Lundi dernier, c'était soirée du conseil aux hôtels de ville du Plateau Mont-Royal et d'Outremont. Il fallait choisir. J'hésitais entre assister à la séance d'Outremont ou à celle du Plateau. Mais quand j'ai su qu'on s'apprêtait à souligner le 100e anniversaire de la Journée internationale des femmes, le choix s'est imposé par lui-même. C'est du côté d'Outremont qu'il fallait évidemment être.
Je ne me suis pas trompé. Avec sa diction du dimanche, Marie Cinq-Mars a commencé la soirée en lisant son message du 8 mars qu'elle avait fait préparer tout spécialement pour l'occasion de cette journée bénie entre toutes. En voici un extrait: «Cette journée très spéciale nous permet de mesurer les progrès
accomplis en matière d'équité entre les femmes et les hommes.
À Outremont, cet hommage est particulièrement indiqué, puisque
c'est ici qu'habite la plus importante proportion de femmes au sein de notre communauté montréalaise.»
Il fallait être assis dans la salle du conseil pour pouvoir apprécier la concordance entre les propos de la première dame d'Outremont et la réalité sur le terrain.
Dans la salle qui affichait «ultracomplet», on pouvait dénombrer à peine cinq ou six femmes (cliquer sur la photo pour zoomer). Pour rendre la situation encore plus kafkaïenne, ces femmes se trouvaient perdues au milieu d'une mer de plus de 120 hommes (plusieurs n'ont pas pu entrer) arborant kippa, papillotes et redingotes noires. À peine une poignée d'entre eux pouvait décrypter le discours «séditieusement» féministe de Marie Cinq-Mars.
Si bien entourées d'hommes qui refusent de faire affaire avec une policière, de prendre des cours de conduite automobile aux côtés d'une évaluatrice, d'adresser la parole à la gente féminine ou de simplement reconnaître leur valeur en dehors d'un foyer qu'elles sont prédestinées à peupler de marmots, ces dames ont été très bien servies. Have a good Women's day, ladies!
Mais au fait, que leur valait ce tsunami d'hommes en noir aux cellulaires hystériques et parmi lesquels se trouvait l'omnipotent Michael Rosenberg ?
Les 19 et 20 mars prochains, se tiendra la fête du Pourim. Bien que cette célébration soit moins importante que les fêtes prévues dans la Torah, à Outremont et dans le Mile-End, les ultraorthodoxes en font une véritable fête du Diésel. Pendant deux nuits et une journée, les hassidim célèbrent de maison en maison en se tricotant des «run de lait» en fourgonnettes et en autobus dans nos rues résidentielles.
L'an dernier, lors de cette fête, pas moins de 70 passages d'autobus, sans compter 1400 voitures et fourgonnettes associées à la fête avaient été enregistrés sur la rue Hutchison (c'est la même chose sur les autres rues résidentielles). Tous ces véhicules défilent, stationnent en double, laissent leur moteur tourner à vide pour repartir de plus belle jusqu'au petit matin, chargés de fidèles en goguette et de volumineuses boîtes de son.
Voici un de ces autobus interdits sur le territoire d'Outremont. Cette navette qui dessert habituellement des hôtels de Michael Rosenberg, avait été de réquisitionnée pour le Pourim 2010, à Outremont.
De quoi se plaignent les fêtards? Depuis 2008, ils réclament à cor et à cri que Cinq-Mars mette aux poubelles le règlement (voir page 31 du règlement) qui leur met des bâtons dans les essieux.
L'an dernier, c'est le propriétaire de la synagogue illégale (!) du 1030 - 1032 Saint-Viateur qui s'était indigné de la sévérité du règlement. Cinq-Mars avait bien essayé de les accommoder en déposant un avis de motion qui leur aurait permis de trimbaler leurs fidèles dans les rues résidentielles avec ces autobus interdits, mais rabrouée par la majorité des citoyens, la mairesse avait fini par faire marche arrière.
On se demande bien pourquoi les Michael Rosenberg et Mayer Feig ont décidé de faire un tel barouf en se pointant à l'hôtel de ville, escortés par une garde rapprochée de 120 disciples?
