
J'ai commencé ma vie professionnelle en tant qu'avocat. Les toges, les perruques poudrées, les ronds de jambe affectés devant sa Seigneurie, ça me donnait presque de l'urticaire.
Dans ce contexte-là, je peux-tu vous dire que ma cravate a passé le plus clair de son temps en « motton» au fond de mes poches de veston? Je ne me la passais autour du cou que deux minutes avant de me présenter devant M. le Juge.
Il y a deux mois, lorsque j'ai appris qu'Alex Norris, le conseiller de la Ville pour le Plateau Mont-Royal, ne voulait rien savoir de mettre sa cravate lorsqu'il allait plaider pour le peuple, il m'a presque été sympathique. Comme moi, il trouve que l'habit ne fait pas le moine.
Là où Norris et moi divergeons d'opinion, c'est sur la façon de faire passer le message. Le 6 juillet dernier, le président d'assemblée, Claude Dauphin, a mis en garde le provocateur antitraditionaliste. Par le truchement du Devoir d'hier, nous avons appris que si Alex Norris ose à nouveau se présenter à l'assemblée du conseil municipal sans cravate, il sera expulsé vite fait, bien fait. Et ce sera sans appel.
Ça faisait depuis le 19 avril qu’Alex Norris se pavanait sans son appendice sous la pomme d'Adam. Il s’était alors attiré les foudres du président de l’assemblée.
Le 15 juin dernier, en l’absence de M. Dauphin, Norris en a profité pour

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C’est que lorsqu’Alex Norris a une idée dans la tête, il ne l’a pas autour du cou. Entêté comme un fondamentaliste, il peut casser, mais il ne plie pas. À sa façon d’agir, il peut faire penser à certains intégristes qui vivent à cheval sur la frontière des arrondissements du Plateau et d’Outremont. Comme eux, il use de la technique du fait accompli.
D’ailleurs, c’est Louis Moffat, son collègue d’Outremont, qui a peut-être le mieux décrit cette stratégie mille fois utilisée par les dirigeants hassidiques. Voici ce qu’il racontait dans un reportage télé de Radio-Canada, le 26 mai 2008 : « Il arrive qu'ils aillent de l'avant avec certaines décisions sans avoir préalablement vérifié... s'ils peuvent faire certaines choses. Ils le font et se disent peut-être qu'ils vont nous mettre devant les faits accomplis.»
Quand on est un vrai redresseur de torts, qu’on n’a pas peur de ses idées et qu’on promeut la démocratie participative, c’est tout le contraire de ce qu’a fait M. Norris dans ce cas-ci qu’il faut faire.
Il faut bien sûr commencer par cerner ses idéaux, choisir ses combats et peaufiner ses stratégies. Mais, ce n’est certainement pas en fonçant dans le tas, comme un taureau de corrida, que l’on impose ses convictions. C’est se mettre la corde au cou.
Si M. Norris a à cœur d’en dénouer avec la cravate, je l’appuie à 200%. Mais qu’il commence donc par se faire des alliés. Après, il pourra peut-être demander un moratoire sur la question devant l’auguste assemblée de ses confrères. Et si jamais la mauvaise foi de ses vis-à-vis balaye sa proposition du revers de leurs boutons de manchette, là, il lui sera toujours temps de fourbir ses autres armes.
Parce qu’une cravate qui coûte au bon peuple 3000$ en taxes, les citoyens risquent de l’avoir longtemps au travers de la gorge. Cliquez ICI pour voir la vidéo du débat de la cravate à l'Assemblée du conseil du 15 juin dernier.
Sur le même sujet, écoutez l'entrevue de Claude Dauphin, président du conseil de ville de Montréal, à l'émission Désautels, le 23 août 2010.