne le ferai pas. Je suis déjà assez taxé comme ça.