Cliquer sur la photo pour zoomer
Après tout, année après année, en dépit de l'interdit réglementaire et du refus de la mairesse, ils ont toujours «chauffé» leurs autobus illégaux partout, où et quand bon leur semble, comme si de rien n'était. Il vaut la peine de lire l'article du Point d'Outremont sur les enjeux de la soirée.
Il s'agissait vraisemblablement d'un spectacle bien orchestré entre la mairesse et les dirigeants hassidiques. Les autorités civiles et théocratiques faisaient d'une pierre deux coups. D'un côté, cela permettait aux dirigeants intégristes de bomber le torse et montrer qui pesait lourd dans la balance électorale, à Outremont. De l'autre côté, le bras de fer préarrangé a permis à Marie Cinq-Mars de nous faire croire qu'elle n'était pas toujours à genoux devant les puissants intégristes.
On aurait eu envie d'y croire, sauf que quelque chose a cloché. Lorsque Martin Rosenberg, le fils de Michael, s'est improvisé meneuse de claque au beau milieu de la période de questions, Marie Cinq-Mars n'a pas fait sa crise d'hystérie habituelle.
Pendant que Martin scandait quelque chose d'incompréhensible (écouter son esclandre après l'intervention d'un de ses coreligionnaire) tout en incitant ses condisciples à entrer dans le bal en tapant des mains, la mairesse a gardé sa contenance . Même lorsqu'un homme assis à mes côtés a lancé un «Germany 1936» en guise d'insulte destinée à la mairesse, cette dernière n'a pas appelé la police pour faire éjecter les trouble-fête de l'enceinte démocratique comme elle le fait régulièrement avec ces concitoyens goys.
Il faut dire qu'à ce moment-là, la sécurité de la première dame était fort bien assurée. À la porte de l'hôtel de ville, des policiers installés dans pas moins de cinq voitures de patrouille faisaient le planton, n'attendant qu'un signal pour investir les lieux. Jamais nous n'avions été témoins d'un tel dispositif des forces de l'ordre pour la tenue d'une assemblée du conseil. Michael Rosenberg pouvait bien avoir le fou rire dans la salle. Ne manquait plus que la musique klezmer pour couronner la soirée.
Ne manquez pas le compte-rendu de la conseillère indépendante Céline Forget sur cette soirée épique.
mardi 8 mars 2011
LA FÊTE DES FEMMES, VERSION OUTREMONT
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2 commentaires:
La mairesse nous a tous surpris par son aplomb et ses prises de positions règlementaires.
À quoi devons-nous ces revirements? À la journée de la Femme? Aux nombreuses plaintes et revendications des citoyens face aux deux poids, deux mesures? À la couverture médiatique des dernières années (tv, radio, journaux) concernant le laxisme de nos élus face au lobby hassidique?
Il ne faut pas oublier que l'an passé, à la même date, elle voulait changer le règlement pour permettre les autobus à la Pourim!
Il ne faut pas oublier qu'en octobre dernier, après la fête du Soukot, elle voulait changer le règlement pour permettre le stationnement pendant les fêtes religieuses!
Il ne faut pas oublier qu'à la parade du 31 octobre dernier, elle a toléré les hauts-parleurs même si le permis accordé était assorti d'une clause spéciale les interdisant !
En théorie, elle a été inflexible: reste à voir ce que la pratique nous réservera.
Petite remarque sur le conseil du 7mars : durant toute la période de questions des citoyens, personne n'a soulevé le problème des grosses caisses de son que les fêtards transportent de maison en maison durant la fête du Pourim.
Si les hassidim réclament leurs gros autobus à six roues, ce n'est pas pour transporter les enfants comme le prétendait un des intervenants hassidiques au micro. Les jeunes enfants sont amenés de maison en maison dans les fourgonnettes de leurs parents durant le jour.
Si les dirigeants ultraorthodoxes veulent les autobus interdits dans Outremont, c'est uniquement pour pouvoir trimbaler leurs très encombrants systèmes d'amplification dont se servent les adolescents et jeunes adultes jusqu'à tard dans la nuit. Raison de plus pour les forcer à respecter la réglementation et leur interdire l'utilisation de plus gros autobus.
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